Helvétius à Voré, fait historique en un acte en prose, de Ladoucette, 19 Messidor an 6 [7 juillet 1798].
Théâtre des Amis des Arts et des Élèves de l'Opéra-Comique, rue Martin.
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Titre :
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Helvétius à Voré
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Genre
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fait historique
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Nombre d'actes :
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1
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Vers ou prose ,
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en prose
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Musique :
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non
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Date de création :
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19 messidor an 6 [7 juillet 1798]
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Théâtre :
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Théâtre des Amis des Arts et des Élèves de l'Opéra-Comique, rue Martin
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Auteur(s) des paroles :
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Ladoucette
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Almanach des Muses 1799.
Tableau intéressant de la vie qu'un philosophe riche et humain menait dans sa terre.
Début d'un jeune homme qui annonce du talent.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, Cretté, Thermidor, an 6 :
Helvétius à Voré, fait historique en un acte et en prose. Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Amis-des-Arts et des Élèves-de-l'Opéra-Comique, le 19 messidor, an 6.
En épigraphe :
Des sages d'Athènes et de Rome,
Il eut les mœurs et la candeur.
Il peignit l'homme d'après l'homme,
Et la vertu d'après son cœur.
La Roche.
Courrier des spectacles, n° 502 du 20 messidor an 6 [8 juillet 1798], p. 2-3 :
[Par erreur, le n° 502 est daté du 19 messidor]
[L’article s’ouvre par un compliment un peu ambigu : la pièce a eu tout le succès qu’une pièce en un acte et en prose (une petite comédie donc) peut obtenir, avec un sujet bien choisi, un bon enchaînement des scènes et une écriture naturelle et pure. Le résumé de l’intrigue qui suit est c entré sur la bienfaisance qui caractérise le philosophe et son épouse : comme seigneur de Voré, il dispose des droits féodaux, mais il les exerce de manière bienveillante, en sachant pardonner à celui qui a pratiqué le braconnage et en punissant celui qui abuse de son autorité (mais le droit de chasse reste le privilège du seigneur !). La fin de l’article est un peu désordonnée : l’anonymat gardé par l’auteur, quelques mots favorables sur l’interprétation, une description rapide de la salle, jugée jolie et bien éclairée. Puis c’est le directeur qui est mis en avant : c’est un homme de lettres, « ce qui ne peut qu’être agréable pour les auteurs » (il s’agit de Joigny, l’auteur du Valet embarrassé). Le choix des œuvres représentées (« petites comédies bien montées », « jolis opéra-comiques ») est une sorte de promesse de réussite.]
Théâtre des amis des Arts et des Elèves de l'Opéra-Comique.
La petite comédie donnée hier a ce théâtre, sous le titre d’Helvétius, a eu tout le succès que peut obtenir une pièce en un acte et en prose, dont le sujet est heureusement choisi, dont les scènes sont bien filées, et qui est écrite naturellement et avec pureté.
La scène se passe à Voré, dont Helvétius étoit seigneur ; c’est-là que ce philosophe, au sein de sa famille, se console par des actes de bienfaisance, d’avoir perdu les faveurs de la cour, et d’avoir signé la rétractation des principes contenus dans son livre de l'Esprit. On connoît l’histoire de ce braconnier qu'Helvétius fit arrêter sur ses terres à la sollicitation de sa femme, pour réprimer les brigandages de ses vassaux. Voici comment ce sujet a été traité :
Lucas est sur le point d’épouser Rose, fille d’André, ménuisier qui, par son travail, soutient sa famille, composée de six enfans. Le matin même du jour où les jeunes gens doivent être unis, André prend son fusil et va sur les terres de son seigneur chercher de quoi composer le repas de noces. Depuis long-tems les braconniers abusoient de la bonté d’Helvétius ; sa femme l’avoit engagé à user de sévérité ; l’ordre avoit été donné, et Dutaillis, garde-chasse, trouvant André en faute, est d’autant plus empressé à sévir contre lui, que ce dernier lui a refusé sa fille, et qu’il conçoit l'espoir de le forcer à lui accorder sa main.
Rose vient se jeter aux pieds d’Helvétius ; mais retenu par la promesse qu’il a faite à Bandot, celui de ses secrétaires qui garda toujours sur lui l’empire qu’il avoit exercé dans ses jeunes années, le philosophe résiste aux larmes de la tendre Rose. Cette fille intéressante n’ose point implorer l’intercession de Mme Helvétius, et celle-ci apprenant par Bandot l’arrestation d’un braconnier, le fait venir devant elle. A peine sait-elle qu’il est père d’une famille nombreuse, que cette respectable dame lui donne de quoi payer l’amende et retirer son fusil qui a été confisqué.
André veut refuser, mais Helvétius entre et André est obligé de se taire, lorsque Lucas accourt lui apporter la quittance de l’amende qu’il a payée, après avoir vendu ses propres effets. André n’y peut plus tenir; il déclare que c’est la troisième fois que l’on lui offre le prix de son amende, M. Helvétius étant venu le premier le lui faire accepter dans sa prison. Les deux vertueux époux se félicitent, dotent Rose, et pour punir Dutaillis, dont on reconnoît la méchanceté, Helvétius lui ôte sa place, qu’il donne au bon André, en y ajoutant la propriété d’un petit héritage.
L’auteur de cet ouvrage a voulu garder l’anonyme. Cette petite pièce a été très-agréablement jouée, et ne peut manquer de faire plaisir à tous ceux qui la verront ; elle doit attirer du monde à ce théâtre, la salle est jolie et on ne peut mieux éclairée ; les glaces qui sont aux premières loges, produisent un effet très-charmant.
Ce théâtre a l’avantage d’avoir pour directeur un homme de lettres, ce qui ne peut qu’être agréable pour les auteurs.
En s’attachant à donner de petites comédies bien montées, et de jolis opéra-comiques, il est très-possible que cette administration ait un succès durable.
Le Pan.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1798 (vingt-septième année), tome VIII (août 1798, thermidor, an VI), p. 220-222 :
[Le compte rendu commence par une analyse de l’intrigue : situation initiale (Helvétius retiré à la campagne), incident de l’arrestation du braconnier, et intrigue sentimentale, opposant les braves gens au méchant garde-chasse. Bien entendu, tout s’arrange au mieux dans le monde vertueux des philosophes. Conclusion : une « pièce simple & intéressante », où le public, pour une fois, n’a rien trouvé à redire c’est un début remarquable pour un jeune auteur. Et ceux qui connaissent Helvétius ont bien reconnu le grand homme (que la pièce n’a donc pas trahi).]
THÉATRE DE LA RUE MARTIN.
Helvétius à Voré, fait historique en un acte & en prose.
Chagrin des persécutions que lui a fait éprouver son fameux livre de l'Esprit, Helvétius se retire à Voré, l'une de ses terres, dépose la plume, & vit paisiblement auprès d'une épouse digne de son amour, entouré des heureux que tous deux se plaisent à faire.
Baudot, demi-caustique, secrétaire d'Helvétius qu'il a vu naître, se croit permis de lui reprocher les traits les plus caractéristiques de sa bienfaisance. Il a représenté à Mme. Helvétius les suites funestes de la tolérance de son époux, an sujet des délits forestiers, & il a obtenu que le premier braconier qu'on saisiroit, outre la perte de son fusil, seroit conduit & détenu dans la prison du château, jusqu'à ce qu'il eût payé le prix d'une assez forte amende. L'occasion ne tarde pas à s'en offrir. Un menuisier, établi à Voré, père de famille, vertueux & sans fortune, va marier sa fille Rose au jeune Lucas. Le désir de célébrer cette union par un petit festin, le décide à transgresser une fois les ordonnances. Il est guété & surpris dans la forêt par le garde-chasse Dutaillis, lequel irrité de n'avoir pu obtenir la main de Rose, cherche à s'en venger sur le père, & use contre lui de la plus grande sévérité.
Helvétius ne peut désavouer ce qu'il a prescrit lui-même. La nécessité d'un exemple le force de résister aux prières touchantes de Rose ; mais il fait traiter avec douceur André dans sa prison, va bientôt l'y trouver lui même, & lui donne, sous le plus grand secret , l'argent nécessaire pour l'en faire sortir. De son côté, Mme. Helvétius se peint la position affreuse d'une famille victime d'un moment d'erreur, se fait amener André, & veut exercer à son égard, avec le même mystère, le même acte de générosité. André résiste ; Helvétius paroît. Les deux époux un peu embarrassés, cherchent à se dissimuler le bien qu'ils viennent de faire , lorsqu'arrive précipitamment Lucas Il a vendu le peu qu'il possédoit, il a payé le prix du fusil & de l'amende que Dutaillis n'a pas rougi de recevoir une seconde fois. André ne peut contenir plus long-temps l'élan de sa reconnoissance ; il nomme ses bienfaiteurs & tombe à leurs pieds. Baudot, qui vient d'apprendre la conduite perfide de Dutaillis, instruit Helvétius, & se reproche sa dureté. Le philosophe donne à André la place de garde-chasse & la maison qui y est attachée, choisit Lucas pour un de ses fermiers, & l'unit à Rose, que les vertueux époux se chargent de doter.
Le public a vu avec plaisir cette pièce simple & intéressante ; on n'a rien improuvé, ce qui est rare dans l'ouvrage d'un jeune homme qui débute. Plusieurs amis d'Helvétius s'y trouvèrent, & ont reconnu le philosophe dans sa vie privée.
Cette pièce est la seule écrite par le baron Ladoucette : « Ladoucette, l'auteur d' Helvétius à Voré, ne semble avoir écrit qu'une seule pièce. Il n'a pas été homme de théâtre mais a exercé des fonctions administratives sous tous les régimes qu'il a traversés. » (Pierre Hartmann, Le Philosophe sur les planches : l'image du philosophe dans le théâtre des lumières : 1680-1815, Presses Universitaires de Strasbourg, 2003).
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