Laurent de Médicis

Laurent de Médicis, tragédie en cinq actes, en vers, de Claude-Bernard Petitot, 1er Pluviôse an 7 [20 janvier 1799].

Théâtre de l'Odéon

Titre :

Laurent de Médicis

Genre

tragédie

Nombre d'actes :

5

Vers ou prose ,

en vers

Musique :

non

Date de création :

1er pluviôse an 7 [20 janvier 1799]

Théâtre :

Théâtre Français, salle de l’Odéon

Auteur(s) des paroles :

Claude-Bernard Petitot

Almanach des Muses 1800

Laurent de Médicis, échappé seul de son parti aux poignards des Pazzi, commende à Florence, et sa bienfaisance lui gagne tous les cœurs. Il aime Camille, fille de Mainfroi. Celui-ci est resté attaché à la cause des Pazzi, et a promis sa fille à un héritier de ce nom. Le roi de Naples et le pape, qui ont toujours le projet de s'emparer de la Toscane, offrent à Médicis une paix insidieuse ; et c'est Pazzi que le roi nomme son ambassadeur pour conclure le traité. Médicis consent à une entrevue, mais l’inimitié des deux rivaux se réveille à l'occasion de la fille de Mainfroi. Pazzi n'est plus ambassadeur, il n'est qu'amant. Médicis oublie bientôt lui-même sa dignité, et ne songe plus qu'à son amour. L'archevêque Stenau, envoyé du pape, profite de cette division pour rallumer la guerre civile. Médicis et Pazzi ont résolu de terminer leur différent par un combat singulier. Une sédition, excitée par Stenau, éclate ; les deux partis en sont aux mains ; Pazzi, sûr de son triomphe, quitte ses partisans pour venir l'annoncer à Camille. Mais la victoire s'est déclarée en faveur de Médicis ; et Pazzi, humilié de la générosité de son ennemi, qui lui remet son épée et lui propose de nouveau le combat singulier, refuse ce combat et se poignarde.

Des anachronisme, des invraisemblances, de la faiblesse dans le style.

Des beautés de détail, de beaux mouvemens dans le rôle de Camille, de l'intérêt dans le quatrième acte, de l'effet, du succès.

Sur la page de titre de la brochure Paris, chez Delance, an VII (collection Marendet) :

Laurent de Médicis, tragédie en cinq actes, du Cen. Petitot, Représentée pour la première fois, sur le Théatre Français du Faubourg-Germain, le 7 Pluviôse an VII. [26 janvier 1799].

Courrier des spectacles, n° 699, du 2 pluviôse an 7 [21 janvier 1799], p. 2-3 :

[Curieux compte rendu, qui s’ouvre par un assez long paragraphe soulignant le succès de la pièce nouvelle, malgré « deux ou trois coups de sifflet », que le critique prend grand soin de condamner : ce moyen de marquer son « improbation », il voudrait le voir réservé à des pièces « qui n’ont point de plan, et qui n’offrent que des invraisemblances accumulées », ce qui n’est pas le cas de Laurent de Médicis. « Le plan en est simple, la conduite sage ; le sujet est traité d’une manière intéressante, l'action ne languit pas », et les seuls reproches qu’on peut faire à la pièce porte sur des détails. Il passe ensuite à l’analyse de la pièce, dont il nous raconte par le menu l’intrigue, très compliquée, sans dire un mot de sa valeur historique. Sur fond d’intrigue sentimentale, c’est une rivalité politique entre les Médicis et les Pazzi que la pièce raconte. Et la pièce s’achève sur le suicide de Pazzi, alors que Laurent de Médicis épouse la fille de Mainfroy. Un court paragraphe suffit à porter un jugement dont le caractère sommaire est mis sur le compte du manque de place : bonne appréciation sur les décors, « dignes du palais de Médicis », et sur l’interprétation, un acteur étant mis en avant.]

Théâtre Français de l’Odéon.

La tragédie de Laurent de Médicis, donnée hier pour la première fois, est du citoyen Petitot, auteur de celle de Geta, qui fut jouée l’année dernière à ce théâtre. Cette nouvelle pièce a obtenu un succès mérité. Deux ou trois coups de sifflet se sont faits entendre après la représentation ; mais quelque partisans que l’on nous croye de cette marque d’improbation, nous sommes loin de partager l’opinion de ceux qui ont pu confondre un ouvrage régulier, où l’on appercoit de légers défauts, avec ces ouvrages uniformes qui n’ont point de plan, et qui n’offrent que des invraisemblances accumulées. C’est sur ces derniers seuls que nous ne cesserons d'appeller la réprobation du public, comme étant le seul moyen d’arrêter ces imaginations égarées, qui tendent à perdre le théâtre en France, après avoir peu-à-peu dépravé le goût des spectateurs. Nous le répétons, Laurent de Médicis ne présente aucun de ces défauts choquans qui peuvent prévenir contre un ouvrage. Le plan en est simple, la conduite sage ; le sujet est traité d’une manière intéressante, l'action ne languit pas. Ce n’est donc que dans les détails que l’on peut adresser de justes reproches à l’auteur. On pourra en juger par l’ana lyse suivante :

Laurent de Médicis si célèbre à Florence, où après la mort de Pierre de Médicis son père il jouit du pouvoir absolu avec le sur-nom de Grand et de père des lettres, s’est efforcé par ses bienfaits de faire oublier à Mainfroy les maux que lui a fait éprouver Pierri en le bannissant de sa patrie. Mainfroy et Camile sa fille vivent paisiblement dans le palais de Médicis. Le père pénétré de reconnoissance pour Laurent n’a point oublié ses ressentimens contre Pierri ; mais Camile uniquement frappée des vertus de son bienfaiteur a conçu pour lui l’amour le plus sincère et le plus malheureux par la haîne que Mainfroy porte à la maison des Médecis, et la parole qu'il a donnée à Pazzi leur plus cruel ennemi, de lui faire épouser sa fille.

Pazzv ayant succombé sous les Médicis s’est retiré à Naples et y a obtenu la faveur de Ferdinand. Ce roi, après avoir inutilemrnt essayé de vaincre Laurent de Médicis, songe à se l’attacher et lui envoyé Pazzy sous le titre d'ambassadeur. Ce dernier est accompagné de Sténo qui est secrètement chargé par le roi de faire assassiner Laurent de Médicis et Julien son frère. Pazzy, au nom de Ferdinand offre la paix à Médicis, et l’adroit Sténo propose le mariage de l’ambassadeur avec Camile. Laurent de Médicis qui n’a pu défendre son cœur contre la fille de Mainfroy, cache son trouble, vient bientôt trouver le père de sa maîtresse et devant elle lui déclare qu’il a obtenu du sénat qu’on lui confiât le gouvernement de l’état, et qu’il offre sa main à Camile. Cette jeune personne qui craignoit de. voir Laurent s’allier à la famille des Colonne, seroit prête à se livrer à la plus grande joie, si elle pouvoit espérer le consentement de son père ; mais Mainfroy, rigide observateur de sa parole, ne veut pas en manquer à Pazzy et refuse et la main de Médicis et les honneurs qu’il veut lui faire accorder.

Médicis fait demander une entrevue à Camile, l’amour l'emporte sur le devoir, elle l’accorde ; mais Pazzi, dont Sténo a excité la jalousie, arrive, et par ses discours irrite bientôt la fille de Mainfroy, qui lui avoue ses vrais sentimens, et le laisse en proie aux désirs de la vengeance. Médicis entre, son rival n’est plus le maître de dissimuler, il veut rallumer la guerre ; mais le généreux Laurent lui offre de vuider leur querelle par un combat singulier. Pazzi l'accepte, et tous deux jurent de ne pas revoir Camile avant de s’être battu. Sténo toujours occupé d’exécuter l’ordre de Ferdinand, veut entraîner Mainfroy dans son parti. ; ne pouvant le séduire, il lui déclare qu’il l’a fait dénoncer comme le chef de la conjuration ; le vertueux vieillard est incorruptible. Sa fille qui a appris le danger qu’il court, vient pour l’en avertir ; il va lui-même se présenter au sénat. Camile ne voit plus que Médicis, dont elle puisse implorer l’appui, le hasard l’amène sur ses pas, il veut fuir pour garder le serment qu’il a fait à Pazzi ; mais après avoir inutilement fait parler son amour, elle l’arrête par ces mots :

Vous êtes magistrat et vous devez m'entendre.

Pazzi surprend Médicis aux genoux de Camile : il lui reproche son manque de foi ; ils sortent pour se battre ; mais par l'intrigue de Sténo, l’affaire devient générale : le parsi [sic] de Pazzy est d’abord vainqueur ; il force le palais de Médicis, veut contraindre Camile à lui donner sa main, lorsque Mainfroy à la tête d’une troupe victorieuse vient défendre le palais de son bienfaiteur et fait désarmer Pazzi. Médicis revient bientôt victorieux lui-même. Mainfroy lui accorde la main de sa fille. Médicis rend l’épée à Pazzy et l’appelle de nouveau à un combat singulier ; mais celui-ci se poignarde et la toile baisse.

Le défaut de place nous empêche de donner de plus longs détails sur cette pièce, qui est bien montée. Les décorations sont dignes du palais de Médicis. Les rôles sont bien rendus sur-tout celui de Camile, par la cit. Fleury.

Lepan.

Courrier des spectacles, n° 702, du 5 pluviôse an 7 [24 janvier 1799], p. 2 :

[Le premier article, du 2 pluviôse [21 janvier] finissait curieusement. Mais cette fin brusque cachait une certaine rancœur contre la pièce, et peut être plus encore contre le Théâtre de l’Odéon, qui traverse une période délicate. Un article du 4 pluviôse insiste sur la nécessité pour l’Odéon d’avoir et une bonne troupe, et un bon répertoire. Sans attaquer le Théâtre et son administration, on sent les réticences de Lepan à son propos. Le nouvel article du 5 montre que la pièce de Petitot ne plaît guère à Lepan, qui signale d’abord des défauts corrigés. L’auteur a été demandé, il ne l’avait pas été à la première, des coupures ont été faites, et elles ont permis d’éviter des propos qui avaient choqué le public. Il reste pourtant des défauts à corriger, dans la fin de l’intrigue, jugée invraisemblable. Et le style aurait besoin de quelques corrections. L’interprétation a été en progression par rapport à la première. Saint-Prix a bien mieux joué le rôle de Pazzi (le critique revient à ce propos sur la scène du troisième acte où le personnage est en fureur). Petite consolation : un beau vers, dans le rôle de la citoyenne Fleury.]

Théâtre Français de l’Odéon.

L’auteur de Laurent de Médicis a fait à cette tragédie quelques changemens heureux qui lui ont mérité un accueil très-favorable à la seconde représentation donnée hier. On a vivement demandé l’auteur ; mais il n’a point paru. Parmi les coupures qui ont pu être faites à cet ouvrage, nous en avons remarqué dans le troisième acte, au monologue où Pazzi se livre à sa fureur. Les expressions sur lesquelles ce fier Italien témoigne son amour pour le carnage, avoieut choqué le,public : elles ont été supprimées.

La décoration du cinquième acte a été changée, et la fin de cet acte a été coupée ; ce qui accélère le dénouement.

On voit avec peine, au troisième acte, que Pazzi se permette d'exiger un serment de la part de Médicis. Il n'est pas naturel que celui-ci, vainqueur de Pazzi au cinquième acte, lui rende son épée et lui propose pour la troisième fois un combat singulier, au moment même ou il vient d'obtenir la main de Camile. Il suffisoit, sans doute que Médicis pardonnât à son ennemi.

On remarque dans cette pièce plusieurs fautes de style, qu’il est possible de faire disparoître. Steno dit à Médicis dans le premier acte, en lui demandant son consentement au mariage de Camille avec Pazzi « Souffrez que de votre bouche je l’écoute. Ou dit bien entendre quel que chose de la bouche de quelqu'un ; mais non pas écouter. Camile ne peut rimer ni avec asile, ni avec tranquile, non plus qu’ami avec ennemi.

Cette pièce a généralement été mieux jouée qu’à la première représentation. Le citoyen St.-Prix a mis plus de chaleur et d’expression dans le rôle de Pazzi, sur-tout au troisième acte où il a produit beaucoup d’effet. Entre plusieurs vers que la citoyenne Fleury a parfaitement fait ressortir, on a remarqué et vivement applaudi celui-ci qu’elle adresse à Pazzi :

Mon sang rejaillira sur son front criminel.

Lepan.

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-huitième année, volume V, pluviôse an 7 [février 1799], p. 204-207 :

[Une pièce qui porte le nom d’un personnage historique doit suivre fidèlement l’histoire, fût-ce sous la conduite d’un écrivain qui n’est pas lui-même un historien. La présente pièce transforme un moment d’histoire en « une intrigue amoureuse assez froide », sans originalité, les « motifs d’intérêt qu’elle utilise ayant été vus « mille fois ». Le compte rendu situe ensuite l’intrigue dans le temps et entreprend un résumé de cette intrigue, avant de conclure : « Cette analyse fait bien voir combien la vérité historique se trouve peu ménagée dans l’ouvrage du C. Petitot », et de fournir ses preuves (l’une objective : les Pazzi n’ont pas survécu à la conjuration, l’autre plus subjective : Médicis ne peut accepter de rencontrer son ennemi comme ambassadeur). Plus grave encore, le non respect des « mœurs locales » (les Florentins de la Renaissance ne sont pas de chevaliers avec leur code d’honneur et leur loyauté. Cela n’empêche pas la pièce de contenir « quelquefois d’assez beaux mouvemens ». Le style est ensuite présenté comme très négligé, et un exemple donné permet de se faire une idée de ce que le critique appelle une négligence. En conclusion, une pièce qui a « produit de l’effet », mais surtout dans le quatrième acte, et qui a été applaudie.]

THÉATRE FRANÇAIS, SALLE DE L'ODÉON.

LAURENT de Médicis, tragédie.

Il n'est personne peut-être qui, trompé par le titre, ne se soit attendu à trouver dans cette
tragédie la conjuration des
Pazzi contre les Médicis, & la méprise étoit d'autant plus naturelle, qu'Alfiéri a traité ce sujet avec assez de talent & d'éclat : mais l'auteur de la nouvelle tragédie a mieux aimé puiser dans un roman historique que dans l'histoire même ou dans Alfiéri ; & s'il nous a reproduit les noms célèbres des Médicis & des Pazzi, c'est pour les attacher à une intrigue amoureuse assez froide, & qui ne représente que des motifs d'intérêt qu'on a déjà vus mille fois.

L'époque de l'action se reporte à quelque temps après la conjuration fameuse : Laurent de Médicis, le seul, comme on sait, échappé aux poignards des Pazzi, est gonfalonnier à Florence, & depuis assez long-temps exerce tranquillement cette première magistrature. Il a fait chérir son pouvoir par ses bienfaits. Il va même jusqu'à réparer les injustices de son père envers le vieux Mainfroi, dont il aime la fille, ce qui rend peut-être sa bienfaisance envers ce vieillard moins noble. Mainfroi, toujours du parti des Pazzi, sans cesser d'être reconnoissant envers Médicis, a promis sa fille Camille au premier. Ferdinand, roi de Naples, & le pape Sixte VI, qui malgré le peu de succès de la première conjuration, ne désespèrent pas de reconquérir l'empire de la Toscane & de l'arracher encore à Médecis, ont résolu de lui offrir une paix insidieuse : & c'est Pazzi que Ferdinand choisit pour ambassadeur. Les deux rivaux consentent généreusement à se revoir & à sacrifier leur rivalité politique au vœu de leur pays ; mais elle se réveille bientôt à l'occasion de la fille de Mainfroi. Le bouillant Pazzi oublie assez vîte la mission dont il est chargé, pour ne songer qu'à son amour ; Médicis oublie aussi de son côté le soin de sa dignité pour défendre sa maîtresse, dont il est aimé malgré les ordres de Mainfroi.

L'archevêque Sténau, meilleur agent diplomatique d'un pontife & d'un roi que Pazzi, profite de cette nouvelle dissention, qu'il attise pour réchauffer les partis & réveiller la guerre civile ; au moment où Médicis & Pazzi ont résolu de terminer leur différent par un combat singulier, la révolte suscitée par Sténau éclate ; les deux partis en viennent aux mains ; Pazzi croit son triomphe assuré ; il quitte imprudemment ses partisans pour venir près de Camille lui annoncer sa victoire, & lui ordonner de se soumettre au vainqueur ; pendant ce temps, la chance tourne, Médicis est de nouveau triomphant, & Pazzi humilié de la générosité de son ennemi qui, après le triomphe, lui remet son épée, & lui propose de reprendre le combat singulier, le refuse & se poignarde lui-même.

Cette analyse fait bien voir combien la vérité historique se trouve peu ménagée dans l’ouvrage du C. Petitot. D’abord, les Pazzi périrent après la première conjuration ; ensuite c’eût été un effort de confiance surnaturel de la part de Médicis, de recevoir son assassin comme ambassadeur d’un roi qui demande la paix, sans soupçonner le monarque italien de perfidie. Mais tout cela ne sortiroit peut-être pas encore des privilèges de l’auteur tragique, si du moins il avoit conservé les mœurs locales ; mais il a fait de Pazzi et de Médicis des paladins, & les a déguisés tous deux sous un masque chevaleresque qui ne leur sied point. Pazzi, je crois, étoit fils d’un commerçant ou d’un banquier florentin ; les Médicis devoient eux-mêmes leur éclat au commerce, & cette partie de l’Italie n’est pas en générale connue pour s’accommoder facilement de la loyauté & de la franchise qui caractérisoient les mœurs chevaleresques.

On ne peut cependant disconvenir qu’il ne se trouve quelquefois d’assez beaux mouvemens dans le rôle de Camille ; & la situation de Médicis, qui, après avoir engagé sa foi à Pazzi de ne pas revoir la fille de Mainfroi, que le sort des armes n’en ait décidé, & qui se trouve, malgré lui, forcé d’entendre l’aveu que sa maîtresse lui fait de son amour, & de se laisser surprendre par son rival, produit quelque effet : elle en produiroit davantage sans l’invraisemblance du serment de la part de Médicis, & si, comme on l’a dit, les coutumes de la chevalerie étoient plus applicables aux personnages.

Il faut aussi s’étonner que l’auteur ait négligé si souvent le style de son ouvrage. L’élévation tragique ne souffre point la foule de vers traînans qu’on rencontre à chaque scène. En voici un exemple. On a fort applaudi, pour la pensée sans doute, ce vers de Médicis qui veut justifier sa confiance dans Pazzi :

Le doute des vertus a fait des criminels.

L’auteur a voulu dire qu’en doutant du retour des coupables à la vertu, on les retient dans le crime : mais il faut convenir que son vers n’exprime point sa pensée ; & que le doute des vertus est partout un solécisme.

Malgré ces défauts, l’ouvrage a produit de l’effet, dans le quatrième acte surtout, & la représentation en est assez constamment applaudie.

Annales dramatiques, ou Dictionnaire général des théâtres, tome cinquième (Paris, 1810), p. 310-311 :

LAURENT DE MÉDICIS, tragédie en cinq actes, par M. Petitot, au théâtre Français, 1797.

Laurent de Médicis, surnommé le Magnifique, veut rendre la paix à Florence, et signe un traité d'alliance avec Ferdinand, roi de Naples, qui lui envoie, en ambassade, le célèbre Pazzi, jadis bani de Florence comme séditieux, et maintenant revenu aux bons principes. Ces deux héros abjurent toute haine, en faveur du bonheur public, qu'ils pensent assurer, quand un nouveau brandon de discorde vient renverser leur espérance. Camille, fille du sénateur Mainfroy, qui avait été proscrit avec Pazzi, et qui, comme lui, avait été rappelé, la jeune et belle Camille, inspire un amour égal à Médicis et à Pazzi. Elle est promise à ce dernier ; mais Camille lui préfère son rival, et cette préférence, qu'elle ne peut long-tems cacher, amène une explosion, dont un agent secondaire de Ferdinand profite habilement pour rallumer la guerre civile. Pazzi menace Médicis : celui-ci peut punir cette témérité ; mais il ne veut point faire de ce différent particulier, une affaire générale, et il propose un duel, qui est accepté. Après divers incidens, qui ne tiennent pas essentiellement à l'action principale, ces deux adversaires sont près de se rendre au lieu du combat, quand on vient annoncer qu'un soulèvement suscité en faveur de Naples, éclate dans toute la ville. Pazzi court se mettre à la tète des révoltés ; il attaque avec furie les troupes toscanes, les repousse, et déjà s'apprête à enlever Camille : bientôt Médicis lui-même rallie ses soldats, reprend les postes abandonnés, et revient délivrer son amante. Pazzi, désarmé, va être livré à la rigueur des lois ; mais son vainqueur, qui lui doit la vie, lui pardonne. Enfin, Pazzi refuse la vie, et se poignarde.

Tel est le sujet de la tragédie de Laurent de Médicis, représentée avec succès. Le plan en est régulièrement conçu, le style a de la pureté et de la noblesse ; mais on y trouve des longueurs et des inconvenances.

La pièce commença une belle carrière (douze représentations, très suivies), mais l'incendie de l'Odéon en 1799 interrompit les représentations...

La base César ne donne aucune date de représentation.

Ajouter un commentaire

Anti-spam
 
×