Frédéric de Minski, ou le Tribunal de famille, mélodrame en trois actes, de Hubert [Laroche], musique d'Alexandre Piccini, ballet de Hullin ; 5 juin 1810.
Théâtre de la Gaieté.
Le Journal de Paris annonce la première pour le 5 juin, et non le 7, comme le dit la brochure. Toujours selon le Journal de Paris, la 25e représentation a eu lieu le 4 juillet 1810, soit moins d’un mois après la première.
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Titre :
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Frédéric de Minski, ou le Tribunal de famille
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Genre
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mélodrame
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose ?
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en prose
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Musique :
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oui
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Date de création :
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5 juin 1810
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Théâtre :
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Théâtre de la Gaieté
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Auteur(s) des paroles :
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Hubert
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Compositeur(s) :
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Alexandre Piccini
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Chorégraphe(s) :
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Hullin
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Almanach des Muses 1811.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, 1810 :
Frédéric de Minski, ou le Tribunal de famille, mélodrame en trois actes et à spectacle, Par M. Hubert. Musique de M. Alexandre Piccini, artiste de la musique particulière de Sa Majesté l'Empereur et Roi. Ballet de M. Hullin. Représenté, pour la première fois, sur le théâtre d ela Gaîté, le 5 juin 1810.
M. Hubert est le pseudonyme de Philippe-Jacques de Laroche.
Journal de l’Empire du 14 juin 1810, p. 2-3 :
[Le Journal de l’Empire consacre dans ce numéro une place importante à un mélodrame joué sur le Boulevard, et il le fait sans les fréquents reproches que les gens de goût font à ce qu’ils considèrent comme un genre plus que secondaire. Il y a même une certaine indulgence envers un théâtre habitué aux mélodrames, puisque le nouveau mélodrame est rapproché d’une pièce jouée auparavant et que ces mélodrames ont un intérêt « pris dans la nature plus que dans des fictions romanesques », ce qui semble bien être un compliment. L’intrigue résumée ensuite transporte le spectateur dans l’est de l’Europe (Pologne ? Russie ?). Elle conte les aventures d’un officier auquel on tend un piège parce qu’il veut épouser sa maîtresse et que la mère de celle-ci le refuse : on le fait passer pour déserteur, et on le condamne à mort, condamnation non exécutée, finalement rapportée par un tribunal familial qui le juge innocent. Mariage, et annonce par la belle-mère qu’elle « va chercher dans la mort un asile contre la honte et les remords ». On est bien dans le mélodrame, même si le critique fait un résumé plutôt bienveillant d’une intrigue peu crédible. Il trouve deux raisons au succès de la pièce. D’abord, elle s’inscrit dans le thème à la mode de la folie au théâtre (il n’en a pourtant pas été question dans le résumé de l’intrigue) : il rappelle quelques exemples de personnages fous dans des productions plus ou moins récentes et insiste sur l’importance d’avoir un interprète de qualité pour ce genre de rôle : c’est bien sûr le cas ici. Ensuite, la pièce contient un « petit ballet » liée à l’action de la pièce « d’une manière tout-à-fait neuve : on y voit une mère marquant une nette préférence envers un de ses enfants, ce qui irrite Frédéric qui fait de vifs reproches à cette mauvaise mère, reproches que sa belle-mère s’applique à elle-même ; il précipite ainsi le dénouement. Il faut bien finir sur un jugement positif : pour une fois, un mélodrame « n’étonne pas l’imagination », et suscite « un intérêt doux et touchant ». Le spectacle de la folie de Frédéric est source de « belles situations : « la représentation en est très-agréable » (cette conclusion peut paraître étonnante...).]
Théâtre de la Gaieté.
Frédéric de Minski, ou le Tribunal de Famille.
Ce théâtre nous a donné dans la Fille adoptive le triomphe de la tendresse maternelle ; il nous fait voir dans Frédéric de Minki toute la barbarie d'une marâtre : voilà deux mélodrames de suite dont l’intérêt est pris dans la nature plus que dans des fictions romanesques. Frédéric de Minski est un jeune palatin qui n'a plus de père, et que Pawlina, sa belle-mère, veut faire périr pour faire passer une immense fortune sur la tête de son propre fils, Auguste. Pendant que Frédéric est à l'armée, il reçoît une lettre supposée, et d'une écriture contrefaite , où sa maîtresse Amélie lui marque qu'elle va en épouser un autre. Le jeune homme, au désespoir, demande un congé pour voler auprès de l'infidelle : l'officier supérieur le lui accorde de vive voix. Frédéric part ; et à peine a-t-il quitté son corps, que l'officier supérieur, qui est dans le parti de la belle-mère, le dénonce comme déserteur. Frédéric est arrêté, jugé, condamné à mort. Le grand-maréchal Ladislas le ramène dans sa famille pour faire exécuter l'arrêt ; mais curieux d'apprendre quelques particularités de ce jeune homme qui l'intéresse, il ne presse pas l'exécution ; il consent même qu’il soit jugé par sa famille, quoiqu’il le soit déjà par un conseil de guerre : ce qui n'est pas naturel. C'est devant ce tribunal de famille que Frédéric prouve qu'il n'a point déserté, mais qu'il n'est parti qu'avec une permission de son supérieur ; il rappelle aussi au grand-maréchal qu'il lui a sauvé la vie dans un combat contre les Tartares, et lui montre un anneau qui en est la preuve. Le jeune Palatin est déclaré innocent : il épouse sa maîtresse Amélie. La belle-mère est confondue, et dans l'excès de sa rage, elle annonce en sortant du théâtre qu'elle va chercher dans la mort un asile contre la honte et les remords.
Deux choses contribuent au succès de ce mélodrame ; la folie de Frédéric, et la tendre amitié de son frère Auguste, qui n'est que l’innocent prétexte des persécutions qu'on lui suscite. Depuis la grande vogue de Nina, due en grande partie à l'extrême talent de Mad. Dugazon, les fous étoient devenus à la mode sur le théâtre ; le roi Léar et Hamlet ayoient aussi accrédité cette fantaisie. L'impossibilité de peindre les passions au Naturel, et de les faire parler avec éloquence, avoit précipité les poètes du sommet du Parnasse au fond des Petites-Maisons. Il y a au théâtre Feydeau un certain opéra comique de Menzikoff, qui n'a réussi que par la manière originale dont Elleviou y joue un rôle de fou sensible et gai, nommé Fœdor,
Le Frédéric de la Gaieté n'est rien moins que gai ; mais il est fort sensible. Sa folie est dans le genre de celle d'Hamlet, moitié naturelle, moitié feinte : on assure même dans la pièce qu'elle est feinte tout-à-fait, et j'en suis fâché ; car elle en est moins intéressante ; mais on n’assure cela qu'à la fin, quand l'effet est produit. Ces rôles ne valent qu'en proportion du talent de l'acteur. Toutin a joué celui de Frédéric avec un art presqu'inconnu jusqu'alors au Boulevard ; il a été justement applaudi.
Un des plus grands ornemens de la pièce, selon moi c'est un petit ballet de M. Hullin ; le compositeur a eu l’adresse de le lier avec l'action de la pièce d'une manière tout-à-fait neuve, c'est un coup de maître. L'objet du ballet est de célébrer l'arrivée du grand maréchal Ladislas ; toute la famille de Frédéric, et Frédéric lui-même, y assistent. On y voit une mère qui danse avec ses deux enfans : tous les deux sont charmans ; mais la mère n'a des yeux que pour un ; elle repousse l'autre de son sein, et même voit avec peine que d'autres le caressent : cette aversion d'une mère pour un enfant aimable est poussée si loin que Frédéric, qui n'est là que spectateur, ne peut retenir son indignation : il éclate en reproches contre la mauvaise mere en présence de la marâtre Pawlina, qui s'en fait l'application et en étouffe de dépit.
Cet ouvrage n'étonne pas l'imagination ; mais il inspire un intérêt doux et touchant : la folie de Frédéric amène de belles situations, la représentation en est très-agréable.
Magasin encyclopédique ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1810, tome III (mai 1810), p. 380-381 :
[Compte rendu réduit à un simple résumé de la pièce (mais c’est un mélodrame : peut-être le critique ne veut-il pas dire ce qu’il pense de ce genre d'œuvre), suivi du nom de l’auteur. Aucun commentaire perceptible.]
THÉATRE DE LA GAIETÉ.
Frédéric de Minski, ou le Tribunal de Famille, mélodrame en trois actes, joué le 7 juin.
Frédéric de Minski est poursuivi par la haine de Paulina, sa belle-mère, et de son oncle, qui veulent faire passer de grandes richesses sur la tête d'Auguste, son jeune frère. Accusé d'avoir déserté, condamné à mort, il croit Amélie, sa maîtresse, infidèle et ingrate ; tant de malheurs réunis paroissent avoir aliéné sa raison. Confié aux soins de Sobeski, gouverneur d'un château fort, il jouit de sa liberté, et sauve la vie à Auguste, en tuant un sanglier prêt à le dévorer. Auguste a un entretien touchant avec son frère, dont on l'a toujours éloigné, et il lui témoigne une véritable amitié.
Ladislas, grand maréchal de Lithuanie, est envoyé par le gouvernement au château de Minski, pour présider le tribunal de famille, et pour vérifier la folie de Frédéric. En vain Amélie, Auguste et Sobeski prient le Maréchal de soustraire Frédéric au sort qui l'attend. Le tribunal s'assemble ; Frédéric est amené ; on l'interroge : il garde d'abord un silence morne : la sentence sera donc exécutée. Mais bientôt il se justifie, démasque ses persécuteurs, devient l'ami du Maréchal, à qui il a sauvé la vie, et épouse Amélie. L'auteur de ce mélodrame est M. Hubert.
Mémorial dramatique pour l'an 1811, cinquième année (1811) p. 205-207 :
[Compte rendu presque réduit au résumé de la pièce. Une phrase conclut ensuite d’une phrase neutre : « du succès, mais […] pas […] de vogue » (ce qui doit signifier que le succès n’a pas été durable).]
Frédéric de Minski, ou le Tribunal de Famille, mélodrame en 3 actes , par M. Hubert. (5 juin.)
Frédéric de Minski est un jeune Palatin qui n'a plus de père, et que Pawlina, sa belle-mère, veut faire périr pour faire passer une immense fortune sur la tête de son propre fils, Auguste. Pendant que Fréderic est à l'armée, il reçoit une lettre supposée, et d'une écriture contrefaite, où sa maîtresse Amelie lui marque qu'elle va en épouser un autre. Le jeune homme au désespoir, demande un congé pour voler auprès de l'infidelle ; l'officier supérieur le lui accorde de vive voix. Fréderic part; et à peine a-t-il quitté son corps, que l'officier supérieur, qui est dans le parti de la belle-mère, le dénonce comme déserteur. Frédéric est arrêté , jugé, condamné à mort. Il se fait passer pour fou.
Le grand-maréchal Ladislas le ramène dans sa famille pour faire exécuter l'arrêt ; mais curieux d'apprendre quelques particularités de ce jeune homme qui l'intéresse, il ne presse pas l'exécution ; il consent même qu'il soit encore jugé par sa famille, quoiqu'il le soit déjà par un conseil de guerre, ce qui n'est pas naturel. C'est devant ce tribunal de famille que Frédéric prouve qu'il n'a point déserté, mais qu'il n'est parti qu'avec une permission de son supérieur ; il rappélle aussi au grand-maréchal qu'il lui a sauvé la vie dans un combat contre les Tartares, et lui montre un anneau qui en est la preuve. Le jeune Palatin est déclaré innocent : il épouse sa maîtresse Amélie. La belle-mère est confondue ; et dans l'excès de sa rage, elle annonce en sortant du théâtre qu'elle va chercher dans la mort un asile contre la honte et les remords. .
Cet ouvrage a obtenu du succès, mais il n'a pas eu de vogue.
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