Les Loups dans la bergerie, vaudeville en un acte, de Constant Ménissier, 20 octobre 1814.
Théâtre du Vaudeville.
Dans le Catalogue général des œuvres dramatiques et lyriques publié en 1863 par la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, p. 204, les droits sur la pièce appartiennent à Ménissier, qui peut bien être Constant Ménissier. Il pourrait bien en être l’auteur.
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Titre :
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Loups dans la bergerie (les)
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Genre
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vaudeville
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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prose, avec couplets en evrs
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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20 octobre 1814
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Constant Ménissier
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Journal des arts, des sciences et de la littérature, 8e volume (19e de l’ancienne Collection), cinquième année, n° 327 (25 Octobre 1814), p. 113-114 :
[Deux filles à marier dans une maison, voilà de quoi donner envie à des loups de s’introduire dans la bergerie. La mère ne connaît pas les jeunes gens qui se sont introduits chez elle sous les traits d’un vieux couple. Ils sont impliqués dans une affaire de duel, et se font mystifier : pour les démasquer il suffit de dire qu’ils sont graciés (le procédé n’est pas neuf !). Mais ils ont été effectivement graciés, la réalité rejoint la ruse, et ils peuvent épouser les jeunes filles... Le critique trouve la pièce bien peu originale (elle répète ce qu’on a dit cent fois, et mieux qu’elle). Son comique ne vaut pas grand chose (il en donne un exemple). Les deux acteurs masculins sont bons, une des actrices aussi. On a donné le nom de l’auteur, mais au milieu des sifflets qui ont empêché de l’entendre.]
Théâtre du Vaudeville.
Première représentation des Loups dans la Bergerie, vaudeville en un acte.
Des amans déguisés qui s'introduisent dans une maison où habitent deux jeunes personnes avec leur mère, sont bien, en effet, des Loups dans la Bergerie. C'est à Bercy que demeure Mme. de Rainville, dont les filles sont aimées par deux jeunes gens que, suivant l'usage des parens et tuteurs de comédie, elle ne connaît pas. Cette mère, qui est la meilleure femme du monde, se sent d'ailleurs très disposée à marier ses filles à MM. Saint Charles et Edouard ; elle veut seulement qu'ils aient auparavant obtenu leur grâce pour certain duel qui les oblige à se cacher. Elle est loin de reconnaître ces étourdis dans un vieux couple qu'à la recommandation d'une dame de sa connaissance, elle a pris en pension chez elle ; et les demoiselles, qui devraient être plus clairvoyantes, ne s'en doutent pas non plus. Mais le jardinier de la maison aperçoit de loin le vieux pensionnaire aux genoux de Mlle. Eugénie ; il en avertit sa maîtresse, qui se doute enfin de tout ce qui se passe. Alors Mme. de Rainville, qui apparemment a vu jouer Au Feu ! sur le théâtre du Vaudeville, imite de son mieux le stratagême dont se sert la tante dans cet ouvrage : le jardinier Labêche vient, d'après ses instructions, annoncer que les deux jeunes gens ont obtenu leur grâce ; soudain les deguisemens tombent, et nos deux imprudens apprennent qu'ils ont été mystifiés par Mme. de Rainville, qui va les congédier, quand le jardinier se souvient fort à propos qu'on lui a remis une lettre pour MM. St.-Charles et Edouard. Cette fois leur grâce est bien réellement accordée, et ils l'obtiennent également de la mère, ainsi que la main de leurs maîtresses. Le public a fait une justice éclatante, quoiqu'un peu tardive, de ce faible canevas, dont il semble que l'auteur se soit attaché à répéter
Ce qu'on a dit cent fois, et toujours mieux que lui.
Il faut avouer cependant que personne ne s'était encore avisé de faire dire à un ivrogne qui vante sa discrétion :
Chaq’ verr’ de vin est un cad’nat
Qui sert à me fermer la bouche.
voilà un échantillon du comique de ce vaudeville !
lsambert et Guenée ont joué les deux loups avec intelligence ; Mlle. Rivière, l'une des brebis, a tiré le meilleur parti possible du rôle insignifiant d'Eugénie, mais on n'a point voulu accueillir sa demande de conserver les Loups dans la Bergerie.
D'après les instances (dirai-je de quelques amis ?), Guenée s'est présenté pour nommer l'auteur, dont le nom s'est perdu dans les sifflets. Au surplus, il circulait dans la salle que cette pièce était l'ouvrage d'un très-jeune homme, et l'on ne pouvait guères douter en effet que ce ne fût celui d'un écolier.
Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 19e année, 1814, tome V, p. 416 :
[Une belle chute, causée pour l’auteur du compte rendu par « la nullité des scènes et la niaiserie du style », avec la conséquence ordinaire ; « l’auteur n’a pas été nommé »...]
Les Loups dans la bergerie, vaudeville en un acte, joué le 20 Octobre 1814.
Deux jeunes gens, déguisés en vieux et en vieille, sont cachés dans le jardin d'une Dame dont ils aiment les deux filles. Ils ont en même temps pour but de se soustraire aux suites d'une affaire d'honneur. La mère est instruite par une lettre que deux loups sont dans sa bergerie. Elle se doute que ce sont les prétendus vieillards, leur annonce qu'elle a leur grâce ; ils se découvrent ; elle croit alors n'avoir rien de mieux à faire que de les marier à ses filles.
La nullité des scènes et la niaiserie du style a excité dans le public une humeur qui s'est manifestée par les plus violens sifflets. L'auteur n'a point été nommé.
L’Esprit des journaux français et étrangers, tome 10, octobre 1814, p. 292-295 :
[Compte rendu placé sous l’autorité de Rivarol, amateur de loups dans les bergeries. La pièce illustre ce danger de laisser des jeunes gens approcher des jeunes filles. Récit minutieux de l’intrigue, terminé par ce terrible verdict : « Voilà beaucoup de bruit pour rien ; et c'était bien la peine de faire une pièce. ». Dialogue et couplets nuls ‘plus que mauvais) : il ne fallait même pas faire à la pièce l’honneur de la siffler. On a tenté de nommer l’auteur, mais le bruit a épargné cette punition à l’auteur. Une série de traits d’humour sert de conclusion : elle sert à montrer leur faiblesse. Mais le critique affirme que cela n’empêchera pas qu’on joue la pièce : c’est un point commun de l’Odéon et du Vaudeville, deux théâtres dirigés par des auteurs de recevoir tant de mauvaises pièces.]
Les Loups dans la bergerie, vaudeville en un acte.
Rivarol disait, en parlant des bergeries, quelquefois un peu monotones de Florian : J'y voudrais des loups. Il est certain qu'il n'y a rien de tel que le loup pour animer la bergerie ; et c'est l'origine du proverbe métaphorique par lequel on peint le danger de laisser les amans approcher des jeunes filles.
Ce sont des loups de cette espèce qu'on a vus hier au Vaudeville.
La scène est à Charanton, chez madame de Renville, qui surveille avec la plus active vigilance deux jeunes et jolies demoiselles ; mais l'amour, qui se joue des argus, amène les loups dans la bergerie.
Deux jeunes étourdis, que la mère craint autant que les filles les aiment, obligés de se cacher pour se dérober aux suites d'une affaire d'honneur, viennent chercher un asyle précisément dans la maison dont on prend tant de soin de leur fermer l'entrée. L'un est déguisé en vieux militaire, et l'autre plus grotesquement travesti en vieille femme.
Malgré toute sa perspicacité, madame de Renville ne soupçonne pas cette ruse ; elle qui se vante d'avoir de la malice pour deux, est dupe d'un grossier artifice. Une lettre l'instruit que ces deux jeunes gens qu'on supposait réfugiés dans un pays étranger, sont à Charanton.
A cette nouvelle, ses précautions et sa surveillance redoublent. Elle place tous ses gens en embuscade et leur donne les ordres les plus sévères contre les galans qui oseraient se présenter. Elle met dans le plus formidable état de défense une place dont l'ennemi est déjà maître. Un des deux couples amoureux est surpris en tête-à-tête par le jardinier, qui, loin de soupçonner la vérité, croit simplement que le vieil officier a un retour de jeunesse. Son rapport éveille les soupçons de madame de Renville ; elle arrache le secret aux étourdis en leur annonçant leur grace, et ne trouve pas de meilleur moyen pour ne plus les redouter, que d'en faire ses gendres. Voilà beaucoup de bruit pour rien ; et c'était bien la peine de faire une pièce.
Le dialogue et les couplets répondent à la conception de l'ouvrage. Il est impossible de rien voir de plus nul ; ce n'est pas même mauvais. Les sifflets en tuant la pièce lui ont fait trop d'honneur ; elle serait bien morte sans eux. Quelques voix cruelles ont pourtant demandé l'auteur : Guénée s'avançait pour le nommer ; mais des sifflets charitables cette fois ont sauvé au coupable une punition trop forte pour son délit.
Je suis sûr que mes lecteurs me pardonneront aisément de ne leur donner que de légers échantillons du style de ce vaudeville. Madame Reuville dit : « Que ma sévérité soit à son poste. » Une des jeunes personnes chante :
Depuis que nos premiers parens
Sont venus habiter la terre,
Depuis environ six mille ans
On connaît le dieu de Cythère ,
Pour finir par une pointe, voici celle du couplet qui a été le plus applaudi. Un jardinier ivrogne, pour dire qu'on peut compter sur sa discrétion, en lui donnant à boire, s'exprime ainsi :
Chaq' ver de vin est un cad' nat,
Avec quoi l'on m'ferme la bouche.
Ne faut-il pas être de mauvaise humeur pour ne point rire d'un pareil trait. Eh bien ! la pièce fourmille de plaisanteries de cette force, vous verrez qu'elle aura dans l'année ses douze représentations tout comme une autre. Oh ! le comité du vaudeville sait bien ce qu'il fait, quoi qu'en disent certains observateurs malins qui remarquent que les deux théâtres de Paris qui sont gouvernés par des auteurs, sont précisément ceux qui recoivent et qui jouent le plus de mauvaises pièces. Ce n'est pas le seul trait de ressemblance qui existe entre ces deux théâtres si éloignés l'un de l'autre. Aussi a-t-on surnommé le vaudeville l'Odéon du Palais-Royal. A MARTAINVILLE.
Mémorial dramatique ou almanach théâtral pour l’an 1815, neuvième année, p. 140-141 :
Les Loups dans la Bergerie, vaud. en un acte, par M. ***. (20 octobre)
Des amans déguisés qui s'introduisent dans une maison où habitent deux jeunes personnes avec leurs mères, sont bien, en effet, des loups dans la bergerie. C'est à Bercy que demeure Mad. de Rainville, dont les filles sont aimées par deux jeunes gens qu'elle ne connaît pas. Cette mère, la meilleure femme du monde, se sent très-disposée à marier ses filles à MM. St.-Charles et Edouard ; elle veut seulement qu'ils aient auparavant obtenu leur grace pour certain duel qui les oblige à se cacher. Elle est loin de reconnaitre ces étourdis dans un vieux couple qu'elle a pris en pension chez elle ; et les demoiselles, qui devraient être plus clairvoyantes, ne s'en doutent pas non plus. Mais le jardinier de la maison apperçoit de loin le pensionnaire aux genoux de Mlle. Eugénie. Il en avertit sa maitresse, qui se doute enfin de tout ce qui se passe. Mad. de Rainville lui ordonne d'annoncer aux deux jeunes gens qu'ils ont obtenu leur grace ; soudain les déguisemens tombent, et nos deux imprudens apprennent qu'ils ont été mystifiés. Mais le jardinier se souvient fort à-propos qu'on lui a remis une lettre pour MM. St.-Charles et Edouard. Cette fois leur grace est bien réellement accordée, et ils l'obtiennent également de la mère, ainsi que la main de leurs maitresses.
Une chûte complette a chassé les loups de la bergerie, où ils se sont bien gardés de reparaitre.
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