Jean Barth et Patoulet, opéra en un acte, paroles de Léger, musique de Jadin, le 30 nivose an 12 [21 janvier 1804].
Théâtre de l'Opéra Comique
Almanach des Muses 1805
Jean Barth prépare un armement contre les Anglais ; mais il se voit contrarié dans ses projets par l'intendant de la marine Patoulet, qui lui refuse de l'argent, et finit par lui donner l'ordre de suspendre son départ. Jean Barth va trouver Tourville, amiral qui, connaissant les obstacles qu'on lui oppose, a envoyé un courrier à la cour, et en a reçu pour Jean Barth le brevet de chef d'escadre. C'est avec ce titre que Jean Barth brave l'autorité de Patoulet, et poursuit son entreprise.
Pièce de circonstance. Demi-succès.
Courrier des spectacles, n° 2519 du 1er pluviôse an 12 (22 janvier 1804), p. 2 :
[Comme il y a un personnage historique dans la pièce, il faut bien partir de l’histoire : la pièce raconte « une de ces intrigues de courtisane dont Jean Bart a été victime. On retrouve comme dans la comédie Jean Bart jouée au Théâtre Montansier quelques mois auparavant un certain Patoulet qui, hostile au grand corsaire, fait tout pour l’empêcher de repartir en mer en agissant sur le nerf de toute guerre, l’argent. Mais il est trahi par son oncle qui lui soutire l’argent dont Jean Bart a besoin et le lui donne. Une dernière tentative d’obstruction de Patoulet est anéantie par le fait que le roi accorde à Jean Bart le titre de chef-d’escadre. Une telle intrigue n’offre guère d’intérêt, et seul le rôle de Jean Bart a été applaudi, malgré son infériorité par rapport au personnage « du capitaine Sabord dans le Petit Matelot », pourtant copié sur le caractère de Jean Bart. Des sifflets à la chute du rideau (la pièce a tout de même été achevée), mais pas de demande des auteurs. Les seuls moments où le public a manifesté son enthousiasme, c’est quand il a perçu des allusions à la situation contemporaine (la guerre contre les Anglais...).]
Théâtre Feydeau.
Premiere représentation de Jean-Bart et Patoulet.
On sait combien Jean-Bart eut à essuyer de désagrémens, et combien il fut desservi et contrarié dans ses opérations, sur-tout par l’intendant de la marine à Dunkerque Patoulet, qui parvint à surprendre par des rapports perfides et calomnieux la religion des ministres et de Louis XIV lui-même. C’est une de ces intrigues de courtisan que l’on s’est proposé de retracer dans l’opéra représenté hier.
Jean-Bart est revenu de course, et rentré à Dunkerque où il prépare un nouvel armement contre les Anglais. Il a besoin d’argent, mais toutes les bourses lui sont fermées. Il brûle néanmoins de repartir, et il ne lui faut que cent mille francs pour équiper son vaisseau. L’oncle de Patoulet tire adroitement des mains de son neveu cette somme, que celui-ci n’auroit jamais avancée, sur-tout à Jean-Bart, qu’il déteste, et la donne au brave marin en lui disant que c’est à l’intendant de la marine qu’il doit ce bienfait. Jean Bart adresse des remerciemens à Patoulet. Celui-ci, étonné et indigné de la ruse de son oncle, annonce à Jean-Bart qu'il a reçu l’ordre de suspendre son départ et l’équipement de son vaisseau. Jean Bart va trouver Tourville, amiral, qui dans ce moment se trouve à Dunkerque, et qui connoissant les indignes manœuvres des ennemis de ce héros, a envoyé en courrier à sa cour, et en a reçu pour Jean Bart le brevet de chef-d’escadre. C’est avec ce titre que Jean-Bart se présente devant Patoulet, qui est obligé de renoncer au projet qu’il avoit formé de l’arrêter dans sa brillante carrière.
Cet ouvrage a été avec peine jusqu’à la fin. Les sifflets même ont accompagné la chûte du rideau, et les auteurs, tant du poëme que de-la musique, n’ont pas été demandés. Le seul rôle qui ait été applaudi est celui de Jean-Bart ; il est bien tracé et bien joué ; mais l'intérêt-même de ce personnage étoit affaibli par la comparaison que l’on établissoit entre lui et celui du capitaine Sabord dans le Petit Matelot. Ce dernier a été calqué sur le caractère de Jean-Bart, et le nouveau Jean-Bart n’en a paru qu’une copie. Du reste on a saisi avec une espece d’enthousiasme les passages qui avoient trait aux circonstances ; ce qui prouve la bonté et l’unanimité de l’esprit public.
La Décade philosophique, littéraire et politique, douzième année de la République, IIe trimestre, n° 13, 10 pluviose, p. 242 :
Jean Bart et Patoulet.
Pièce de circonstance, mais assez médiocrement conçue : le rôle de Jean Bart trop secondaire et l'action peu intéressante ; mais beaucoup d'allusions toujours saisies avec enthousiasme. La pièce n'a point réussi.
L. C.
L'auteur du livret est François-Pierre-Auguste Léger, et le compositeur Louis Étienne Jadin.
(voir http://www.musicologie.org/Biographies/j/jadin_louis_emmanuel.html)
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