Coelina (Lemaire, 1801)

Coelina, ou l'Enfant du mystère, drame, en trois actes, en prose, d'Henry Lemaire, 15 nivôse an 9 [5 janvier 1801].

Théâtre de la Gaîté.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, an 9 (1801) :

Coelina, ou l'Enfant du mystère, drame en trois actes, en prose ; Par Henry Lemaire. Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la Gaîté, le 15 Nivôse an IX de la République Française.

Courrier des spectacles, n° 1409 du 17 nivôse an 9 [7 janvier 1801], p. 2 :

Après la Cœlina de Pixerécourt, celle de Lemaire : la nouvelle pièce a une qualité notable, « un avantage », elle respecte « l'unité de lieu ». Sinon, « à-peu-près les mêmes évènemens dans un cadre de même grandeur », inutile d'en refaire l'analyse. Pour faire comprendre ce qui sépare les deux pièces, le critique fait un résumé de l'intrigue avant de porter un jugement plutôt négatif : «  quelques scènes d’effet, et quelques passages […] écrits avec force » (il faut toujours trouver des points positifs), le con stat du vide des deux premiers actes (« du remplissage »), un troisième acte « beaucoup plus intéressant » (en donnant au mot intérêt son sens dramatique) et un « dénouement trop brusque ». L'article s'achève par le nom de l'auteur et celui d'un interprètes, qui « a joué avec feu le rôle » du mari de Cœlina.]

Théâtre de la Gaité.

Voilà la deuxième pièce intitulée Cœlina, ou l'Enfant du mystère. La première a obtenu un succès long-tems soutenu au théâtre de l’Ambigu-Comique. Celle-ci, qui présente à-peu-près les mêmes évènemens dans un cadre de même grandeur fera-elle oublier l’autre ? nous ne le pensons pas, quoique selon les règles dramatiques, elle ait sur elle un avantage, celui de l’unité de lieu.

Nous avons déjà fait il y a quelques tems, l’analyse de la Cœlina de l'Ambigu-comique : nous nous contenterons d’indiquer la manière diffèrente dont celle-ci est traitée, le fonds étant absolument le même.

Truguelin a fait enfermer Isoline sa sœur, épouse de Francisque-Humbert et mere de Cœlina, au fond des cachots d’une maison que son fils vend à son insçu à Dufour tuteur de Cœlina. Dans la crainte que ce nouveau possesseur ne visite les souterrains et ne découvre son crime ; il obtient un ordre qui condamne Dufour aux arrêts dans son appartement, et en même-tems cherche les moeyens de se défaire de Francisque Humbert, auquel jadis il a coupé la langue et qui a trouvé depuis un asyle auprès de Dufour. Au moment ou ce dernier donne, conjointement avec le muet indigent, la bénédiction à son fils et à sa pupille sur le point d’aller aux autels, Triguelin apporte un acte de naissance dont la lecture fait connoître que Cœlina est fille naturelle de Humbert et que celui-ci jadis a séduit Isoline.

Le médecin, ami de Dufour, qui connoît les crimes de Truguelin, veut envain déclarer l’acte faux et dévoiler l’assassin, Truguelin se disculpe et séduit le crédule Dufour, lorsque des cris se font entendre ; une femme s’élance du milieu des ruines : c’est Isoline qui reconnoît son bourreau dans son frère, son époux dans Francisque-Humbert et sa fille dans Cœlina. Truguelin veut résister, mais il est désarmé et livré aux tribunaux.

Il y a quelques scènes d’effet, et quelques passages sont écrits avec force ; mais les deux premiers actes offrent du remplissage. Le troisième est beaucoup plus intéressant. Le dénouement est trop brusque. L’auteur est le citoyen Henry Lemaire. Le citoyen Vicherat a joué avec feu le rôle de Francisque-Humbert.

F. J. B. P. G***.          

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