Lamothe Houdard [à la Trappe]

Lamothe Houdard [à la Trappe], comédie en vaudevilles en un acte, par les cit. Auger et.... [Piis], 12 nivôse an 8 (2 janvier 1800).

Théâtre des Troubadours.

[Le titre est parfois amputé de « à la Trappe ».]

Titre :

Lamothe Houdard à la Trappe

Genre

comédie avec des vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

12 nivôse an VIII (2 janvier 1800)

Théâtre :

Théâtre des Troubadours

Auteur(s) des paroles :

Auger et Piis

Almanach des Muses 1801

Lamothe donne une pièce aux Italiens ; c'est son début ; elle tombe. Il veut se retirer à la Trappe. Arrivé au couvent, le supérieur lui donne pour l'instruire de ses devoirs le P. Anselme, qui, loin d'engager le jeune poète à prendre l'habit, lui déclare que lui-même serait très-heureux de le quitter. Lamothe persiste, et cependant pense à ses amis et sur-tout à Julie sa maîtresse ; puis, tout-à-coup, en songeant à sa situation, il y trouve le sujet d'une comédie intitulée la Matrone, qu'il va écrire chez le portier pour ne pas être importuné. Julie arrive au couvent, déguisée en homme, et apprend que son amant s'y est enfermé. Fontenelle et Campra, liés étroitement avec Lamothe, y viennent aussi, et retrouvent leur ami qui na pas plutôt reconnu Julie, qu'il a renoncé au projet de se faire moine. Le supérieur, à qui l'on dit qu'une femme s'est introduite dans le couvent à la faveur d'un déguisement, ordonne au portier de la renvoyer. Le P. Anselme prend alors les habits de femme de Julie ; et le portier, qui ne le reconnaît point, lui ouvre la porte, et favorise sa fuite.

De jolis couplets ; quelques invraisemblances.

Courrier des spectacles, n° 1035 du 13 nivôse an 8 [3 janvier 1800], p. 3 :

[Après un bref rappel du séjour à la Trappe que le dépit a dicté à Lamothe-Houdard, présenté comme un « fait historique », c’est l’intrigue du vaudeville qui en a été tiré que le critique raconte. Un vrai vaudeville, bien invraisemblable, avec travestissements (de femme en homme, d’homme en femme), qui finit par la fuite spectaculaire de Lamothe, mais aussi du père Anselme, bien loin des rigueurs du cloître. La pièce avait tout pour réussir : ses couplets sont « semés de traits neufs et piquans », et leur interprète les chante « avec infiniment de goût ». Mais la fin abonde en longeurs, trivialités, voire licences qui ont provoqué « quelques marques d’improbation ». Mais on a demandé les auteurs, un des deux s’est fait nommer. L’autre reste anonyme (mais le Catalogue général des oeuvres dramatiques et lyriques de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, p. 197, attribue une demi-part à Piis, qui pourrait bien être le second auteur.]

Théâtre des Troubadours.

Lamothe Houdart si célèbre dans le siècle der nier par ses poésies et sur-tout par ses disputes littéraires, avoit donné aux Italiens, en i6q3 , une comédie, ou plutôt une farce intitulée les Originaux , ou l’Italien, c’étoit son début. Il fut sifflé. De dépit il alla se jetter dans le couvent de la Trappe. Le supérieur, M. de Rancé , le détourna de son projet, auquel il n’avoit pas assez mûrement réfléchi, et qui n’étoit que l’effet d’une disgrâce passagère.

Tel est le fait historique qui a fourni à deux auteurs Lamothe Houdart à la Trappe, vaudeville donné hier avec succès sur ce théâtre.

Lamothe arrive au couvent, le Père supérieur lui envoye pour l’instruire de ses devoirs le Père Anselrne, bon vivant, qui loin d’engager le jeune poëte à prendre l’habit, lui déclare qu’il ne forme qu’un vœu, celui de sortir de cette prison. Lamothe persiste et cependant il pense à son amante, à Julie et à ses amis ; mais tout-à-coup l’idée de sa situation présente, lui fournit le sujet d’une comédie intitulée la Matrone, et pour y travailler sans être importuné, il entre chez le portier.

Julie arrive au couvent sous les habits d’homme et apprend que son amant y est aussi, d’après les informations qu’elle prend auprès du portier. Fontenelle et Campra, amis de Lamothe, s’y rendent pareillement, et bientôt ils retrouvent l’objet de leurs recherches, qui reconnoît Julie, et abjure le dessein de renoncer à la Société. Le Père Supérieur qui sait qu’une femme s’est introduite au couvent, ordonne au portier de la renvoyer. Le Père Anselme revêt les habits de femme de Julie, et le portier qui le prend pour une femme, lui ouvre la porte par laquelle il fuit précipita minent.

Beaucoup de jolis couplets semés de traits neufs et piquans, la plupart chantés avec infiniment de goût par le cit. Frédéric, assuraient un succès entier à ce vaudeville, mais vers la fin, des longueurs, des trivialités, disons même quelques licences, sur-tout dans le rôle du Père Anselme, rôle qui est un peu hors de la vraisemblance, ont eu quelques marques d’improbations. Moyennant de légères coupures, ce vaudeville fera le plus grand plaisir. Il est du cit. Auger et d’un auteur déjà connu qui veut garder l’anonyme.

G * * *

Courrier des spectacles, n° 1036 du 14 nivôse an 8 [4 janvier 1800], p. 2-3 :

[Louable souci du rédacteur, qui veut satisfaire ses lecteurs. Et bonne occasion pour nous de voir comment on écrit un couplet de vaudeville : on peut penser que le critique a fait un choix judicieux des meilleurs couplets de la pièce.]

Théâtre des Troubadours.

Le défaut d’espace ne nous ayant pas permis de citer quelques couplets de Lamothe Oudart à la Trappe, nos lecteurs nous sauront gré sans doute de leur présenter ceux-ci.

Le Père Anselme veut détourner Lamothe d’entrer à la Trappe :

Air du Menuet d’Exaudet.

          Oui, je veux
          De ces vœux
          Que j’abjure
Prouver que le résultat
Est un fol attentat
Dont gémit la nature.
          La douleur,
          Le malheur
          Vous égare,
Le cloître vous semble un port
    Où l’on brave le sort
                Barbare.

L'espoir d’un état paisible
Séduit toute ame sensible ;
          Mais, grand Dieu,
          Dans ce lieu
          Dès qu’on entre,
Il n’est plus ce jours sereins,
    Des soucis, des chagrins
                C'est l’antre.

          Attentif
          Au motif
          Qui m’anime,
Ah ! craignez le feu follet
    Dont le trompeur reflet
    Vous conduit à l’abyme :
          Croyez moi,
          Si la foi
          Ne vous frappe
Suivant mes avis prudents,
    Ne vous jettez pas dans
                La Trappe.

Anselme instruit Lamothe des devoirs qu'il aura à remplir :

      Air: Trouverez-vous un parlement.

Pour éclairer votre raison,
Mon cher, il est de la justice
Que des travaux de la maison
Avant tout je vous avertisse ;
Puiser de l’eau , fendre du bois,
Tailler le roc, bêcher la terre :

                Lamothe.

Cela vaut encor mieux, je crois,
Que d’ecrire pour le parterre.

                Anselme.

Vous avez encore des punitions :

Soir et matin grondant à faux,
Notre vieux maître des novices
Châtiera vos moindres défauts
Comme les plus horribles vices.
Être à genoux, les bras en croix,
Se flageller, baiser la terre 

                Lamothe.

Cela vaut encore mieux, je crois,
Que d’être sifflé du parterre.

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-neuvième année, tome V, pluviôse an VIII [janvier-février 1800], p. 202-204 :

[La pièce met sur la scène Houdar de La Motte, qui aurait voulu se faire moine à La Trappe après l’échec de sa première pièce, les Originaux, jouée en 1693, et serait sorti du monastère deux mois après. Cette anecdote permet de faire une pièce joyeusement paillarde, avec une femme au couvent, mais déguisée en homme, bien sûr, et un moine qui défroque, et se déguise en femme. Cette pièce a eu du succès, grâce à ses couplets soignés, sur des airs bien choisis, et des situations originales et omiques. Mais le dialogue est trop bavard, et l’action « beaucoup trop longue, défauts faciles à corriger, permettant ainsi à la pièce de rester au répertoire. Les acteurs sont fort bien joué? Le compte rendu s’achève sur un couplet redemandé, avant de citer celui des auteurs qui s’est fait connaître, l’autre étant un « homme de lettres connu & estimé », mais qui a choisi de rester anonyme.]

THÉATRE DES TROUBADOURS.

Lamothe Houdard.

Houdard de Lamothe vient d'être sifflé au Théâtre Italien, pour sa pièce des Originaux, la première qu'il ait fait représenter ; ce revers le dégoûte du théâtre & du monde. Il va au couvent de la Trape, dans le dessein de s'y ensévelir à jamais, & il y est reçu par le père Anselme, ancien capitaine de dragons, qui fait d'inutiles efforts pour le détourner de son projet. Un moment après, Julie, maîtresse du pauvre auteur, se présente au couvent, déguisée en cavalier ; elle y est suivie par Campra & Fontenelle, qui se disent étrangers, & qui prennent de faux noms. Ces trois personnages se concertent sur le moyen de ramener Houdard à ses premiers goûts, ce qui bientôt n'est pas difficile ; car des idées poétiques se présentant tout-à coup à son imagination, il se sent tourmenté par sa verve, & par le désir d'un succès ; il trace déjà le plan d'une nouvelle comédie, quand sa maîtresse & ses amis achèvent de le déterminer. Il part avec eux pour la capitale, & le joyeux père Anselme les suit, déguisé en vieille femme.

Tel est à peu près le fonds du vaudeville en un acte, joué dernièrement pour la première fois sur ce théâtre, avec beaucoup de succès, sous le titre de Lamothe-Houdard. La plupart des couplets sont soignés & piquans ; les airs en sont bien choisis ; il y a de l'originalité & du comique dans certaines situations ; en un mot, c'est une production d'un genre très agréable ; mais on a trouvé le dialogue prolixe & l'action beaucoup trop lente. Ces deux défauts sont heureusement faciles à corriger, & nous ne doutons pas que cette pièce ne soit vue longemps avec plaisir, lorsque les auteurs en auront accéléré la marche. Elle est d'ailleurs fort bien jouée par les CC. Frédéric, Tiercelin & St-Léger, & par la citoyenne Laporte.

Parmi les couplets qu'on a redemandés, nous avons retenu le suivant. Campra, obligé d'inscrire son nom sur le registre du monastère, n'en veut écrire que l'anagrame.

AIR : Tout roule aujourd'hui dans le monde.

L’auteur de plus d'un triste drame,
Dans un journal de grand renom,
Signant toujours par anagramme,
Comme moi renverse son nom ;
A cette invention nouvelle,
Loin d'applaudir, les gens sensés
Disent : Le nom & la cervelle,
Tous les deux sont bien renversés !

Les auteurs ont été demandés ; on a nommé le C. Auger ; son coopérateur, homme de lettres connu & estimé, a voulu garder l'anonyme.

La Bibliothèque dramatique de M. de Soleinne, tome troisième (Paris, 1844), p. 47, fait de Piis le collaborateur d'Auger.

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