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Frontin tout seul ou le Valet dans la malle

Frontin tout seul ou le Valet dans la malle, scène-folie en vaudevilles, de Joseph Ernest Clonard, 28 frimaire an 11 [19 décembre 1802].

Théâtre de la Cité-Variétés.

Le Courrier des spectacles annonce la pièce le 28 frimaire an 11 [19 décembre 1802] dans son numéro 2114 sous le titre le Valet dans la malle.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, sans date :

Frontin tout seul ou le Valet dans la malle, scène-folie en vaudevilles, Par J. Ernest. Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la Cité-Variétés, le 24 frimaire an XI.

Courrier des spectacles, n° 2115 du 29 frimaire an 11 [20 décembre 1802], p. 2 :

[L'auteur de la pièce est un récidiviste : il a déjà fait un Nicaise tout seul, il fait maintenant d'un personnage de comédie, et non plus d'arlequinade, le personnage unique de sa pièce. Le procédé risque de produire, selon le critique, une avalanche de pièces faciles à écrire (« un peu d’imagination, et quelques couplets ». L'intrigue est simple à résumer : un valet caché dans une malle, pour travailler au mariage de son maître. Il y parvient bien sûr (on parvient toujours à son but dans ce genre de théâtre), il chante un dernier couplet et ressort comme il est arrivé, dans la malle. Pour juger ce genre de pièce, il faut renoncer aux critères sévères comme la vraisemblance, et prendre du plaisir à une œuvre spirituelle. La relative froideur de la pièce est compensée par des « couplets agréables ». L'acteur unique, Martinville, a su jouer avec intelligence une pièce dont il a fait valoir les saillies. C'est pour lui une expérience utile, qui lui apportera « cette assurance et cet àplomb qui lui manquent encore ».]

Théâtre de la Cité,

Première Représentation du Valet dans la malle, ou Frontin tout seul.

Le même auteur qui a fait Nicaise tout seul aux Jeunes Artistes, après tant d’autres tout seul, n’a pas cru que le sujet fût épuisé, et il a mis en scène Frontin tout seul. On s’étoit borné jusqu’à lui aux personnages d’arlequinades. Il a franchi le pas, il s’est arrogé le droit de faire parler et chanter seuls des personnages de comédie, il n’y a plus de raison pour que cela finisse, et nous pouvons indiquer d’avance les titres des mille et une pièces qui vont probablement suivre, Valère tout seul, Lisimon tout seul, Lisette toute seule, et un peu d’imagination, et quelques couplets feront le reste. C’est par ces derniers que s’est sauvé l’auteur de la pièce nouvelle.

Embarrassé sur les moyens de conserver à son maître la main d’une amante forcée d’en épouser un autre, Frontin parvient à griser deux valets de ce rival, et à s’introduire dans la maison du beau-père, en se cachant dans une malle. En l’ouvrant, il y trouve les habits et l’extrait de naissance du rival, qu’il jette à son maître par la croisée ; mais pour lui donner le tems d’arriver avant la signature du contrat que le père et le futur pressent vivement, il tire un coup de pistolet, écrit deux mots au beau-père contre son gendre, et voit enfin avec satisfaction son maître accueilli et marié, et le prétendu renvoyé dans son endroit. Il entend l’ordre que celui-ci donne de prendre sa malle, il sort par la même voiture qui l’a amené, et il s’y blotit [sic] de nouveau, après toutefois avoir chanté au public ce couplet ;

Quand seul à vos yeux je m’offre,
J’éprouve une double peur,
Ah ! n’allez pas dans ce coffre
M'enfermer avec l’auteur.
De cette malle il me tarde
Que vous me fassiez sortir ;
Mais n’allez point par mégarde
Prendre vos clefs pour l’ouvrir.

Si ces sortes d’ouvrages étoient jugés sévèrement, on y trouveroit bien des invraisemblances Mais ce sont des bluettes où brille l’esprit plutôt que le bon-sens ; on a amusé un instant, c’est tout ce que l’on cherchoit, c’est aussi ce qu’a cherché et obtenu le cit. Ernest, auteur de ce vaudeville. Sa pièce est un peu froide, mais les couplets agréables dont elle est cernée l’ont fait entendre avec plaisir. Un seul acteur y a joué, il faut sans doute du talent pour occuper la scène tout seul durant une heure. Le cit. Martinville a déployé dans le rôle de Frontin beaucoup d’intelligence. Il a sur-tout le talent de faire valoir une saillie, et d’aider ainsi au sens de l’auteur. Ce rôle ne pourra que lui être utile ; il lui donnera cette assurance et cet àplomb qui lui manquent encore, et que l’on n’acquiert que par l’usage et l’habitude.

F. J. B. P. G***          

Théodore Muret, l'Histoire par le théâtre : 1789-1851, p. 162, évoque les débuts de Martainville dans la carrière d'acteur, à suite des soucis que lui a valu les Assemblées primaires ou les Élections :

Dans sa vie très-peu réglée, et se trouvant probablement fort à la gêne, il tenta la carrière du comédien ; il débuta sur la modeste scène de la Cité, dans Frontin tout seul, ou le Valet dans la Malle, vaudeville d'Ernest Clonard. Cette tentative réussit peu, et elle n'eut pas de suite. Au reste, Martainville convenait volontiers que là n'était pas sa vocation. « Je me sens, disait-il, toujours porté à l'indulgence quand je parle des comédiens qui ne sont pas bons, car je me rappelle que j'étais bien mauvais. »

Plus heureux comme auteur, Martainville se rabattit des pièces politiques sur des bambochades, des tableaux populaires au gros sel, dont plusieurs obtinrent du succès;

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