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Fera-t-on la noce ?

Fera-t-on la noce ? comédie en un acte mêlée de vaudevilles de Ligier et F.-B. Gibert, 7 pluviôse an 10 [27 janvier 1802].

Théâtre Montansier-Variétés.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Madame Masson, an 10 – 1802 :

Fera-t-on la noce ? comédie en 1 acte mêlée de vaudevilles, Représentée pour la première fois, sur le Théâtre Montansier-Variétés, le 7 pluviose an 10.

Le nom des auteurs ne figure pas sur la brochure, et c’est le nom du seul Ligier que donne la critique du Courrier des spectacles. Le Catalogue général de la BNF ne range pas non plus la pièce parmi les œuvres de Gibert. On trouve le nom de son coauteur dans la France littéraire de J.-M. Quérard, tome 3, p. 347, dans l’article consacré à Gibert.

Courrier des spectacles, n° 1794 du 8 pluviôse an 10 [28 janvier 1802], p. 2-3 :

[La pièce nouvelle sort du lot habituel des pièces jouées au Théâtre Montansier, par ses qualités, qui en font un ouvrage de qualité : « un plan sagement conçu, une intrigue adroitement conduite, des scènes, bien filées, un ton honnête et éloigné de toute trivialité ». Même la faiblesse des couplets est une qualité : ce sont des éléments intégrés à l’intrigue, et non des « couplets de porte-feuille » qui ne sont pas liés à la pièce. Le critique en donne un exemple avant de résumer l’intrigue, qui tourne autour de la question du divorce, question d’actualité largement débattue, la pièce tendant à montrer les méfaits du divorce, lié ici au mensonge du frère du mari qui fait croire par vengeance à l’infidélité de sa belle-sœur. La pièce est d’une morale exemplaire  le mari, convaincu de l’innocence de sa femme choisit de reprendre la vie commune, et celui qu’elle devant épouser en secondes noces se retire. La pièce est une « comédie de bon ton », et elle montre qu’elle a sa place au théâtre Montansier, dont la réputation n’est pourtant pas sans tache. Elle n’est d’ailleurs pas seule de son genre au Théâtre Montansier, et le critique rappelle une autre comédie de cette qualité, les Deux Charbonniers du Cousin Jacques (Beffroy de Reigny).]

Parmi les nouveautés que l’on donne à ce théâtre, on distinguera la comédie mêlée de vaudevilles qui y fut représentée hier sons le titre de Fera-t-on la nôce. Un plan sagement conçu, une intrigue adroitement conduite, des scènes, bien filées, un ton honnête et éloigné de toute trivialité, voilà ce qui fera voir long-tems cet ouvrage avec plaisir. C’est plutôt une jolie comédie qu’un vaudeville, car les couplets sont foibles pour la plûpart, et peu méritent d’être cités : ce qui n’est point défavorable pour l’auteur, qui a le mérite d’avoir mis plus de couplets d'action que de couplets de porte-feuille. Nous avons néanmoins retenu le suivant :

Air : On voit encor malgré l'envie.

On parle avec reconnoissance
Du soutien de ses premiers jours ;
On rappelle avec complaisance
L’objet de ses premiers amours.
C'est une loi de la nature ;
Et notre cœur, quoique trompé,
Chérit sans cesse la blessure
Du premier trait qui l’a frappé.

Faisons maintenant connoître le fonds de cette pièce.

Valcour, en partant pour l’armée, avoit confié sa femme à son frère ainé qui en étoit devenu amoureux, et qui ne pouvant triompher de sa fidelité, l’avoit accusée auprès de son époux, et avoit ainsi occasionné un divorce. Madame Valcour libre mais regrettent toujours son mari, forme de nouveaux liens avec Dumont, homme d’un âge mûr, qui le jour des nôces, prend Valcour lui-même, sous le nom de St-Albin pour témoin de son mariage. Les deux époux se reconnoissent ; la jeune fiancée est toute déconcertée et rêveuse. Dumont engage Valcour à lui parler sans savoir que lui même procure un tète-à-tète au premier époux de sa femme. Celui-ci dans cette explication renvoie tous les torts à son frère aîné, et la réconciliation est faite lorsqu’il vient rendre compte à Dumont de son entrevue. Le nouveau marié a des soupçons, et prenant le faux St-Albin pour un séducteur, il aime mieux, s’il n’épouse pas, que Madame de Valcour retourne à son mari. Toute la nôce est du même avis ; a!ors le faux S--Albin se nomme Valcour, et il embrasse sa femme.

Cet ouvrage est du cit. Ligier, et prouve que la comédie de bon ton n'est pas aussi étrangère à ce théâtre qu’on pourroit le faire croire.

La même administration a aussi au répertoire plusieurs ouvrages qui unissent la décence à l’agrément, entr’autres les Deux Charbonniers, pièce que l’on applaudit chaque fois qu’on la joue, et qui mérite sous plusieurs rapports d’être souvent offerte au public.

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