Corali, ou la Lanterne magique, opéra-comique en un acte et en prose, par André-Joseph Grétry neveu, musique de Bianchi, 18 messidor an 12 [7 juillet 1804].
Théâtre de Molière, rue Saint-martin.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Madame Masson, an XII. - 1804 :
Corali ou la Lanterne magiquer, opéra-comique ; en un acte et en prose. Par A. Grétry, neveu. Musique del Signor Bianchi. Représentée pour la première fois, sur le théâtre de Molière, rue Saint-Martin, le 18 Messidor an XII.
Courrier des spectacles, n° 2689 du 19 messidor an 12 (8 juillet 1804), p. 2-3 :
[Le théâtre de Molière est une modeste salle de spectacle, et le critique tient à rendre hommage à son activité, tant dans la reprise d’opéras-comiques anciens que dans la création d’ouvrages nouveaux. Celui qui vient d’être donné a obtenu du succès. Son intrigue est résumée à grands traits, de façon bien peu claire (on ne sait pas trop quel rôle joue la fameuse lanterne magique). Toujours est-il que les époux que la violence du mari avait séparés se retrouvent. Ce qui sauve la pièce, aux couleurs du drame plus que de la comédie, c’est la musique, due à un compositeur reconnu, très appréciée. Nul doute que la pièce sera reprise dans les départements, car même les rôles peu utiles dont il a bien fallu enrichir un fonds bien mince ont été fort bien mis en musique. Félicitations aussi pour les interprètes, peu connus, mais jouant avec ensemble. Et l'orchestre a été fort bien dirigé.]
Théâtre de Moliere.
Première représentation de Coraly, ou la Lanterne-magique.
La troupe qui occupe depuis peu ce Théâtre paroit vouloir, à force de travail, vaincre toutes les difficultés qui jusqu’ici ont rebuté ses prédécesseurs. Déjà en remontant successivement plusieurs opéra-comiques des plus estimés, elle est parvenue à faire sortir ses paisibles voisins de leur apathie, et chaque jour elle aiguillonne leur curiosité, soit par d’anciens ouvrages dédaignés par d’autres théâtres malgré leur mérite, soit par des nouveautés qui lui composent un répertoire très-agréable.
Parmi ces dernières on doit distinguer l’opéra en un acte représenté hier pour la première fois, avec beaucoup de succès, sous le titre de Coraly, ou la Lanterne-magique.
Le baron de Lindorf, dans un accès de jalousie , a tué un homme qu’il a surpris aux genoux de Coraly, son amante, à qui il croit avoir aussi donné la mort. Après deux ans elle revient dans le château où il vit en proie au regrets ; elle est suivie d’un valet déguisé en Tyrolien, qui porte une lanterne-magique. Celui-ci fait croire à Lindorf qu’il le guérira de sa mélancolie, et qu’il lui donnera des preuves de l’innocence de Coraly ; le Baron se prête à cet innocent stratagème, et Coraly, cachée dans une grotte, n’en sort que pour se précipiter dans les bras de son amant désabusé.
Ce sujet, foible par lui-même, a en partie la couleur du drame, ce qui n’est pas le moindre mérite aux jeux de bien des spectateurs ; mais ce qui a obtenu à juste titre de nombreux applaudissemens, c’est la musique vive, légère et gracieuse dont l’a embelli Il signor Bianchi.
Dans plusieurs morceaux, et entr’autre dans le duo entre les deux vieillards, dans les couplets chantés par la Soubrette, on a applaudi le talent du compositeur, à qui l’on doit le charmant opéra della Villanella rapita.
Cette nouvelle production se verra longtems avec plaisir, et je ne doute pas que les théâtres des départemens n’en fassent promptement l’acquisition comme d’un ouvrage très-facile à monter. Comme le fonds auroit à peine suffi pour faire une pièce, l’auteur, M. Grétry neveu, y a placé deux ou trois rôles assez inutiles, il est vrai, mais que le talent du compositeur a sçu faire valoir par des morceaux infiniment piquans.
Cette pièce est bien jouée par les acteurs de ce théâtre. On n’y compte point de talens supérieurs, mais il règne parmi eux beaucoup d’ensemble ; M. le Cerf sur-tout joue avec beaucoup de vérité le rôle du faux Tyrolien. Cet acteur soutient la réputation de bon comique qu’il a acquise dans les départemens. Il a été bien secondé par MM. Leblanc, Duforêt et Bellemont, et par Mesd. Leblanc et Desrosiers.
On doit aussi des éloges à l’orchestre dirigé par M. Jadin, qui a exécuté la partie avec beaucoup de pureté et de précision. G.
Ajouter un commentaire