Le Luxembourg

Le Luxembourg, comédie en un acte et en prose, de Charles Maurice [Descombes], 14 mai 1810.

Théâtre de l'Impératrice.

Titre :

Luxembourg (le)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ?

en prose

Musique :

non

Date de création :

14 mai 1810

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

Charles Maurice [Descombes]

Almanach des Muses 1811.

Tableau assez gai des ridicules d'une promenade publique ; quelques caricatures usées ; beaucoup plus de bruit que d'action ; du succès.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Martinet, 1810 :

Le Luxembourg ; comédie-tableau, en un acte, en prose, Représenté pour la première fois sur le Théâtre de S. M. l'Impératrice et Reine, à l'Odéon, le lundi 14 mai 1810.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome VI, juin 1810, p. 274-276 :

[Pour une fois qu’on monte une pièce originale, le critique n’apprécie pas : après avoir rapproché le Luxembourg de la Galerie du Palais, de Corneille, rien de moins, il trouve que c’est une curieuse façon d’imiter la nature que de reproduire simplement sur la scène des conversations tenues dans un jardin public. Les auteurs dramatiques qui imiteraient l’auteur du Luxembourg deviendraient « de froids copistes », pour monter une pièce il suffirait « d’une décoration, de quelques chaises et de quelques costumes ». Le théâtre deviendrait l’équivalent du « spectacle pittoresque et mécanique » de l’alors fameux Monsieur Pierre. Ce qui amène le critique à demander que la reproduction de la réalité soit plus fidèle que celle que propose la pièce nouvelle (il faut rendre possible l’illusion que ce qu’on voit représente bien le jardin du Luxembourg). Pas d’intrigue dans cette pièce, ou si peu. Pendant une heure, on assiste aux conversations d’une douzaine de personnages que le critique présente comme des caricatures dont il souligne le ridicule. Pour éviter de paraître s’en prendre au seul faubourg Saint-Germain, l’auteur a glissé « deux particuliers de la Chaussée-d'Antin, dont on critique impitoyablement la tournure et les mœurs ». Le dénouement est rapide : une querelle naît entre les personnages, on bat le tambour sur la scène, et tous se retirent. Mais le tambour prévu dans la pièce était alors concurrencé par des sifflets. Néanmoins, le public du faubourg Saint-Germain a eu le fairplay d’applaudir la pièce. L’auteur a été nommé dans « le bruit et les sifflets ».]

Théâtre De L'impératrice.

Le Luxembourg, comédie en un acte et en prose.

Dans l'examen d'une pièce assez faible, intitulée la Galerie du Palais, le grand Corneille convient, avec cette bonhommie qu'il apporte ordinairement dans le jugement de ses ouvrages, « qu'il n'a choisi ce titre, que parce que la promesse de ce spectacle extraordinaire, et agréable pour sa naïveté, devait exciter, vraisemblablement la curiosité des auditeurs ». Il avoue avec la même simplicité, qu'au moins la moitié de ce qu'il fait dire à ses personnages serait beaucoup mieux dit dans l'intérieur d'une maison que dans un lieu public, et le père de la scène française se justifie avec beaucoup de soin de cette espèce d'invraisemblance, par la sévérité des règles du théâtre, et par l'exemple des comiques de l'antiquité. L'auteur de la pièce nouvelle n'aura pas besoin de remonter si haut pour faire approuver le titre qu'il a choisi : tout le monde conviendra qu'en plaçant ses personnages au milieu d'un jardin public, il ne leur a rien fait dire que de très-convenable à leur situation, et qu'on ne puisse se procurer le plaisir de recueillir soi-même, en consacrant une soirée du dimanche à une promenade dans le Luxembourg. L'imitation de la nature doit être sans doute le but de la comédie ; mais cette imitation est soumise à des règles positives ; et que deviendrions-nous, si les auteurs dramatiques, se débarrassant-de leurs entraves, allaient se borner au métier de froids copistes et se contentaient de nous retracer les scènes triviales et décolorées que nous trouvons à chaque pas autour de nous ? Si l'exemple de l'auteur du Luxembourg allait faire autorité pour ses confrères, ces messieurs n'auraient bientôt besoin, pour composer une pièce, que d'une décoration, de quelques chaises et de quelques costumes, et nous pourrions espérer voir bientôt, entre quatre murailles, le Jardin Turc, lesThuileries, les Champs-Elysées, et même le bois de Boulogne. Cette nouvelle école dramatique pourrait bien alors exciter les réclamations de M. Pierre ; et, si effectivement on donne le prix à la perfection des machines et à l'imitation exacte de la nature, le spectacle pittoresque et mécanique aurait bien des titres pour l'emporter. Puisque j'en suis au chapitre de la décoration, j'observerai à l'auteur du; Luxembourg, qu'il aurait dû se montrer un peu plus difficile sur le choix de la sienne, et ne pas souffrir que l'on plaçât en dehors de la grille du jardin, des montagnes et des cascades que je ne me rappelle avoir jamais rencontrées ni dans la rue d'Enfer, ni dans celle de Vaugirard, Si je suis aussi exigeant sur les accessoires, c'est qu'il ne faut pas s'y tromper, les accessoires sont ici le principal, et je doute que des conversations décousues, des scènes sans liaison, une pièce sans esprit, sans intérêt et sans intrigue, eussent été écoutées avec autant de patience, si les spectateurs n'étaient pas parvenus à se faire une certaine illusion, et à se persuader, qu'ils respiraient un moment la fraîcheur sous les maronniers du Luxembourg.

Il n'est pas trop aisé de donner une idée du plan de l'auteur et l'on peut même douter raisonnablement qu'il en ait eu un. Il a mis sur la scène environ une douzaine de caricatures qui pendant plus d'une heure, ne quittent pas la place, et dont la conversation ne ressemble pas mal au jeu des propos interrompus. L'attention du spectateur se transporte alternativement d'un des côtés de la scène où plusieurs de ces originaux sont installés sur des chaises, à l'autre côté où le reste de la troupe occupe un banc de pierre. Il ne serait pas juste de juger toute la société du faubourg St.-Germain d'après ces figures grimacières, aussi ridicules par leurs discours que par leurs tournures, et l'on ne peut supposer que l'auteur ait eu l'intention de présenter un miroir aux habitans du quartier ; cependant les personnages qu'il a grouppés dans son tableau, pourraient le faire , et leur conversation n'est pas de nature à détruire ce soupçon. Il est vrai que pour flatter leur amour-propre il amène dans cette contrée, selon lui à peine connue du reste du monde et presque inhabitée, deux particuliers de la Chaussée-d'Antin, dont on critique impitoyablement la tournure et les mœurs ; ce dernier trait surtout n'est ni bien juste, ni bien délicat ; mais l'auteur n'a pas cru sans doute pouvoir se dispenser d'immoler ces deux victimes, en expiation des plaisanteries de toute espèce qu'il a fait pleuvoir sur le faubourg St.-Germain. Pour donner encore plus d'effet à son tableau, le peintre du Luxembourg s'est permis par un léger anachronisme de faire intervenir un certain monsieur Trente mille hommes fort connu jadis de l'ancienne société des Cracovistes, mais dont le nom était sans doute un mystère pour la plupart des habitués au théâtre. Je n'ai rien dit d'une petite intrigue d'amour qui se rattache tant bien que mal à ce canevas. Mais je ne puis passer le dénouement sous silence, Une querelle s'élève subitement au milieu des paisibles promeneurs du Luxembourg, et pour les mettre d'accord et se tirer d'affaire, l'auteur n'a rien trouvé de mieux que de faire battre la retraite. Chacun s'est retiré à ce signal respectable ; mais la vérité nous force de convenir, que, tandis qu'on battait le tambour sur la scène, on jouait d'un autre instrument dans le parterre. Les habitans du faubourg St.-Germain ont cependant prouvé dans cette occasion, qu'ils n'étaient pas gens à se fâcher pour de mauvaises plaisanteries ; ils ont applaudi, tant qu'ils l'ont pu faire honnêtement, et ne sont sortis de leur caractère qu'à la dernière extrémité ; on a même laissé quelques amis de l'auteur demander son nom, et , malgré le bruit et les sifflets, on croit avoir entendu proclamer M. Maurice.

Mémorial dramatique, cinquième année (1811), p. 104 :

[Le compte rendu insiste sur l'intrigue amoureuse qui figure bien dans la pièce, mais c'est au détriment du « tableau » qu'elle constitue : un dialogue entre tous les personnages de la pièce, qui permet de voir vivre le petit monde du jardin public (les dames, les anciens militaires, la loueuse de chaises, etc.).]

Le Luxembourg , comédie-tableau en un acte, par M. Charles Maurice. (14 mai.).

Un étudiant en médecine est amoureux d'une jeune fille qu'il voit souvent au Luxembourg ; il lui adresse des billets, auxquels on répond exactement et de la manière la plus encourageante ; mais au moment où il veut enfin s'expliquer verbalement avec elle, il reconnaît que cette Agnès n'est pas la personne qui a entretenu correspondance avec lui. C'était à la tante qu'il avait affaire, et à laquelle il avait fait une promesse de mariage. Cette tante s'amuse un instant à ses dépens, et finit par l'unir à ce qu'il aime.

Il y a dix-sept personnages parlans dans cette pièce, qui n'a eu qu'un faible succès.

Dans l’Odéon : histoire administrative, anecdotique et littéraire, de Paul Porel et Georges Monval, p. 246 :

Le 1er mai, le Houllah, comédie en trois actes et en prose de Dénouville, est sifflée ;

Même accueil, le 14, au Luxembourg, comédie en un acte et en prose de Charles Maurice. Ce tableau de genre, à dix-sept personnages, conçu et tracé en huit jours, fit applaudir le talent de Chazel. Alex. Duval dit qu'il aurait voulu avoir fait cette pièce.

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