La Girouette de Saint-Cloud, impromptu en un acte, en prose, mêlé de vaudevilles, de Barré, Radet, Desfontaines, Dupaty, Bourgueil et Maurice [Séguier], 23 Brumaire an 8 [14 novembre 1799].
Théâtre du Vaudeville.
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Titre :
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Girouette de Saint-Cloud (la)
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Genre
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impromptu mêlé de vaudevilles
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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23 brumaire an 8 [14 novembre 1799]
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Barré, Radet, Desfontaines, Dupaty, Bourgueil et Maurice [Séguier]
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Almanach des Muses 1801
Le titre de cette petite pièce et l'époque à laquelle on l'a représentée, en indiquent assez le sujet. Elle a beaucoup réussi.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez le Libraire au Théâtre du Vaudeville,an viii :
La Girouette de Saint-Cloud, impromptu en un acte, en prose, mêlé de vaudevilles, Par les CC. Barré, Radet, Desfontaines, Bourgueil, Maurice, et Emmanuel Dupaty. Représenté pour la première fois, sur le Théâtre du Vaudeville, le 23 Brumaire, an 8.
Courrier des spectacles, n° 986, du 24 brumaire an 8 [15 novembre 1799], p. 3 :
[Vite, une pièce sur le 19 brumaire. La bande du Vaudeville écrit bien vite un impromptu qui est joué le 23 (4 jours pour l’écriture et l’apprentissage de la pièce : on se méfie de la concurrence ! Le même jour, on a joué la Pêche aux Jacobins au Théâtre des Troubadours). Le résultat satisfait le critique, et le public. L’intrigue s’attache à montrer que l’affaire du 19 brumaire est une victoire des modérés sur les extrémistes, présentés comme des jouisseurs corrompus. Et que tout s’arrange, en politique, avec la fin des luttes entre clans, et dans la vie privée, puisque Thomas obtient d’épouser la fille de Tourniquet, dont il n’était pas digne la veille. « Jolis couplets … allusions piquantes » : c’est un succès (mais pouvait-on dire autre chose d’une pièce sur le grand fait du jour ?), et il ne reste plus qu’à citer les nombreux auteurs.]
Théâtre du Vaudeville.
La Girouette de St-Cloud, impromptu donné hier pour la première fois à ce théâtre, a obtenu un succès flatteur.
Tourniquet, traiteur, est un de ces gens qui tournent à tout vent, qui parlent et qui agissent suivant les circonstances : il a donc placé devant sa maison une petite girouette qui lui sert de télégraphe, et qui, dirigée par Furet, son premier garçon, lui apprend comment vont les affaires.
La girouette tournant du côté du Manège, Tourniquet refuse de donner Constance, sa fille, à Thomas, grenadier du corps législatif : envain Dupont, père de Thomas et garde des filets de St-Cloud, assure Tourniquet que les affaires prendront une bonne tournure et que le héros de l'Italie et de l’Egypte sera notre sauveur, Tourniquet ne s’en rapporte qu’à sa girouette et penche toujours pour les meilleurs patriotes. Des députés ont faitt chez lui très-grande chère , ils ont fort joliment vécu ; et au lieu de lui payer comptant le montant de leur dîner, ils lui font un bon sur l’emprunt forcé , et le menacent, s’il ne le reçoit, de le prendre pour ôtage ; voilà donc Tourniquet intéressé à soutenir le système des frères et amis. Mais le tambour bat, la girouette tourne ; Thomas revient de la parade : il a préservé les jours du sauveur de la France ; les factieux sont chassés, et les habitans de St-Cloud viennent offrir à Thomas la palme due à son dévouement civique. Tourniquet devient alors modéré, et consent à l’union de sa fille avec Thomas.
Ce petit impromptu est fait avec beaucoup d’esprit et de facilité ; de jolis couplets et des allusions piquantes ont commandé les applaudissements et les bravo.
Les auteurs sont les citoyens Barré, Radet , Desfontaines, Dupaty, Bourgeuil et Maurice.
Courrier des spectacles, n° 987, du 25 brumaire an 8 [16 novembre 1799], p. 2 :
[Article complémentaire : il s’agit de citer les meilleurs couplets de la pièce, couplets hautement politiques, tout à la gloire de l’homme du 19 brumaire, et à la confusion des odieux jacobins.]
Théâtre du Vaudeville.
La deuxième représentation de la Girouette de St-Cloud avoit attiré beaucoup de monde hier à ce théâtre et n’y a pas fait moins de plaisir que la veille. On a peine à concevoir qu’un pareil ouvrage ait été fait, appris et joué en 48 heures. Il ne falloit rien moins que l’étonnante facilité de ses auteurs, secondée par des acteurs à qui le zèle rend tout possible. Le dé faut de place ne nous ayant point permis hier de donner quelques-uns des couplets qui ont été répétés, en voici plusieurs :
Couplet d'annonce.
Air : Cet arbre apporté de Provence.
D’un fait qui vivra dans l’histoire
Tout-à-l’heure on vous parlera,
Et si nous manquons de mémoire,
Aucun de vous n'en manquera.
Cette pièce, avant d’être prête,
Fut annoncée aux spectateurs :
L’ouvrage est mal dans notre tête,
Mais le sujet est dans vos cœurs.
Un Jacobin dit à un de ses camarades :
Air des Visitandines.
Brouillons, mes chers amis et frères,
Brouillons dehors , brouillons dedans,
Embrouillons sur-tout les affaires ;
Pour brouiller les honnêtes gens
Le principe est très-salutaire :
Croyez-moi, n’oublions jamais
Que pour qu’ils nous laissent en paix
Il nous faut les tenir en guerre.
Dupont dit à Tourniquet, qui semble croire que des scélérats peuvent attenter aux jours du général :
Air des Billets doux.
Malgré leurs sinistres complots
Je ne crains rien pour le héros
Que la France renomme :
Il est un énorme chemin
Entre le fer d'un assassin
Et le cœur d’un grand homme.
Courrier des spectacles, n° 988, du 26 brumaire an 8 [17 novembre 1799], p. 2 :
Avant-hier l’affluence etoit telle au Vaudeville pour voir la Girouette de Saint-Cloud, que nous n’avons pu y assister que dans les corridors, et que nous avons été privés de la scène intéressante qui s’y est passée. Le cit. Hypolite, au moment où on lui présente la couronne comme au libérateur du général, sortit de la scène, et vint à la loge de l’Etat-Major, où il posa lui-même la couronne sur la tête du véritable sauveur de Buonaparte, le grenadier Thomé, qui assistait à la représentation.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, cinquième année (an viii - 1799), tome quatrième, p. 248-250 :
[Pièce jouée le 23 brumaire (on n’est pas loin des faits évoqués de façon plus ou moins légère) : le critique la dit écrite et apprise en 24 heures (c’est bien rapide !), et ne peut que constater son succès complet (le contraire serait étonnant). Après le couplet d’annonce, le résumé de l’intrigue (si c’en est bien une), tout finit par l'indispensable mariage et des couplets à la gloire de Bonaparte revenu d’Égypte pour sauver la France (et sauvé lui-même par un des personnages). Après un exemple de couplet, la liste des auteurs : cinq auteurs n’ont pas suffi... (« et compagnie » !).]
La Girouette de Saint-Cloud.
Ce vaudeville, fait et appris en vingt-quatre heures, a obtenu, le 23 brumaire, le succès le plus complet. Tous les couplets sont remplis d'esprit et de sel. Voici le couplet d'annonce :
Air: Ainsi jadis un grand prophète
D'un fait qui vivra dans l'histoire,
Tout à l'heure on vous parlera ;
Et, si nous manquons de mémoire,
Aucun de vous n'en manquera.
Notre pièce, avant d'être prête,
Fut annoncée aux spectateurs ;
L'ouvrage est mal dans notre tête,
Mais le sujet est dans nos cœurs.
Tourniquet, traiteur, est surnommé la Girouette de Saint-Cloud, à cause de son caractère changeant. Sa fille Constance aime Thomas Tranche-Montagne, grenadier, et Tourniquet s'oppose à ses vœux, à cause de l'opinion de son amant. Comme il désire paroître très-patriote, il a mis sur son enseigne, au patriote, plus patriote, que les meilleurs patriotes. Mais, de peur de se tromper dans ses conjectures, il a mis au château de Saint-Cloud un de ses garçons qui, se servant de la girouette comme d'un thélégraphe [sic], lui apprend ce qui se passe. La scène où il examine cette girouette, qui change à chaque instant, est d'un vrai comique. Enfin, on entend le tambour, et on apprend le résultat des opérations de Saint-Cloud ; alors il ôte son enseigne, et donne sa fille à Thomas Tranche-Montagne, qui a sauvé les jours de Bonaparte. La pièce se termine par une ronde très-gaie, et par des couplets en l'honneur de Bonaparte ; en voici un qui a été redemandé :
Air : Du Parlement (de Molière à Lyon).
La fuite en Egypte, jadis,
Conserva le sauveur des hommes ;
Pourtant quelques malins esprits
En doutent, au siècle où nous sommes.
Mais un fait bien sûr, en ce jour,
Du vieux miracle quoi qu'on pense,
C'est que d'Egypte le retour
Ramène un sauveur à la France.
Les auteurs ont été demandés, et le C. Vertpré, qui avoit joué très-plaisamment le rôle de Tourniquet, est venu annoncer les CC. Barré, Bourgueil, Desfontaines, Dupaty, Maurice, et compagnie.
Porte-feuille français Pour l'An IX (1801), deuxième année, p. 212-213 :
[La pièce révèle « beaucoup d'esprit et de facilité », et il suffit d’en citer deux couplets pour le montrer, le couplet d’annonce, et un couplet au message politique bien ambigu.]
La Girouette de St-Cloud, Impromptu de Barré, Radet, Desfontaines, Dupaty, Bourgueil et Maurice, représenté le 23 Brumaire.
Cet ouvrage est fait avec beaucoup d'esprit et de facilité : nous allons citer les couplets qui ont paru faire généralement plaisir.
Couplet d'annonce.
Air : Cet arbre apporté de Provence.
D'un fait qui vivra dans l'histoire
Tout-à-l'heure on vous parlera,
Et si nous manquons de mémoire,
Aucun de vous n'«n manquera.
Cette pièce, avant d'être prête,
Fut annoncée aux spectateurs :
L'ouvrage est mal dans notre tête,
Mais le sujet est dans vos cœurs.
Un patriote avant la lettre dit :
Air des Visitandines.
Brouillons , mes chers amis et frères,
Brouillons dehors, brouillons dedans,
Embrouillons sur-tout les affaires ;
Pour brouiller les honnêtes gens
Ce principe est très-salutaire :
Croyez-moi, n'oublions jamais
Que pour qu'ils nous laissent en paix
Il nous faut les tenir en guerre.
La Girouette de Saint-Cloud ne figure pas dans la base César.
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