Constance, comédie en deux actes, en vers, par M. Dumoustier, 11 juin 1792.
Théâtre Italien.
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Titre :
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Constance
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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2
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Vers / prose
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en vers
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Musique :
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non
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Date de création :
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11 juin 1792
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Théâtre :
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Théâtre Italien
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Auteur(s) des paroles :
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M. Dumoustier
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L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 8 (août 1792), p. 297-299 :
[Ce qui domine dans ce compte rendu, c’est l’émotion devant un spectacle attendrissant. « Ecrite avec infiniment de graces & d’esprit », elle représente bien le caractère profondément moral de son auteur. On ne peut reprocher à sa pièce que des longueurs et le dénouement, qui devrait découler du souper. Pièce « très-bien jouée », un « joli air » de M. Solié. La conclusion, c’est qu’un théâtre aussi moral peut être montré à toutes les jeunes filles...]
On a donné le lundi 11 juin, la premiere représentation de Constance, comédie en deux actes, en vers, par M. Dumoustier.
J. J Rousseau, dans l'épisode du quatrieme volume d'Emile, offre un des plus touchans tableaux qui soient sortis de sa plume, celui d'Emile & Sophie, allant secourir & servir eux-mémes une famille indigente : c'est à-peu-près la sujet de la piece nouvelle. Constance, le jour de sa fête, va secourir des indigens avec Melcourt, jeune homme qu'elle aime & dont elle en est aimée [sic]. son pere l'a promise à Derville, homme très-estimable ; ce pere arrive avec un gros bouquet pour souhaiter la fête à sa fille : il voit Derville désespéré qui sort de la maison ; & tout en le suivant, il se trouve dans celle de ces pauvres gens, que les deux amans obligent avec tant de délicatesse. La table est servie : le pere & Derville prennent gaiement une partie de la collation avec une bouteille de vin, & se réfugient dans un cabinet d'où ils peuvent tout voir. Cette espiéglerie semble annoncer une scene comique, une surprise agréable : mais tout se passe sérieusement ; ils attendent patiemment la fin du repas, en admirant, en faisant des réflexions, & en mangeant la part qu'ils ont prélevée. On s'attend bien qu'au dénouement Derville renonce à ses prétentions, & que le pere donne sa fille à Melcourt Il fait plus : il a toujours son gros bouquet ; il le distribue à ceux qui sont présens ; tous souhaitent la fête à Constance, & l'on chante des couplets dont le refrein dit, que le plus grand bonheur est d'estimer ce qu'on aime.
Tel est le fond de cette jolie piece, qui est écrite avec infiniment de graces & d'esprit. On a demandé l'auteur, & le public n'a plus été surpris du mérite de cette comédie, quand il a su qu'elle étoit de l'auteur du Conciliateur, d'Alceste à la campagne, & jusqu'à présent, accoutumé à des succès. On a trouvé cependant, dans Constance, quelques longueurs sur la fin, & l'on auroit désiré que le dénouement fût tiré du souper même, qui ne sert plus à rien, s'il n'amene pas la reconnaissance de Melcourt & Constance avec le pere & Derville : mais ceci peut s'arranger très-aisément. Cette piece est très-bien jouée par Mesd. Gontier, S. Aubin, & MM. Solier, Granger & Michu. Le joli air du vaudeville de la fin est de M. Solier. Le public en a fait répéter plusieurs couplets, entre autres celui-ci :
Constance, au publie.
Vous que la tendresse rassemble,
Voulez-vous être heureux toujours ?
Faites souvent le bien ensemble :
La vertu fixe les amours.
sans doute le bonheur suprême
Est celui d'aimer tendrement :
Mais ce bonheur est encore plus grand,
Quand on estime ce qu'on aime.
Ce nouvel ouvrage donne à l'auteur un titre de plus auprès des ames honnêtes ; on lui sait gré d'employer ainsi son talent à inspirer des vertus aimables : les meres peuvent mener en toute sûreté leurs filles aux pieces de M. Dumoustier.
César : l'auteur est Charles-Albert Demoustier. La pièce a été représentée 7 fois, du 11 juin au 28 décembre 1792.]
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