Le Hullah, comédie en trois actes et en prose, de Denouville, 1er mai 1810.
Théâtre de l'Impératrice.
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Titre :
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Hullah (le)
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose
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en prose
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Musique :
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non
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Date de création :
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1er mai 1810
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Théâtre :
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Théâtre de l’Impératrice
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Auteur(s) des paroles :
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Denouville
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Almanach des Muses 1811.
Même sujet que Arlequin Hulla, et Gulistan, piece qui a le double désavantage d'être venue la dernière, et d'être la plus faible des trois ; point de succès.
Arlequin Hulla est un canevas italien, représenté à Paris dans plusieurs versions, dès 1776 et 1717 (version de Lesage et dOrneval à la Foire Saint-Laurent et version de Biancolelli, Romagnesi, Riccoboni fils à la Comédie-Italienne).
Mercure de France, tome quarante-deuxième (1810), n° CCCCLV (samedi 12 mai 1810), p.111 :
[Une mauvaise pièce, qui recopie ou presque des pièces antérieures sans en avoir les qualités. Inutile donc d’en donner l’analyse. La pièce a été sifflée tout au long, ce qui n’a pas empêché l’auteur de se faire nommer. Malgré tout, la pièce a été bien jouée : l’échec ne dépend ni des acteurs, ni de la cabale.]
Théâtre de l'Impératrice.— Le conte du Hulla, dans les Mille et une Nuits, après avoir fait le tour de nos petits théâtres, était venu se réfugier à celui de la rue Feydeau où, après quelques oppositions, il avait fait une fortune assez brillante ; il eût été sage de l'y laisser; ou du moins, en le transportant ailleurs, il aurait fallu l'embellir, et surtout le corriger des défauts que lui ont donnés ou laissés ses premiers patrons à l'Opéra-comique et à la Foire. Mais c'est un soin que le nouvel auteur, M. Denouville, n'a pas jugé à propos de se donner. Sa pièce est un calque ennuyeux de Gulistan ; même sujet, même plan et presque mêmes détails, avec cette différence qu'on n'y retrouve ni les jolis airs de Dalayrac, ni la voix mélodieuse de Martin. Figaro prétend que ce qui ne vaut pas la peine d'être dit, on le chante. D'après ce précepte, on aurait bien dû chanter en entier la pièce nouvelle, et nous pouvons assurer que le dialogue de cet ouvrage, mis en musique, aurait été de la force des couplets qu'on y chante au premier acte, et dont le refrein est que,
Lorsque l'on boit à pleins pots,
Tous les hommes sont égaux.
D'après ce petit échantillon du talent de l'auteur, nous nous garderons bien de donner l'analyse de son Hulla. Copiste dans son intrigue, il l'a été également dans ses détails. Tous les traits (si tant est qu'il s'en trouve) sont usés et rebattus, et le public, impatienté de tant de réminiscences, a témoigné son mécontentement par des sifflets ; ils ont commencé avec l'ouvrage et n'ont fini qu'avec lui. Une pareille réception aurait dû engager l'auteur à garder l'anonyme, mais il est apparemment bien doux de se faire connaître ; car il a voulu qu'on le nommât pour une chute, désespérant sans doute de l'être un jour pour un succès. Cependant la pièce a été bien jouée, bien soutenue, et il ne lui reste même pas la ressource de crier à la cabale ou d'accuser les acteurs.
L’Esprit des journaux français et étrangers, tome VI, juin 1810, p. 277-278 :
[Une nouvelle pièce sur ces fameux hullah ou houllah, ces maris temporaires de la société orientale (le critique n’est pas plus précis), une pièce sans surprise et sans grande originalité, qui reprend le schéma de ses prédécesseurs, principalement le fameux Gulistan, dont le succès tient surtout « à l'esprit qui pétille dans les détails, au charme de la musique qui l'accompagne, à la pompe dont il est entouré », accessoires qui manquent ici. Tout vient de Gulistant, à quelques éléments près (une scène de voleurs réussie, « quelques ariettes à sa façon », dont « une chanson bachique » à qui manquait toutefois la voix de Martin. « Dans cette production malheureuse, tout est froid et décoloré. » Quelques sifflets à « la fin de chaque acte » n’ont pas empêché que le nom de l’auteur soit proclamé.]
Le Houllah, comédie en trois actes.
Nous aurions pu, tant être prophètes, rendre compte) «lu sujet de cette remédie avant la représentation ; il n'eut pas même été fort difficile de présager quel devait être son destin. Nous avons eu tant de Houllah de toute espèce et de toute couleur, depuis Arlequin jusqu'à Gulistan, qu'il était au moins probable que ce personnage banal, installé à diverses reprises sur nos théâtres, accueilli favorablement sur les uns, sifflé sur les autres, ne devrait pas son succès au piquant de la nouveauté: Il n'est plus permis d'ignorer aujourd'hui ce que c'est qu'un Houllah, et chacun sait maintenant que ce nom se donne, dans plusieurs contrées de l'Orient, à ces maris de rencontre qui vendent leur liberté pour quelques heures, à ces espèces de mannequins qui consentent à passer respectueusement la nuit auprès d'une femme répudiée, afin d'autoriser son premier mari à la reprendre. Il faut qu'un tel sujet paraisse bien piquant pour qu'un auteur ait consenti à le remanier après tant d'essais plus ou moins malheureux. Si je ne me trompe cependant la situation d'un Houllah, qui peut fournir le motif d'une nouvelle agréable, ne renferme pas le germe d'une comédie, surtout d'une comédie en trois actes. Un pauvre diable que l'on dépouille des haillons de la misère, à qui l'on donne une somme d'argent à condition qu'il ne touchera pas à sa femme, promet tout au plus deux ou trois scènes plaisantes ; mais pour en faire une comédie, il faut nécessairement les rattacher â une intrigue maintenant rebattue et toujours invraisemblable. Le succès de Gulistan même vient à l'appui de cette opinion. Il n'a dû sa bonne fortune qu'à l'esprit qui pétille dans les détails, au charme de la musique qui l'accompagne, à la pompe dont il est entouré ; et le brillant de ces accessoires suffit à peine pour empêcher le spectateur de s'arrêter à tout ce que la marche de la pièce offre de forcé et de romanesque. Le Houllah de l'Odéon, privé du séduisant appareil qui l'avait si bien fait accueillir à Feydeau, a dû sentir combien son propre mérite est mince, et combien il a besoin d'ornemens d'emprunt. L'auteur ne s'est pas mis l'imagination à la torture pour remplir de détails ingénieux le cadre usé qu'il a choisi, et l'on peut dire qu'il a fait tout ce qu'il fallait pour que son Houllah retrouvât dans chaque spectateur autant de vieilles connaissances. Depuis le titre de la pièce jusqu'aux moindres incidens, il a tout emprunté, sans cérémonie, à l'auteur de Gulistan. Comme celui-ci, le nouveau Houllah, qui s'appelle Abdallha, est dépouillé par des brigands ; comme lui, il a déjà perdu sa maitresse ; mais comme lui encore il rencontre pendant la nuit un prince généreux qui s'intéresse à sa destinée, le sert en ayant l'air de le trahir, et finit par lui rendre son rang, son trésor et son amie. Cependant, l'auteur de la pièce peut, à bon droit. revendiquer une scène de voleurs dont l'invention est à lui seul, et qui donne à son premier acte une scène tout-à-fait mélo-dramatique. Il n'a pas voulu non plus priver entièrement son Houllah du secours de la mélodie, et il a substitué fort adroitement à la jolie musique de Gulistan quelques ariettes de sa façon, et entr'autres une chanson bachique, qui a mis tout l'auditoire en gaieté. Il est vrai qu'il n'avait pas le gosier de Martin pour le faire valoir, et qu'Armand, chargé de la chanter, ce qu'il a fait d'ailleurs avec assez de rondeur, a eu quelque peine à atteindre une note d'un abord assez difficile. C'est à ces faibles accessoires que l'auteur du Houllah a borné les efforts de son imagination, et il ne nous a pas même laissé la ressource de vanter les grâces de son style, le sel de ses bons-mots, la vivacité de son dialogue. Dans cette production malheureuse, tout est froid et décoloré. Cette comédie est sans doute un coup d'essai qui ne nous promet pas de sitôt des coups de maître. L'auteur n'a point cependant à se plaindre de ses juges, la pièce a été paisiblement écoutée jusqu'au bout ; des sifflets périodiques attendaient tranquillement la fin de chaque acte pour manifester leur improbation, et lorsque l'auteur a été demandé, ils ont consenti à laisser proclamer le nom de M. Dénouville.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 15e année, 1810, tome III, p. 137 :
[Ce théâtre : le Théâtre de l’Impératrice. Quelques jours auparavant, la pièce dont il vient d’être question a été jouée le 14 mai (c’est le Luxembourg, de Charles Maurice.]
On avoit joué à ce théâtre, quelques jours auparavant, une comédie en trois actes, intitulée le Houllah ; comme elle n'a pas eu de succès, nous nous dispenserons d'en donner l'analyse. Le sujet est d'ailleurs très-connu : il a été traité à la Foire, au Vaudeville, et récemment à l'Opéra-Comique, dans la pièce de Gulistan.
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