Le Mariage de Dumollet

Le Mariage de Dumollet, folie mêlée de couplets, en un acte, par Marc-Antoine Désaugiers, 18 janvier 1812.

Théâtre des Variétés.

Titre :	Mariage de M. Dumollet (le)
Genre	folie mêlée de vaudevilles
Nombre d'actes :	1
Vers / prose ?	en prose, avec des couplets en vers
Musique :	vaudevilles
Date de création :	18 janvier 1812
Théâtre :	Théâtre des Variétés
Auteur(s) des paroles :	Marc-Antoine Désaugiers

Almanach des Muses 1813.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez M^me. Masson, 1812 :

Le Mariage de Dumollet, folie mêlée de couplets, en un acte, par M. Désaugiers, représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétés, le 18 janvier 1812.

Journal de l'Empire, 5 janvier 1812, p. 4 :

[Geoffroy célèbre l’entrée de M. Dumollet dans les rangs des personnages récurrents, mais il ne croit guère à un quatrième épisode (alors que les autres héros récurrents apparaissent bien plus souvent). Le compte rendu aborde ensuite les questions familiales chez les Dumollet. Le dénouement est bien sûr celui qu’on attendait, et le jugement porté est plutôt positif : la pièce fait rire des spectateurs venus pour cela, et qui ne sont donc pas trompés (ce qui pourrait bien être le cas pour ceux qui vont voir non une suite, mais une pièce nouvelle).]

Voilà M. Dumollet au rang des Roussel et des Jocrisse : il est déjà le héros de trois pièces, et je ne vois pas comment on en pourra faire une quatrième, à moins qu'elle ne roule sur quelque fatal accident de son mariage. Le titre le plus honnête seroit : Dumollet, époux malheureux. Il épouse une niaise, et les niaises sont plus à craindre, sur cet article, que les femmes d'esprit. Qui l'eût cru, en voyant les Trois Etages, qu'un nigaud bâti comme Dumollet, pourroit trouver une femme qui l'aimeroit ? il en trouve une cependant, et même jeune et jolie, par la raison que

Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire.

Trois autres demoiselles de boutique lui écrivent des billets doux pour se moquer de lui ; il en fait des papillottes, et ne donne point dans le piège.

Il me semble que Mlle Nanine a trop fait connoître ses sentimens à Dumollet pour qu'il ait besoin de la mettre à l'épreuve ; mais l'auteur avoit besoin de cette épreuve pour finir sa pièce : il en emploie même deux, car le frere de Dumollet veut aussi éprouver s'il est aimé de ses parens, quoique ses parens lui en donnent des preuves assez fortes en le châtiant rudement. Son premier dessein est de quitter la maison paternelle, comme l'enfant prodigue ; il en est empêché par le perruquier Frisac, et il se borne à se cacher, pour faire croire qu'il est parti : sa cachette est la fontaine dans laquelle il se blottit. Dumollet, pour faire croire qu'il est mort, se cache dans le poêle. Frisac répand aussitôt les deux funestes nouvelles de la mort de Dumolet et de la fuite de son frere ; grande douleur du père, de la mère et de Mlle Nanine, sur la perte du pauvre Benjamin : le père seulement s'attendrit sur le départ de son autre fils. Le dénoûment est risible : on se met en devoir d'allumer le poêle et de verser de l'eau dans la fontaine, ce qui fait sortir de leur niche les prétendus défunt et fugitif. Tout finit par le mariage de Dumollet avec Nanine. Il y a beaucoup de gaieté dans la pièce : elle attire les spectateurs qui viennent pour rire, et ceux-ci ne sont pas aussi trompés dans leur attente que ceux qui vont ailleurs pour voir une bonne pièce nouvelle.                    Geoffroy

Mercure de France, journal littéraire et politique, tome cinquantième, n° DL, samedi 1^er février 1812, p. 233-234 :

[Le compte rendu s’ouvre sur un constat : la famille Dumollet devient la rivale aussi bien des grandes familles de la mythologie que de celles qui font rire sur les scènes secondaires. Il nous rappelle les deux pièces précédentes (il oublie Il arrive, il arrive, ou Dumollet dans sa famille joué en 1810), indique l’objet de la troisième pièce (en fait la quatrième), avant de la juger avec un brin de sévérité : « les suites ne sont pas toujours heureuses », et de pièce en pièce la série est moins spirituelle et moins gaie. Le critique suggère assez méchamment qu’il ne reeste plus qu’à écrire une pièce sur la mort et les funérailles de M. Dumollet.]

On a donné au Théâtre des Variétés le Mariage de M. Dumollet.

La Famille d'Agamemnon, celle d'Œdipe, occupent presque exclusivement la scène tragique : cette usurpation mettait de mauvaise humeur l'auteur du poëme de la Gastronomie, qui s'écriait dans une boutade pleine d'esprit :

« Qui nous délivrera des Grecs et des Romains ? »

Les familles des Roussel, des Jocrisse, ont régné long-tems sur les scènes secondaires de la Cité et des Variétés, mais ils trouvent un digne concurrent dans M. Dumollet. Ce héros des Trois Etages, offre le tableau des prétendues tribulations qui attendent à Paris un sot de province ; mais je puis rassurer les pauvres d'esprit, et je leur certifie que bon nombre de sots, et même de sots à prétentions, vivent très-paisiblement dans la capitale. Dans le Départ pour Saint-Malo, ce malheureux Dumollet, après s'être fait, pour son argent, auteur de mélodrames, et avoir payé cent écus le droit de voir figurer son nom dans la liste mortuaire des auteurs sifflés pendant l'année, prend le sage parti de revoir ses dieux pénates : il arrive enfin à Saint-Malo, où de nouvelles contrariétés l'attendent au sein de sa famille ; mais tout se termine par un mariage d'autant plus heureux que cette fois le niais épouse la plus jolie fille de son endroit.

Les suites ne sont pas toujours heureuses : le Départ pour Saint-Malo ne vaut pas les Trois Etages, et le Mariage de Dumollet ne vaut pas le Départ pour Saint-Malo, dont il est encore la suite ; on n'y retrouve ni l'esprit, ni la gaîté qui ont fait le succès des deux premières pièces.

J'attends M. Desaugiers à l'agonie et à l'enterrement de M. Dumollet : nul doute que sa mort n'offre quelque particularité dont il serait fâcheux de priver ceux qui se sont intéressés au sort de cet illustre Breton.              B.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 17^e année, 1812, tome I, p. 172 :

[Sans allusion au fait que la pièce nouvelle est une suite, un très rapide compte rendu qui la réduit à n’être que jeux de mots et lazzis, sans intrigue. C’est une pièce de carnaval typique, et elle fait rire, ce qui est manifestement l’essentiel...]

Le Mariage de Dumollet, folie jouée le 18 janvier 1812.

On ne sauroit analyser cette folie, dont le principal mérite consiste dans des jeux de mots et des lazzis. Il n'y a point d'intrigue ; mais on y rit. Cette pièce est venue à propos pour l'époque du Carnaval. Elle est de M. Désaugiers.