La Maison donnée

La Maison donnée, comédie en un acte, en prose, d'Alexandre Duval. 24 vendémiaire an 10 [16 octobre 1801].

Théâtre Français de la République

Almanach des Muses 1803

Les acteurs de l'Opéra Comique National avaient représenté une fort jolie comédie à  ariettes, sous le titre de la Maison à Vendre ; l'auteur de cette pièce imagina d'en composer une autre sous le titre de la Maison Donnée. Il paraît que les spectateurs aiment mieux acheter que recevoir. La Maison à Vendre avait trouvé beaucoup d'amateurs, la Maison Donnée n'en a trouvé aucun ; mais ce n'était ni le même théâtre, ni les mêmes acteurs. On chantait dans la première maison, on ne chantait pas dans la seconde ; et nous avons à présent un goût si décidé pour la musique !

Courrier des spectacles, n° 1690 du 25 vendémiaire an 10 [17 octobre 1801], p. 2 :

[Le récit d’une chute sans rémission au Théâtre-Français de la République. Le critique joue du titre pour se moquer une pièce bien peu solide. Il entreprend ensuite de raconter une intrigue au plan vicieux, aux matériaux usés et aux fondements peu solide : une intrigue sans originalité et plutôt bancale en effet. Mais on ne saura jamais comment tout cela finit, puisque le désordre dans la salle a fini par devenir telle que, une fois le public parti, il ne reste plus qu’à baisser la toile « au milieu des sifflets » (mais qui siffle ? Le public est parti ! Une petite phrase laisse entendre que cet échec était prévu (l’effet d’une cabale ?). Car l’article s’achève sur deux notations positives : un rôle « très bien tracé », un auteur quis ait écrire... S’agirait-il d’un assassinat théâtral prémédité ?

Théâtre Français de la République.

La Maison donnée.

Le public n'a pas voulu de cadeau, quoiqu'il fût offert par mesdemoiselles Contat et Mézerai, et par les citoyens Saint-Fal et Grandménil. Il a trouvé que le plan de la maison étoit vicieux, les matériaux usés, et les fondemens peu solides ; et il avoit quelque raison, car l’édifice s’est écroulé avec un grand fracas, après avoir résisté durant quelque tems.

Versac ayant perdu à Paris, par de folles dépenses une somme considérable que lui a donnée son oncle, dont il est l'héritier, cherche à le tromper sur l’emploi qu’il a fait de son argent ; il feint de posséder à cinq lieues de la capitale, une maison de campagne qui appartient à Dermont, un de ses amis. L’oncle veut la voir et y conduire madame Derneval, femme coquette et sur-tout à grands projets.

Versac consent à satisfaire son oncle, et sous prétexte de tout faire préparer pour sa réception, il le quitte à une demi-lieue de la maison, et prend les devants. Madame Dermon est absente. Sa sœur Jenny, qui est aimée de Versac, est seule ; celui-ci l’engage, par les raisons les plus puissantes, à le laisser passer pour maître de la maison, et il est reconnu pour tel lorsque l’Oncle et sa compagne de voyage arrivent. Celle-ci raffole de tout ce qu’elle voit ; bref, la maison l’enchante au point qu'elle fait au bon homme la proposition de l’échanger contre un joli domaine qu’elle a en Gascogne, et dont il desire l’acquisition. L’Oncle pour cela doit acheter la maison de son neveu, et réellement il lui offre de la prendre pour une somme convenue. Versac, au lieu de la vendre, la lui donne, à condition néanmoins qu’il consentira à son mariage avec Fanny. L’Oncle se récrie sur le peu de bien qu'elle possède, mais enfin son intérêt l’emporte. Versac fait faire le contrat de donation de la maison, et celui de son mariage.

Mad. Derneval durant ce tems a vu la maison, elle en est contente, mais elle a mandé l'architecte pour en faire abattre une partie. (Ici le bruit qui étoit sourd depuis quelque tems a redoublé.) Un domestique annonce que cinquante ouvriers se mettent en devoir d'abattre la maison. (On applaudit) . . . .

Nous n’avons pu en entendre davantage, le public se leva et sortit. Les acteurs désespérant de se faire entendre, se sont retirés, et la toile s’est baissée au milieu des sifflets. Dés la première scène tout étoit prévu. Le rôle de Mad. Derneval est très-bien tracé, et on a remarqué à plusieurs traits une plume exercée.

F. J. B. P. G***.

Le Coup de fouet, ou revue de tous les théâtres de Paris, fin de l'An X – 1802, p. 79 :

Au nombre des pièces tombées avec éclat, sont :

Maison Donnée, de Duval, auteur de l'opéra-comique Maison à Vendre, dont cette comédie était la suite. Malgré les efforts de Comtat et compagnie ; la pièce fût à peine achevée, et elle méritait bien son sort. [...]

La chute suivante dont s'occupe le Coup de fouet, c'est celle de la tragédie d'Arnaud, le Roi et le Laboureur...

La pièce de Duval n'a pas reparu sur le Théâtre Français.

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