La Famille des badauds, ou Comme on dine sans argent, comédie en un acte, imitée de l'anglais, 7 mars 1807.
Théâtre des Variétés étrangères (Théâtre Molière).
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez A.-A. Renouard, 1807 :
La Famille des badauds, comédie en un acte, imitée de l'anglois. Représentée, pour la première fois, sur le théâtre des Variétés étrangères, le 7 mars 1807.
Liste des personnages :
PERSONNAGES:
JOHNSON, cuisinier sans place, mais bien vêtu.
TOM, valet de chambre.
Georges FLUTTER, bijoutier.
Pitt FLUTTER, son frère.
Miss ANGELICA, leur sœur.
RACKET, ancien huissier de la chambre des communes.
FRICK, apprentif bijoutier.
BETTY, servante des Flutter.
La Scène est à Londres.
Le sous-titre est donné par le Courrier des spectacles, n° 3678 du 7 mars 1807, quand il annonce la première de la pièce.
Dans le n° 3679 du 8 mars, le compte rendu de cette première est réduit à peu de choses :
Les Badauds de Londres ont beaucoup égayé hier les Parisiens au Théâtre Molière.
Courrier des spectacles, n° 3680 du 9 mars 1807, p. 2 :
[Après des généralités sur l'universalité des badauds et ce qui les caractérise à Londres (les Irlandais prenant le rôle des Limousins à Paris), l'intrigue se réduit à la tromperie d'un « pauvre Diable » qui réussit à dîner aux frais de deux bijoutiers à qui il a fait miroiter une belle affaire de diamant. La vérité finit par éclater, mais le dîner est pris. La pièce gagnerait à être débarrassée « de détails longs et inutiles ». Sinon, « elle offre un grand fonds de gaîté », et elle a obtenu du succès, grâce à des « mots heureux », et son interprète principal. Pas d'indication du nom des auteurs.]
Theatre Molière, Variétés Etrangères.
Les Badauds de Londres.
Paris n'est pas la seule capitale qui ait ses Badauds. Chaque grande ville a les siens ; Londres et Vienne, Rome et Pékin ont également leurs niais et leurs désœuvré , qui s’arrêtent sur les ponts, se grouppent autour d’une estampe, qui se rassemblent pour voir noyer un chat ou voler une hirondelle. Il faut des spectacles à tous les hommes. Ceux qui ne peuvent jouir de l’Opéra se rangent en cercle autour d’un sauteur des rues, d’un joueur de gobelet, d’un chien qui danse, d’un enfant qui feint de pleurer, d’un pauvre qui chante ; ce sont là leur tragédie, leur comédie, et leur drame lyrique.
Les Badauds de Londres se croient les premiers personnages du monde ; une marche lourde, un chapeau rond, un bâton noueux, un frac et des bottes leur paroissent le signe évident d’une supériorité marquée sur tous les autres hommes ; ils se plaisent à tourner en ridicule les Parisiens ; ils s’amusent également des Irlandais, qui ont à Londres à-peu près la même réputation que les Limousins à Paris. Mais à Londres comme à Paris, ceux que l’on veut baffouer ne donnent pas toujours dans le piège, et souvent les mystificateurs se laissent prendre dans leurs propres filets.
La nouveauté donnée au Théatre Molière est une leçon extrêment [sic] gaie. Un pauvre Diable nommé Johnson, qui, passant de conditions en conditions a beaucoup voyagé, et qui a fini par s’élever au grade de cuisinier. est, depuis quinze jours, sans place. Chaque matin il a recours à quelqu’expédient pour avoir un dîner qui ne lui coûte rien. Seul, et dans la rue, il attend qu’il passe quelqu’un avec qui il puisse entamer la conversation. Comme il est encore assez proprement vêtu, il se présente avec confiance. Deux frères, bijoutiers par état, se promènent en attendant l’heure de se mettre à table L’air simple de Johnson les amuse ; il les aborde, et leur parle de la valeur d’un diamant précieux ; les deux Frères, aussi sots que cupides, s’imaginent que c’est un Irlandais ou tout autre étranger qui désire se défaire de ce bijou, ils parlent d’affaires, et finissent par lui proposer d’accepter leur dîner. Johnson feint d’abord de refuser, mais à une seconde invitation il accepte, et le voilà introduit chez les bijoutiers, qui se mettent en frais pour le traiter convenablement. Leur oncle, qui passe pour l’oracle de la famille, et qui n’a, plus que ses neveux, qu’une forte dose de présomption, interroge l'étranger, qui lui fait des contes qu’il prend pour des réalités ; enfin le dîner est servi, Jonhson [sic] remet toute affaire après le repas ; il n’épargne ni le vin ni les mets, et lorsqu’il s’agit de parler du diamant, un de ses anciens camarades d'antichambre ou de cuisine le fait découvrir, et les bijoutiers honteux en sont pour leur dîner et pour leur dépense.
Cette comédie est remplie de details longs et inutiles qu’il est facile de supprimer. Toutes les scènes où Johnson ne paroît pas sont froides, et demandent à être raccourcies. Du reste, elle offre un grand fonds de gaité, et plusieurs mots heureux ont assuré le succès de la pièce. Rosambeau y joue d’une manière très-plaisante.
La salle des Variétés étrangères a dû fermer à la fin de 1807 suite aux mesures de limitation du nombre de théâtres à Paris, et la pièce est réapparue avec un titre peu différent, la Famille des Badauds de Londres, au début de 1808 au Théâtre de l'Impératrice. On apprendra alors le nom des auteurs, Suard et Dumaniant.
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