L'Heureuse nouvelle (Godard, Longchamps)

L'Heureuse nouvelle, opéra impromptu à l'occasion de la paix, de Saint-Just [Godard] et Longchamp, musique de Boieldieu, 17 brumaire an 6 [7 novembre 1797].

Théâtre Feydeau.

La base César ajoute un troisième auteur pour les paroles, Marmontel.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Huet, an 6 – 1797 :

L'Heureuse nouvelle, opéra impromptu à l'occasion de la paix, Représentée pour la première fois sur le Théâtre Feydeau, le 17 brumaire de l'an 6. Paroles des C.ens Saint-Just et Longchamp. Musique du C.en Boyeldieu.

Courrier des spectacles, n° 260 du 18 brumaire an 6 [8 novembre 1797, p. 2 :

[Désignée par le mot de « bleuette » (c'est donc une petite pièce... écrite, paroles et musique et montée en six jours), l'Heureuse nouvelle est une oeuvre d'actualité : on y parle de la paix, mais aussi des finances publiques (on y croise un fournisseur aux armées) et des changements de condition sociale (le fournisseur aux armées est un ancien domestique). L'intrigue est sans originalité : il s'agit de trouver un époux à la fille d'un commerçant, et le choix se fixe naturellement sur le commis de son père, qui pourra convoler quand la paix sera assurée. Le son du canon met fin à toutes les discussions : la paix est signée, et le jeune commis épousera Adèle après la victoire finale, toute proche. Une intrigue sans originalité donc, mais patriotique (dénonciation des gens que la République enrichit, alors qu'ils la détestent). La pièce contient des « mots ingénieux » que le public a applaudis, musique et décor sont nouveaux. Le sauteurs ont été nommés (mais Marmontel n'est pas cité). Les interprètes sont tous jugés très positivement.]

Théâtre Feydeau.

On a donné hier sur ce théâtre une bleuette en un acte fort agréable et très-bien accueillie, sous le titre de l'Heureuse nouvelle. C’est un à-propos fort ingénieux relatif à la paix. L’action se passe au Jardin Égalité, que la décoration représente. Rondon, marchand, a promis sa fille à Firmin, son commis, mais Firmin part pour 1’armée en qualité de volontaire : Rondon s’arrange alors avec M. Rapace, fournisseur, et lui donne sa fille, à condition que son marché tiendra avec le gouvernement. M. Jadis, rentier, vient demander une place à M. Rapace, et le reconnoît pour Joquinet, son ancien domestique. M. Jadis assure que la paix est signée, M. Rapace soutient le contraire ; enfin le canon qu’on entend confirme l'Heureuse Nouvelle donnée par M. Jadis, qui avoit parié quinze sols a manger, Rapace désolé se retire, et Firmin a l'espérance d’épouser Adèle, aussi-tôt que la dernière victoire qu'on doit remporter sur le seul ennemi qui reste aura assuré la paix générale :

Le cadre ressemble sans doute à tous ceux qu’on a employés jusqu'à présent sur les divers théâtres de Paris, pour célébrer la paix, mais il est semé de traits fins et spirituels. Il y a de l’adresse à présenter un homme qui souffre adorateur de la république, et un homme enrichi par la république qui la déteste. Plusieurs mots ingénieux ont été très-applaudis ; différens morceaux de musique ont été très-goûtés, et le public a demandé les auteurs de cette pièce, dont on a fait les paroles, la musique et une décoration neuve en moins de six jours. Le cit. Lebrun est venu nommer, pour le poème, les cit. St-Just, Longchamps ; et pour la musique, le jeune artiste Boieldieu, connu par des romances charmantes, et par la musique de la Famille Suisse.

Le cit. Juliet est très-comique dans le rôle de M. Jadis : le cit. Lesage joue très-bien celui du fournisseur, et les autres rôles sont rendus avec infiniment d’ensemble par les cit. Villiers, Lebrun, et par la cit. Meunier ; les chœurs y sont excellens, comme dans toutes les pièces de ce théâtre.

D. Dum.          

La pièce repose sur l'actualité : la guerre ou la paix, les questions financières (l'agiotage). La proclamation de la paix désespère ceux qui en tirent profit, mais réjouit les vrais républicains et les amoureux qui vont pouvoir se marier.

La paix dont il est question est issue du traité de Campo Formio, signé le 17 octobre 1797, et qui met fin à la guerre entre la France et l'Autriche, une guerre qui durait depuis 1792 et qui a repris dès 1799 (deuxième campagne d'Italie de Bonaparte).

La base César attribue la pièce à trois auteurs, Godard de Saint-Just, Longchamps et Marmontel, la musique étant de Boïeldieu. Elle a été créée le 7 novembre 1797 au Théâtre Feydeau où elle a été jouée 11 fois jusqu'au 25 février 1798 (8 fois en novembre 1797, 1 fois en décembre et 2 fois en 1798.

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