Edmond, ou Imprudence et perfidie, mélodrame en trois actes, en prose et à grand spectacle, de Laurent, musique de Quaisain et Lanusse, ballet de Millot, créé sur le, 15 juin 1813.
Théâtre de Ambigu-comique.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1813 :
Edmond, ou Imprudence et perfidie, mélodrame en trois actes, en prose et à grand spectacle, Par M. Laurent ; Musique de MM. Quaisain et Lanusse, Ballet de M. Millot. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de l'Ambigu-Comique, le 15 juin 1813.
Liste des personnages :
PERSONNAGES.
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Acteurs.
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Lord MORDEN, gouverneur de l'Isle.
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M. De Beauchamps.
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Sir ALFRED, son fils.
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M. Fresnoy.
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M. WILSON, riche négociant.
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M. Joigny.
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EDMOND, fils d'un ancien ami de M. WILSON, et travaillant dans sa maison.
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M. Grévin.
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SIDLER, autre commis de M. Wilson.
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M. Defresne.
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TOMI, valet de M. Wilson.
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M. Douvry.
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WILLIAM, matelot.
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M. Debray.
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Miss CLARA, fille de M. Wilson.
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Mme. Adèle-Dupuis.
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BETTI, jeune personne au service de miss Clara.
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Mme. Depas.
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Habitans, Soldats, Nègres, Matelots.
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La Scène est dans une des Colonies anglaises.
Acte 1 : Le Théâtre représente un jardin décoré pour une fête.
Acte 2 : Le Théâtre représente un jardin; à gauche une partie de bâtiment, avec une fenêtre ; à droite un bosquet très-touffu, dont l'entrée est tournée du côté des spectateurs.
(Il fait nuit.)
Acte 3 : Le théâtre représente une salle d'entrée par laquelle on arrive à celle du conseil, dans le palais du gouverneur.
Journal des arts, des sciences et de la littérature, volume 13, n° 230 (Quatrième année, 20 juin 1813), p. 386-387 :
[Un premier paragraphe du compte rendu est ambigu : s'agit-il d'ironiser sur la respectabilité nouvelle des mélodrames, devenus « des productions estimables, je dirai même estimables sous certains rapports » qu'il faudra « admirer avec le vulgaire », ou le critique accepte-t-il cette métamorphose du mélodrame, sans surnaturel et avec « une intrigue bourgeoise, mais qui n'est pas sans intérêt », et non plus une intrigue située dans un lointain monde aristocratique. Suit un résumé minutieux de l'intrigue, une histoire coloniale (« dans une île d'Amérique ») autour d'un projet de mariage bien compliquée, comme dans tous les mélodrames, rendue encore plus compliquée par l'existence d'un traître, sans lequel on ne serait pas dans un mélodrame, et dont on ne sort que par un tour de passe-passe qui permet de donner une fin acceptable à une intrigue moyennement vraisemblable : le traître, qui a été confondu, est en fait un célèbre brigand. Un dernier paragraphe infirme des difficultés que la pièce a connues : il a fallu apporter des modifications à la pièce (des scènes qui paraissaient inconvenantes « ont été enlevées », si bien que « la deuxième représentation, au moyen de quelques coupures, a fait généralement plaisir », ce qui indique que la première a été plus chahutée. Quelques félicitations pour finir, pour le ballet, pour l'auteur débutant, auquel sont reconnues « quelques dispositions pour écrire la comédie » (mais il n'y aura pas de confirmation, semble-t-il), pour l'acteur qui tenait le rôle titre.]
THÉATRE DE L'AMBIGU-COMIQUE.
Edmond, ou Imprudence et Perfidie, mélodrame en trois actes, par M. Laurent, musique de MM. Lanusse et Quaisin, ballets de M. Millot.
Il y a long-temps que l'on n'a joué de mélodrames extravagans ; à quoi pensent donc les auteurs ? Si cela continue, on ne pourra plus déclamer contre ce genre d'ouvrages, et force sera de l'admirer avec le vulgaire. De l'aveu même des plus difficiles, Palmerin et Archambaud sont des productions raisonnables, je dirai même estimables sous certains rapports. Edmond n'a rien d'exagéré, rien de surnaturel non plus : c'est une intrigue bourgeoise, mais qui n'est pas sans intérêt.
L'action se passe dans une île d'Amérique. Un riche propriétaire est sur le point de marier sa fille, Clara, à lord Alfred, fils du gouverneur. On pense bien qu'elle en aime un autre en secret : cet amour mystérieux est toujours obligé. Edmond (le secrétaire de son père) a touché vivement le cœur de Clara, et Edmond l'adore. L'amour de ce jeune homme ne l'aveugle pas cependant au point de vouloir troubler la tranquillité de son bienfaiteur ; mais il ne restera pas auprès de Clara; et surtout il ne sera pas témoin de son mariage avec Alfred.
« En racontant ses maux, souvent on les partage. »
Edmond confie ses chagrins à Sidler, qu'il croit digne de son amitié, puisqu'il est bien accueilli par le père de Clara ; mais c'est au contraire un intrigant, un traître, le personnage noir de la pièce. Il engage Edmond à partir sans prévenir personne, et il lui donne les moyens de fuir sur un corsaire, dont le capitaine est son ami. Le projet de Sidler est de faire un vol considérable et d'en accuser Sidler ; mais il est surpris par ce dernier pendant la nuit, au moment où il vient d'enlever un écrin et un portefeuille qu'il laisse tomber en fuyant. Edmond n'a pas reconnu le brigand, qui trouve moyen de lui échapper. On accourt à ses cris, et l'amant aimé, tremblant qu'on ne découvre Clara, avec laquelle il était en tête à tête au jardin, est l'objet de l'accusation de Sidler lui-même. En effet, tout dépose contre cet infortuné : les portes du parc étaient fermées et l'on n'a pu découvrir celui qu'il dit avoir vu. C'est donc lui qui a volé le portefeuille, qu'il tient encore dans la main. On l'arrête, Clara accourt, elle proteste en vain de l'innocence de son amant : il est traduit à un tribunal et va être condamné ; mais Alfred et un valet tout dévoué se sont intéressés à son sort, ont conçu des soupçons sur Sidler, et parviennent à le confondre. Il est reconnu à la fin du mélodrame pour un célèbre brigand, à la recherche duquel on était depuis plusieurs années.
Une scène d'amour au premier acte et la situation d'Edmond à la fin du deuxième acte ont été enlevées. Quelques honnêtes gens ont blâmé l'action du vol, dont le public est témoin, mais l'orage a bientôt été dissipé, et la deuxième représentation, au moyen de quelques coupures, a fait généralement plaisir. Le ballet a contribué au succès de l'ouvrage. L'auteur, dont cette pièce est le début, annonce quelques dispositions pour écrire la comédie. L'acteur Grevin a fort bien joué le rôle d'Edmond.
Journal des dames et des modes, n° 34 (dix-septième année), 20 juin 1813, p. 267 :
Edmond ou Imprudence et Perfidie, tel est le titre d'un nouveau mélodrame joué à l'Ambigu-Comique, et qui, dit-on, est l'ouvrage d'une dame; cependant on a nommé M. Laurent. De l'intérêt dans quelques scènes, un style assez soutenu, un joli ballet, et la manière dont le principal rôle a été rendu par l'acteur Grévin, voilà les causes du succès d'Edmond. Il y a au premier acte une scène d'amour qui seule aux yeux des dames, suffiroit pour justifier et consolider ce succès.
Mémorial dramatique ou Almanach théâtral pour l'an 1814, p. 191-194 :
[Résumé très précis de l'intrigue, faisant très attention à la psychologie des personnages. L'article s'achève par le constat de la qualité de la pièce, style, « plusieurs scènes d'un grand intérêt », dont la scène d'amour dans laquelle « Edmond déclare son amour [… qui] ne serait pas déplacée dans un ouvrage du premier rang ». Le ballet de Millot est « très-gai, dans lequel on a principalement remarqué une danse de petits nègres, de la plus piquante originalité ».]
EDMOND, ou Imprudence et Perfidie, mélodrame en 3 actes, en prose, par M. Laurent. (15 juin.)
Lord Morden et M. Wilson, riche négociant, sont amis d'enfance; ils ont le projet de former entre eux une union plus étroite, en mariant leurs enfans. Clara Wilson, encore très-jeune, est promise à Alfred Morden, et cet hymen doit être célébré ausitôt [sic] que les futurs auront l'âge requis ; l'amour dérange ce projet. M. Wilson a recuelli chez lui le jeune Edmond, il l'aime comme son fils ; Edmond a vu Clara, il en est éperduement amoureux, mais il sait que Clara doit épouser le fils de Lord Morden, que c'est le vœu de son père, il se tait : cependant il est payé de retour, Clara aime secrètement Edmond, et Alfred qu'elle n'a point vu depuis son enfance, n'a aucun droit sur son cœur. L'instant de l'hymen approche, le vaisseau qui porte lord Morden arrive, il est accompagné de son fils que ses talens ont élevé à un grade supérieur ; déjà le canon, signal du débarquement, se fait entendre, Edmoud éperdu se jette aux pieds de Clara, lui avoue son amour, et acquiert la certitude d'être aimé ; mais il n'est plus tems, le malheureux Edmond demande et obtient un rendez-vous, il veut encore une fois dire adieu à Clara, lui jurer de l'aimer toujours et fuir pour jamais sa présence.
Sidler, un des commis de la maison. a surpris le secret d'Edmond, il feint de vouloir le servir, il lui procure un embarquemement [sic], il fait partir mystérieusement ses malles et semble protéger sa fuite ; mais ce n'est point l'amitié qui le conduit, il roule dans sa tête d'affreux projets et ce qui achève de rendre ce personnage odieux, c'est qu'il devient criminel par instinct et sans y être porté par aucune de ces passions ; qui si elles n'excusent pas le crime, semblent le rendre moins hideux. L'immense fortune de M. Wilson excite ses désirs. Il a formé le projet de s'emparer d'un riche écrin et d'un portefeuille bien garni, et de profiter de la fuite précipitée d'Edmond pour l'accuser de ce vol. Il pousse même la précaution, jusqu'à se revêtir d'un vêtement appartenant à Edmond et que sans doute celui-ci a oublié de mettre dans sa malle. Il s'introduit par une fenêtre dans les appartemens, commet son larcin, mais il est entendu, il se sanve précipitamment, est arrêté par Edmond qui en ce moment se trouve avec Clara: il fait nuit, on se débat, le porte-feuille échappe des mains de Sidler, Edmond le ramasse, les cris au secours ont porté l'alarme dans la maison, on accourt et l'on trouve Edmond troublé, tenant encore entre ses mains le fatal porte-feuille; Sidler lui-même l'accuse, Clara qui s'est cachée dans un bosquet; se montre pour justifier son amant, mais l'adroit Sidler profite de ce nouvel incident, donne connaissance du prochain départ d'Edmond, tire de cruelles conséquences de son entrevue avec Clara, et l'infortuné se trouve accusé au même instant de vol et de séduction. Wilson furieux le livré à la justice.
Alfred, qui aurait peut-être le droit de se ranger au nombre des ennemis d'Edmond, puisqu'il lui ravit le cœur de sa maîtresse, est le seul au contraire qui prenne sa défense; il interroge Sidler, l'intimide ; Sidler se défend mal, et son trouble engage Alfred à continuer ses recherches, aidé pas un valet, qui malgré toutes les apparences, est convaincu de l'innocence d'Edmond, il arrive à son but; Edmond est justifié et Sidler livré à la sévérité des lois.
Ce mélodrame est bien écrit et présente plusieurs scènes d'un grand intérêt ; celle où Edmond déclare son amour à Clara et lui demande une entrevue, est pleine de chaleur et ne serait pas déplacée dans un ouvrage du premier rang.
M. Millot a dessiné un ballet très-gai, dans lequel on a principalement remarqué une danse de petits nègres, de la plus piquante originalité.
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