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Hécube à Troie en Champagne

Hécube à Troie en Champagne, tragédie-vaudeville en 3 actes et à grand spectacle, avec ballets (parodie d’Hécube), 4 prairial an 8 [24 mai 1800].

Théâtre de la Gaîté

Almanach des Muses 1801.

Courrier des spectacles, n° 1177 du 5 prairial an 8 [25 mai 1800], p. 2 :

Encore une parodie d'Hécube. Celle-ci, au moins, n'est pas aussi méchante que celle des Troubadours. C'est une assez bonne personne, qui pendant trois actes longs et bien longs, entretient paisiblement le public de sa rage et de ses projets de vengeance. Passons à l'analyse, qui offre les noms des héros de la pièce parodiée. Les auteurs en les changeant et en leur substituant des noms burlesques, auroient ajouté à leur ouvrage un nouveau moyen d'exciter le rire, car on n'aime pas entendre Achille, Priam, Hécube et Polixène débiter des trivialités, et d'ailleurs des noms burlesques obtiennent plus facilement les suffrages des spectateurs qui fréquentent ce théâtre.

Hector étoit parmi les Troyens Champenois le plus habile à jouer au pot cassé. Achille l'a, par mégarde, assommé d'un coup de bâton. Il aime la sœur du défunt, la belle Polixène, que Priam, son père, et Hécube, sa mère, consentent à lui donner en mariage. Pour célébrer les obsèques d'Hector, les garçons marchands de vin de la ville de Troye se rassemblent devant la porte du cabaretier Priam, et la fêle commence. On y exécute les jeux chéris d'Hector, entr'autres celui du pot cassé. Après la fête, Hécube, qui ne peut pardonner à Achille la mort de son fils, va, vient, court, s'agite et se bat les flancs pour entrer en fureur ; puis prenant à part sa fille Polixène, elle l'instruit dans une très-longue scène du devoir que lui impose- la vengeance : c'est d'immoler Achille. Polixène refuse, Hécube menace et finit par triompher de l'irrésolution de sa fille ; celle-ci promet de tuer son époux à l'autel. Le moment de la cérémonie approche : Achille impatient arrive au cabinet de toilette de sa maîtresse ; il veut y pénétrer, on l'en empêche. Achille est vif, il va forcer l'entrée, lorsque Polixène se présente à sa rencontre. Priam et Hécube annoncent par leur arrivée le moment fatal où signant le contrat, Achille va périr. Polixène alors engage son amant à décamper. C'est en vain, il reste. Elle tire un couteau dont elle est sur le point de se percer : sa mère l'arrête, et sur la nouvelle inattendue que les affidés d'Achille ont pénétré chez le marchand de vin où ils pillent tout, elle le fait saisir et saigner au talon. Le héros expire ; ses compagnons, pour venger sa mort, renversent tout ce qui s'oppose à leur passage ; Hécube, Priam sont égorgés, Polixène est enlevée par un héros; tout a disparu ; les morts seuls occupent la scène, lorsqu'un acteur nouveau sort de la loge du souffleur et renvoie poliment le public en soufflant........ les quinquets.

Cet ouvrage calqué, comme on le voit, sur l'opéra d'Hécube, est trop long, et d'une monotonie fatigante. La parodie, genre gaî, veut être courte ; et il ne faut rien moins qu'une mine inépuisable de bons mots, de couplets fins et mordants pour soutenir jusqu'à la fin l'attention du spectateur. On a bien senti et applaudi quelques allusions piquantes, mais elles se perdent dans un cadre aussi étendu.

Les auteurs n'ont été ni demandés, ni nommés.

F. J. B. P. G***

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