Frédéric de Nevers, mélodrame, de Jean-Baptiste Mardelle et Varez, musique de Quaisain et Darondeau, ballets de Millot, 25 juillet 1810.
Théâtre de l’Ambigu Comique.
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Titre :
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Frédéric de Nevers
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Genre
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mélodrame
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose
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en prose
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Musique :
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oui
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Date de création :
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25 juillet 1810
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Théâtre :
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Théâtre de l’Ambigu Comique
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Auteur(s) des paroles :
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Jean-Baptiste Mardelle et Emmanuel François Varez
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Compositeur(s) :
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Quaisain et Darondau
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Chorégraphe(s) :
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Millot
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Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1810 :
Frédéric de Nevers, mélodrame en trois actes, Par MM. E. F. Varez et Mardelle. Musique de MM. Quaisain et Darondeau. Ballets de M. Millot. Représenté, pour la première fois, sur le théâtre de l’Ambigu-Comique, le 25 juillet 1810.
Liste des personnages et décor :
PERSONNAGES.
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ACTEURS.
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FRÉDÉRIC, duc de Nevers.
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M. Fresnoy.
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CLOTILDE, duchesse de Nevers.
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Mlle Lesvesque.
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Sire de COUCI, chevalier.
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M. Joigny.
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RAOUL, chevalier, amant de Clotilde.
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M. Defresne.
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THIBAUT, attaché au service de Raoul.
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M. Douvry.
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ÉVRARD, attaché au service de Couci.
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M. St.-Clair.
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SIMPLET, jardinier du château, frère d'Evrard.
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M. Raffile.
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ROGER, écuyer.
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M. Stokleit.
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ANSELME, paysan.
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M. Debray.
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Villageois des deux sexes.
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Bohémiens.
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Dames d'honneur, Pages, Gardes.
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L'action se passe à Nevers en 1280.
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NOTE DE L'ÉDITEUR.
Le fond de cette pièce a été pris dans un roman de M. Varez, l'un des auteurs de cette pièce ; cet ouvrage, qui a obtenu les suffrages du public, a pour titre l'Homme de la Forêt. On peut se le procurer chez le même Libraire.
ACTE PREMIER.
Le théâtre représente la principale cour du Palais des ducs de Nevers. A droite de l'acteur, l'entrée du palais, à gauche, une grille donnant dans les cours extérieures ; au fond le parc.
ACTE II.
Le théâtre représente un endroit champêtre. A gauche de l'acteur la maison d'Evrard, cette maison, qui est saillante, à une croisée au rez-de-chaussée qui fait face au public. A droite, un banc de gazon. Au fond, deux arbres, aux branches desquels est suspendue une légende sur laquelle est écrit : Clotilde et Raoul unis par l'amour. Cette légende est masquée par des guirlandes de fleurs qui s'élèvent à volonté. Derrière les arbres coule une petite rivière. Plus loin un site pittoresque.
ACTE III.
Le théâtre représente la grande salle du château, éclairée par un lustre. Il est dix heures du soir.
Le ballet qui clôt l'acte II devait poser des difficultés pour les théâtres de province, aux moyens plus limités que ceux de Paris. On leur propose une solution simple pour éviter une chorégraphie trop compliquée pour les danseurs des « Départemens » :
Note pour les Départemens.
Il est très-facile de simplifier le ballet. Simplet, après avoir dit, Scène 2, N'ai je pas eu une bonne idée d'indiquer le devant de ma maison pour la cérémonie, dira de suite, Je ne crains qu'une chose. --- Que crains-tu, etc. Alors il n'est plus question de Bohémiens ; le ballet ne se trouve composé que de Villageois, pour lesquels des pas réglés ne sont pas absolument nécessaires.
Journal de l'Empire, 2 août 1810, p. 4 :
[La pièce nouvelle se voit attribuer une curieuse qualité, d'avoir été parodié avant sa création : le Retour du croisé, joué à l'Odéon au début de l'année faisait rire de ce qui fait pleurer au Théâtre de l'Ambigu-Comique. Mais les deux théâtre n'ont manifestement pas le même public. Le sujet, décrit avec un brin d'ironie, rappelle combien « les croisades, dans tous les temps, furent très-funestes aux maris » dont la guerre de Troie est le premier exemple allégué. Le critique n'évoque l'intrigue que de façon allusive : un mari qui trouve son épouse en galante compagnie à son retour de croisade, et qui utilise « des moyens dignes du mélodrame » pour faire valoir ses droits de mari. Mais il critique ne voit là qu'une nouvelle apparition sur la scène de « ce ridicule national attaché aux tribulations des maris ».]
THEATRE DE L'AMBIGU-COMIQUE.
Frédéric, duc de Nevers.
Après le comte Gérard, voici le duc Frédéric. tous deux de Nevers. Il faut que l'auteur ait eu bien du courage pour avoir osé braver la parodie des mélodrames, jouée à l'Odéon sous le titre du Retour d'un Croisé ; mais les spectateurs qui ont ri du Retour d'un Croisé ne sont pas les mêmes qui vont pleurer aux mélodrames du Boulevard : les spectateurs de l'Ambigu-Comique ne savent pas qu'on s'est moqué d'avance à l'Odéon du duc de Nevers qu'ils vont admirer. Il est aussi question dans ce mélodrame nouveau d'un croisé qui, après avoir été assassiné sans être mort, après avoir supporté les horreurs de l'esclavage, revient chez lui, et trouve sa femme au pouvoir du traître auteur de tous ses maux.
Les croisades, dans tous les temps, furent très-funestes aux maris : témoin la première de toutes, qui se forma pour la conquête, non de Jérusalem, mais de Troie, et pour la vengeance d'un époux malheureux. La plupart des héros de cette expédition ne trouvèrent à leur retour que trouble et désolation dans leur ménage, et leur chef à tous fut assassiné par sa femme. Le bon roi Louis VII, qui, pour plus grande sûreté, avoit mené avec lui à la croisade son épouse, Eléonor d'Aquitaine, n'en fut pas moins égorgé par elle, mais seulement pour son honneur : ce qui est bien moins sérieux ; car le sage roi Louis VII n'étoit pas de ces fous qui disent qu'il vaut mieux être mort qu'époux malheureux. Quoi qu'il en soit, notre héros Frédéric, duc de Nevers, est presqu'aussi embarrassé qu'Ulysse à recouvrer sa Pénélope : quoiqu'elle n'ait qu'un amant, cet amant tout seul lui donne plus de peine que n'en donnèrent au roitelet d'Ithaque une douzaine de soupirans qu'il tua tous dans un seul jour. Cette dernière conquête de Frédéric de Nevers, qui est celle de sa femme, s'opère par des moyens dignes du mélodrame ; mais le défaut radical du sujet est toujours ce ridicule national attaché aux tribulations des maris, de quelque rang et qualité qu'ils puissent être.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 15e année, 1810, tome IV, p. 176 :
[Compte rendu éclair d’un mélodrame dont on ne dit rien, et en soulignant un phénomène inouï : une pièce récente, le Retour du croisé, en était la parodie par anticipation ! Sans doute une marque supplémentaire du peu de considération que le critique porte au mélodrame, contrairement au pulic, qui, lui, a apprécié le spectacle.]
THÉATRE DE L'AMBIGU COMIQUE.
Frédéric de Nevers a réussi le 15 juillet. Il est assez plaisant que la parodie s'en soit trouvée faite d'avance dans le Retour du Croisé joué à l'Odéon il y a quelques mois.
Dans sa thèse La réinvention du Moyen âge sur les scènes lyriques parisiennes entre 1810 et 1830 : genèse, contours et circulation vers l’Italie et l’Allemagne d’un imaginaire français (Thèse de doctorat auprès de l’Université de Rennes II, 2016, disponible sur le site https://hal.archives-ouvertes.fr/), Marie-Anne Maršálek, cite à plusieurs reprise le mélodrame Frédéric de Nevers : en accord avec la brochure, elle en donne les auteurs, Jean-Baptiste Mardelle et Emmanuel François Varez et le lieu et le temps de l’action, Nevers en 1280. La pièce témoigne selon elle de la manière des auteurs du temps de signifier qu’on est au Moyen Âge, l’utilisation de noms de personnages censés être représentatifs de l’époque, comme le sire de Coucy.
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