La Ligue des femmes, ou le Roman de la Rose, vaudeville en un acte de Chazet et Ourry, 18 avril 1807.
Théâtre du Vaudeville.
Almanach des Muses 1808.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Madame Masson, 1807 :
La Ligue des femmes, ou le roman de la rose, comédie anecdotique, En un acte, en prose ; mêlée de Vaudevilles ; Par MM. Chazet et Ourry. Représentée sur le Théâtre du Vaudeville, le 18 avril 1807.
Courrier des spectacles, n° 3720 du 19 avril 1807, p.2 :
[Pour une fois, le théâtre du Vaudeville n’était pas vide, le public étant curieux de voir comment on pouvait mettre au théâtre l’anecdote connue de tous, mais un peu scabreuse dont Clopinet, alias Jean de Meun, est le héros : il a porté atteinte à la dignité de femmes, et elles ont décidé de se venger de cet affront, mais il a l’habileté de rendre leur verdict inapplicable : aucune ne veut reconnaître qu’elle est la moins vertueuse. Le sujet est bien sûr scabreux, et les auteurs ont su tourner la difficulté en recourant aux ressources de la rhétorique (la tapinose, figure de rhétorique proche de l’euphémisme, a pour effet d’adoucir les propos trop audacieux). Difficile de tirer grand chose d’un tel sujet : « l’intrigue est un peu froide ; la marche de l’ouvrage un peu lente », mais la pièce est sauvée par les moyens usuels : « de jolis couplets, des mots heureux et des scènes agréables », et la pièce est sauvée, et les auteurs nommés. »]
Théâtre du Vaudeville.
La Ligue des Femmes, ou le Roman de la Rose.
Ce Théâtre, si désert depuis quelque tems, s’est repeuplé hier en honneur de la pièce nouvelle. On a voulu voir si le succès d’une Ligue de femmes seroit plus brillant que celui des coalitions martiales, si malheureuses depuis quinze ans. Tout le monde connoît l’aventure du célèbre Clopinel, continuateur du roman de la Rose ; il aimoit la satyre, et se plaisoit à aiguiser contre le beau sexe les traits de l’épigamme. Deux vers de lui sont très-célèbres. La pensée en est un peu libre, et l’expression plus libre encore que la pensée. Le poëte disoit en son vieux langage :
. . . . . . .Toutes p—tes
Etes, serez, ou fûtes.
Les dames se fâchèrent et résolurent de se venger. Plusieurs d’elles trouvèrent Clopinel dans un lieu écarté ; elles l’enveloppèrent, et l’on décida que Clopinel payeroit de toute autre chose que de sa tête, l’injure faites au beau sexe. Les verges étaient prêtes, lorsque Clopinel, sans se troubler, dit aux belles dames : Je me soumets à la peine que vous prétendez m’infliger, mais je demande que ce soit la plus p... d’entre vous qui frappe le premier coup. Les dames s’offrirent successivement l'instrument du supplice ; aucune ne voulut l’accepter. Clopinel en fut quitte pour la peur.
Mettre en scène cette anecdote, c’étoit une chose chatouilleuse. Les acteurs s’en sont tirés en gens d’esprit. Les figures de rhétorique sont dans ce cas d’une ressource merveilleuse. Parmi elles il en est une qu’on appelle la Tapinose. Son objet est d’adoucir les choses, d’affoiblir les couleurs trop fortes. On a donc substitué un mot honnête à un mot qui ne l’étoit pas ; et Clopinel, pour parler poliment, n’a parlé que de coquetterie. On a aussi étendu un voile officieux sur la nature de la correction, et à l’aide des figures et des périphrases tout s’est passé très décemment.
Il étoit difficile de tirer un parti bien avantageux de ce sujet un peu stérile. Les auteurs l’ont néanmoins brodé avec intelligence ; l’intrigue est un peu froide ; la marche de l’ouvrage un peu lente ; mais de jolis couplets, des mots heureux et des scènes agréables ont racheté ces defauts. Les auteurs sont MM Chazet et Ourry»
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts ; année 1807, tome III, p. 406-407 :
La Ligue des Femmes, ou le Roman de la Rose.
Jean de Meun, surnommé Clopinel, parce qu'il étoit boîteux, fut, comme on sait, le continuateur du Roman de la Rose, commencé par Guillaume de Loris. On connoît l'aventure dont il fut le héros : il avoit fait sur les dames de la Cour une épigramme sanglante :
Toutes êtes, serez ou fûtes
De fait ou de volonté p....
On résolut de se venger, et l'on saisit Clopinel, qui fut enfermé dans une chambre où il ne pouvoit se défendre contre la quantité de femmes qui l'entouroit. Chacune d'elle tenoit déjà sa pantoufle, et il alloit recevoir la punition que redoutent tant les petits écoliers, lorsque le rusé Clopinel s'avisa de dire : « Mesdames, que celle d'entre vous qui se croit le plus offensée de mes vers, me donne le premier coup.» Aucune ne voulut frapper la première, toutes remettoient à leur pied la pantoufle, qui avoit pensé lui être si fatale, et il s'en tira pour cette fois.
Les auteurs ont fondé leur pièce sur cette historiette un peu scandaleuse ; ils ont fait l'épigramme avec le mot coquette, dont les femmes ne devroient pas tant se fâcher. Quant à la punition, il n'est question que de tenir assemblée pour la décider. Le roman de la pièce roule sur l'amour de Jean de Meun pour la fille d'une dame que l'on croyoit moins coquette que toutes les autres, et qui a été secrétement mariée à Guillaume de Loris. On découvre que ce poète l'a léguée à Jean de Meun, ainsi que son Roman de la Rose, et la Ligue des Femmes ne tourne point contre le satyrique. Cette pièce est un peu froide : on y a remarqué quelques couplets. Elle est de MM. Ourry et Chazet.
La Revue philosophique, littéraire et politique, an 1807, IIe trimestre, n° 13, 1er mai 1807, p. 244 :
Théâtre du Vaudeville.
La Ligue des Femmes, ou le Roman de la Rose.
Jean de Mehun, continuateur du roman de la Rose, de Guillaume de Lorris, est le héros de cette petite pièce. Les auteurs ont mis en scène une cour d'amour devant laquelle ce malin romancier, est traduit pour quelques épigrammes qu'il a lancées contre le beau sexe. Il s'y défend en homme d'esprit. Il demande que la plus coquette soit celle qui prononce son arrêt, et nulle ne veut s'en charger : de plus il a le secret de tous ses juges, et par ce moyen vient à bout d'obtenir sa grâce. Cette jolie bluette est très-agréablement conduite. Ce n'est à proprement parler qu'une scène, mais elle a du coloris et de la fraîcheur ; les couplets en sont agréables et spirituels. C'est l'ouvrage de MM. Ourri et Chazet.
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