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La Grande ville, ou les Parisiens vengés

La Grande ville, ou les Parisiens vengés, comédie épisodique en trois actes en prose, de René Perin et Pillon, 17 pluviôse an 10 [6 février 1802].

Théâtre de Molière.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Marchand, an 10 – 1802 :

La Grande ville ou les Parisiens vengés, comédie épisodique, En trois actes en prose ; Par les Citoyens René Perin et Pillon, Représentée, pour la première fois, sur le théâtre de Molière, le 17 Pluviose, an 10.

Courrier des spectacles, n° 1804 du 13 pluviôse an 10 [7 février 1802], p. 2 :

[La pièce nouvelle est une reprise inversée de la pièce de Picard, la Grande ville ou les Provinciaux à Paris : les deux auteurs ont repris tout ce que Picard reprochait aux Parisiens pour le transformer en griefs contre eux, les deux pièces ayant finalement réussi par l'emploi des mêmes procédés, de jolis détails et des amis efficaces, et ayant reçu les mêmes marques d'improbation (un premier acte bien accueilli, deux actes suivants contestés. Puisque les deux pièces se ressemblent, le critique, plutôt que de résumer l'intrigue de la pièce nouvelle se contente de dresser une liste de différences entre elles. Il invite d'ailleurs son lecteur à se référer à son article consacré à la pièce de Picard. Sa conclusion est simple : on a accusé Picard d'une excessive sévérité envers les Parisiens, on accusera les auteurs de la pièce nouvelle de « trop de complaisance et de flagornerie » envers eux. Leur pièce souffre de la monotonie qui naît de la similitude des situations et des caractères. Les deux auteurs n'ont par ailleurs guère soigné la mise en forme de leur pièce, dont il devraient faire disparaître « une foule de trivialités, des lieux communs et des réminiscences ». Et l'interprétation, à l'exception d'une actrice qui « a fort bien joué » son rôle, manque un peu d'ensemble : les interprètes « ont rendu avec assez d'ensemble les rôles qui leur étoient confiés ».]

Théâtre de Molière.

La Grande Ville, ou les Parisiens Vengés.

Il y a un mois à-peu-près que Picard a donné sa Grande Ville ; tout Paris alors a retenti des éloges et des critiques dont elle était l’objet, tout Paris a été d’un avis près -qu’unanime sur le mérite de cette production, et ce concert d'opinions a déterminé l’auteur à en changer le titre et à y faire les corrections nécessaires. Mettre de nouveau en scène une Grande Ville, l’offrir en trois actes, c’étoit un tour de force qui devoit effrayer l’écrivain même le plus exercé. Néanmoins on l'a tenté hier à ce théâtre, mais précisément :en prenant dans cette seconde le contrepied de tout ce qu’a écrit l’auteur de la première, et en présentant sous des couleurs favorables les mêmes caractères qui, dans la pièce de Louvois, sont méchans et odieux. C’est une espèce de parodie dont beaucoup de traits frappoient et sembloient plaire d'autant plus, que Picard est plus élevé : feriunt summos fulmina montes. Tel est le parterre ; aujourd’hui il saisit avec transport tontes les allusions malignes dirigées contre celui qu’il a applaudi hier. Les auteurs de la pièce nouvelle ont-ils voulu donner une leçon à Picard ? mais ces maîtres nouveaux en ont reçu eux-mêmes une qui ne doit pas leur permettre de chanter victoire : ils ont éprouvé précisément la même faveur et les mêmes désagrémens (voyez le numéro du 22 nivôse). Le premier acte a été aussi vivement applaudi, le second et le troisième aussi souvent interrompus par les improbations. La pièce de Picard étincelle de traits heureux, celle-ci en offre de satyriques : la première a dû son succès aux jolis détails et aux amis ; les amis et les détails ont aussi soutenu la seconde. Voyons maintenant en quoi diffère la nouvelle Grande Ville de celle de Louvois.

Lambert est devenu Rosambert ; il connoît et aime Tiennette, fille de Goulard. Il a vu et voit Paris en beau. Mad. de Vercour (Manette Robin), la fausse marquise polonaise est une mad. de Saint-Hilaire qui est arrivée à Paris avec les Goulard, et qui les a invités à venir partager un repas frugal. Launai de Saint-André est un certain Launai-de-Saint-Gilles qui se charge de négocier les billets du bonhomme Goulard, et qui est sur le point de les lui emporter, lorsqu’il est découvert et forcé à restitution. Malfillard est M Rafilard ; c’est un homme dur et froid, sa femme est douce et sa petite fille curieuse : ce n'est pas de sa faute, on lui a donné ce caractère Le petit Commissionnaire fait son métier, apporte une lettre, reçoit la réponse et s'en va. Du reste, point de montre volée, point de panorama moral, point de Dorival, point de dixième muse, point de faubourg Saint-Germain, point de Tivoli, point de fripons laquais, point de coquins enrichis : tout le monde est honnête dans la Grande Ville, à l’exception cependant du seul Launay de Saint-Gilles, encore n'est il pas de Paris.

Si Paris a accusé Picard de sévérité dans la peinture de sa Grande ville, il accusera sans doute aussi les auteurs de la nouvelle pièce d’un peu trop de complaisance et de flagornerie, ils sont tombés dans l’excès contraire ; aussi la pièce d'un bout à l’autre est-elle un draine dont chaque acte est lié, il est vrai, mais qui offre peu de variété dans les situations et de la monotonie dans les caractères. Les auteurs sont les citoyens René Perrin et Pillon. La précipitation qui a présidé à la mise de cet ouvrage y a laissé une foule de trivialités, des lieux communs et des réminiscences qu’une seconde représentation n’offrira sans doute plus.

Le cit. Juclié a fort bien joué le rôle de Rosambert ; Mad. Lecoutre, Mlle Delêtrc et Mad. Vazelîe, et les cit. Ernest-Vanhove et Joseph-Vanhove ont rendu avec assez d’ensemble les rôles qui leur étoient confiés.

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