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La Famille savoyarde, ou les Jeux de la fortune

La Famille Savoyarde, ou les Jeux de la fortune, pantomime en trois actes, de Cuvelier de Trie, musique de Darondeau, ballets de M. Hullin, 16 août 1810.

Théâtre de la Gaieté.

Titre :

Famille savoyarde (la), ou les Jeux de la fortune

Genre

pantomime

Nombre d'actes :

3

Musique :

Airs connus

Date de création :

16 août 1810

Théâtre :

Théâtre de la Gaieté

Auteur(s) des paroles :

Cuvelier de Trie

Almanach des Muses 1811.

La pièce est signalée dans le Catalogue général de la librairie française au 19e siècle, de P. Chéron, Volume 3, p. 1841, parmi les nombreuses œuvres de Jean-Guillaume-Antoine Cuvelier de Trie (1766-1824). Le texte a été publié chez Barba en 1810.

Elle ne doit pas être confondue avec la Famille savoyarde, opéra comique avec une musique de Fay, jouée le 25 nivôse an IX (15 janvier 1801).

Journal de l’Empire, 23 août 1810, p. 3-4 :

[Après des pièces terrifiantes, la Famille savoyarde offre un spectacle doux et touchant, tout en gardant les accessoires nécessaires de la pantomime, « des brigands, des assassins, des trahisons, des fureurs, des combats ». La pièce est présentée comme une pièce sur le jeu, puisque le père de famille est ruinée par sa passion du jeu. Et l’article rappelle quelques pièces anciennes (dont le Joueur de Regnard) sur le même thème. Mais toutes ces pièces n’ont pas détourné les joueurs de leur vice (c’est pourtant bien ce qu’elles devraient produire comme effet). Commence alors un long résumé de l’intrigue, tentative toujours délicate avec une pantomime, riche en événements et en rebondissements, et suscitant parfois un peu d’ironie, par exemple sur l’utilité des forêts dans ce genre de pièce. Une fois les méchants punis, le critique énumère tout ce qui fait le charme de la pantomime : scènes champêtres, décorations très fraîches, utilisation d’une lanterne magique, illumination finale. Les acteurs ont bien joué, trois acteurs de pantomime étant mis en avant. Et la musique est composée d’«  un grand nombre d'airs connus très-bien adaptés à la situation » (on n’en saura pas plus). Si la musique est vite évoquée, les ballets, de M. Hullin, sont mieux décrits, en termes très élogieux. Reste à citer l’auteur, c’est Cuvelier, « l’auteur le plus fécond et le plus habite en ce genre ».]

THÉATRE DE LA GAIETÉ.

La Famille Savoyarde, ou les Jeux de la Fortune, pantomime en trois actes.

Valther le Cruel et la Main de fer avoient épuisé la terreur. Voici un genre plus doux, plus touchant, qui attache sans donner à l’ame de trop fortes secousses :.ce n'est pas qu'on n'y voie encore des brigands, des assassins, des trahisons, des fureurs, des combats, assaisonnemens nécessaires de toute pantomime ; mais le sentiment et l'intérêt dominent. La famille savoyarde se compose d’un père, d'une mère, de trois enfans, d'un frère et d'un neveu. Le père est un joueur. La passion du jeu un des grands fléaux de la société, et qui fait aujourd'hui les plus terribles ravages, a souvent été exposée sur la scène sans aucun fruit pour les mœurs. Il y a un ancien opéra bouffon italien intitulé le Joueur et la Dévote. Tout le monde connoît le Joueur de Regnard qui étoit joueur lui-même; Saurin changea depuis la jolie comédie de Regnard en un drame noir qui fait frémir la nature et l’humanité, mais qui n'épouvante point les joueurs.

Notre joueur savoyard n'est pas, à beaucoup très, aussi effroyable que Béverley ; il est dupe de quelques fripons qui lui enlèvent tout ce qu'il possède, tous les diamans de sa femme, et en outre il perd une grosse somme sur son billet. Après un coup si terrible, il faut bien une scène de désespoir : le joueur, se croyant seul, veut se brûler la cervelle ; mais son frère qui l'observoit, arrête le pistolet ; sa femme, ses enfans se jettent dans ses bras, et parviennent à le calmer par les plus douces consolations. Le chevalier d'industrie dont il été la victime, vient lui demander sa fille en mariage, promettant de lui rendre tout ce qu'il a gagné ; mais irrité du refus qu’il éprouve, il veut faire arrêter son débiteur pour le paiement du billet. Le malheureux échappe aux recors en sautant par la fenêtre, et depuis qu’il a fait un tel saut, on le perd quelque temps de vue. C'est sa triste famille qui occupe la scène ; la mère et les enfans sont réduits à mendier ; le bon frère les accompagne et les console C'est un honnête Savoyard qui montre la lanterne magique, et son jeune fils joue de la vielle. Enfin le joueur savoyard arrive mourant de faim ; il voit les fripons qui l'ont ruiné entrer dans une maison, où ils transportent ses dépouilles ; ils lui jettent en passant un regard de mépris. Un aubergiste à qui il demande un morceau de pain par charité, le repousse sans pitié ; deux voleurs lui offrent de quoi soulager sa faim, mais à condition qu'il les aidera à dévaliser la maison ; il est indigné de la proposition ; mais les brigands le forcent d’être leur complice ; ils pillent la maison et prennent la fuite.

Une forêt fait toujours bien dans une pantomime. On en voit une où le duc de Savoie vient chasser. Il survient un orage. Le duc, éloigné de sa suite, est attaqué et blessé par les deux brigands dont j’ai parlé. Le frère du joueur, ce Savoyard qui montre la lanterne magique, se trouve là bien à propos ; il sauve la vie au duc, l’ôte aux deux brigands ; et le prince reconnoissant lui donne la seigneurie du Val des Chênes Voilà ce Savoyard devenu riche et grand seigneur, tandis que son cher frère est réduit à la plus profonde misère. On se doute de l’usage qu’il va faire de sa fortune ; il fait amener toute sa famille dans son château, et après s'être amusé à leur causer quelques frayeurs par de feintes marques de sévérité, il se fait connoitre, les comble de biens ; et ce qui est un véritable acte de seigneur, il fait punir les fripons qui avoient causé la ruine de son frère. L’action principale de la pantomime est égayée d'une foule de petits détails et de scènes champêtres d’un naturel et d'une vérité charmante : ce qui rend la représentation très-variée et très-agréable. Les décorations sont d'une grande fraicheur ; on remarque la lanterne magique au premier acte, et l’illumination de la fin qui produisent l’effet le plus heureux. Le jeu des acteurs est très-satisfaisant et la troupe de la Gaieté est riche en bons pantomimes. Marty est chargé du rôle du savoyard joueur, Tautin représente le bon frère, Lafitte remplit le rôle du chevalier frippon : tous trois se distinguent entre tous les autres. La musique offre un grand nombre d'airs connus très-bien adaptés à la situation.

Il y a deux ballets : l’un au premier acte, qui est un bal de société où l’on danse le menuet et l’allemande ; l’autre au troisième acte, qui n'est qu’un divertissement champêtre. M. Hullin a répandu dans l’un et dans l’autre, cette originalité piquante, ce bon goût de couleur locale qui distinguent ses productions en ce genre. Le tout forme un spectacle fort amusant ; et le succès sera sans doute pour l’entrepreneur un des jeux les plus agréables de la fortune, mais où le hasard aura moins de part que son industrie, sa vigilance et son activité. Cette pantomime est de M. Cuvelier : son nom seul réveille l'idée de l’auteur le plus fécond et le plus habile en ce genre.

Mémorial dramatique pour l'an 1811, p. 209-211 :

[Le compte rendu se borne à résumer (de façon très détaillée) l'intrigue, en insistant sur le caractère profondément moral de la pièce. Aucun jugement d'aucune sorte. Rien sur la musique et les ballets. Rien sur le style, les interprètes, les décors.]

La Famille Savoyarde, ou les Jeux de la Fortune, pantomime en 3 actes par M. Cuvelier.

(17 août.)          

La famille savoyarde se compose d'un père, d'une mère, de trois enfans, d'un frère et d'un neveu. Le père est un joueur, dupe de quelques fripons qui lui enlèvent tout ce qu'il possède, tous les diamans de sa femme, et en outre il perd une grosse somme sur son billet. Après un coup si terrible, le joueur se croyant seul, veut se brûler la cervelle ; mais son frère qui l'observait, arrête le pistolet ; sa femme, ses enfans se jettent dans ses bras, et parviennent à le calmer par leurs consolations. Le chevalier d'industrie dont il a été la victime, vient lui demander sa fille en mariage, promettaut de lui rendre tout ce qu'il a gagné ; mais irrité du refus qu'il éprouve il veut faire arrêter son débiteur pour le paiement du billet, Le malheureux échappe aux recors en sautant par la fenêtre ; la mère et les enfans sont réduits à mandier ; le bon frère les accompagne et  es console : c'est un honnête Savoyard qui montre la lanterne magique, et son jeune fils joue de la vielle. Enfin le joueur savoyard arrive mourant de faim ; il voit les fripons qui l'ont ruiné entrer dans une maison, où ils transportent toutes ses dépouilles ; ils lui jettent en passant un regards de mépris. Un aubergiste à qui il demande un morceau de pain par charité, le repousse sans pitié ; deux voleurs lui offrent de quoi soulager sa faim, mais à condition qu'il les aidera à dévaliser la maison : il est indigné de la proposition ; mais les brigands le forcent d'être leur complice ; ils pillent la maison et prennent la fuite.

Le duc de Savoie vient chasser ; éloigné de sa suite, il est attaqué et blessé par les brigands. Le frère du joueur se trouve là bien à propos ; il sauve la vie au duc, l'ôte aux deux brigands ; et le prince reconnaissant lui donne la seigneurie du Val-des-Chênes. Voilà ce Savoyard devenu riche et grand seigneur, tandis que son cher frère est réduit à la plus profonde misère. On se doute de l'usage qu'il va faire de sa fortune ; il fait amener toute sa famille dans son château, et après s'être amusé à leur causer quelques frayeurs par de feintes marques de sévérité, il se fait connaitre, les comble de biens ; et ce qui est un véritable acte de seigneur, il fait punir les fripons qui avaient causé la ruine de son frère.

Cette pantomime a eu du succès.

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