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La Fausse honte
La Fausse Honte, comédie en cinq actes, en vers, par M. Charles de Longchamps, 21 germinal an 12 [11 avril 1804].
Théâtre Français
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Titre :
Fausse Honte (la)
Genre
comédie
Nombre d'actes :
5
Vers / prose ?
en vers
Musique :
non
Date de création :
21 germinal an 12 [11 avril 1804]
Théâtre :
Théâtre Français
Auteur(s) des paroles :
Longchamps
Almanach des Muses 1805
Un jeune homme vertueux qui, livré à lui-même, et voulant prendre le ton et les mœurs du jour, fait des dettes, renonce aux vieux préjugés, et pousse l'égarement jusqu'à rougir de ses vertus ; des fripons qui essaient d'en faire leur dupe, et un honnête homme qui cherche à lui désiller les yeux, qui y réussit ; voilà ce que l'auteur a voulu montrer au public, et ce que le public n'a voulu voir qu'une fois.
La Biographie nouvelle des contemporains d'Antoine-Vincent Arnault, Volume 12, p. 88-89, attribue la pièce à Charles de Longchamps et résume ainsi sa carrière théâtrale :
[On retient la description d’une cabale organisée contre la Fausse Honte.]
Plusieurs pièces en vaudeville, qu'il composa en société avec MM. Jouy ou Dieulafoi, obtinrent pour la plupart un très-grand succès ; mais ces légers ouvrages, nés de la circonstance, devaient nécessairement passer avec elle. M. de Lonchamps, en essayant ses forces sur un théâtre secondaire, avait senti qu'elles pouvaient le porter sur une scène plus élevée : dix mois de retraite lui suffirent pour achever 3 comédies en vers : le Séducteur amoureux, en 3 actes ; la fausse Honte, en 5 actes ; et le Garçon malade en un acte. Ces ouvrages, reçus en même temps, et joués au Théâtre-Français, eurent un sort bien différent : le Séducteur amoureux fut accueilli avec enthousiasme ; la fausse Honte obtint à peine un succès d'estime, et le Garçon malade ne fut point achevé ; une cabale odieuse, qui ne se donna pas la peine de cacher ni son but ni ses moyens, en déterminant la chute de la fausse Honte (la meilleure comédie de mœurs et de caractère que l'on eût vue depuis le Philinte de Fabre d'Eglantine) dégoûta M. de Lonchamps du théâtre, et le détermina (contre son goût qui l'éloignait de la carrière de l'ambition), à accepter la place de secrétaire des commandemens de la princesse Caroline, épouse du prince Murat, alors grand duc de Berg.
Courrier des spectacles, n° 2602 du 22 germinal an 12 (12 avril 1804), p. 2-3 :
[Pour une chute, c’était une très belle chute. Et le critique prend apparemment plaisir à ne rien nous laisser ignorer de cette soirée infernale : cris et sifflets, lutte entre les amis de l’auteur (avec description de l’un d’entre eux, assez cruelle) et ses adversaires. C’est aussi l’occasion de rappeler ce qu’il faut pour faire une bonne comédie : plan bien conçu et caractères raisonnables, respect des mœurs et des convenances, langage adapté aux personnages et rejet des détails inutiles. Or, la pièce nouvelle a tous ces défauts, dont celui de l’immoralité et celui du mauvais goût dans le style. Le sujet viendrait d’un roman, mais Boileau a bien dit combien « roman frivole » et pièce de théâtre sont éloignés (il faut toujours écouter Boileau !). Après avoir rapproché la pièce nouvelle d’une comédie plus ancienne, le critique entreprend de résumer l’intrigue, ou d’en dire ce qu’il a entendu dans le chaos de la représentation. Une intrigue bien compliquée, mêlant affaires d’argent et sentiments, avec un méchant et des gentils un peu caricaturaux, pour arriver à une fin morale et attendrissante. Les interprètes ont fait ce qu’ils ont pu, et le talent de certains des comédiens a pu sauver un peu les apparences. Et l’auteur a été nommé dans un grand vacarme.
Théâtre Français.
Encore une chûte à ce théâtre ; mais si l’auteur a eu à se plaindre de ses amis qui l’ont laissé offrir au public un ouvrage aussi généralement mauvais, du moins doit-il leur savoir gré du zèle qu’ils ont mis à le défendre. Il en est qui ont poussé ce zèle au point de compromettre leur propre réputation,et qui comptoient pour rien d’exciter le plus vif tumulte dans la salle. Nous en avons vu un, homme de beaucoup d’esprit, applaudir avec transport les passages les plus mauvais, crier bravo à tue-tète, et se lever avec fureur lorsqu’il entendoit les sifflets. A la porte, à la porte, disoit-il alors, et ses cris répétés ont excité une rixe an second acte. Comment se peut-il qu’un homme qui a véritablement du talent dans son genre, se permette si évidemment de soutenir ce qu’il ne peut nier être détestable ? Ne devroit il pas craindre qu’un pareil acharnement de sa part ne passât pour le desir d’acquitter une dette de même nature ? Mais non, il n’aura point besoin de travailler ses succès tant qu’il ne prétendra qu’à ceux que donne l’esprit. Si ce mérite suffisoit pour faire une bonne comédie, celle d’hier auroit obtenu du succès. Mais il faut pour réussir en ce genre, présenter dans un plan bien conçu des caractères raisonnables, tracés avec art ; il faut respecter les mœurs, les convenances, avoir un goût sûr, savoir donner à ses personnages le langage qui leur convient, éviter ces détails mesquins et minutieux qui ralentissent l’action et font bâiller l’auditeur assez paisible pour ne pas les siffler.
Citer les défauts de tous genres qui fourmillent dans l’ouvrage joué hier, seroit la chose impossible ; mais on peut avancer hardiment qu’il pêche contre la morale et le bon goût Aussi a t-il été sifflé dès le premier acte ; et pour qu'on ne prétende pas que l’on s’est trop pressé, nous répéterons que les premiers coups de sifflets ont été provoqués par la proposition scandaleuse que fait Delcourt à Cécile, femme mariée, de céder à ses désirs pour obtenir la somme nécessaire à la délivrance de son mari qui est en prison pour dettes.
Voudroit on qu’on ne sifflât point Ces milords anglais qui boiroient la mer et les poissons et ces détails ridicules d’un maître qui dit à son valet : Tu es toujours mal habillé ; tes souliers sont mal faits, etc., tandis que l’ensemble de tel autre est assez bien, etc. etc. ? Le parterre n’a t il pas été plus indulgent qu’il ne le devoit, en laissent passer, entr’autres mots, celui de sauvagerie qui n’est pas du tout français ?
L’auteur paroit avoir pris son sujet dans le roman de St-Méran ; Boileau lui avoit cependant dit :
Dans un roman frivole aisément tout s’excuse ;
C'est assez qu’en coûtant la fiction amuse,
Trop de rigueur alors seroit hors de saison.
Mais la scène demande une exacte raison :
L’étroite bienséance y veut être gardée.
La Fausse honte est un mauvais pendant de l’Entrée dans le monde. Voici ce que nous eu avons pu recueillir au milieu du bruit des sifflets trop mérités qui se sont souvent fait entendre :
Merval, élevé par les soins du sage Germont, ami de son père, arrive seul à Paris, et cédant aux instances du jeune Delcourt et de sa mère, il accepte un appartement chez eux. Les vues de Mad. Delcourt et de son fils sont de faire épouser Emma, sœur de ce dernier, à Merval, parti très avantageux par sa richesse. Cette Emma ne paroît point dans la pièce, ce qui seroit déjà un défaut fort grave dans un bon ouvrage. Pour réussir dans leur projet, il faut, d’honnête et sage qu’étoit Merval, en faire une espèce de roué, lui faire oublier ses préjugés de reconnoissance, d’amitié et d’égards pour son tuteur, et de délicatesse auprès des femmes ; aussi sa fausse honte consiste-t-elle à ne pas laisser appercevoir les mouvemens vertueux qui luttent encore en lui contre le vice. L’arrivée d’Adèle, jeune veuve pour laquelle on lui connoit un doux penchant, pouvant donner quelque crainte, on profite de l’air étourdi de cette derniere pour faire croire à Merval que c’est la base de son caractere, et pour l’exposer à se faire haïr en dénaturant le sien. Germont arrive, voit le danger de son pupile ; mais celui-ci très-sage lorsqu’ils sont seuls en semble, reprend son caractere léger, disons même vicieux devant ses amis.
Une jeune femme, locataire de Mad. Delcourt, c’est Cecile qu’on la nomme, vient pour réclamer la liberté de son mari emprisonné pour dettes ; Delcourt offre l’argent nécessaire pour le faire sortir, à condition que la tendre épouse cédera à ses desirs. Heureusement elle se trouve être la cousine d’André, valet de Merval. Celui ci qui ignore que c’est à la requête des Delcourt que Vincent, c’est le nom du mari de Cécile, est arrêté donne l’argent dont elle a besoin. Germont l’apprend, félicite son éleve qui avoue sa bonne action, mais qui devant Delcourt feint d’avoir joué son tuteur. Ce dernier après avoir inutilement employé la priere pour lui faire abandonner ses connoissances, l’appelle en duel pour l’avoir insulté. C’est dans une maison nouvellement louée par Cécile, dont le mari ne paroit pas, que le rendez vous a lieu ; c’est là que Germont fait connoître à son jeune ami que c’est à la requête des Delcourt que le mari de Cécile a été arrêté, et quel prix on exigeoit pour sa liberté. L’exécrable Delcourt est couvert de honte, et Merval épouse Adele.
La première moitié du rôle de Germont a paru bien tracée ; mais c’est le seul qui ait pu mériter quelques applaudissemens, encore étoieut-ils dus en partie à M. Baptiste aîné.
Damas chargé du personnage de Merval, a été admirable dans une scene du second acte avec Adele, jouée par Mlle Mézeray, avec tout l’esprit qu’on lui connoît.
M. Michot a rendu avec beaucoup de véritê le rôle d’André ; mais il n'a pu en sauver toutes les mesquineries. On a demandé l’auteur : Baptiste cadet est venu le nommer. Mille voix crioient : Non. Quelques oreilles ont entendu le nom de M. Longchamp.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 9e année, 1804, tome V, p. 401 :
[Il n’y a pas grand chose à dire de la pièce, sauf à faire un jeu de mots sur la honte, vraie ou fausse. Elle a connu la chute, mais est-ce encore une honte que de tomber ? Le ton est plutôt désabusé, le critique semblant penser que le théâtre est bien mal en point.]
THÉATRE FRANÇAIS.
La Fausse Honte.
Le bonheur de M. Longchamps n'égale pas sa fécondité, et la Fausse Honte lui a fait éprouver la véritable honte d'une chute, si toutefois, il y a maintenant plus de mérite à réussir qu'à tomber.
Le Nouvel Esprit des journaux français et étrangers, tome huitième, floréal an XII [avril 1804], p. 262-267 :
[La pièce a reçu un bien mauvais accueil, et le compte rendu s’ouvre sur la question de la réception des nouveautés, devenue à peu près impossible, du fait d’une « délicatesse des spectateurs [...] devenue si pointilleuse ». Le critique donne des exemples de cet excès de « délicatesse », deux vers censés blesser « la pudeur de nos beaux esprits », deux vers où il ne voit pas où se niche l’indécence. L’analyse du sujet, construit sur un caractère qui « n'est rien moins que nouveau » (référence à plusieurs pièces), est faite de manière détaillée, avec au moins un jugement de valeur (sur une scène qui « a, un moment, relevé la pièce »). Le jugement porté ensuite est sévère (le mot chute est employé, et de nombreux défauts sont annoncés) : premier acte froid (le critique condamne l’idée de débuter par une scène où les personnages boivent du thé, « ce qui ne produit d'autre effet que de les éloigner du spectateur et d'empêcher de les entendre distinctement ». Le personnage principal est considéré comme « un plat coquin », et un caractère « tout-à-faut manqué ». Il est apparemment trop négatif, trop incertain par sa volonté de nier ses propres qualités, parfois trop trivial dans ses propos. Le rôle de son tuteur est jugé meilleur (il a « de la noblesse et de l'énergie »), comme celui du valet, qui a fait rire. Le jugement porté sur l’interprétation la montre inégale. Une seconde représentation avec des changements est annoncée avec scepticisme : comment faire des changements profonds en un jour ?]
THÉATRE FRANÇAIS.
La Fausse Honte, comédie en cinq actes et en vers, de M. Longchamp.
Nous touchons au moment où il sera impossible de jouer une pièce nouvelle. Les fureurs du parterre vont toujours croissant, et pour peu que cela continue, il finira par ensanglanter le lieu où il tient ses turbulentes assises. La représentation de la Fausse Honte a été signalée par un véritable combat. Les forces des combattans étaient à peu près égales. La fortune a varié fréquemment, et le succès est demeuré incertain ; les ennemis de l'auteur ont triomphé au premier acte ; ils ont été battus au second, et quelques-uns même ont été mis en fuite ; pendant les trois autres, la fluctuation a été continuelle. On ne saurait dire à qui le champ de bataille est resté ; car, si l'auteur a été demandé par plusieurs, le parti de l'opposition était si nombreux que son nom n'a été entendu que de très-peu de personnes.
La délicatesse des spectateurs est devenue si pointilleuse, qu'elle trouve de l'indécence dans les phrases et les expressions les plus simples, et qu'il faudra, de peur de la blesser, retrancher la moitié de celles qu'on a coutume d'employer. Une femme satisfaite de son mari s'écrie :
Je le prendrais encor s'il était à reprendre.
On dit à cette femme accusée injustement :
Oui, je vous laverai de cette calomnie.
Ces deux vers ont effarouché la pudeur de nos beaux esprits, Certes, il faut être bien malin pour y entendre malice.
Le caractère qu'a voulu tracer l'auteur n'est rien moins que nouveau. Le mari du Préjugé à la Mode, le Philosophe Marié, le Valère de la comédie du Méchant, sont tourmentés aussi par une fausse honte.
Merval, jeune homme très-riche et maître de sa fortune, est venu se loger chez une intrigante qui voudrait le marier à sa fille ; mais il a un ancien tuteur, sage mentor pour lequel il conserve le plus grand respect, qu'on attend de moment à autre, et qu'on sait d'avance devoir traverser ce projet. Delcourt, fils de l'intrigante, exécrable sujet, chargé de dettes, de ridicules, de crimes, prétendu petit-maître, projette de déniaiser Merval, de l'arracher à son mentor, et de le faire tomber dans le piège. Ces deux personnages sont calqués sur le Méchant et sur Valère.
Merval connaît une jeune veuve très-aimable, et pour laquelle il se sent de l'inclination ; elle vient aussi descendre dans cette maison, dont la maîtresse est son amie, quoique leurs mœurs et leurs caractères soient bien opposés. Le perfide Delcourt fait croire à Merval qu'elle est coquette ; que, pour lui plaire, il doit afficher des airs évaporés, et jouer le personnage d'un petit roué. Merval, au fond sensible et vertueux, suit d'abord ces conseils d'un homme du bon ton ; mais, ensuite, son penchant l'entraîne, il rougit de sa faute, avoue et déclare ses vrais sentirnens, s'en repent aussi-tôt, se rétracte et se remet sous le joug de sa fausse honte.
Germon, son tuteur, arrive à son secours ; et, pour éviter un éclat, consent qu'il demeure dans cette maison de scandale, s'y établit même avec lui. Il y a entr'eux une scène remplie de chaleur et très-bien écrite. Elle a, un moment, relevé la pièce, qu'on avait sifflée jusque-là. On y a remarqué ce vers :
Et pour vous distinguer, soyez homme de bien.
Après avoir flotté, pendant deux heures, entre ses deux mentors, entre le vice et la vertu, Merval allait échapper à son tuteur. Celui-ci, ayant en vain prié son pupille de lui accorder un rendez-vous dans une autre maison, où il se flatte de parvenir à lui dessiller les yeux, lui donne un cartel, sous prétexte d'un démenti qu'il en a reçu en public. Merval vient au lieu indiqué, et dit que, pour toutes armes, il n'a que ses pleurs. Il promet d'abjurer sa société, si l'on réussit à lui prouver que ses hôtes sont méprisables ; ce qui est bientôt fait ; car Delcourt est convaincu d'avoir jetté en prison un honnête homme, sur lequel il s'était fait transporter quelques créances, quoiqu'il fût lui-même son débiteur, afin de corrompre sa femme par l'appât de la liberté de son mari. Merval, alors, se jette aux pieds de la jeune veuve, qui, le voyant confus de ses travers, lui avoue qu'elle l'aime, et lui donne sa main. La pièce finit par ce vers :
Et n'éprouvons jamais que la honte du mal.
Il serait difficile de compter les défauts de cette comédie, et d'assigner toutes les causes de sa chûte. Le premier acte est d'une froideur extrême. A peine il est commencé, que les personnages prennent du thé : ce qui ne produit d'autre effet que de les éloigner du spectateur et d'empêcher de les entendre distinctement. Ce Delcourt, détestable copie du Méchant, est un plat coquin, et rien ne pallie ses vices. La jeune femme , dont il a fait emprisonner le mari, le conjure d'acquitter ce qu'il leur doit. Il n'en faut pas davantage pour procurer l'élargissement du prisonnier. Il lui répond : « Que n'êtes-vous aussi plus complaisante ? » Cette grossièreté a excité un soulèvement universel. Le reste du rôle ne vaut pas mieux.
Celui du principal personnage est tout-à-fait manqué. Merval est un lâche, un imbécille, quelquefois un malhonnête homme. Non-seulement il croit tantôt un de ses mentors, tantôt l'autre, ce qui est conforme au caractère qu'on lui donne ; mais il ment avec impudence pour nier le bien qu'il a fait, et persuader qu'il est un homme à bonnes fortunes, un séducteur. Il se plaint que son tuteur veuille lui donner le ridicule de posséder les vertus d'un capucin ou d'une sœur grise. Il l'humilie, il le raille, il le contredit, il l'outrage, lui donne les démentis les plus formels, et n'épargne rien, pour lasser sa patience. Quelquefois il lui échappe des trivialités choquantes. Delcourt lui ayant observé que son valet, récemment tiré de la ferme, n'est pas assez élégant ; il vient reprocher à ce malheureux tout le détail de sa toilette, et n'omet pas de parler de ses souliers. Quelques instans de lucidité et de sensibilité de Merval ont fait d'autant plus de plaisir, qu'ils sont courts et rares.
Le rôle de Germon , en général, a de la noblesse et de l'énergie. Il s'y trouve une ou deux fades galanteries qu'il est aisé de supprimer, entr'autres la comparaison de la femme à une rose tendre. Quelques traits de celui du valet ont provoqué tantôt le rire, tantôt l'intérêt. Merval, par les conseils de son perfide ami, veut le renvoyer, et , pour le consoler, l'assure que ses gages lui seront conservés. Il répond en pleurant :
Ce n'est pas votre argent, monsieur, c'est vous que j'aime.
L'auteur a dû être content de la manière dont sa comédie a été jouée par Baptiste l’aîné, Michot et Damas. Mademoiselle Volnais s'est bien acquittée de son petit rôle, et mademoiselle Mézerai médiocrement de celui de la veuve. On ne l'entend pas toujours très-distinctement.
La deuxième représentation de la Fausse Honte est annoncée avec des changemens ; mais des changemens faits en vingt-quatre heures ne peuvent pas beaucoup améliorer une comédie dont le fond et les caractères sont essentiellement défectueux. Ce que l'auteur a de mieux à faire, c'est d'enchâsser dans un cadre plus heureux une bonne scène ou deux et quelques vers bien faits, qui sont comme perdus dans celui-ci.
L'Opinion du parterre, faisant suite à l’Ouvrage publié sous le même titre en germinal an XI, germinal an XIII, p. 159 :
21 Germinal.
Première représentation de la Fausse Honte, comédie en cinq actes, en vers, de Longchamp, sifflée depuis le commencement jusqu'à la fin. L'auteur a cependant eu le courage de se faire proclamer auteur de cette mauvaise pièce. Il a su également se mettre au dessus de la Fausse Honte, en la faisant représenter deux fois après cet échec trop juste, dont tout autre n'eût pas appelé.
Idem, p. 49-50 :
Longchamp lui [l'acteur Michot] doit également de vifs remerciemens, pour avoir soutenu son Pauvre Garçon malade et sa Fausse Honte, mais entre eux point de réciprocité d'actions de graces ; Michot ne lui en doit aucune, on ne saurait voir deux rôles plus pitoyables que ceux qu'il avait acceptés dans ces deux pièces.
Selon la base La Grange de la Comédie-Française, la Fausse honte, comédie en cinq actes, en vers, de Charles de Longchamps a été créé le 11 avril 1804 et a connu cette année-là trois représentations avant de disparaître.
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