La Critique de la Petite ville, comédie en un acte et ne prose. 4 messidor an 9 (23 juin 1801).
Théâtre français, d'abord rue Feydeau et maintenant rue de Louvois
Lors de la représentation du 4 messidor (la seule qu’a connue la pièce, elle suivait la 19e représentation de la Petite Ville de Picard. Picard jouait dans les deux pièces.
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Titre :
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Critique de la Petite ville (la)
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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1
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Vers ou prose ,
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en prose
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Musique :
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non
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Date de création :
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4 messidor an IX (23 juin 1801)
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Théâtre :
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Théâtre Français rue de Louvois
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Auteur(s) des paroles :
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Almanach des Muses 1802
Des provinciaux sont furieux du succès de la comédie de Picard, et du ridicule qu'elle a jeté sur les mœurs de province ; ils ont cru se reconnaître dans l'ouvrage. Un bel-esprit de l'endroit en dit beaucoup de mal ; et l'on soupçonne un jeune Parisien, arrivé depuis huit jours, d'en être l'auteur. Heureusement, pour l'individu, qui n'est qu'un jeune merveilleux, un autre habitant de Paris désabuse les provinciaux, et soutient que toutes les petites villes de France ont également cru que l'auteur comique les avait prises pour modèles.
Hommage rendu au talent de Picard par un de ses rivaux. Peu d'intérêt ; accueil froid.
L'auteur a retiré sa pièce.
L’Almanach des Muses prête la pièce à un rival de Picard, mais elle est peut-être bien de Picard lui-même...
Courrier des spectacles, n°1577 du 3 messidor an 9 [24 juin 1801], p. 2 :
[Compte rendu d’une pièce qui est ramenée à son intention de promouvoir la pièce principale. Elle est déduite à n’être qu’anecdotique, avec des différences sensibles avec l’article de la Décade philosophique.]
Théâtre Louvois.
La première représentation de la Critique de la Petite Ville devoit attirer beaucoup de monde à ce théâtre. C’étoit sans doute le principal but que l’on s’étoit proposé. Il a été rempli. A l’égard du succès de l’ouvrage il a été assez foible. On a cependant vivement demandé l’auteur ; il a gardé l’anonyme.
Nous n’entreprendrons point une analyse détaillée de cette pièce. Nous nous contenterons de dire que la scène se passe dans une petite ville de province, dont plusieurs personnages s’imaginent être joués dans la comédie de Picard. De-là une grande animosité contre l’auteur. On va jusqu’à vouloir lui intenter un procès, lorsque le parent d’une des personnes qui se croyent offensées vient reconcilier les habitans avec Picard en leur apprenant qu’il a retranché le cinquième acte de sa pièce sur l’observation qui lui a été faite qu’il représentoit fidèlement une anecdote arrivée récemment.
Décade philosophique, an IX de la République, IVme trimestre, n° 29 (20 Messidor), p. 54-55 :
[Article repris dans l’Esprit des journaux français et étrangers, trentième année, tome X, messidor an IX [juillet 1801], p. 221-223, moins la première phrase.
A la différence des Critiques illustres, de Molière ou de Regnard, celle-ci n’est pas de l’auteur de la Petite ville, mais d’un de ses confrères : « ce sera une anecdote à recueillir dans l'histoire des théâtres, que le seul de nos poëtes comiques auquel la scène de Picard pourrait porter ombrage, loin d'en être jaloux, ait cherché à défendre, à soutenir, à faire valoir son jeune rival », ce qui paraît étonnant en un temps où les auteurs passent plus de temps à se déchirer qu’à s’aider. La pièce nouvelle n’a pas vraiment d’action : c’est une conversation sur la pièce dont elle fait la critique. Elle comporte « des traits spirituels, sans recherches, un dialogue naturel et souvent piquant », mais le public attendait plus d’action et de mouvement, et elle a été accueillie froidement, sans qu’il y ait des manifestations d’hostilité. Elle n’a pas dépassé la première représentation.]
ON a donné, au Théâtre Louvois, une petite comédie en un acte, intitulée : La Critique de la Petite Ville. Ce sont ordinairement les pièces qui réussissent et dont le public s'occupe, qui sont ainsi critiquées. Molière défendit son Ecole des Femmes, Regnard son Légataire Universel, en en faisant la critique. Picard n'a pas fait lui-même celle de sa pièce : on attribue cette critique obligeante à un homme qui a obtenu de grands succès dans la carrière dramatique. Si cela est, comme il y a tout lieu de le croire, ce sera une anecdote à recueillir dans l'histoire des théâtres, que le seul de nos poëtes comiques auquel la scène de Picard pourrait porter ombrage, loin d'en être jaloux, ait cherché à défendre, à soutenir, à faire valoir son jeune rival. Il nous semble que les littérateurs n'en agissaient pas entre eux de cette manière il y a une vingtaine d'années, dans ce bon tems où ils se déchiraient, se tournaient en ridicule, et n'étaient occupés qu'à miner et contre-miner la réputation les uns des autres ! Les grands écrivains du siècle de Louis XIV ont été liés ensemble d'estime et d'amitié ; il est beau de leur ressembler au moins par ce côté.
La petite pièce jouée sous le titre de la Critique de la Petite Ville, n'était et ne pouvait guère être, comme les pièces de ce genre, qu'une conversation spirituelle sur l'ouvrage critiqué.
La scène était dans une petite ville de province, dont les habitans s'imaginant avoir été joués, étaient furieux contre la pièce et contre l'auteur. Un bel esprit de l'endroit était celui qui en disait le plus de mal ; Picard jouait ce rôle, qui devait paraître plus piquant dans sa bouche. On soupçonnait un jeune Parisien, arrivé depuis huit jours dans la petite ville, d'être Picard lui-même, venu, disait-on, en province pour recueillir de nouveaux mémoires. Mais enfin un des habitans revenant de Paris détrompait ses concitoyens, en leur apprenant que leurs soupçons portaient à faux sur le jeune homme en question, et que leur petite ville n'était pas plus jouée que toutes les autres, puisque toutes les petites villes avaient cru s'y reconnaître.
Des traits spirituels, sans recherches, un dialogue naturel et souvent piquant, n'ont pas suffi au public accoutumé, surtout à ce théâtre, à voir beaucoup d'action et de mouvement. La pièce a été écoutée, quelquefois applaudie ; elle n'a pas reçu de marque d'improbation ; mais elle a été accueillie froidement. L'Auteur a cru devoir la retirer après la première représentation.
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