La Femme à trois visages ou les Condottiéris

La Femme à trois visages ou les Condottiéris, mélodrame en trois actes, de Boirie et Frédéric [Dupetit-Méré], musique de Quaisain et Darondeau, ballets de Richard, 17 vendémiaire an 14 [9 octobre 1805].

Théâtre de l'Ambigu-Comique.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an 14 (1806) :

La Femme à trois visages, ou les Condottiéris, mélodrame en trois actes, Par MM. Boirie et Frédéric. Musique de MM. Quaisain et Darondeau, Ballets de M. Richard. Représenté, pour la première fois, sur le théâtre de l'Ambigu-Comique, le 17 vendémiaire an 14 [9 octobre 1805].

Courrier des spectacles, n° 3183 du 19 vendémiaire an 14 [11 octobre 1805], p. 2 :

[Après les Hommes aux trois visages, la Femme à trois visages, et la version féminine doit beaucoup à la version masculine, ce que le critique se fait un plaisir de relever. La Femme à trois visages n'a pas été très bien reçue, mais le critique pense qu'elle pourrait réussir : elle est trop riche en événements, ce qui rend « le plan obscure et difficile à débrouiller ». Le résumé de l'intrigue qu'il tente ensuite confirme ce propos : trahison, mise en prison, délivrance, retour en prison, attaque de la prison et enfin mort du traître. Tous ces mouvements ont été assez mal reçus. Mais l'interprétation, comme les costumes et les ballets sont jugés favorablement. Le critique cite plusieurs interprètes, y compris une danseuse et un danseur : les pas de l'une et la danse grotesque de l'autre « ont fait beaucoup de plaisir », selon la formule consacrée. Mais pas de noms d'auteurs...]

Théâtre de l’Ambigu-Comique.

La Femme à trois visages.

Les hommes et les femmes à deux visages ne sont point rares ; leur en donner trois est une licence poétique qui n’est bonne que pour le théâtre. L’Amibigu-Comique avoit déjà son Homme aux trois visages ; il étoit naturel de songer à un mariage, et de lui trouver une épouse qui fût digne de lui. On s’est étudié à les assortir du côté de la fortune et des caractères ; c’est à-peu-près le même plan, les mêmes idées, les mêmes incidens, les mêmes moyens ; cependant, on convient que la femme ne vaut pas son mari, qu’elle a besoin d’être retouchée, et que ses ornemens manquent de choix et de goût ; elle n’a donc point été accueillie avec la faveur qu’on attendoit ; mais il est à présumer que les rigueurs ne dureront pas, et qu’elle sera plus heureuse à la seconde visite.

La Femme à trois visages auroit besoin de trois jambes ; sa marche est lente et inanimée. L’auteur a trop chargé son sujet ; il est écrasé sous le poids des événemens, et cette surabondance de faits rend le plan obscure [sic] et difficile à débrouiller.

Les héros principaux sont deux chefs de ces fameuses bandes connues en Italie sous le nom de Condottieri. L’un d’eux nommé Berezzi s’empare d’un château situé au milieu des Apennins ; il y attire par trahison le Comte de Ravelli, chef des Vénitiens ; et violant tous ses sermens, il le précipite au fonds d’un cachot. Rozelina, fille du Comte, se travestit en guerrier, et se présente à Berezzi sous le nom de Rinaldo, l’un de ses alliés, et chef, comme lui, de Condottieri.

Elle parvient, au moyen de plusieurs artifices, et en se déguisant une seconde fois, à délivrer Ravelli ; mais il est bientôt repris; et Berezzi la fait elle-même enfermer dans une tour. Un corps de Vénitiens arrive à propos, force la citadelle et tue Berezzi.

Il y a, comme ou voit, beaucoup de mouvement dans cet ouvrage ; on n’y a épargné ni les marches, ni les combats, ni les escalades. On s’est montré un peu difficile en refusant l'enthousiasme accoutumé à ces sortes de beautés. Les rôles sont cependant fort bien joués, les costumes très-frais et les ballets dessinés agréablement.

On y a souvent applaudi Mlle. Bourgeois dans le rôle de Rozelina, Tautin dans celui de Bérezzi, Corse, dans ceux de Rivelli, du Concierge, et d’un autre personnage nommé Eugénio. Les pas exécutés par Mlle. Ste.-Marie, et la danse grotesque de Milot ont fait beaucoup de plaisir.

Courrier des spectacles, n° 3185 du 21 vendémiaire an 14 [13 octobre 1805], p. 2 :

[La pièce a en effet été largement jouée dans les jours qui suivent.]

La Femme à trois visages , jouée au Théâtre de l’Ambigu, a repris tous ses avantages. Des corrections très-judicieuses donnent à ce mélodrame de la rapidité ; l’intérêt des situations ressort mieux, et les spectateurs se promettent de renouveller leurs visites à une femme qui se multiplie ainsi pour leurs plaisirs.

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