Ildamor et Zuléma, ou L'Étendard du prophète, mélodrame en 3 actes, de Georges Duval, musique de E. Hus, 8 Vendémiaire an 14 [30 sept. 1805].

Théâtre des Jeunes Artistes.

Dans le Courrier des spectacles, n° 3171 du 8 Vendémiaire an 14 [30 sept. 1805], le titre de la pièce devient « Damon et Zeléma, ou l'Etendard du Prophète, mélodrame en 3 actes ». Même titre le lendemain. C'est le 10 vendémiaire an 14 [2 octobre 1805] que le titre sera donné correctement.

Sur la page de titre de la brochure, Pairs, chez Fages, 1805 :

Ildamor et Zuléma, ou, l'Étendard du prophête, mélodrame en trois actes, à grand spectacle, Par M. Georges Duval. Musique et mis en scène par M. Eugène Hus ; Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Jeunes Artistes, le 8 vendémiaire an 14.

Courrier des spectacles, n° 3173 du 10 vendémiaire an 14 [2 octobre 1805], p. 2 :

[Le critique prédit que la pièce, même avec ce titre pompeux, n'aura pas grand succès. Elle est l'œuvre d'un auteur de vaudeville, et le mélodrame, « ce genre bisarre et boursouflé », exige « un langage particulier et de fortes émotions », et non l'esprit du vaudevilliste. Bien qu'il soit « un auteur d’un rang plus élevé » que les habituels auteurs de mélodrame, Georges Duval ne maîtrise « ni ce faste d’expressions, ni ces échasses de sentimens, ni cet appareil de douleurs et de désolations qui produisent ordinairement tant d’effet » au mélodrame, et il n'a dû qu'à « la pompe des marches militaires, [au] bruit des combats et [à] l’éclat des décorations » d'échapper à l'échec. Même son indispensable niais n'a trouvé grâce aux yeux du public, et la représentation n'a pas été paisible. L'intrigue est simple à résumer : elle repose sur les habituels ressorts du mélodrame; rivalité amoureuse, emprisonnements, évasion, traître sans scrupules, évasion, condamnation à mort, et fin heureuse. Mal traité, ce sujet a eu peu de succès...]

Théâtre des Jeunes Artistes.

Ildamor et Zuléma, ou l'Etendard du Prophète.

Malgré la pompe de son titre, ce mélodrame n’aura pas le succès de la Muette de Sénés. Il n’est pas donné à tout le monde de réussir, même dans ce genre bisarre et boursouflé. C’est un spectacle populaire qui demande un langage particulier et de fortes émotions. Un auteur de vaudeville qui descend dans cette carrière, se trouve dans un monde inconnu ; ses couplets, ses bons-mots et son esprit ne lui servent à rien ; ce n’est qu’un feu d’artifice qui ne peut tenir contre les incendies de châteaux, les éruptions de volcans et les tremblemens de terre qui forment les incidens ordinaires, et constituent l’essence des mélodrames. S’il est vrai qu’Ildamor et Zuléma doivent leur naissance à un auteur d’un rang plus élevé que les poètes vulgaires des Boulevards, il ne faut plus être étonné qu’ils aient eu un si foible succès. On n'y trouve ni ce faste d’expressions, ni ces échasses de sentimens, ni cet appareil de douleurs et de désolations qui produisent ordinairement tant d’effet. Il a fallu, pour sauver un affront complet à l'Etendard du Prophète, toute la pompe des marches militaires, le bruit des combats et l’éclat des décorations. Le niais même n’a pu trouver grâce (car tout mélodrame doit avoir son niais), et la représentation a été de tems-en-tems troublée par quelques signes bruyans d’improbation.

Ildamor est un guerrier redoutable de l’armée des Maures. I1 s’est, par son courage, acquis tant de réputation, qu’lbrahim lui destine sa fille Zuléma ; mais Ildamor a pour rival le Gouverneur de Grenade, guerrier bien différent de lui, qui, n’osant se mesurer contre un adversaire tel qu’Ildamor, prend le parti de faire attenter à ses jours.

Ildamor, chargé de l’étendard du prophète, est trahi par Moctader, fait prisonnier et enfermé dans la forteresse de Grenade. Zuléma parvient à y pénétrer, fait sortir son amant et reste à sa place. Le Gouverneur la fait condamner à mort ; mais Ildamor se présente pour la défendre, triomphe de Moctader et du Gouverneur et épouse Zuléma.

Ce sujet, traité avec peu de talent, a obtenu peu de succès.