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Elmonde, ou la Fille de l'hospice

Elmonde, ou la Fille de l'hospice, mélodrame en 3 actes, mêlé de chant et de danses, imité du roman de M. Ducray-Duminil, de Hyacinthe Pessey, musique de J. Lanusse, ballets de Hus le jeune, 23 pluviôse an 13 [12 février 1805].

Théâtre de la Gaîté.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an XIII (1805) :

Elmonde, ou la Fille de l'hospice, mélodrame en trois actes, mêlé de chant et de danses, Imité du roman de M. Ducray-Duminil ; Par H. Pessey, Musique de J. Lanusse, Ballets de M. Hus le jeune. Représenté, pour la première fois à Paris, sur le théâtre de la Gaîté, le 23 pluviôse an XIII (12 février 1805).

Le roman de Ducray-Duminil qui a été adapté par Pessay, c'est Elmonde, ou la Fille de l'hospice (1804). Il sera de nouveau adapté par Camaille Saint-Aubin, sous le titre de La Fille de l'hospice, ou la Nouvelle Antigone, créé le 15 prairial an 13 [4 juin 1805].

Courrier des spectacles, n° 2902 du 25 pluviôse an 13 [14 février 1805], p. 2 :

[Avant de parler de la pièce, le critique a besoin de parler de l'adaptation des romans en mélodrames. Il constate le très net recul de la faveur des romans (non sans marquer un certain mépris envers un genre bon pour le petit personnel) qui n'empêche pas qu'on contine à les faire vivre de façon éphémère aux Boulevards. C'est précisément le cas d'Elmonde, tiré d'un roman du prolifique Ducray-Duminil, roman que le critique n'a pas lu, ce qui l'empêche de juger de la qualité de l'adaptation, mais ne lui interdit pas de dire que l'intrigue en est obscure, la marche embarrassée, les personnages inutilement bavards. Seul le troisième acte est rapide et intéressant. Mais le dénouement est mauvais (mal amené et expliquant mal et trop tard les mystères sur lesquels repose l'intrigue). Le critique entreprend ensuite de résumer une histoire qu'il a jugée obscure, et il l'éclaire assez mal (encore un persécuteur aux intentions mauvaises, qui veut marier son fils à sa nièce, à qui il a fait bien des misères). Ses intentions sont démasquées à la fin, et il se tue : sa nièce retrouve son père, et n'aura pas à épouser son cousin. Sujet bien peu noble, situations peu intéressantes, style aussi mauvais que le plan, mais sur le Boulevard, c'est assez pour satisfaire les attentes du public, qui ne souhaite pas qu'on lui montre du Corneille. Les auteurs ont été nommés (paroles, musique et ballets).]

Théâtre de la Gaîté.

Elmonde, ou la Fille de l'Hospice.

Nos romans ont perdu aujourd’hui beaucoup de la faveur dont ils jouissoient il y a deux ou trois ans. Alors on s'arrachoit la plus mauvaise historiette ; on étoit à la file chez les libraires, chez les loueurs de livres à l'année, au mois, au volume ; c’étoit une fureur, une épidémie. Aujourd’hui la révolution est terminée dans ce genre comme dans beaucoup d’autres. Depuis que les bonnes dans les vestibules, et les jockeys dans les cabriolets se sont constitués arbitres et juges de cette branche de littérature, on leur abandonne tout ce qui paroît de nouveau dans ce genre, et les 19 vingtièmes des romans, inconnus dans les salons, ne font plus que végéter dans les antichambres. Mais s'il arrive quelque fois qu’ils présentent, comme par hazard, une situation dramatique, alors les auteurs de mélodrames s’en emparent, et semblables à ces larves qui subissent une métamorphose, ils vont, sous une autre forme, vivre encore aux Boulevards pendant quelques mois.

Elmonde, ou la Fille de l'Hospice, est encore un enfant de la grande famille de M. Ducray ; c’est l’héroïne d’un nouveau roman qu’il vient de publier ; comme je n’ai point lu cet ouvrage, j’ignore si l'on pouvoit en tirer plus de situations attachantes, plus d’intérêt ; mais l’auteur m’a paru avoir négligé ce grand moyen de réussir.

Son intrigue est obscure, la marche de son ouvrage embarrassée, les personnages vont et viennent, parlent beaucoup et disent peu de choses ; le troisième acte seul présente quelques scènes qui ont de l’intérêt et de la rapidité  ; mais le dénouement est mal amené et donne un peu trop tard la clef de toutes les persécutions qu’éprouve l’héroïne pendant trois actes, sans qu’on en puisse soupçonner la cause. Un mot d’analyse indiquera au lecteur le sujet de ce mélodrame.

Le comte Rigolo irrité de ce que Julia sa sœur a épousé Abel Freming, a secrettement suscité à celui-ci un procès dont le résultat est une condamnation à quinze années de fers. Julia meurt. Elmonde, seul fruit de son mariage, sans parens, sans asyle, est élevée comme orpheline dans un couvent dont l’abbesse lui tient lieu de mère. Rigolo, qui a découvert sa retraite, veut l’enlever dans l’intention, de la marier à sou fils, et de s’approprier ainsi les biens dont elle doit hériter ; mais Abel Freming, qui a terminé fort à-propos le tems de sa captivité, se trouve là tout à point pour l’en empêcher. Rigolo revient en force et veut entraîner Elmonde, lorsque le capitaine Freming, frère d’Abel, vole au secours de sa nièce, suivi de gens qui lui sont dévoués. Le Comte se voyant démasqué, charge un pistolet et se brûle la cervelle.

On pouvoit assurément trouver un sujet plus noble, des situations plus intéressantes. Le style de l’ouvrage n’est pas beaucoup meilleur que le plan ; mais la critique doit être indulgente, et le public n’attend point aux Boulevards les chefs-d’œuvre de Corneille.

L’auteur du nouveau mélodrame est M. Pessey ; celui de la musique, M. Lanusse, et celui des ballets, M. Hus le jeune.

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