La Caverne infernale, ou la Manie du suicide

La Caverne infernale, ou la Manie du suicide, opéra-bouffon en deux actes, de Moline, musique de Toméoni, 19 germinal an 9 [9 avril 1801].

Théâtre des Jeunes Artistes.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Hugelet, an 9 :

La Caverne infernale, ou la Manie du suicide, Opera Bouffon , en deux Actes. Paroles du Cen Moline, Musique du Cen Toméoni. Représenté, pour la première fois, sur le Théâtre des Jeunes Artistes, le 19 Germinal an 9.

Avant la liste des personnages, un bref avertissement dans lequel l'auteur montre sa volonté de combattre « la manie de se tuer » qui ne peut passer par le genre sérieux, tragédie ou drame, le spectateur se mettant à la place du suicidaire, mais par le genre comique, le ridicule étant capable de détourner du suicide. On trouve bien une intention moralisatrice.

Ce n'est point par des Tragédies, ou des Drames, dans lequel l'on introduit des Suicides intéressans, que l'on corrigera les hommes de la manie de se tuer. Le spectateur se met sans peine à la place du malheureux qui fait verser des larmes, mais il ne voudroit pas occuper celle d'un sot qui apprête à rire à ses dépens.

C'est sous ce jour nouveau que l'on a envisagé le Suicide dont il est question dans cet Opera Bouffon, où il est tourné en ridicule depuis le commencement jusqu'à la fin. Le caractère de Bertrand n'est pas ordinaire, mais il n'est pas sans exemple.

Courrier des spectacles, n° 1503 du 21 germinal an 9 [11 avril 1801], p. 2 :

[Le compte rendu de cette Caverne infernale va droit au but : le poème, « assez mauvais », est sauvé par la musique, « savante et gracieuse ». Le résumé de l'intrigue montre bien cette insuffisance du « poëme », rempli de procédés sans originalité. Il ne reste qu'à nommer les auteurs (avec une erreur sur le nom de l'auteur du « poëme ») et à mettre en avant une chanteuse, dont le jeu pourrait être toutefois plus animé.

Après le compte rendu de la Caverne infernale, le critique rend rapidement compte de la création donnée le lendemain, la Double fête de Lepitre.]

Théâtre des Jeunes-Artistes.

On donnoit avant-hier à ce théâtre la première représentation de la Caverne infernale, opéra en deux actes, et cet ouvrage obtint des applaudissemens.

Nous osons dire que l’auteur des paroles n’a que peu de part à ce succès, il est dû tout entier au compositeur, qui a sçu orner d’une musique savante et gracieuse un assez mauvais poëme.

On pourra juger du fonds par cette analyse :

M. Bertrand a la manie du suicide, mais il est poltron, et de tous les genres de mort qu’il choisit aucun ne réussit, par les précautions qu’il prend pour les empêcher d’être exécutés. Il chasse Crispin, son valet, parce qu’il n’a pas voulu se pendre avec lui. Pour le guérir, sa femme, sa fille, son gendre futur, Crispin, Marton et Valentin, laquais, imaginent de lui faire prendre un soporifique, et pendant son sommeil ils le transportent dans une caverne où ils s’offrent à son réveil sous les figures les plus hideuses. Sa femme est Mégère, Crispin Pluton, etc. Ce dernier se place sur son trône et juge le pauvre Bertrand. Il le force de demander pardon des mauvais traitemens qu’il a fait endurer à Crispin, et de jurer qu’il renoncera à la manie du suicide. Bertrand promet tout ; alors on lui met un bandeau sur les yeux et on feint de le conduire dans les Champs-Elisées. Lorsqu’il est seul il reconnoit son propre jardin, et bientôt toute sa famille arrivant en costume infernal lui avoue le stratagème dont elle s’est servi pour le rendre à la raison.

Les auteurs sont les citoyens Molinet pour les paroles et Toméoni pour la musique. On a remarqué dans cette dernière plusieurs airs très-agréables, et entr’autres celui : Par Caprice ou par folie.

L’actrice qui a rempli le rôle de la demoiselle l’a chanté avec beaucoup de goût et de pureté. Il seroit à desirer que son jeu s’animât davantage.

Ajouter un commentaire

Anti-spam