Les Faux Somnambules, comédie en un acte, en vers, de Révéroni de Saint-Cyr, 26 novembre 1806.
Théâtre Français.
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Titre
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Faux Somnambules (les)
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose ?
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en vers
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Musique :
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non
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Date de création :
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26 novembre 1806
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Théâtre :
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Théâtre Français
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Auteur(s) des paroles :
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Révéroni de Saint Cyr
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Journal de l’Empire, vendredi 28 novembre 1806, p. 3-4 :
Les Faux Somnambules.
Il y a au Théâtre Français une charmante petite pièce intitulée le Somnambule, qu'on donnoit souvent autrefois : celui-là est le véritable Somnambule. Ceux qu'on vient de représenter pour la première et dernière fois, sont bien nommés les Faux Somnambules ; car ils ne ressemblent guère au véritable. Il s'agit d'une veuve qui contrefait la somnambule pour éprouver ses amans : elle en a deux ; l'un passionné et jaloux, l'autre étourdi et fat : celui-ci est séduisant ; mais il ne soutient pas l’épreuve, et dévoile son caractère intéressé ; l'autre, moins aimable en apparence, se montre plus digne d'être aimé, et obtient la préférence. L'amant étourdi s'avise aussi de faire le somnambule, et ce stratagème ne le mène à rien. Tout l'ouvrage n'est qu'une complication de niaiseries qui ne vaut pas une analyse ; le dialogue est un tissu de mauvaises épigrammes, de misérables jeux de mots, de traits sans pointes et de plaisanteries sans sel. La veuve dit que des jeunes gens, dans un concert,
Font des sermens aussi faux que leur voix
En parlant de leurs modes ridicules, elle prétend que, par économie,
Ils n'ont que la moitie d'un bambou, d'un habit ;
Et souvent même encor la moitié d'un esprit.
La soubrette veut qu'on ait, pour bien jouer le rôle de somnambule,
Le maintien roide et froid comme une académie,
Les bras comme un début, ou comme une momie.
Le petit–maître s'écrie en vantant la mode :
Elle devient pour nous la quatrième grâce !
J’ai peur qu'en composant sa pièce, l’auteur n'ait employé par économie,comme les jeunes gens d’aujourd’hui, que
La moitié d'un esprit.
Le public du moins ne l’a pas hué à moitié, et il n’a point eu d'économie dans les sifflets ; c'est au point que le dénouement n'est pas bien constaté : il paroît cependant que l’amant sentimental épouse la veuve. On prétend que l’auteur des Faux Somnambules est aussi l’auteur du Délire, farce très lugubre, que l’on a jouée avec succès à l'Opéra-Comique. C'est une leçon qui doit lui apprendre qu'on ne dit pas impunément des platitudes en riant : le public ne pardonne, et même n'applaudit que les absurdités pathétiques et tragiques.
Le Délire, ou les Suites d’une erreur est une pièce de Révéroni de Saint-Cyr (pour le texte) et Berton (pour la musique), créée le 7 décembre 1799 sur la scène de l’Opéra Comique.
Mercure de France, littéraire et politique, tome vingt-sixième, n° CCLXXX (samedi 29 novembre 1806), p. 454 :
Les Faux Somnambules, représentés mercredi dernier, sur le Théâtre Français, ont été sifflés à l’unanimité : quoique cette prétendue comédie n’eût qu’un acte, le public l’a trouvée encore trop longue ; elle n’a pas été achevée.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 11e année, 1806, tome VI, p. 438
Théâtre Français.
Les faux Somnambules ; comédie en un acte et en vers.
« Les gens d'esprit, parfois, n'ont pas le sens commun. ».
Presque toutes les pièces nouvelles, jouées dans le mois dernier, viennent à l'appui de cet apophthègme. Les faux Somnambules n'ont pas eu de succès. L'auteur y avoit prodigué les épigrammes, le cliquetis de mots, les étincelles d'esprit ; mais le fonds étoit si pauvre !
Une femme qui, pour éprouver ses amans, feint d'être somnambule et leur dit des choses bien capables de détourner du mariage les plus hardis épouseurs ; l'un des deux rivaux qui, n'osant après cela refuser brusquement, fait aussi le somnambule, et vient débiter des vérités et des sottises, qui lui font donner son congé ; tel est le fonds de cette comédie. Autant l'action étoit simple, autant on a trouvé le style alambiqué, visant au précieux. Le talent de Damas, de Mmes Devienne et Talma, n'ont pu conjurer l'orage.
L’Esprit des journaux français et étrangers, tome I, janvier 1807, p. 269-270 :
[Sous un titre incomplet (l’adjectif « faux » a disparu), c’est bien d’un échec qu’il s’agit. Entourée de mystère avant sa création, elle s’est révélée d’une grande faiblesse : le résumé de l’intrigue en montre l’« extravagance », et les sifflets ont empêché qu’on en entende la fin, le style est maniéré, et à la limite de l’incompréhensible. Le rappel d’une anecdote permet de faire comprendre comment le public a réagi : certains ont cru qu’il y avait quelque chose à comprendre dans les propos obscurs des personnages, avant que tout le monde comprenne qu’il n’y avait que des propos obscurs. Le compte rendu s’achève sur une interrogation : comment une telle pièce a-t-elle pu être reçue au Théâtre-Français ?]
Les Somnambules.
Cette pièce, en un acte et en vers, n'a eu aucun succès ; elle a été sifflée dès les premières scènes, et n'a point été achevée. Le mystère dont on avait enveloppé cette première représentation, le silence qu'on avait réussi à garder sur le nom de l'auteur, inspiraient de fâcheuses préventions, et l'ouvrage les a toutes justifiées. L'action principale est une extravagance difficile à expliquer. Une jeune femme veut éprouver deux amans : elle imagine de se feindre somnambule, d'apparaître dans cet état aux deux amans, et de juger de leurs sentimens par les discours et les actions qu'ils se seront permis dans cette circonstance. L'un lui baise la main, l'autre s'en tient aux paroles, et c'est ce dernier qu'elle préfère. L'audacieux revient bientôt en véritable somnambule : qu'allait-il résulter de cette scène ? C'est ce que les sifflets n'ont pas permis d'apprendre. Le dialogue est plein de vers maniérés et quintessenciés, dont la plupart pourraient être cités comme des modèles d'amphigouri. On eût dit que l'auteur et les comédiens avaient fait la gageure de débiter au public quelque chose où il ne pût absolument rien comprendre, à-peu-près comme Collé chanta un jour, devant Fontenelle, le célèbre couplet amphigourique : Qu'il est heureux de se défendre ! Fontenelle l'écouta avec une grande attention, et lui dit : Il y a quelque idée là-dedans : voulez-vous bien répéter ? Tout le monde lui rit au nez, et Mme. de Tencin lui cria : Eh ! grosse bête ! ne vois-tu pas que ce n'est que du galimathias ? Une partie du parterre a cru aussi. pendant quelque-temps, qu'il y avait quelque idée dans de certains vers, et il les applaudissait sincèrement, et les gens sensés de rire. Ils étaient tentés d'adresser au parterre l'apostrophe de Mme. de Tencin à Fontenelle. La pièce, malheureusement, était un peu plus longue qu'un couplet ; les applaudisseurs s'apperçurent enfin qu'ils étaient joués, et ils s'en vengèrent par des sifflets.
Cette comédie a été jouée par Damas, Armand, et Mmes. Talma et Devienne ; ils ont dû la jouer sans doute, puisque la pièce a été reçue ; mais, sauf le cas de la gageure, qui a pu déterminer les comédiens à la recevoir ?
Archives littéraires de l’Europe, tome douzième (1806), Gazette littéraire, novembre 1806, p. xliii :
Théâtre Français.
Les Faux Somnambules, comédie en un acte et en vers.
L'auteur de cette pièce n'est point connu, et l'on peut dire que la pièce même est demeurée inconnue, car le public n'a pas voulu la laisser achever. Il seroit donc aussi difficile que superflu d'en faire l'analise.
L’anonymat de l’auteur n’est peut-être pas si complet que le disent les revues du temps : A. Joannnidès, dans La Comédie-Française de 1680 à 1920: Tableau des représentations par auteurs et par pièces, Volume 1, p. 89, l’attribue à Révérony de Saint-Cyr.
La base La Grange de la Comédie Française confirme le nom de l’auteur, Jacques-Antoine, baron de Révérony de Saint-Cyr, et l’échec de la pièce, puisqu’elle n’a eu qu’une représentation, sa création le 26 novembre 1806.
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