Hormisdas, tragédie en trois actes, en vers, de Luce de Lancival, Paris, marchands de nouveautés. in-8°. de 48 p.
Tragédie non représentée, publiée en 1794.
Almanach des Muses 1796.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez les marchands de nouveautés, an troisième :
Hormisdas tragédie en trois actes. En vers. Par le Citoyen Luce, Professeur de belles-lettres, en la ci-devant Université de Paris, Auteur de Mutius Scœvola.
Œuvres de Luce de Lancival, précédée d'une notice par M. Collin de Plancy, tome premier (Paris, 1826), p. v :
Luce fit imprimer, l'année suivante [1794], Hormisdas, tragédie en trois actes, qui ne put être jouée, parce que, comme il le dit dans sa préface : « Tour à tour trop ou trop peu révolutionnaire, jamais elle ne fut jugée à l'ordre du jour. » Du reste, cette pièce est pleine d'intérêt et de situations dramatiques.
Ibidem, p. 265-267 :
[Le texte de la pièce est précédé d'un avertissement et d'une dédicace.]
AVERTISSEMENT.
Cette tragédie, dont le fond et les détails, en exceptant le rôle de Busurge, se trouvent dans l'Histoire du Bas-Empire, est faite depuis cinq ans. Je n'avais d'abord voulu que m'exercer sur un sujet qui m'avait paru très-dramatique, et j'étais si éloigné de songer à en faire une pièce de circonstance, que je ne pensais pas même à la faire jouer jamais. Des amis m'engagèrent à la présenter au Théâtre-Français ; je la présentai aux Français. Je la présentai depuis au Théâtre de la République : elle me valut mes entrées à ces deux théâtres, fut très-bien accueillie par tous les deux, et ne fut jouée sur aucun.
Elle avait d'abord paru trop hardie ; bientôt elle parut modérée ; tantôt au-dessus, tantôt au-dessous des circonstances, tour à tour trop ou trop peu révolutionnaire, jamais elle ne fut jugée à l'ordre du jour. Ne pouvant parvenir à la faire représenter, je la livre à l'impression, afin que le public juge de son mérite politique ou littéraire.
A Laure Brack.
C'est un hommage bien peu flatteur, mon amie, que celui d'une tragédie qui n'a point eu les honneurs de la représentation ; mais après avoir honoré celle-ci de votre suffrage, après m'avoir indiqué les corrections les plus heureuses, enfin après le constant intérêt que vous avez pris à cet enfant malheureux, jouet des circonstances et des hommes, pour mettre le comble à votre bienveillance, il vous restait encore à l'adopter, et cette adoption ne me permet pas de le croire tout-à-fait sans mérite. Il en aura toujours un bien précieux pour moi : c'est à lui que je dois le bonheur de vous connaître ; sans lui j'aurais peut-être ignoré toute ma vie qu'au sein de ma patrie il existait une femme en qui la nature a réuni tous les élémens de l'amabilité; qui joint à l'âme la plus douce, la plus aimante, l'esprit le plus orné et le goût le plus sûr ; une femme vraiment philosophe, et qui n'argumente point ; qui écrit comme Jean-Jacques, et ne s'en doute pas ; qui fait les plus jolis vers, et ne les imprime point ; une femme enfin qui ne l'est que par les grâces, et qui compte autant de véritables amis que ses charmes et ses talens lui font d'adorateurs. J'entends quelqu'un se récrier, et dire : Il n'existe point de modèle d'un pareil portrait, ce ne peut être que le rêve d'un cerveau poétique ou d'un cœur amoureux..... C'est votre faute aussi : pourquoi votre modestie m'a-t-elle défendu de vous nommer ?
Luce.
Le dix-neuvième Siècle, Satyre Première (à Paris, chez Dubois), p. 14 :
[L'auteur satirique (Joan B. B. Barfoud, d'après Google) consacre aux auteurs du temps une satire intitulée « Les Lettres » où il règle ses comptes avec les écrivains contemporains. Il éclaire les allusions plus ou moins perfides qui abondent dans ses vers dans une série de notes, dont une concerne Luce de Lancival et Hormisdas.]
(10) Poète de coulisse, orateur de collège.
Ce vers peint en deux mots M. Luce de Lancival. professeur d'éloquence au lycée impérial. Il n'est connu que par de mauvaises tragédies et d'insipides pièces fugitives. Il nous menace, dit-on, aussi d'une tragédie d'Hormisdas. J'ai lu avec quelque attention les annales de la Perse, et je ne me suis pas apperçu que l'histoire d'Hormisdas, père de Cosroès II, surnommé le Grand, présentât le cadre d'une tragédie. Mais M. Lancival, qui traite une tragédie de même qu'un discours pour la distribution des prix, s'embarasse peu que le fond lui manque, pourvu qu'il puisse se dédommager par des périodes ronflantes et vides de sens. Nugæ canores.
On peut traduire nugae cantores par « chansons idiotes, inconsistantes ».
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