Les Dragons français et les hussards prussiens

Les Dragons français et les hussards prussiens,vaudeville en un acte et en prose, de Villiers. Publication : à Liège, chez Citoyenne Bollen, an 3.

Rien ne me permet de dire si la pièce a été jouée.

Frédéric Jules Faber, Histoire du théâtre français en Belgique depuis son origine jusqu'à nos jours : d'après des documents inédits reposant aux Archives générales du royaume [Bruxelles, 1878], p. 324 :

[Une phrase suffit à définir la première pièce du « sieur Villiers », sans dire si elle a été jouée ou seulement publiée.

Un sieur Villiers fut auteur des deux pièces suivantes, entre lesquelles il y eut une assez grande distance :

1. Les Dragons français et les Hussards prussiens, vaud. l a. pr. An III.

2. La Femme impromptu, O. C. 1 a., mus. de Borremans. 1808.

La première est un petit tableau de la vie des camps, inspiré par les batailles continuelles qui marquèrent les premières années de la Révolution Française. Quant à la seconde, c'est une des rares pièces indigènes qui eurent accès sur la scène de la Monnaie, à Bruxelles. Voici l'appréciation qu'en donna un journal du temps (2) :

« La Femme impromptu, paroles de M. Villiers, musique de M. B. (Borremans), n'a point survécu à sa première représentation, malgré les efforts de Mad. Berteau, de MM. Eugène, Linsel, Hurteaux et Brice, qui, dans cette occasion, comme dans tant d'autres, ont été encore victimes de leur complaisance. Il y a de la gaieté dans cette pièce ; mais elle dégénère bientôt en charges dignes du carnaval. La musique n'a point été faite pour cet opéra, et c'est le défaut qu'il fallait s'attacher à cacher, mais dont on s'est aussitôt apperçu. Son auteur peut mieux faire. »

(2) Esprit des Journaux, Janvier 1809. P. 297.

Sur la page de titre de la brochure, à Liège, chez la Citoyenne Bollen, an 3 :

Les Dragons français et les hussards prussiens, petite pièce en un acte en prose mêlée de couplets, Par le Citoyen Villiers, Officier au troisième Régiment de Dragons.

Liste des personnages :

PERSONNAGES.

SERVILLI,

Officier Français.

CREUTZER,

Officier Prussien.

LEDOL,

Père.

JACQUELINE,

Sa fille.

LEBEAU,
CHARLES,
DUVAL,
ROLAND,
PERIN,
UN BRIGADIER.

Dragons.

Plusieurs Dragons & Soldats Prussiens.


La Scene se passe dans un bivouac de Dragons : à gauche, une ferme ; à droite, des haies, sur une hauteur dans l'enfoncement, une Vedette à cheval.

La pièce s'achève par une série de couplets confiés aux différents personnages. Ils sont pleins d'allusions à la situation du temps.

Lebeau.

Je vais vous dire cela en chantant.

COUPLETS.

AIR : Des portraits à la mode.

Du temps des rois tous les Français rampans,
Alloient au feu pour la cause des grands
Et ne faisoient la guerre qu'au printems ;
            C'étoit la vieille méthode :
Mais à présent on est plus entêté
Que de l'honneur, que de l'égalité,
Et dans l'hiver on retrouve l'été,
            Voilà la campagne à la mode.

Le Prussien.

C'est très bien, mon camarade, vous faites aussi des sieges à la française.

Lebeau.

Demandez à mon petit camarade, qui étoit canonnier à la batterie de la Convention sous Maestricht.

Charles.

Du temps des rois, des bataillons nombreux
Devant le fort, le fort le moins fameux,
Restoient campés un mois & même deux ;
            C'étoit la vieille méthode :
Mais sur Maestricht & son château vanté,
Le pavillon de notre liberté
Malgré de Hese en vingt jours a flotté :
            Voilà les sieges à la mode.

Le Hussard prussien.

Ma foi, messieurs, tout est surprenant chez vous, l'avancement est très rapide aussi.

Lebeau.

J'espere bien que dans peu, si la Maison d'Autriche ne s'humilie pas, notre capitaine sera général, & bon général.

Servilli.

Je ferai toujours mon devoir.

Du temps des rois, celui qui dans l'état
Avoit le moins ménagé le soldat,
Obtenoit tout, même un généralat ;
            C'étoit la vieille méthode :
Mais à présent c'est un autre moyen,
Il ne faut plus qu'être un bon citoyen ;
Et Pichegru, pour tout homme de bien
            Est le général à la mode.

Lebeau.

Mademoiselle voudra bien aussi nous chanter un couplet.

La Demoiselle.

Volontiers, & sur l'air : Des bonnes gens.

Le Prussien.

Oui, l'air des bonnes gens; nous finirons par le devenir tous.

La Demoiselle.

  Avec vous de la guerre
Les étendarts sont pliés,
  Et depuis l'aigle altiere
Viendra ramper à vos pieds.
Piémontois, Anglois et Russe,
Vos efforts n'y feront rien ;
Il vous faudra, comme en Prusse,
Devenir bon citoyen.

Duval.

  Oui, bientôt, je l'assure,
Plus de meurtres, mais des lois,
  Et bientôt la nature
Saura reprendre ses droits ;
Mais il faut dans cette affaire
Que chacun mette du sien,
Pour ne trouver sur la terre
Qu'un grand peuple citoyen.

Creutzer.

  La France dut sa gloire
Au courage des guerriers ;
  Aux champs de la victoire
Comme eux marchons les premiers :
Animés du même zele,
Ils feront notre soutien ;
Jamais un guerrier fidele
Ne fut mauvais citoyen.

Servilli, au public.

  Ce seroit mal-adressé,
Si l'Auteur s'étoit flatté,
  D'aller, pour cette Piece
Droit à l'immortalité :
Vous plaire, fut son envie,
Il n'est encor sûr de rien ;
Mais sa gloire & son envie,
C'est d'être bon citoyen.

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