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La Famille des innocens, ou Comme l'amour vient

La Famille des innocens, ou Comme l'amour vient, vaudeville en un acte, de Chazet et Sewrin, 26 janvier 1807.

Théâtre des Variétés-Panorama.

Titre :

Famille des innocens (la), ou Comme l'amour vient

Genre

comédie mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

26 janvier 1807

Théâtre :

Théâtre des Variétés-Panorama

Auteur(s) des paroles :

Chazet et Sewrin

Almanach des Muses 1808.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Madame Cavanagh, 1807 :

La Famille des Innocens, ou comme l'Amour vient, comédie en un Acte et en Prose, mêlée de vaudevilles ; Par MM. Sewrin et Chazet. Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétés-Montansier, à la Salle de la Cité, le 26 Janvier 1807. Seconde Edition, Conforme à la Représentation.

La pièce a connu un grand succès : dans la Suite du répertoire du théâtre Français, volume 67, tome XIII des Opéras comiques en prose, chez la Veuve Dabo, 1823, p. 160, elle est créditée de plus de cinq cents représentations (tout comme les Habitans des Landes).

Courrier des spectacles, n° 3638 du 27 janvier 1807, p. 3 :

[Simple annonce du succès (avec le nom des auteurs). Un article est promis pour le lendemain.]

La Famille des Innocents a été hier accueillie, au théâtre de la Cité, de la manière la plus favorable. Le public n’a point été assez barbare pour condamner des innocents, et leur cause, qui doit être reprise maintenant tous les jours, doit, dit-on, attirer au Palais la foule des curieux. Le plaidoyer est fort gai, ce qui n’est pas étonnant : MM. Chazet et Sewrin sont les avocats qui l’ont composé. Demain nous donnerons quelques détails sur les causes de ce succès, qui va rehausser les actions de ce théâtre.

Courrier des spectacles, n° 3639 du 28 janvier 1807, p. 3 :

[L’article promis la veille. Il commence par un constat : le Théâtre de la Cité où le Théâtre Montansier s’est replié est un excellent remède contre le spleen. Bien sûr, les productions ne sont pas du meilleur genre, mais les acteurs recommencent à donner des pièces nouvelles, dont cette Famille des Innocens, qualifiée de « peinture vraie et gaie des mœurs, des villages et de la gaucherie des paysans », et qui n’est pas une pièce à calembours, reproche fait souvent aux vaudevilles et auquel la nouvelle pièce échappe : ses atouts sont « des couplets bien faits et des traits vraiment spirituels ». Il s’agit de résumer ensuite l’intrigue, située à la campagne et montrant la quête amoureuse de trois frères courtisant trois sœurs, malgré le veto de leurs parents (le père des fils, la mère des filles : respect de la différence des sexes !). Ce sont les garçons qui imposent leur volonté de se marier en menaçant de se jeter du haut d’un arbre. Les parents ne peuvent plus que consentir. La pièce est gaie, et un exemple de couplets est destiné à le montrer (chacun se fera son idée !). Autre attrait de ce genre de pièces, les acteurs. Ils sont « très-plaisans » pour les hommes (on retrouve le nom des deux acteurs vedettes du théâtre, Brunet et Joly), tandis que c’est leur naturel qui est mis en avant chez les femmes. Et même les acteurs jouant les parents ont été applaudis.]

Théâtre de la Cité.

La Famille des Innocens.

Si j’étois médecin, j’indiquerois le Théâtre Montansier comme le meilleur remède contre le spleen. C’est là qu’on rit franchement, et que les plus beaux esprits descendent de leur hauteur pour s’associer à la joie de l’auditoire. Si ce genre n’est pas le plus noble, il est au moins le plus gaî ; c’est un spécifique dont on peut faire usage quelquefois. Interdum desipere. Depuis leur exil dans la Cité, les acteurs de ce théâtre n’avoient encore donné aucune, nouvelle production. L’esprit de vie sembloit s être affaibli parmi eux. Mais enfin ils viennent de reprendre leur nouvelle activité, et de débuter par un succès qui doit achever complettemeut leur résurrection. La Famille des Innocens n’a trouvé que des amis, et pas un Hérode ; c’est une peinture vraie et gaie des mœurs, des villages et de la gaucherie des paysans. Le mérite de cet ouvrage ne repose point sur des calembourgs, mais sur des couplets bien faits et des traits vraiment spirituels.

Trois frères, Innocentin, Ignace et Basile n’ont pour tout plaisir que des jeux innocens avec trois sœurs, Louison, Claudine et Justine. Le pied de bœuf, colin-maillard, la main chaude et pigeon vole, voilà ce qui compose leur bonheur. Mais l’Amour, qui ne perd jamais son tems, se mêle à ces petits jeux. Un jour qu’ils sont tous les trois condamnés à embrasser leurs petites amies, Innocentin reste interdit en embrassant Louison ; Ignace éprouve la même chose en embrassant Claudine, et Basile en embrassant Justine. Le pere Mathurin et la mère Michaut, témoins de ce qui vient de se passer, feignent de s’opposer à leurs feux naissans ; mais l’amour-leur donne de l’esprit. Tous trois montent sur un arbre voisin afin de voir leurs amantes et de lier conversation avec elles. Ce tendre entretien est interrompu à dessein par Mathurin et la mère Michaut. Celle-ci fait rentrer ses filles, le père ordonne à ses fils de descendre ; mais Innocentin montre du caractère ; il déclare que ses frères et lui sont décidés à monter au haut des arbres et à s’en précipiter, si on refuse de les marier. Cette menace produit l’effet désiré ; le père consent ; la mère fait venir les filles, et Luison épouse Innocentin, Claudine Ignace, et Justine Basile.

Ce vaudeville est très gaî, les couplets en seront retenus ; les suivans ont été répétés.

Innocentin dit à Louison, après l’avoir tutoyée :

Air: de Calpigi.

De grâce, excusez-moi, ma chère,
C’ton familier doit vous déplaire.

Louison.

Non, non, vous vous trompez vraiment.
Le mot
toi me paroît charmant.

Innocentin.

Quoi ! vous l’aimez ; tant mieux, Mam’selIè ;
C'est bien doux pour un cœur fidèle ;
Car je ne trouve auprès de vous
Que
toi de plus joli que vous,.

Air d’Alcibiade.

Pour les arbres que nous plantons
Aux champs nous calculons sans peine
Les jours, les mois et les saisons,
Et cette méthode est certaine.
Oui; pour nous éviter des soins,
Ces calendriers sont les nôtres ;
Et par bonheur, ceux-là du moins
Ne changent pas comme tant d’autres.

Brunet , Joli et Vauxdoré sont très-plaisans dans les rôles d’Innocentin, Ignace et Basile ; et Mlles. Caroline , Drouville et Elomire jouent avec beaucoup de naturel ceux de Louison, Claudine et Justine. Caroline y fait sur-tout valoir sou jeu naïf et son chant toujours pur et agréable. Les rôles de Mathurin et de la mère Michaut sont joués par Dubois et Mad. Baroyer, qui y ont mérité de justes applaudissemens.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 12e année, 1807, tome I, p. 480 :

[Sans nous bercer d’illusions, le compte rendu annonce un succès, mais dans les fameux « spectacles du second ordre », où ce qu’on joue n’est pas d’un très haut niveau. Mais « la foule va partout où l'on trouve le secret de l'amuser », et les deux auteurs détiennent ce secret.]

Les spectacles du second ordre ont aussi dans ce moment leurs pièces à recette. On a couru au Pied de Mouton ; on va maintenant à la Cité, voir la Famille des Innocens. Cette pièce gaie, sans être triviale, console les exilés du Théâtre Montansier, et prouve que la foule va partout où l'on trouve le secret de l'amuser. Elle est de MM. Chazet et Sewrim.

L'Esprit des journaux français et étrangers, année 1807, tome XI, Novembre 1807, p. 480 :

[A propos d'une représentation ayant eu lieu à Bruxelles : ce qui réussit à Paris peut ne pas plaire à Bruxelles. Peut-être parce que la pièce n’a pas supporté d’être jouée par un autre que le fameux Brunet ?]

Nous voici arrivés à la Famille des innocens. Que dire de cette pièce, qui a fait courir tout Paris ? Nous ne pouvons pas nous plaindre de la manière dont elle a été jouée et montée. Les trois innocens sont très-bien choisis, et leur chef (Innocentin) y a déployé toutes ses ressources en niaiseries ; cependant malgré le rire fou qu'excite la Famille des innocens, elle vient d'être sifflée avec une fureur peu commune. Nous laissons à d'autres à décider si elle le méritait ; mais nous avons cru voir une mauvaise humeur que les innocens auraient dû désarmer. Au reste, ceci est une leçon qui ne sera sans doute pas perdue. Toutes les pièces dont Brunet est le héros, ne peuvent et ne doivent être jouées que par lui, et sur son territoire.

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