La Laitière, comédie-anecdote en un acte, en prose, mêlée de vaudevilles, de Charles Henrion, 15 avril 1806.
Théâtre des Jeunes Artistes.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Madame Cavanagh, 1806 :
La Laitière, comédie, anecdote en un acte, en prose, mêlée de vaudevilles ; Par M. Henrion, L'un des auteurs de Drelindindin, Manon la Ravaudeuse, &c. Représentée pour la première fois à Paris, sur le théâtre des jeunes Artistes, le 15 Avril 1806.
La liste des personnages :
PERSONNAGES.
HORTANCE, Bijoutière à Paris.
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Mlle. Dujaset.
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JUSTIN, jeune homme bien né, son ouvrier.
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Mr. Brouillon.
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GENEVIÊVE, laitière.
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Mlle. Petit.
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MATHURINE, sa mere.
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Mlle. Bardoux.
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NICODÊME, son prétendu.
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M. Basnage.
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GEORGES, mauvais sujet.
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M. Perrot.
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La Scène se passe à Paris.
Courrier des spectacles, n° 3359 du 17 avril 1806, p. 2-3 :
[L'article commence par évoquer le renouveau du théâtre des Nouveaux Troubadours, qui a choisi de constituer une troupe de vraiment jeunes artistes et de jouer « la comédie, le vaudeville, de petits opéras », et non plus des mélodrames trop exigeants pour des artistes enfants. Mais le public n'a pas été au rendez-vous, il était peu nombreux, mais plein d'enthousiasme : il a applaudi la pièce et a demandé l'auteur, qui a été nommé mais n'a pas paru. De la représentation d'inauguration, le critique retient surtout la Laitière, seule pièce nouvelle dont le critique tente de résumé l'intrigue qu'il n'est pas facile de comprendre à partir de ce qu'il en a retenu. Il s'agit pourtant d'une intrigue amoureuse entre l'ouvrier de madame Hortance et une laitière, Justin l'ouvrier se posant en rival finalement heureux du prétendu officiel. Cette intrigue se greffe sur une affaire de vol de bijoux, dont le critique suggère qu'elle serait destinée à donner un sens moral à la pièce.
L'article parle ensuite d'une autre pièce jouée ce même soir, Fanchon toute seule datant d e1803 et dont le principal intérêt est la présence d'une danseuse de six ans, la petite Hullin, dont le critique dit le plus grand bien avant de s'inquiéter des risque que cette enfant court à faire de tels efforts. Et quelques lignes enfin sont consacrées à dire le plus grand bien de la nouvelle décoration de la salle, qui devrait retrouver tout son lustre.]
Théâtre des Jeunes Artistes.
Ce petit théâtre vient d’ouvrir sous une nouvelle direction, qui a voulu justifier son titre en y rassemblant une troupe de jeunes élèves. On n'y verra point, à ce qu’il paroît, comme dans l’ancienne troupe, de jeunes artistes de quarante à cinquante ans, On n’y jouera point non plus ces pièces à fracas, ces mélodrames bruyans, qui exigent une vigueur de temperamment qui s'associe mal avec la foiblesse de l’enfance. La comédie, le vaudeville, de petits opéras formeront le répertoire de ce théâtre. Ce plan est bon, et s’il est bien exécuté, les nouveaux directeurs doivent obtenir des succès. Cependant l’ouverture ne s'est pas faite sous des auspices heureux. On comptait peu de spectateurs, et la curiosité qui grossit ordinairement la foule, ces sortes de jours, n’a pas produit son effet. I1 est vrai que le choix des pièces n’avoit rien de remarquable. La Laitière seule étoit une nouveauté. C’est un petit vaudeville, sans prétention, comme il est aussi sans plan et sans liaison. Des scènes bien ou mal amenées, des couplets maniérés, de froids madrigaux, voilà ce qui le compose. Cependant l’auteur n’a pas eu à se plaindre du public. Les applaudissemens et les bravo ont été prodigués à sa -pièce avec une extraordinaire profusion. Les cris redoublés : L’auteur, qu’il paroisse, l’ont poursuivi avec obstination jusqu’après la chûte du rideau. Mais sa modestie a été supérieure encore à l’enthousiasme du parterre, et M. Henrion, après avoir consenti à se laisser nommer, n’a point voulu essuyer en personne la salve d’applaudissemens que ses amis lui préparoient. M. Henrion convient lui-même qu’il n’attache quelque prix à ses productions qu’autant qu’elles présentent une moralité ; est-ce pour donner ce mérite à la pièce nouvelle qu’il y a introduit un voleur, lequel vient escroquer trois croix à la Jeannette chez une jolie bijoutière ?
Le frippon disparoît, et la bijoutière fait retenir aussitôt une voiture qu’il a prétendu lui appartenir. Cette voiture est celle d'une laitière, voisine aimée par Justin, ouvrier en bijouterie. On doit ici s’attendre à des entrevues amoureuses, qui ont lieu en effet ; mais elles sont troublées par un imbécille nommé Nicodême ; enfin elle se terminent par le mariage de Justin et de son amant. Des couplets sur la cruche de la Laitière terminent le vaudeville. Dans le dernier, adressé par l’auteur au public, M. Henrion prie les spectateurs de ne pas dire :
L'auteur ne raisonne pas mieux
Que la cruche de sa laitière.
Cette nouveauté avoit été précédée d’une petite pièce intitulée : Fanchon toute seule. Elle ne mériteroit pas une mention particulière, si elle n’avoit présenté une de ces curiosités que les succès de la petite Hulin à l’Opéra ont mis à la mode, et que l’on aime à applaudir depuis quelque tems sur les grands, comme sur les petits théâtres. Une petite fille, qui paroît à peine âgée de six ans, a joué toute seule ce vaudeville , qui n’est qu’un long monologue semé de couplets et d'airs quelquefois difficiles. Cette jeune élève est étonnante pour l'aisance, la grâce. Elle chante agréablement , mais on ne peut se dissimuler qu’il ne soit contraire aux développemens des moyens d’un âge si tendre de le fatiguer par des efforts extraordinaires.
La salle des Jeunes Artistes a été restaurée ; Les peintures et les décorations sont du meilleur goût. Avec du zèle et des nouveautés, ce théâtre pourra reprendre quelque faveur et glaner encore fructueusement après les moissons abondantes de ses voisins mélodramatistes.
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