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Le Crescendo

Le Crescendo, opéra comique en un acte, paroles de M. Sewrin, musique de M. Cherubini, 1er  septembre 1810.

Théâtre de l'Opéra-Comique.

Titre :

Crescendo (le)

Genre

opéra bouffon

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

1er septembre 1810

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra Comique

Auteur(s) des paroles :

Sewrin

Compositeur(s) :

Chérubini

Almanach des Muses 1811.

Même sujet que Il matimonio per sussuro, Le mariage à force de bruit, opéra italien représenté avec peu de succès à l'Opéra-Buffa. L'imitation n'en a guere été plus heureux.

Quelques situations comiques ; mais en général beaucoup trop de bruit. Musique savante.

Journal de Paris, n° 245, 2 septembre 1810, p. 1755 :

Le Crescendo, opéra-bouffon représenté hier pour la première fois au Théâtre Fydeau, n'a point obtenu de succès. Les paroles, traduites de l'italien, sont d'une rare platitude. Il ne restera de la musique qu'une ouverture remplie de motifs agréables, & un duo du goût le plus original. Le compositeur a été demandé, & l'on a nommé M. Cherubini.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 15e année, 1810, tome V, p. 169-171 :

[L’essentiel du compte rendu est consacré au résumé de l’intrigue, dont le critique ne cache pas la légèreté. Ensuite, révélation de l’origine de la pièce : une « imitation » d’un opéra bouffon italien (une traduction ?). Pas de jugement porté sur le livret. Musique de valeur, deux airs étant distingués.]

THÉATRE DE L'OPÉRA COMIQUE.

Le Crescendo, opéra bouffon en un acte, imité de l'italien, représenté le premier septembre 1810.

Le baron de Frankenstein, ancien militaire, attend de l'armée Alphonse, son neveu. Son voisin Gloub a une nièce, aimée d'Alphonse. Le jeune amant arrive ; mais le baron, loin de lui donner celle qu'il aime , prétend lui-même l'épouser. Gloub et Sophie feignent d'y consentir, ce qui étonne beaucoup Alphonse. Il faut savoir que Frankenstein est un hypocondriaque que le moindre bruit fait tomber en convulsions, et que, sans le rebuter formellement, on a fondé sur sa maladie l'intrigue par laquelle on se débarrassera de lui. En conséquence, Sophie se montre au baron, timide, docile, modeste et surtout silencieuse jusqu'à la signature du contrat. Mais le contrat une fois signé, elle devient altière, impérieuse, turbulente. Le valet d'Alphonse qu'on a mis du secret, seconde la fiancée. Sous prétexte de célébrer les noces du baron, il rassemble toute la jeunesse du village, qui vient, escortée d'une musique bruyante, chanter et danser autour de lui. Sophie le prend par la main, elle veut le faire entrer en danse ; et à peine a-t-il pu lui échapper, que, la musique d'un régiment, cantonné dans le voisinage, arrive à son tour et commence un vacarme de tambours et de fifres, dont le Crescendo oblige le pauvre Frankenstein à se retirer dans sa maison. Il reparaît ensuite à son balcon, armé d'une carabine. Les faiseurs de charivari se dispersent ; mais le baron est dans un si triste état, qu'il ne songe plus qu'à rompre à tout prix le contrat qu'il a revêtu si imprudemment de sa signature Le moyen qu'il imagine est d'engager son neveu à épouser Sophie à sa place. Alphonse fait des difficultés ; son oncle lui propose trente, quarante, cinquante mille francs, il n'accepte que quand on lui en offre cent.

Ce canevas n'est qu'une imitation du Mariage à force de bruit (il Matrimonio per susurro), la musique de M. CHÉRUBINI n'est pas indigne de sa grande réputation. L'ouverture a été vivement applaudie. A l'ouverture a succédé un air imitatif, où l'Hypocondre se plaint des différens bruits qui ont troublé son repos pendant la nuit dernière ; il a produit beaucoup d'effet. Un air de valet chanté ensuite par Martin, a réuni tous les suffrages.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome X, octobre1810, p. 294-298 :

[Pièce à problèmes ! D’abord, quel est son titre ? Il semble qu’il y ait eu débat à ce propos. Ensuite sa qualité : « jamais l'Opéra-Comique n'en avait admis de si mauvaises », ce que le résumé de l'intrigue est censé confirmer. On nous narre une sombre historie d’hypocondriaque qu’on veut empêcher de se marier. Et l’arme contre ce mariage, c’est du bruit, souvent sous forme de musique qui rend malade l'hypocondriaque. Ce « canevas » ne fait qu’imiter celui d’un opéra joué l’année précédente à l’Odéon, cet opéra reprenant une comédie de J.-B. Rousseau, l’Hypocondre. A cette imitation, ce qu’on reproche c’est de n’être pas gaie, et de ne pas produire « des situations favorables à la musique » (deux morceaux seulement ont été remarqués, mais ils tiennent plus aux caractères des personnages qu’à l’intrigue). La musique est mieux traitée que le livret. Elle est digne de l’illustre compositeur qui l’a composée, malgré une excessive recherche de l’originalité qui tourne au bizarre : on y trouve « un grand nombre de motifs agréables et une grande richesse d'accompagnement ». Plusieurs morceaux sont mis en valeur, avec les chanteurs qui les interprètent. La fin de la représentation a été perturbée par les sifflets qui visaient l’auteur du livret. Finalement, seul le compositeur a été nommé.]

Théâtre de l'Opéra Comique.

Crescendo, opéra bouffon en un acte, imité de l'italien, musique de M. Chérubini.

Sans vouloir nous inquiéter du véritable titre de cette pièce, sur lequel on ne paraît pas d'accord, nous allons nous occuper de la pièce même, dont les paroles n'ont guères moins scandalisé que le titre.

On peut croire, en effet, que jamais l'Opéra-Comique n'en avait admis de si mauvaises. En vain avait-on cherché à disposer le public à l'indulgence par le titre d'opéra-bouffon imité de l'italien, il n'y a pas eu moyen de tenir à l'abus qu'on a fait de ce titre. Afin que nos lecteurs puissent en juger, nous leur donnerons une idée de cet informe canevas. Un baron de Frankenstein, ancien militaire, attend de l'armée Alphonse, son neveu. Son voisin Gloub a une nièce, aimée d'Alphonse, comme on l'a déjà deviné. Alphonse arrive ; mais le baron, loin de songer à lui donner celle qu'il aime, prétend lui-même l'épouser. Gloub et Sophie feignent d'y consentir, ce qui étonne beaucoup Alphonse. Mais il faut savoir que Frankenstein est un hypocondriaque que le moindre bruit fait tomber en convulsions, et que, sans le rebuter formellement, on a fondé sur sa maladie l'intrigue par laquelle on se débarrassera de lui. En conséquence, Sophie se montre au baron, timide, docile, modeste et surtout silencieuse jusqu'à la signature du contrat. Mais le contrat une fois signé, elle devient altière, impérieuse, turbulente. Le valet d'Alphonse qu'on a mis du secret, ou qui plutôt l'a deviné, seconde merveilleusement la perfide fiancée. Sous prétexte de célébrer les noces du baron, il rassemble toute la jeunesse du village, qui vient, escortée d'une musique bruyante, chanter et danser autour de lui. Sophie le prend par la main, elle veut le faire entrer en danse ; et à peine a-t-il pu lui échapper, que, toujours sur l'invitation du valet d'Alphonse, la musique d'un régiment, cantonné dans le voisinage, arrive à son tour et commence un vacarme de tambours et de fifres, dont le Crescendo oblige le pauvre Frankenstein à se retirer dans sa maison. Il reparaît ensuite à son balcon, armé d'une carabine. Les faiseurs de charivari se dispersent ; mais le baron est dans un si triste état, qu'il ne songe plus qu'à rompre à tout prix le contrat qu'il a revêtu si imprudemment de sa signature. Le moyen qu'il imagine est d'engager son neveu à épouser Sophie à sa place. Alphonse fait des difficultés ; son oncle lui propose en vain une dot de vingt mille francs, puis de trente, puis de quarante ; mais enfin le cher neveu se décide lorsqu'il porte son offre jusqu'à cent.

On a déjà remarqué que ce canevas n'est qu'une imitation du Mariage à force de bruit (il Matrimonio per susurro), joué en Avril 1809 au théâtre de l'Impératrice. On peut se rappeller encore que cette pièce italienne est elle-même imitée de l'Hypocondre, comédie française de J.-B. Rousseau, qui l'avait empruntée à la scène anglaise. Mais ce n'est point pour en faire un tort au Crescendo que nous rappelions sa généalogie ; ce n'en est point un que d'imiter, surtout en avertissant que l’on imite. Nous ne ferons pas non plus un reproche bien grave à l'imitateur d'avoir semé un acte assez court d'absurdités et d'invraisemblances. Elles sont permises à un certain point dans un opéra-bouffon, pourvu qu'elles produisent de la gaieté et des situations favorables à la musique ; mais voilà malheureusement ce qui manque au canevas du Crescendo. Il n'est pas de caricature moins gaie que celle d'un hypocondre, surtout lorsqu'on le fait trop souffrir ; et nous n'avons point remarqué dans cet ouvrage de situation musicale qui tienne à l'intrigue ; car les deux morceaux dont nous parlerons tout-à- l'heure dépendent du principal caractère, et par conséquent ils étaient donnés avec le sujet.

Au reste, quoique la musique risquée sur ces paroles par M. Chérubini n'ait pu les sauver, elle n'est cependant pas indigne de sa grande réputation. L'ouverture a été vivement applaudie ; les gens difficiles pourront trouver que l'intention de faire de l'effet s'y montre trop à découvert, qu'en visant à l'originalité, l'auteur tombe quelquefois dans le bizarre. Ils remarqueront que les silences y sont trop longs pour n'être que des interruptions du même morceau et trop courts pour séparer un morceau d'un autre ; mais ils reconnaîtront aussi un grand nombre de motifs agréables et une grande richesse d'accompagnement. A l'ouverture a succédé un air imitatif, où l'hypocondriaque se plaint des différens bruits qui ont troublé son repos pendant la nuit dernière (c'est un des deux que nous avons annoncés plus haut) ; il a produit beaucoup d'effet, quoiqu'on puisse regarder comme trop bruyant un orchestre qui a couvert plus d'une fois la voix pleine et sonore de Chenard. Un duo entre lui et Solié, chargé du rôle de Gloub, a obtenu .aussi des applaudissemens ; et un air de valet, chanté ensuite par Martin, a réuni tous les suffrages. L'intention en est originale, et c'est encore le caractère ou plutôt la maladie du baron qui la fournit. Il demande compte au valet des exploits de son neveu à la guerre, mais en le priant de parler très-bas. L'air, en effet, se chante en sourdine, excepté dans certains momens où l'enthousiasme et l'habitude l'emportent chez le narrateur sur la précaution qu'on vient de lui recommander ; alors sa voix se développe, elle éclate, et l'orchestre redouble de bruit, jusqu'à ce qu'averti par la grimace et les gestes du baron, le chanteur et les instrumens reprennent leur piano et leurs sourdines. Après ces morceaux, nous citerons encore un air de bravoure chanté par Martin, et un premier quintetto d'une bonne facture. Quant au morceau du charivari, il ne nous a point été possible d'apprécier le parti qu'en a tiré le compositeur ; car c'est alors que les sifflets ont éclaté contre l'auteur des paroles. Ils ont été tellement crescendo, que nous ne pouvons même dire si la pièce finit ou ne finit pas par un chœur. Cependant, après la chûte du rideau, et lorsque le parterre s'est trouvé à moitié vide, les amis se sont ralliés ; ils ont demandé les auteurs, et Paul est venu nommer celui de la musique.                               G,

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