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Le Petit matelot, ou le Mariage impromptu

Le Petit matelot, opéra-comique (comédie en un acte et en prose, mêlée de chants, de Pigault-le-Brun, musique de Gaveaux. 7 nivôse an 4 [28 décembre 1795].

Théâtre de la rue Feydeau, ou des Comédiens françois

Almanach des Muses 1797.

Deux bonnes scènes, l'une entre les deux amans, l'autre entre les deux pères.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Huet, 1796 :

Le Petit Matelot, ou le Mariage impromptu, comédie en un acte et en prose, mêlée de chant ; par le citoyen Pigault-Lebrun, musique du citoyen Gavau ; Représentée pour la première fois, sur le théâtre de la rue Faydeau, le 7 nivôse, l'an quatrième de la république.

Le texte de la pièce est précédé d'une courte préface :

PRÉFACE.

Une préface à un Opéra ! Pourquoi non ? Celle-ci sera courte, et c'est du moins une qualité dans une préface.

Je n'entretiendrai le public ni de lui, ni de moi ; mais j'aime à dire ce que je pense, et j'avoue avec un plaisir vif et vrai, que je dois le succès de cette bagatelle aux talens et aux soins des artistes qui ont bien voulu la faire valoir. Tous s'y sont prêtés avec cette complaisance, cette amabilité si flatteuses pour un auteur, et dont un auteur seul peut connoître le prix.

Madame Verteuil, toujours vraie, et quelquefois inimitable, n'a pas dédaigné un rôle accessoire ; et je saisis avec empressement cette occasion de l'en remercier. Aucun genre n'est étranger au véritable talent, et le public a souri aux espiègleries de mon petit Sarpejeu, qui dès long-tems a l'heureuse habitude de lui arracher des larmes.

Je tire de ces observations une conséquence assez naturelle ; c'est que les arts ne sont pas perdus encore. C'est au petit nombre de spectateurs éclairés qu'il appartient d'en conserver, d'en ranimer le foyer, en encourageant des acteurs précieux qui ne s'occupent que le leurs plaisirs, et qui n'éprouvent pas toujours leur reconnoissance.

Geoffroy, Cours de littérature dramatique, tome V, seconde édition, 1825, p. 406-407 :

[Il s’agit d’un article paru le 17 brumaire an 11 [8 novembre 1802]. Le sujet de la pièce est jugé avec une certaine condescendance par un Geoffroy toujours acerbe : rien dans la pièce ne trouve grâce à ses yeux, rien n’y est conforme à ce qu’il attendait. Heureusement, « le dialogue est vif et ingénieux », ce qui lui semble suffisant pour l’Opéra-Comique. Le jugement porté sur la musque est lui aussi bien sévère : « quand on voit les musiciens prendre leurs instrumens, il faut s'apprêter à bâiller ». En mêlant reproches et compliments apparents, toute la musique de Gaveaux est mise à mal : s’il y a quelques morceaux agréables, il y a surtout « des airs de bravoure qui fatiguent tout à la fois le chanteur et l'auditeur », et des réminiscences nombreuses, que Geoffroy fait semblant de pardonner, parce qu’elles feraient revivre une musique oubliée, et (implicitement) éviterait d’entendre celle de Gaveaux. Car l’opéra-comique place le chant avant les paroles, si bien que « l'on est déjà étourdi du bruit, avant qu'on sache de quoi il est question ». La dernière phrase de l’article contient les mots « rompre la tête » et « vacarme ». Geoffroy ne semble guère aimer la musique.]

GAVEAUX.

LE PETIT MATELOT.

Le petit Matelot offre des scènes gracieuses et piquantes ; il y a un rôle de marin dont le caractère est plaisant, quoiqu'il ne soit pas neuf. Dans la comédie du Muet, qu'on ne joue jamais, on trouve un original de cette espèce, qui a beaucoup d'effet. Ces êtres ennemis de toute bienséance sociale, qui ont la franchise et la rudesse des sauvages, sont aussi curieux pour nous que les animaux venus des pays étrangers. Un corsaire, qui ne fait métier que de tuer et de piller, et qui au fond est un bonhomme, ne peut manquer d'être théâtral. Il est fort singulier qu'il offre si légèrement à des inconnus cet or pour lequel il expose tous les jours sa vie ; mais ne voyons-nous pas l'Arabe prodiguer dans sa tente tous les secours de l'hospitalité aux voyageurs, tandis qu'il vole et qu'il assassine ceux qu'il rencontre dans le désert ? Il est beaucoup plus extraordinaire qu'un petit mousse ait tant d'esprit, de politesse ; il n'y a point à cela d'excuse. On peut aussi regarder comme peu naturel le changement brusque qui se fait dans les mœurs du corsaire, et le dessein qu'il forme si subitement de renoncer à la mer ; mais le dialogue est vif et ingénieux, c'est assez pour l'Opéra-Comique.

L'intérêt de cette pièce nuit à la musique ; les scènes où l'on parle valent mieux que celles où l'on chante : quand on voit les musiciens prendre leurs instrumens, il faut s'apprêter à bâiller. Il y a cependant quelques morceaux agréables, et surtout le dernier, qui est bien adapté à la situation. Gaveaux a le mérite d'être simple et de composer de jolis airs ; mais ce mérite se remarque davantage dans la Piété filiale : il a voulu être trop musicien dans le petit Matelot; il a fait des airs de bravoure qui fatiguent tout à la fois le chanteur et l'auditeur : les airs de bravoure sont des contre-sens dans la musique théâtrale. On reproche à ce compositeur beaucoup de réminiscences : son tort, selon moi, est de laisser apercevoir ses larcins. Il était glorieux de voler à Lacédémone, pourvu qu'on ne fût pas pris sur le fait. Je voudrais que Gaveaux s'emparât de toute la bonne musique qui n'est connue de personne ; nous jouirions de ses réminiscences, sans pouvoir les lui reprocher. Combien n'y a-t-il pas, en ce genre, de trésors enfouis dont on n'entendra jamais parler ! Ceux qui seraient assez heureux pour les déterrer, assez habiles pour en sentir le prix, seraient riches à jamais : mais nos compositeurs se piquent d'honneur et de probité ; ils ne veulent nous donner que ce qui leur appartient : ils ont de la conscience aux dépens de nos oreilles. Le petit Matelot a un défaut très-ordinaire aux nouveaux opéras comiques : on y chante avant de parler ; la musique précède l'explication du sujet, et l'on est déjà étourdi du bruit, avant qu'on sache de quoi il est question. Les plus funestes musiciens sont ceux qui ouvrent la scène par un chœur, et qui commencent à nous rompre la tête, sans qu'on puisse deviner l'objet d'un tel vacarme. (17 brumaire an 11.)

Félix Clément, Pierre Larousse, Dictionnaire lyrique ou histoire des opéras, p. 527 :

[Autre compte rendu, peu favorable lui aussi à la musique de Gaveaux, accusé d’avoir voulu se hisser à un niveau qui n’est pas le sien. Sa musique, c’est de la musiquette.]

PETIT MATELOT (le) ou LE MARIAGE IMPROMPTU, opera-comique en un acte, paroles de Pigault-Lebrun, musique de Gaveaux, représenté à Feydeau le 7 janvier 1796. La pièce semble avoir été faite pour Mme Scio, qui dans le rôle du petit matelot Fulbert, âgé de seize ans, a obtenu beaucoup de succès. Quoique presque tous les personnages de cet opéra soient des adolescents, il n'en paraît pas moins vieillot. La prétention qu'a eu Gaveaux de faire de la musique descriptive dépassait de beaucoup ses moyens. Sa tempête est rendue d'une façon puérile ; le rôle du capitaine Sabord est manqué. Nous ne trouvons à mentionner que le duo des deux sœurs, le quinque : On est vraiment heureux à table, les couplets du tabac chantés par Mme Scio, qui allumait une pipe et fumait sur le théâtre, à la grande satisfaction des goujats de ce temps (la race n'en est pas éteinte) et l'ariette du petit matelot, qui vaut beaucoup mieux :

Adieu vergue, artimon, hunier ;
Adieu trop ingrate victoire.
Ma maîtresse vaut bien la gloire.
Le bonheur vaut bien un laurier.

A des vers de cette trempe, la musiquette de Gaveaux pouvait suffire. Distribution : le père Thomas, Juliet ; la mère Thomas, Mme Verteuil ; Cécile, quatorze ans, Melle Rolandeau ; Lise, seize ans, Mlle Rosine ; Bazile, Duvernoy ; Sabord, Résicour ; Fulbert, fils de Sabord, seize ans, Mme Scio.

D'après la base César, la pièce a été jouée 84 fois du 18 décembre 1795 au 27 octobre 1799, essentiellement au théâtre Feydeau.

Dans leur Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, Nicole Wild et David Charlton donnent comme date de création le 7 janvier 1796, avec entrée au répertoire de l'Opéra-Comique le 8 octobre 1801. Il a été joué jusqu'en 1824.

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