Le Lendemain des noces d'Arlequin, comédie en un acte & en prose, de Florian, 23 septembre 1793.
La Gazette nationale, ou le Moniteur universel n° 266 du lundi 23 septembre 1793, p. 720, annonce la première représentation du Lendemain des noces d'Arlequin.
Dans le Journal de Paris National, la première de la pièce est annoncée le 23 et le 24 septembre 1793. Représentation le 26 septembre et le 4 novembre 1793 (14e jour du 2e mois, 2e année Républicaine). Pas de recherche au-delà de cette date : la pièce n'a, semble-t-il, pas eu grand succès.
Théâtre de Mlle. Montansier.
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Titre :
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Lendemain des noces d’Arlequin (le)
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose ?
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en prose
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Musique :
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non
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Date de création :
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23 septembre 1793
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Théâtre :
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Théâtre de Mlle Montansier
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Auteur(s) des paroles :
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Florian
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L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 12 (décembre 1793), p. 308-312 :
[Compte rendu assez inattendu, du moins à la fin. Car il commence par l’habituel résumé de l'intrigue, tout à fait détaillé. Une fois le dénouement connu, on passe à l’habituel jugement. La pièce a tout pour réussir, sauf que le public n’a pas admis le dénouement, et la mauvaise plaisanterie qui permet de dénouer la situation, « tant il est vrai que tout ce qui peut faire supposer de la fausseté dans le cœur est toujours improuvé au théatre ». Comme la pièce « décele d’excellentes intentions », il faut la sauver, et pour cela le critique propose un autre dénouement : au lieu d’une plaisanterie, la lettre accusant madame Arlequin pourrait devenir une vengeance entre femmes (une rivale qui s’en prendrait à Constance parce qu’Arlequin l’a dédaignée...), « & vraisemblablement alors on entendra, sans murmurer, la piece jusqu'au bout : nous osons même dire qu'on l'entendra avec plaisir, puisqu'elle est bien écrite, & que la vertu s'y montre d'un bout à l'autre sous le masque de la gaîté ». Confirmation de cette assertion : la pièce semble bien être de M. de Florian, ce qui suffit à « faire l’éloge de la pièce ».]
THÉATRE DE MLLE. MONTANSIER.
Le lendemain des noces d'Arlequin, comédie en un acte & en prose.
Le bonheur, comme on l'a dit souvent, n'est pas pour ceux qui le cherchent, mais pour ceux qui le trouvent, & Arlequin l'a trouvé. Il mit, il y a deux ans, à la lotterie de piété, & gagna quarante mille livres ; aussi s'empressa-t-il de quitter le service de Cléante, pour entreprendre un commerce de vermicelli & de macaroni, dans lequel il a déjà fait de grands bénéfices. Il ne lui manquoit plus, pour achever de le rendre heureux, que d'avoir une femme jeune, jolie, & qui l'aimât ; derniérement il l'a épousée. Rien n'est capable désormais d'altérer son bonheur, & il défie tous les revers du monde de troubler l'heureuse tranquillité dont il va jouir. Ses amis qui, d'après les espiègleries qu'on emploie un premier jour de noces, l'ont empêché, pendant fort long-tems, la veille d'aller se coucher, lui ont soutenu le contraire, & ont prétendu qu'un rien suffisoit souvent pour rendre les hommes malheureux. Mais Arlequin croit qu'il peut braver tous les riens possibles, puisqu'il est vrai qu'il possede Constance, & que le lendemain il s'éveillera à côté d'elle.
Le voilà arrivé, ce lendemain, & Arlequin est au comble de la joie. Arlequin, son papa, & Argentine, sa mere, viennent le voir, l'embrasser, & se féliciter d'avoir un fils si tendre, si honnête & si pieux, qu'il les a fait venir de Bergame pour partager sa fortune. Combien de fils aujourd'hui sont moins reconnoissans qu'Arlequin ! Combien de peres voudroient trouver dans leurs enfans autant de piété filiale ! Que de jolies choses Arlequin dit à ses bons parens! Que de larmes de joie ils répandent d'avoir un si bon fils ! car on pleure de joie comme de tristesse, avec cette différence que les larmes du plaisir sont douces, & que celles du chagrin sont ameres.
Arlequin savoure son bonheur, il le pompe par tous ses sens, & il multiplie en se représentant qu'il sait le bonheur de tous les siens, qu'il va voir bientôt sa chere Constance, & que le soir ils se retrouveront, lorsqu'une espece de voiturier arrive, & demande à parler à Mme. Constance. — Pourquoi donc ? Pour lui remettre une lettre, venant de Lonjumeau; Arlequin promet de la rendre en main propre à sa femme, & charge le paysan de venir chercher la réponse. Il ouvre la lettre ; il le peut, parce qu'ils se sont jurés avec Constance, de n'avoir rien de caché l'un pour l'autre, il la lit ; & dès les premieres lignes, le chagrin & le désespoir entrent dans son ame.
Oui, la lettre est bien pour sa femme ; elle est bien adressée à Mme. Constance Arlequin, rue neuve St. Eustache, n°. l0, à Paris ; & en la relisant, cette fatale lettre, il voit bien aussi qu'elle est écrite par une nourrice, à la mere d'un enfant qui commence à parler, & pour lequel on demande quelques hardes. Si le malheureux Arlequin, malgré tout cela, pouvoit douter encore que cette lettre s'adressât à sa femme, il en seroit convaincu par une des dernieres phrases de la lettre, qui promet à Constance le plus grand secret, à cause de l'engagement qu'elle vient de contracter.
C'en est donc fait, il faut qu'Arlequin meure, il ne pourra plus voir celle qui l'a trahi avec tant de perfidie ; il faut qu'il abandonne ses foyers. Quel [sic] est la ville la plus éloignée de Paris, demande-t-il à un de ses garçons ? Eh mais ! lui répond celui-ci, je n'en sais rien ; je crois pourtant que c'est Jérusalem. — Eh bien ! va vite, mon ami, va me retenir une place dans la diligence de Jérusalem.
Le pere & la mere d'Arlequin surviennent ; la fatale lettre leur est communiquée ; ils partagent, comme ils le .doivent, le chagrin de leur fils, & ils mettent tout en usage pour l'empêcher de partir, lorsque la belle Constance, qui vient de se lever, arrive. On l'accable de reproches ; on lui dit tant & tant de choses, qu'elle ne sait que répondre, & qu'il ne lui resteroit qu'à se laisser entraîner par le désespoir, si le voiturier, qui a apporté la perfide lettre, ne reparoissoit.
Etonné du terrible effet qu'elle a produit, il se hâte de quitter la blouse qui le déguise, & de montrer aux yeux d'Arlequin un des amis auquel il avoit dit la veille qu'il seroit impossible d'altérer désormais son bonheur. Celui-ci n'a fabriqué cette lettre, & il ne l'a apportée, que pour lui prouver le contraire.
Qu'on juge de la confusion de ce tendre époux, & de ses parens, qui viennent de traiter si durement la vertueuse Constance ! Ils demandent pardon, on s'embrasse, la paix est faite, & l'on apprend à l'imprudent ami qu'on peut se permettre, si l'on veut, des plaisanteries contre l'esprit, mais que jamais elles ne doivent attaquer le cœur.
Cette piece réussit fort bien jusqu'au moment où l'ami se découvrit. Sa mauvaise plaisanterie indisposa le public, & excita des murmures, tant il est vrai que tout ce qui peut faire supposer de la fausseté dans le cœur est toujours improuvé au théatre. Cependant il faut convenir que cette bleuette, qui décele d'excellentes intentions, ne méritoit pas d'être si rigoureusement traitée ; on peut si facilement la corriger !
Que l'auteur présente le trait de la lettre, non comme une plaisanterie, mais comme une vengeance ; que cette vengeance parte, si l'on veut, d'une de ces voisines bavardes qui viennent fort inutilement féliciter Arlequin sur son mariage ; que cette vengeance soit motivée par la haine que cette femme portera à Constance, dont elle sera jalouse, parce qu'elle n'aura jamais pu parvenir à inspirer de l'amour à Arlequin, qui l'aura dédaignée; & vraisemblablement alors on entendra, sans murmurer, la piece jusqu'au bout : nous osons même dire qu'on l'entendra avec plaisir, puisqu'elle est bien écrite, & que la vertu s'y montre d'un bout à l'autre sous le masque de la gaîté.
Pour prouver cette assertion, nous ajouterons que bien des personnes ont cru reconnoître, dans cette comédie, la touche sentimentale de M. de Florian, & c'est assez faire l'éloge de la piece. Quoi qu'il en soit, nous croyons qu'elle pourra rester au théatre, si son auteur ne dédaigne pas d'avoir égard à nos observations ; & nous sommes persuadés qu'on ira ensuite la voir avec presqu'autant de plaisir que les Arlequinades pathétiques de l'estimable auteur que nous venons de nommer.
César : il y a bien des « lendemain de noces » parmi les pièces de la base César, mais aucune ne répond aux caractéristiques de celle-ci : aucune ne concerne Arlequin.
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