Jules, ou le Toit paternel

Jules, ou le Toit paternel, mélodrame en trois actes, de René Périn et B. de Rougemont. 23 juin 1806.

Théâtre de la Gaîté.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Maldan, 1806 :

Jules, ou le Toit paternel, mélodrame, en trois actes, Par MM. René Périn et B. de Rougemont. Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la Gaîté, le Lundi 23 Juin 1806.

Courrier des spectacles, n° 3426 du 25 juin 1806, p. 3-4 :

[La pièce est inspirée d’un roman de Ducray Duminil, prolifique romancier dont les intrigues toujours morales sont propices à la création d’un mélodrame. Le critique en donne deux exemples qui ont rencontré un vif succès sur le Boulevard, et promet un bel avenir à Jules, qui a été bien accueilli, notamment par la qualité de ses décors : il « est monté avec soin ». L’intrigue raconte l’histoire d’une famille troublée par les frasques d’un jeune homme mal entouré et que son mentor voudrait bien faire déshériter à son profit. C’est le grand père qui réussit à démasquer le mauvais conseiller et à ramener la paix entre la mère et son fils. Le jugement porté sur la pièce est prudent : sa vraisemblance est sujette à caution, et le critique préfère renoncer à une analyse qui ne pourrait pas être complète, en raison de la complexité de l'intrigue, riche en détails « en général bien amenés et intéressans ». Les auteurs sont simplement cités.]

Théâtre de la Gaîté.

Jules, ou le Toit paternel.

La plupart des romans sortis de la plume de M. Ducray Duminil ont eu l’avantage d’être mis en action aux Boulevards, et de fournir beaucoup de mélodrames ; Cœlina, la Femme à deux Maris, comptent deux ou trois cents représentations ; Jules, imité du dernier roman de cet écrivain, doit aussi en avoir un grand nombre. L’intérêt y est soutenu ; l’action marche rapidement, et plusieurs situations dramatiques assurent aux trois actes une réussite complette. Tous les moyens ne sont pas également vraisemblables ; mais aux Boulevards, il faut, pour être applaudi, plutôt frapper fort que frapper juste ; aussi, dans ce sens, chacun des actes du nouveau mélodrame a-t-il obtenu l’approbation du public nombreux qui s’étoit réuni pour le voir. Le second acte présente une décoration très-pittoresque, c’est un paysage coupé par une rivière, qui produit un très-bel effet. Les montagnes dont elle arrose le pied, offrent une perspective lointaine et très-agréable à l'œil, L’ouvrage est monté avec soin ; en voici le sujet :

Jules de Berny, petit fils de M. Evrard, a été confié jeune encore à un faux ami pour qui ce vieillard a une prédilection particulière. Tous deux ont couru le inonde ; mais Jules entraîné par la fougue de l’âge et par des séductions perfides, a quitté le sentier de la vertu, et s’est jeté dans celui du vice Chargé de la malédiction de ses parens, il n’ose revoir le toit paternel. M. Evrard disparoit, fait répandre à dessein le bruit, de sa mort, et vient, sous un nom supposé, acheter une propriété dans une campagne éloignée. Adalbert, c’est le nom du Mentor de Jules, apprend la mort de M. Evrard ; et comme le codicile le déclare légataire universel, si Jules s’'est rendu, par sa mauvaise conduite indigne de succéder aux grands biens de sa fa mille, il arrive pour revendiquer la succession et dépouiller l’héritier légitime ; mais partout il rencontre des obstacles à ses projets ; tantôt c’est Jules lui-même qu’il cherche à éloigner pour jamais des lieux où habite sa mère, où a été enseveli son père, et où tout lui rappelle la malédiction dont il a été frappé, tantôt c’est un fidèle serviteur qui confond ses impostures par sa franchise. Enfin c’est l’apparition de M Evrard lui-même, qui semble sortir du tombeau pour renverser toutes les espérances, et qui se découvrant à la mère de Jules, la réconcilie avec un fils dont sa rigueur pouvoit causer le désespoir et la perte.

Une simple analyse ne peut contenir tous les détails d’une pièce longue et compliquée ; ils sont en général bien amenés et intéressans. Les auteurs sont MM. Rougemont et René Perrin.