La Coutume écossaise ou le Mariage sur la frontière

La Coutume écossaise ou le Mariage sur la frontière, comédie-vaudeville en un acte, d'Alexandre Ferrière, Charles Rondeau, Henri Déaddé, créée sur le Théâtre de la Gaîté, 19 mai 1813.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, de l'Imprimerie de Maugeret, mai 1813 :

La Coutume écossaise, ou le Mariage sur le frontière, comédie-vaudeville en un acte, par MM. Leblanc et Charles ; représentée pour la permière fois, sur le Théâtre de la Gaîté, à Paris, le 19 mai 1813.

Deux ou trois auteurs ?

La brochure suggère qu'il y a eu deux auteurs, mais qui se cache sous le pseudonyme de Charles ?

Le Catalogue général de la BNF en cite trois : Alexandre de Ferrières (= Leblanc), Charles Rondeau (qui a signé certaines pièces sous le pseudonyme de Charles) et Henri Déaddé, dont ce serait la seule contribution à une œuvre enregistrée dans le catalogue de la BNF.

La Bibliothèque dramatique de Monsieur de Soleinne, tome 3, p. 221, se contente de deux, Leblanc de Ferrière et Henri Déaddé caché sous le pseudonyme de Charles.

Journal des arts, des sciences, et de littérature, n° 225 (quatrième année) du 25 mai 1813, p. 258-259 :

[La pièce repose sur une manière curieuse de marier les jeunes gens, différente de celle qui avait été illustrée dans la Coutume hollandaise : en Hollande comme en Ecosse, il s'agit de mettre les parents devant le fait accompli, mais la méthode diffère : il suffit de se présenter chez le pasteur et maréchal ferrant d'un certain village écossais, et le mariage se fait. Le résumé de l'intrigue permet de comprendre comment on trompe le tuteur de la jeune fille. Le critique a beaucoup aimé la pièce, dont le succès lui apparaît mérité, et il feint de s'étonner que le Théâtre du Vaudeville, qui, dit-on, l'a refusée, ne l'ait pas retenue, alors que ce théâtre fait preuve d'un goût peu sûr dans le choix de ses pièces. Les couplets sont « saillans », c'est l'adjectif consacré, et l'exemple donné est censé le montrer. Quant aux interprètes, l'un est excellent dans son rôle de valet, et l'autre très mauvais dans celui de l'oncle. Sa voix semble mise en cause dans la dernière phrase : trop forte ou trop fausse ?]

THÉATRE DE LA GAITÉ,

La Coutume écossaise ou le Mariage sur la frontière,
vaudeville de MM. Leblanc et Charles.

On joue, depuis quelques années, à l'Ambigu-Comique, une comédie fort gaie, sous le titre de la Coutume hollandaise. Cette coutume (qui n'existe plus) consiste dans l'enlèvement d'un jeune homme par sa maitresse. Dès qu'on les voyait ensemble se promenant en voiture autour de la ville, les parens ne pouvaient plus s'opposer à leur union. La Coutume écossaise (qui, sans doute, est aussi abolie), diffère de l'autre : des amans, contrariés dans leur amour, partent pour un village frontière, nommé Greatney-Green, s'adressent au ministre anglican, qui est en même-temps maréchal ferrant ; le ministre les unit sans plus de difficulté, et leur mariage est approuvé par les lois. Tel est le sujet de la pièce nouvelle. Les amans, lord Hamilton et la riche pupille qu'il a enlevée, sont précédés dans l'auberge du village de Greatney Green par un valet et une femme de chambre, qui, tous deux, jouent les rôles de grands personnages, et cherchent à se tromper mutuellement. Reconnus par l'aubergiste, ils font place au lord qui est vivement poursuivi par le tuteur ; il s'agit de lui échapper. Les valets prennent alors les habits des maîtres, et vice versa. Les amans vont gaîment se marier et reviennent auprès du tuteur, qui est obligé, comme tous ses confrères de comedie, de prendre courageusement son parti.

Cette jolie pièce a obtenu un succès mérité. On dit qu'elle a été refusée au Vaudeville ; beaucoup de gens en paraissent étonnés, mais combien d'autres en seront peu surpris ! Les juges dramatiques qui ont reçu le Mariage à la course, le Mariage militaire, les Escamotages, et tant d'autres productions ridicules, devaient nécessairement refuser le Mariage sur la frontière, par cela seul qu'il était agréable et qu'il aurait su plaire au public.

Les couplets de la Coutume écossaise sont saillans pour la plupart, et naturellement amenés par les situations, dont quelques-unes sont plaisantes. En voici un qui a été fort applaudi.

      AIR: Vaudeville de Partie carrée.

Chaque beauté qui se lasse d'attendre,
Vient lestement visiter ce canton,
      Car pour une fille au cœur tendre,
      L'air de ce pays est fort bon.
L'amour ici change bientôt les belles,
      Et chez le ministre écossais,
On voit sans cesse entrer des demoiselles,
      Mais il n'en sort jamais.          BIS.

L'acteur Duménis a fort bien joué le rôle du valet, mais celui de l'oncle a été très-mal rendu par un jeune homme appelé, je crois, Michot. Avec un talent tel que le sien, on doit s'exercer plutôt en plein air que dans l'enceinte d'un théâtre.

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