Don Pedre et Zulica, ou la Princesse de Grenade, mélodrame en trois actes, de Thuring, musique de Blasius, ballets d'Eugène Hus, 24 nivôse an 10 [14 janvier 1802].
Théâtre de la Gaieté.
Reprise d'une tragédie de Voltaire ?
Œuvres complètes de Voltaire (Complete Works of Voltaire) tome 52: Writings of 1761 [Voltaire Foundation Oxford, 2011] : la préface à la tragédie de Voltaire accorde une page à la pièce de Thuring (p. 79).
Les Instructions générales, suivies des lois relatives à la propriété dramatique de Sauvan [janvier 1806] donnent p. 19 deux noms d'auteurs (ou de bénéficiaires des droits d'auteur), Thuring, mais aussi Blasius, le premier étant l'auteur du livret, le second le compositeur.
Courrier des spectacles, n° 1781 du 25 nivôse an 10 [15 janvier 1802], p. 2 :
[Le critique rattache d'abord la pièce à la vogue des pièces inspirées de l'histoire d'Espagne. Elle a connu le succès. Suit le résumé minutieux d'une intrigue pleine de rebondissements et de combats. La rivalité entre Alhamar et Dom Pèdre s'achève par le mariage, somme tout prévisible, entre dom Pèdre et la fille d'Alhamar : les castillans et les Maures sont désormais amis. Le jugement sur la pièce est mesuré. Joué dans un théâtre malheureux « dans le choix des ouvrages », elle contient « quelques situations dramatiques », ce qui est peu. Elle vaut surtout par le nombre et, en partie, la qualité des combats qui rythme l'intrigue. Pas de restriction pour la musique et les ballets, « fort agréables. Il n'y a plus qu'à nommer les auteurs
Théâtre de la Gaîté.
L’histoire d’Espagne a fourni depuis quelque tems plusieurs sujets à nos auteurs; ici c’est Alhamar ; là c’est Laure et Fernando ; ailleurs Dom Pèdre et Zulica : cette dernière pièce représentée hier pour la première fois sur ce théâtre, y a obtenu du succès.
Dom Alphonse, roi de Castille, vaincu par Alhamar, roi des Maures, n’a plus d’espoir que dans son fils dom Pèdre. Ce jeune guerrier a, dans la bataille, rencontré un ennemi digne de lui. En perdant son casque, il a fait sauter celui de son adversaire, qui est la belle Zulica, fille d’Alhamer [sic] lui-même. L’amour, dès cet instant, s’est emparé du cœur du jeune prince, dont la vue n’a pas fait une impression moins vive sur celui de Zulica. Zaphanor, guerrier maure, à qui cette princesse refuse d’accorder sa main, veut la mériter en lui apportant la tête de dom Pèdre; et il est vaincu. Dom Pèdre s’empare de sa dépouille, se revêt de ses armes, et le casque en tête, visière baissée, il arrive au camp des Maures, où il passe pour Zaphanor et où il se fait reconnoître par Zulica. Mais Alphonse ayant renvoyé à Alhamar les restes de Zaphanor, dom Pèdre est reconnu, et, à la prière de Zulica, rendu à son père. Quelques instans après, le camp des Maures est attaqué par Alphonse et par dom Félix, gouverneur de Seville, qui s’attache particulièrement à Zulica, qu’il désarme et qu’il fait prisonnière. Alhamar avec les siens fait sa retraite, et en fuyant parvient à cerner Alphonse et deux de ses officiers, et il les emmène avec lui. Bientôt dom Félix arrive à son camp, lui demande la main de sa fille, qu’il dit avoir en sa puissance, et sur le refus d’Alhamar, fait attaquer ce prince ; mais dom Pèdre survient. fait arrêter dom Félix, deux fois traître envers son pays, et rend la liberté à dom Alphonse, et Zulica à son père. Celui ci, étonné de tant de grandeur d’ame, veut être l’ami d’Alphonse, et donne avec joie la main de sa fille à dom Pèdre.
Ce mélodrame est un de ceux qui ont mérité plus de succès à ce théâtre, qui jusqu’ici n’a pas été heureux dans le choix des ouvrages ; il y a quelques situations dramatiques.
Les amateurs de combats en trouveront dans tous les actes et assez bien exécutés. Celui entre Zaphanor et dom Pèdre est trop lent et trop mou.
Les ballets et la musique sont fort agréables. Les auteurs sont le général Thuring pour le drame ; le citoyen Blasius pour la musique, et les citoyens Eugène Hus et Lafitte pour les ballets et les combats.
Ajouter un commentaire