Laurenzetta, ou la Bergère des Pyrénées, mélodrame en au moins trois actes, de Dumêlé, 4 juillet 1806.
Théâtre des Nouveaux Troubadours.
Le nom de l'héroïne est soumis à des variations : Laurenzetta, Lorenzetta, et même Lorenzetto...
Et le nom proposé pour l'auteur ressemble fort à un pseudonyme.
Courrier des spectacles, n° 3436 du 5 juillet 1806, p. 2-3 :
[Le compte rendu du nouveau mélodrame commence par un paragraphe très élogieux : à une époque où les théâtres spécialisés dans le mélodrame tendent à en adoucir la violence, les Nouveaux Troubadours lui gardent « sa forme originale et primitive, ce qui leur vaut de beaux succès, comme cette Laurenzetta, aux qualités remarquables : la brièveté et « des événemens intéressans, enchaînés avec art, et dont l’effet a été très-heureux » (trois éléments indissociables). Après ce début positif, le critique entreprend de résumer avec précision une intrigue assez tortueuse et remplie des poncifs du mélodrame (mariage secret, mari cru mort, mère s'enfuyant avec son enfant et recueillie par un brave paysan, enlèvement, captivité, trahisons, combats, mais sauvetage final de la pauvre mère, de son enfant, de son mariressuscité, tandis que le traître « reçoit le châtiment de son crime »). Le critique insiste sur la qualité du décor de l'acte trois (celui où il y a de l'action) : c'est le lieu idéal pour le nécessaire combat, à condition de ne pas avoir de souci avec des armes de théâtre trop fragiles. L'auteur a été demandé, mais le nom donné ressemble beaucoup à un pseudonyme...]
Thatre [sic] des Nouveaux Troubadours.
Laurenzetta, ou la Bergère des Pyrénées.
Ce Théâtre quitte souvent sa guitare pour les accents lugubres du mélodrame ; tandis que les théâtres ses voisins perfectionnent et éclaircissent ce genre de spectacle, qu’ils en écartent les fantômes, les farfadets, les meurtres, les poisons et les tombeaux, celui-ci conserve au mélodrame ses antiques accessoires, et le présente sous sa forme originale et primitive. Il est fâcheux seulement que le local ne se prête pas à ces grands développemens ; qu’on soit forcé de réduire les armées à de simples escouades, et les montagnes à des taupières ; mais à cela près, on a en petit tout ce qu’on peut désirer dans la lice la plus vaste, et pourvu que l’imagination consente à se prêter à l’illusion, rien ne manque pour la satisfaction des yeux. Aussi les succès sont-ils nombreux, et celui de Laurenzetta est un nouveau triomphe à joindre à ceux qui l’ont précédé. Il est vrai que cette composition n’est pas sans mérite ; d’abord elle est courte, et la représentation dure à peine une heure-un-quart ; en second lieu, on y a joint des événemens intéressans, enchaînés avec art, et dont l’effet a été très-heureux.
Amelina, mariée secrettement à Gonzalve, a vu son père et son frère s’armer contre son époux, qui a fini par succomber sous les efforts de ses ennemis. Forcée de fuir et de se cacher, elle a gagné les gorges des Pyrénées, emportant dans ses bras son fils, unique fruit de son hymen. Un paysan nommé Velga l’a reçue chez lui ; et c’est dans une chaumière, et sous le nom de Laurenzetta qu’elle passe ses jours. Cependant elle apprend l’arrivée de l’Ambassadeur d’Espagne en France ; c’est Don Fernand, c’est son frère. Son étonnement et sa frayeur augmentent, lorsqu’on lui annonce qu’il est suivi de son ami nomme Volgarès, l’auteur de tous les malheurs de notre héroïne. Un des écuyers reconnoît Amélina ; il va en prévenir Volgarès, qui forme à l’instant le projet de l'enlever. Mais le hazard veut qu’un de ces bandits qui infestent ces contrées, et que Volgarès prend pour confident et pour exécuteur de ses desseins, soit précisément le même Gonzalve, l’époux d’Amélma, que tout le monde croit mort, et qui est venu se réfugier dans ces montagnes. On se doute bien qu’il va travailler à sauver son épouse et son fils, mais il est découvert, poursuivi, on tire sur lui, on le manque ; il revient, attaque Volgarès, dont les satellites le désarment facilement. Cependant il parvient à s'échapper de nouveau ; Amélina est entraînée par Volgarès dans des grottes souterraines, dont toutes les issues sont occupées par les affidés de ce monstre. Un paysan découvre sa retraite ; du haut d’un rocher il apperçoit Gonzalve et des gardes qui parcourent ces horribles lieux ; il les appelle, et leur indique le chemin qui peut les conduire jusqu’à lui. Gonzalve ne consultant que son impatience, se jette dans un torrent, arrive au rocher ; sa femme et son enfant sortent par une croisée et descendent ; mais on les apperçoit, on les entoure ; tous deux se précipitent dans les eaux. Volgarès s’empare de l’enfant ; et lorsque les gardes de l’Ambassadeur menacent de le tuer, il les arrête en menaçant de plonger son poignard dans le cœur de sa victime. Volgarès vient alors ; Velga, suivi de ses braves paysans, délivre l'enfant ; Gonzalve et Amélina sont sauvés, et Volgarès reçoit le châtiment de son crime.
La décoration du troisième acte est bien disposée ; on en a tiré tout le parti possible. Elle offre une vue des rochers, des torrens, et des précipices dans les Pyrénées. Le combat qui se livre dans ce lieu est exécuté avec beaucoup d’ensemble. On. doit seulement recommander aux acteurs de se servir d’armes de meilleure trempe ; il pourroit résulter de ces combats quelqu’accident, lorsque ces armes viennent à se briser dans les mains des combattans. Avant-hier, une moitié de lame a volé jusques dans l’orchestre. Heureusement personne n’en a été atteint.
Ce mélodrame est de M. Dumêlé. On l’a annoncé comme auteur de divers ouvrages. Si c’est un nom d’emprunt, que d’auteurs de nos jours peuvent le réclamer !
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