Créer un site internet

La Laitière polonaise, ou le Coupable par amour

La Laitière polonaise, ou le Coupable par amour, pantomime en trois actes, de Curmer, musique de Rochefort, 4 ventôse an 6 [22 février 1798].

Théâtre de la Cité.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1798 – an 6 :

La Laitière polonaise, ou le Coupable par amour, pantomime en trois actes. Musique du citoyen Rochefort. Représentée, pour la première fois, sur le théâtre de la Cité-Variétés, le 4 Ventose, an 6.

Soit le 22 février 1798.

Courrier des spectacles, n° 367 du 5 ventôse an 6 [23 février 1798], p. 3-4 :

[Le compte rendu de la Laitière polonaise, qui a connu un beau succès, consiste essentiellement dans le résumé d'une intrigue très compliquée, avec tous les éléments nécessaires dans une pantomime : histoire d'amour contrarié, opposition du bon et du mauvais soupirant, le méchant soupirant étant accompagné d'un domestique démoniaque, incendie de la chaumière de la malheureuse héroïne qui est enfermée dans le château du méchant soupirant, multiples combats (même l'héroïne fait le coup de feu, et avec efficacité), rebondissements, le gentil soupirant échappant de peu à la mort, jusqu'à l'ultime combat singulier qui voit la mort du méchant, permettant le mariage des deux amants. Après tous ces incidens, le critique n'a plus qu'à souligner la qualité des décors, dont celui du troisième acte est très remarqué, de l'ensemble dans l'exécution, du jeu des acteurs. Et le caractère profondément moral de la pièce est une de ses grandes qualités, puisqu'elle montre « le châtiment d'une passion criminelle, et la récompense de l'amour vertueux ».]

Théatre de la Cité,

La première représentation de la Laitière polonaise, pantomime en 3 actes, donnée hier sur ce théâtre, y avoit attiré une affluence considérable de spectateurs. Cette pièce a répondu à l’attente du public, et a reçu les applaudissemens mérités.

Laurette, jeune paysanne, occupe près du château de Pevaski, seigneur polonois, une cabane, d’où elle va chaque jour vendre son lait à la ville. Rogantzi, fils de Pevaski, n’a pu la voir sans l’aimer éperduement ; mais elle a donné son cœur à Pierre ; Rogantzi fait placer une boëte renfermant une lettre et des bijoux près de la porte de la cabane. Francoz, son domestique, qui a ordre de la surveiller, s’endort bientôt auprès d’un feu qu’il a allumé, et Pierre profite de son sommeil pour ouvrir la boëte, et y insérer un billet pour Laurette en place de la lettre de Rogantzi. Des brigands rodent autour de la cabane ; ils voient Francoz endormi, lui volent son manteau, et s’introduisent dans la chaumière. Cependant Laurette en sortoit, un pot au lait sur l’épaule : elle ramasse la boëte, lit et baise le billet ; Francoz réveillé croit que c’est la lettre de son maître, va le chercher. Quel est l’étonnement de ce dernier en voyant les deux amans ensemble, et Laurette jeter avec mépris les bijoux que Pierre lui déclare venir de Rogantzi. Furieux, il veut se venger ; mais il se contient, et après leur départ il ordonne à son domestique de livrer la cabane aux flammes. Les brigands qui y sont s’échappent par la fenêtre. Rogantzi en tue un et poursuit les autres.

Laurette a vendu son lait, elle suppute ses profits ; mais ses yeux voient l'incendie de sa chaumière, elle tombe évanouie. Pierre qui accourt, partage bientôt sa douleur, à la rue des décombres enflammés ; il ne respire plus que fureur, que vengeance contre l’auteur de ses maux. Il appelle ses compagnons, et les engage à le seconder.

Cependant le seigneur Pevaski traverse ces lieux en chassant. Pierre et Laurette se jettent à ses pieds et implorent sa protection contre son fils. Rogantzi qui survient feint le repentir, embrasse son père qui lui pardonne ; et malgré la rage qui l'étouffe, le fourbe témoigne à Pierre le désir de se réconcilier  ; mais à peine Pevaski est-il parti, qu’il menace et attaque Pierre qui se saisit d’une hache et combat ainsi à armes inégales. Bientôt sur un signe du domestique de Rogantzi, il lui arrache son sabre, et après une belle résistance, .il est sur-le-point de sucomber. Laurette se jette aux genoux de Rogantzi. Celui-ci la fait enlever par Francoz, et conduire à son château, tandis qu’il abandonne Pierre, lié à un arbre. Les brigans de retour, le voient dans cette position ; mais la soif du butin les entraîne encore dans la chaumière. Pierre en ce moment se lève jusqu’à un cor qui est suspendu à une branche, et au son connu, les paysans accourent, le délivrent, et ils marchent contre Rogantzi.

D’un autre côté Francoz conduit au château la pauvre Laurette. La pitié l’emporte, il lui rend la librté. Elle a fui, lorsque Rogantzi arrive. Son domestique lui avoue qu’elle a pris la fuite. Rogantzi fait sortir ses soldats de la forteresse, et les envoie sur les traces de Laurette. Des écumeurs de mer prennent terre au pied du château ; trois attaquent Rogantzi ; Pierre accourt et le délivre. Honteux de devoir la vie à son rival, il feint un retour sincère, lui dit que Laurette est dans son château, et l’invite à y passer lui-même. Pierre sans défiance y consent ; mais à peine est-il entré, que le pont-levis se lève, et Pierre est prisonnier. Les paysans arrivent : dispositions pour l’assaut.

En vain Pevaski cherche-t-il à éloigner le malheur qui menace son fils, on va attaquer : Tout-à-coup Francoz sort par une porte dérobée, et fait signe de le suivre. Il introduit les paysans par ce chemin, tandis que d’autres cherchent à forcer la grande entrée. Laurette est à leur tête, Laurette, armée de deux pistolets, veut sauver son amant qui n’a plus qu’un instant à vivre, si elle ne se livre à son ennemi. Les paysans ont l’avantage ; mais deux soldats sont prêts à massacrer Francoz, Laurette les tue de deux coups de pistolets. Bientôt un combat singulier s'engage entre Pierre et son rival qui reçoit le coup mortel. Son père accourt, et est témoin de sa mort et de ses regrets, Rogantzi. veut que Pevaski regarde les deux amans comme ses enfans ; et lui-même les unit eu expirant.

Tel est le sujet de cette pantomime, qui offre au spectateur des décorations d’un goût achevé. Le troisième acte sur-tout, qui présente la mer venant se briser au pied d’une tour, et formant une espèce de petit port sous le pont-levis, a excité les plus vifs applaudissemens. Le public a été fort satisfait de l’ensemble qui a régné dans l’exécution, du jeu des acteurs, et sur-tout du bon caractère de cette pièce, qui offre du spectacle et point de merveilleux, et qui a en outre un but fort moral, puisque c’est le châtiment d’une passion criminelle, et la récompense de l’amour vertueux.

L.-Henry Lecomte, Histoire des Théâtres de Paris , le Théâtre de la Cité 1792-1807 (Paris 1910), p. 156-157 :

[Même Louis-Henry Lecomte a du mal à démêler les fils de l'intrigue.]

4 ventôse (22 février) : La Laitière polonaise, ou le Coupable par amour, pantomime en 3 actes, par Curmer, musique de Rochefort.

Pevaski

CC.   

Guibert.

Rogantzi

 

Tautin.

Pierre

 

Lafitte.

Francoz

 

Gougibus.

Un vieillard

 

Barotteau.

Laurette

Cne   

Julie Pariset.

Pevaski, seigneur polonais, a l'âme généreuse et haute ; son fils Rogantzi, au contraire, est l'esclave des plus viles passions. Pevaski secourt la jeune laitière Laurette ; celle-ci étant jolie, Rogantzi, qui accompagne son père, tombe aussitôt amoureux d'elle. Laurette doit épouser le paysan Pierre ; sans s'arrêter à ce détail, Rogantzi envoie à la fillette, par son valet Francoz, une lettre et des bijoux qu'elle rejette avec indignation. Rogantzi, furieux, fait livrer aux flammes la chaumière de celle qui lui résiste. Pierre, pour la venger, demande l'aide des villageois ses amis, et tous promettent de le seconder. Pevaski, dont ils implorent la justice, blâme énergiquement son fils et lui enjoint de mieux agir ; mais, à peine s'est-il retiré, que Rogantzi couronne son œuvre en faisant enlever Laurette. Francoz n'a qu'à regret servi les projets de son maître, il donne à la laitière le moyen de s'enfuir. Pierre, qui la croit encore captive, vient avec ses amis assiéger le château du ravisseur ; il voit des brigands attaquer son rival et lui porte généreusement secours, mais, loin d'être attendri par ce trait, Rogantzi attire par ruse le paysan dans la forteresse et l'y retient prisonnier. Pevaski, survenant, se voit lui-même refuser l'entrée du château par son fils qui déclare que, si dans une heure Laurette ne lui est rendue, Pierre mourra. Ces mots excitent la colère des villageois, que Pevaski autorise à châtier le coupable. Ils pénètrent dans le château par une porte qu'ouvre Francoz et culbutent la garnison. Dans un duel avec Pierre, Rogantzi reçoit un coup mortel ; il se repent alors, prie son père de réparer le mal fait par lui, et expire sous les yeux des amants qu'un mariage unira bientôt.

Donnée intéressante, conduite avec adresse, et qui fut payée de bravos.

Ajouter un commentaire

Anti-spam