Lundi, mardi, mercredi, ou Paris, Melun, et Fontainebleau, pièce en trois jours et en vaudevilles, de MM. Sewrin et Chazet, 16 juin 1806.
Théâtre Montansier.
Almanach des Muses 1807.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Mad. Cavanagh, 1806 :
Lundi, mardi et mercredi, ou Paris, Melun et Fontainebleau, comédie en trois jours et en vaudevilles ; par MM. Sewrin et Chazet. Représentée pour la première fois à Paris, sur le Théâtre Montansier, le 16 juin 1806.
Courrier des spectacles, n° 3419 du 17 juin 1806, p. 3 :
[Le critique ne paraît pas enchanté de devoir rendre compte de la nouvelle pièce du Théâtre Montansier, théâtre placé par lui sous le signe du calembour. Il note seulement que la deuxième représentation, moins riche de calembours, a été mieux accueillie que la première de la veille. Le sujet n’est pas nouveau : « une espèce de Pourceaugnac » qu’on renvoie chez lui à force de se moquer de lui. Les acteurs du théâtre, Brunet et Joly y sont égaux à leur réputation. Pour nous donner une idée de la pièce, le critique nous donne quelques échantillons des calembours qui subsistent dans la version allégée de la pièce. A chacun d’en juger, les motivations du critique dans le choix des exemples pouvant être interprétées de bien des manières. Le succès de ces calembours, soulignés à la fin, peut s’expliquer par leur qualité, ou par le manque d’exigence du public.]
Théâtre Montansier.
Lundi, Mardi et Mercredi, (2me représ.)
Les calembourgs sont depuis quelque tems en baisse au Théâtre Montansier ; ceux de la pièce nouvelle ont eu beaucoup de peine à se sauver de la proscription. Les auteurs ont fait comme les pilotes dans les voyages de mer ; ils ont sacrifié une partie de leur bagage pour sauver l’autre. La pièce, assez mal accuellie hier, a été beaucoup mieux traitée aujourd’hui. Le Héros est une espèce de Pourceaugnac qu’on mystifie d’auberge en auberge, pour le forcer à retourner chez lui. Les moyens sont assez gais On les a empruntés , pour la plûpart, de romans connus. Brunet, qui joue le rôle principal, y est fort applaudi ; on rit aussi de la caricature de Joli, qui contrefait, d’une manirè fort gaie, l’accent nazillard d’un acteur célèbre.
On trouve encore des pointes dans quelques scènes, mais celles-là ont obtenu grâce devant le public. Par exemple, Brunet demande à sou hôtesse de Melun de lui faire donner une chambre ; l’hôtesse répond qu’elle n’en a plus, et qu’on n’en trouveroit pas une seule dans toute la ville. Sur quoi Brunet réplique : « Il faudra donc que je passe la nuit à la belle étoile ; c’est bien extraordinaire de ne pas trouver l'abri (la Brie) dans Melun. » On lui demande s’il veut du bœuf piqué ou bardé ; il se décide pour le bardé : Parce que, dit il, il est bon bardé. Il paroît ivre sur la scène ; on lui fait des reproches sur son état : « Vous croyez peut-être, réplique-t-il, que je suis saoul, mais je ne suis qu’ivre ; n’allez pas prendre le saoul pour l’ivre. »
Ces calembourgs sont très applaudis, et la pièce paroit destinée à obtenir plusieurs représentations.
[« Le sou pour livre », c'est la remise que les commerçants accordaient aux domestiques faisant les achats de nourriture pour leur maître.]
Ajouter un commentaire