M. Daube ou le Disputeur, comédie en un acte et en vers, par M. Armand Charlemagne, 12 juin 1806.
Charles Beaumont Wicks, The Parisian stage: alphabetical indexes of plays and authors, Partie 1, p. 50, donne comme noms d’auteurs G. Duval et C. Heguin de Guerle, mais il confond la pièce d’Armand Charlemagne avec une comédie homonyme de 1840..
Théâtre de l'Impératrice.
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Titre :
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Monsieur Daube, ou le Disputeur
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose ?
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en vers
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Musique :
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non
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Date de création :
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12 juin 1806
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Théâtre :
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Théâtre de l’Impératrice
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Auteur(s) des paroles :
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Armand Charlemagne
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Almanach des Muses 1807.
M. Daube dispute sans cesse, et fatigue tout le monde. Le parterre a paru s'identifier un peu trop avec le caractere de ce personnage ; car malgré quelques vers heureux, le succès de l'ouvrage a été plus d'une fois disputé.
Mercure de France, volume 24 (avril à juin 1806), n° CCLVI (samedi 14 juin 1806), p. 518 :
[Le personnage principal est un neveu de Fontenelle, « immortalisé » par Voltaire et Rulhière qui en a tracé « un portrait ineffaçable », largement cité dans l’article. La pièce reprend ce portrait. Mais le caractère se prête mal au théâtre, et il ressemble à trop de caractères proches qui ont déjà été illustrés au théâtre. Le dénouement est emprunté à une pièce connue, l’Esprit de contradiction de Dufresny, mais sans en avoir l’esprit et la verve comique. Et Fontenelle est représenté comme un imbécile... « Très-foible succès ».]
Voltaire et Rulhiere ont immortalisé M. Daube; le second sur-tout a tracé de ce neveu de Fontenelle un portrait ineffaçable :
Auriez-vous pur hasard connu feu monsieur Daube,
Qu'une ardeur de dispute éveilloit avant l'aube ?
Contiez-vous un combat de votre régiment :
Il savoit mieux, que vous, où, contre qui, comment ;
Vous seul en auriez-eu toute la renommée,
N'importe, il vous citoit ses lettres de l'armée ;
Et Richelieu, présent, il auroit raconté
Ou Gênes défendue, ou Mahon emporté ;
D'ailleurs homme d'esprit, de sens et de mérite ;
Mais son meilleur ami redoutoit sa visite.
L'un, bientôt rebuté d'une vaine clameur,
Gardoit en l'écoutant un silence d'humeur :
J'en ai vu dans le feu d'une dispute aigrie,
Près de l'injurier, le quitter de furie.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Un voisin asthmatique, en le quittant le soir,
Lui dit : Mon médecin me défend de vous voir.
Et parmi cent vertus, cette unique foiblesse,
Dans un triste abandon réduisit sa vieillesse.
etc. . . . . . .
La nouvelle pièce de M. Charlemagne, intitulée M. Daube, ou le Disputeur, est tout entière dans ces vers ; mais ce caractère a au théâtre un inconvénient qu'il n'a point dans une épître, celui de ressembler au Grondeur, au Bourru, à l'Impatient, au Babillard, et même au Parleur éternel. L'auteur a de plus pris tout simplement le dénouement de l'Esprit de Contradiction; mais il n'a pris ni l'esprit et la verve comique de Dufresni, ni le style de Rulhiere. En revanche, il a fait faire à Fontenelle un personnage qu'assurément il n'a jamais fait, celui d'un imbécille. Cette pièce, donnée cette semaine sur le théâtre de l'Impératrice, n'a obtenu qu'un très-foible succès.
Archives littéraires de l'Europe, tome dixième, avril 1806, p. lxv-lxvi :
[Pour le critique, l’auteur « avantageusement connu », s’est trompé : le Disputeur n’est pas un vrai caractère (digne d’une vraie comédie de caractère), il est jugé « insupportable à la scène » ; de plus, l’auteur en a fait un mélange de plusieurs caractères du même ordre, déjà vus sur la scène, sans particularité réelle ; pour le critique, le Disputeur est juste suffisant pour être un Fâcheux de Molière ; enfin, les autres personnages sont jugés nuls, et c’est choquant quand on met Fontenelle (oncle de M. Daube) en scène. Finalement, un ouvrage dont le style se ressent de la rapidité avec laquelle il a été fait, « toujours facile, mais foible et souvent trivial ». Un ouvrage manqué donc, mais l’auteur saura prendre sa revanche, avec un peu moins de hâte.]
Théâtre de l'Impératrice.
M. Daube ou le Disputeur, comédie en un acte.
L'auteur de cet ouvrage, M. Charlemagne, est avantageusement connu par plusieurs comédies très-spirituelles et qui ont eu un succès mérité. Mais il s'est étrangement trompé dans celle-ci. D'abord il auroit dû sentir que le Disputeur ne pouvoit offrir qu'un caractère accessoire, et que même en un acte il devoit être insupportable à la scène ; mais son plus grand tort est d'avoir totalement manqué ce caractère. M. Charlemagne a fait un mélange du Grondeur, du Contrariant, de l'Homme chagrin et n'a point du tout tracé le Disputeur. Si Molière eût connu M. Daube, il auroit pu lui faire l'honneur de le mettre au nombre de ses Fâcheux, c'est tout ce qu'on pouvoit en tirer Les autres personnages de la pièce de M. Charlemagne, sont tout à fait nuls, et c'est encore un tort assez grave, car Fontenelle est du nombre et il méritoit bien de paroître sur la scène avec quelque avantage. Cette comédie paroît avoir été faite à la hâte, et le style se ressent de cette promptitude. Il est toujours facile, mais foible et souvent trivial. Enfin, nous ne pouvons le dissimuler, c'est un ouvrage manqué. M. Charlemagne prendra facilement sa revanche. Mais s'il ne peut vaincre le défaut qu'il a de travailler un peu vite, qu'il se souvienne que le temps ne fait rien à l'affaire.
L’Esprit des journaux français et étrangers, tome VII, juillet 1806, p. 281-282 :
[La pièce ressuscite un assez obscur neveu de Fontenelle, modèle du contradicteur, dont on ne peut jamais se défaire, et dont la survie dépendait jusqu’alors de quelques vers de Voltaire et de Rhulières (lui même un peu oublié aujourd’hui...). Après avoir cité cette poésie, le critique conclut bien vite : « Qui a lu ces vers, a vu la pièce; mais la pièce ne vaut pas les vers. Elle n'a eu qu'un succès douteux. ». Et il finit sur une pirouette : que M. Daube nous laisse tranquille !]
Monsieur Daube , ou le Disputeur , comédie en un acte.
Qui frappe-là ? dit Lucifer.
Ouvrez, c'est Daube. Tout l'enfer
A ce nom fuit et l'abandonne.
Oh oh! dit Daube, en ce pays,
On me reçoit comme à Paris :
Quand j'allais voir quelqu'un je ne trouvait personne.
Cette épigramme est de Voltaire, qui nous donna sur M. Daube, neveu de Fontenelle, les renseignemens suivans :
« Ancien intendant de Soissons ; homme fort instruit, mais si contredisant, que tout le monde le fuyait. »
Ajoutons à ce memento le portrait que Rhulières a fait du même M. Daube, dans son joli poëme sur les disputes. On y trouvera non-seulement le caractère du personnage représenté dans la pièce nouvelle, mais encore l'indication des principaux traits que l'auteur de cette pièce a mis en action.
Auriez-vous par hasard connu feu monsieur Daube
Qu'une ardeur de dispute éveillait avant l'aube ?
Contiez-vous un combat de votre régiment :
Il savait mieux que vous, où, contre qui, comment;
Vous seul en auriez eu toute la renommée,
N'importe, il vous citait ses lettres de l'armée,
Et Richelieu, présent, il aurait raconté
Ou Gênes défendue, ou Mahon emporté ;
D'ailleurs homme d'esprit, de sens et de mérite ;
Mais son meilleur ami redoutait sa visite.
L'un, bientôt rebuté d'une vaine clameur,
Gardait en l'écoutant un silence d'humeur ;
J'en ai vu dans le feu d'une dispute aigrie
Près de l'injurier , le quitter de furie.
. . . . . . . . . . . . . . . . .
Un voisin asthmatique, en le quittant le soir,
Lui dit : Mon médecin me défend de vous voir.
Et parmi cent vertus, cette unique faiblesse
Dans un triste abandon réduisit sa vieillesse,
etc. . . .
Qui a lu ces vers, a vu la pièce; mais la pièce ne vaut pas les vers. Elle n'a eu qu'un succès douteux.
Parmi les traits de mauvais goût dont elle se compose presque entièrement, on a pu remarquer cette maxime,
Il faut par le repos restaurer la machine.
et c'en est sûrement assez pour qu'on invite l'auteur de ces belles choses à profiter de ses propres avis.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 11e année, 1806, tome IV, p. 180 :
[La représentation s’est bien passée, mais le critique n’est guère séduit par une pièce manquant de comique. Ce qui pose une fois de plus le problème de l’adaptation théâtrale d'œuvres d’un autre genre : « ce qui est bon en pièce fugitive n'est pas toujours propre au théâtre »
M. Daube, ou le Disputeur.
La représentation a été fort pacifique. Ce M. Daube, neveu de Fontenelle, qui avoit la manie des disputes, n'a pas semblé d'un grand comique. L'auteur avoit pourtant profité pour sa pièce d'une jolie épître de Rhulières assez connue; mais ce qui est bon en pièce fugitive n'est pas toujours propre au théâtre.
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