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Mahomet II (Baour-Lormian)
Mahomet II, tragédie en cinq actes et en vers, de Baour-Lormian ; 9 mars 1811.
Théâtre Français.
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Titre :
Mahomet II
Genre
tragédie
Nombre d'actes :
5
Vers ou prose ?
en vers
Musique :
non
Date de création :
9 mars 1811
Théâtre :
Théâtre Français
Auteur(s) des paroles :
Baour-Lormian
Almanach des Muses 1812.
Mahomet II le plus impérieux et le plus cruel des successeurs du Prophète, a conçu un violent amour pour Eronime, nièce du dernier Constantin. Eronime qui a été sauvée du sac de Constantinople par Soliman, visir de Mahomet, partage l'amour qu'elle a inspiré à son libérateur. Leur secret a été surpris par Zulima, l'une des femmes de Mahomet, qui, jalouse de la beauté d'Eronime, et désirant la perdre, feint de seconder l'amour de Soliman, lui facilite une entrevue avec Eronime, dans les appartements du harem, et là, fait surprendre les deux amans par Mahomet lui-même. Celui-ci fait charger Soliman de chaînes, et ne diffère son châtiment qu'afin de le rendre plus terrible. Les janissaires cependant, soulevés par l'ambitieuse Zulima, se révoltent contre Mahomet ; ils courent briser les fers de Soliman, dans lequel ils espèrent trouver un chef ; mais celui-ci les fait rentrer dans le devoir, combat les plus mutins ; et lorsque Mahomet, qui le croyait l'auteur de la sédition, se prépare à marcher contre lui, il se voit désarmé, et implorant à ses pieds la grâce de ses soldats. Mahomet, qui, au premier bruit de la révolte, a poignardé lui-même Zulima, immole son amour aux marques de fidélité que vient de lui donner Soliman. Il veut l'unir à Eronime, mais il n'est plu temps : Eronime, qui a cru la mort de Soliman assurée, s'est empoisonnée, et meurt en sa présence.
Ouvrage très remarquable sous le rapport du style, mais faiblement conduit. Succès qui rend encore plus digne d'éloges la modestie de M. de Lormian, qui a retiré sa pièce, après plusieurs représentations très-suivies.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Latour, 1811 :
Mahomet II, tragédie en cinq actes et en vers, Par M. Baour de Lormian. Représentée pour la première fois, sur le théâtre français, par les comédiens ordinaires de S. M. l'Empereur et Roi, le 9 mars 1811, et le 12 du même mois, au Palais des Tuileries, devant LL. MM. II. et RR.
L’Esprit des journaux français et étrangers, tome IV, avril 1811, p. 273-287 :
[Mahomet II est un grand sujet de tragédie, et le compte rendu d’une pièce qui lui est consacrée mérite ampleur et respect des lois du genre. La pièce était attendue, et le retard de sa première est expliqué, avec un peu de méchanceté, par le peu d’empressement des Comédiens Français dès qu’il s’agit de sortir de leur répertoire. On passe ensuite à la pièce nouvelle, qu’on ne peut séparer du succès récent obtenu par le même auteur avec Omasis. Après une pièce où on ne tremblait pas, mais où on pleurait beaucoup, c’est l’inverse qu’il s‘agissait de produire. Le sujet pose un grave problème, que le critique considère infondé : peut-on mettre sur la scène un tel personnage, qu’on voit généralement comme « un monstre féroce ». Longue discussion, plus pour savoir s’il est légitime de considérer le Mahomet II de l’histoire comme un monstre. Sans le présenter comme un brave garçon, le critique tente de façon intéressante de le montrer comme possédant « un caractère violent et toutes les passions que peut exalter et entretenir un pouvoir sans limites », digne de la scène tragique, où il a déjà figuré. Et il rappelle la vieille tragédie de La Noue, de 1739. Il passe ensuite à l’analyse du sujet, une intrigue amoureuse à la cour du cruel Mahomet II, entre la princesse grecque dont Mahomet II est amoureux, et Soliman, le vizir de Mahomet II, sur fond de révolte contre le sultan. La traîtrise de la sultane femme de Mahomet II entraîne la découverte de l’amour secret, et la mort de la malheureuse princesse, tandis que Soliman échappe au supplice. Le succès de la pièce n’a pas été sans nuages : si les premiers actes ont été applaudis, la suite a été diversement jugée. Bien sûr, il y a dans ces sifflets une volonté de dénigrement dénuée de justice, mais « ceux qui ne sifflent jamais, applaudissent rarement, et écoutent toujours » (on peut reconnaître là les véritables connaisseurs) ont aussi leurs griefs : la double exposition (acte I, acte II, « dans la même forme ») ; une intrigue qui pouvait mieux exploiter les caractères très forts de la pièce (Mahomet et Soliman), ou mieux motiver l’amour de la princesse grecque pour Soliman (le critique va jusqu’à suggérer de remplacer Soliman par « un Grec de la maison de Constantin, dont l’amour « était plus vraisemblable », Soliman, comparé à un personnage assez similaire d’un roman de Madame Cotin, Mathilde, musulman amoureux et aimé d’une princesse anglaise ». Mais un tel personnage ne peut occuper le premier rang... D’autres défauts dans la cosntruction de la pièce sont énumérés : acte II, « dont l'éclat est tel qu'il nuit au reste de l'ouvrage », acte III bien trop court (question d'équilibre...), acte IV rempli d’invraisemblances qui ont échappé à tous, parce qu’il repose sur un mouvement généreux de Mahomet II (il épargne Soliman), ce qui soulage le public ; le dénouement trop prévisible (le mot d’Araminte qu’on veut mener au spectacle, dans le Cercle, ou la Soirée à la mode de Poinsinet de Sivry (1764) : « « Moi, je m’en garderai bien ; ne prétendez pas me surprendre à vos lamentables tragédies »). Le jugement prononcé à la suite de ces réflexions, c’est que le sujet est bien tragique (la question n’est pas sans importance en 1811), que « les moyens employés » ont « de la faiblesse et de l’exagération. Mais ce qui est le meilleur de la pièce, c’est son style, dont le critique fait l’éloge enflammé. Ses restrictions sont minimes (il voudrait plus de « couleur locale »). C’est qu’on attend en 1811 une tragédie politique quand on met en scène des personnages de l’histoire. Un interprète est mis en avant, Talma, dont le talent est souligné : il ne s’est pas contenté de jouer ce rôle comme il aurait joué un autre, il a cherché à y montrer « le caractère du peuple qu'il représente ». La fin du compte rendu parle de la seconde représentation, triomphale, sans aucune manifestation de désaccord. Retour rapide sur les quelques changements effectués (ils ne pouvaient toucher à la structure de la pièce), sur les divers interprètes (Talma, mais aussi les autres, remarquables). L’ouvrage est globalement « bien monté », décors et costumes, et il est promis à un bel avenir.]
Théâtre Français.
Mahomet II, tragédie.
Peu d'ouvrages ont été aussi long-temps et aussi impatiemment attendus que la tragédie nouvelle dont nous allons rendre compte. Le nom de l'auteur était très-connu ; il était la cause de tant d'empressement et suffisait pour le justifier. Ce n'est pas ici le lieu de demander pourquoi l'attente publique a été si long-temps deçue, pourquoi tant de mois se sont écoulés depuis la représentation de Brunehault. La comédie française, riche et exclusive dépositaire des chef-d'œuvres anciens, exploite avec sécurité ce magnifique domaine ; sans nouveaux frais de culture, elle en retire d'abondantes moissons, et serait presque excusable de ne pas lui demander des produits nouveaux, si l'art n'était pas intéressé à les voir naître, si ces produits n'étaient pas ou ne pouvaient pas être une partie de la gloire de notre âge, si nous ne comptions pas encore quelques poètes tragiques dignes de figurer sur la scène, et si les portefeuilles de ceux que nous avons perdus ne contenaient pas des œuvres qui doivent prolonger leur existence et accroître nos regrets.
Omasis faisait désirer Mahomet II ; Omasis dont le succès a été à-la-fois littéraire et théâtral, ouvrage qui a le mérite, devenu trop rare, de vivre par le style ; qu'on a cru caractériser sous le nom de pastorale tragique, et qui, nous le croyons, serait plus véritablement tragique, si l'auteur, se renfermant dans l'antique simplicité de son beau sujet, se reposant sur la puissance de nos souvenirs, et sur le charme de son harmonieuse versification, n'eût pas cherché des ressorts étrangers au récit des écrivains sacrés.
Nous ignorons quelle idée il conserve de son Omasis, si les éloges et les critiques dont cet ouvrage a été l'objet, le lui font regarder comme trop faible, et si dans le choix de son nouveau sujet, il n'y a pas eu quelqu'intention de donner des preuves d'une vigueur dramatique injustement contestée : ce n'est pas la première fois que le reproche d'un excès aurait fait tomber dans un excès contraire. L'auteur nous semble donc avoir dit à ses critiques : j'ai mis sous vos yeux Joseph, Jacob et Benjamin ; vous avez pleuré, et vous m'avez accusé de n'avoir. pas fait une tragédie ; vous voulez d'autres mœurs, d'autres lieux ; vous voulez de la terreur, des poignards et du sang ; et moi aussi, je saurai manier ces affreux ressorts. Il a choisi Mahomet II ; on a frémi, mais on n'a pas pleuré ; cette fois, a-t-il été moins heureux, et a-t-il été plus tragique ?
Nous le disculperons d'abord d'un reproche que nous avons entendu prodiguer. Il n'est pas exact de dire que Mahomet II soit un personnage historique indigne de la scène, dans cette idée qu'il fut un monstre féroce. Il n'est nullement prouvé que par des actes d'une barbarie insensée il ait mérité ce titre ; Voltaire qui en étendant sur les temps passés l'œil scrutateur du septicisme [sic] ne nie jamais une belle action, sans doute pour qu'elle puisse servir d'exemple, mais ne croit pas facilement aux crimes inutiles, aux barbaries absurdes, Voltaire dit que Mahomet avait été le prince le mieux élevé de son temps ; que par respect pour son père il redevint deux fois sujet ; qu'il aimait des sciences et des arts ce qu'on pouvait en aimer de son temps et dans sa patrie ; qu'à une grande ambition, à un courage indomptable, à ce génie entreprenant, qui à vingt-deux ans lui fit concevoir le dessein d'asseoir le trône des sultans dans la ville du premier et du dernier Constantin, il joignit la fougue d'un caractère violent et toutes les passions que peut exalter et entretenir un pouvoir sans limites. Certes, un tel personnage est du domaine de la scène tragique ; Vendôme n'est autre chose, si ce n'est que son pouvoir ne s'étend que sur une ville assiégée, et nous verrons bientôt que ce premier rapport en a entraîné quelques autres. D'ailleurs ce même personnage de Mahomet II a déjà paru sur la scène avec éclat : sans parler de celui dès long-temps oublié de Châteaubrun, et d'une tragédie lyrique, plus oubliée encore quoique très-récente, ce n'est point un ouvrage médiocre que ce Mahomet, de la Noue, qui punit son armée de sa révolte par le châtiment des mutins, et qui, en frappant Irène, se punit lui même d'une faiblesse qui a compromis sa puissance ; cet ouvrage a été repris sur le conseil de La Harpe avec un très-grand succès : il pourra l'être encore sans que le nouveau Mahomet ait à s'en plaindre ; c'est le même personnage ; mais les lieux, les temps, le sujet sont absolument différens.
Constantin n'est plus ; l'Empire grec est détruit ; l'alcoran règne aux lieux où un payen arbora l'étendart de la croix qui le fit vaincre ; Mahomet laisse quelques instans reposer sa gloire, il est amoureux d'Eronyme, princesse grecque, dernier reste du sang de Constantin ; sa captive par le droit de la guerre. Eronyme ne voit en Mahomet qu’un barbare et un infidèle ; mais elle voit un amant secrètement adoré dans Soliman, visir de Mahomet et l'ami de ce prince, qui l'a sauvée du carnage lors de la prise de Constantinople.
Cependant les soldats fatigués du repos, demandent de nouveaux périls.
Ils osent murmurer, leur sang ne coule pas !
La sédition est excitée par quelques-uns de ces chefs, dont le poète dit en vers qu'on croirait avoir lus dans Bajazet :
Ils savent se venger des affronts qu'ils endurent,
Et le trône chancelle à l'instant qu'ils murmurent.
Ces chefs ne sont que les instrumens de la sultane-reine, naturellement jalouse d'Eronyme. Cette sultane connait l'amour d'Eronyme et de Soliman ; et tandis que Mahomet, désespéré des rigueurs de la belle grecque, se détermine à reprendre les armes, ne fut-ce que pour s'affranchir d'une captivité indigne de lui, la sultane attire Eronyme et Soliman dans un piège affreux. Son prétexte est la délivrance d'Eronyme ; la sultane fait introduire Soliman dans le sérail pour qu'il en arrache la princesse ; elle le fait surprendre avec elle par Mahomet, qui les dévoue tous deux au plus affreux supplice.
Bientôt les progrès de la révolte deviennent alarmans ; les séditieux menacent le palais. Soliman brise sa chaîne pour venir apporter à son maître le secours de son bras et ensuite sa tête. Mahomet refuse son secours ; il a connu l'artifice odieux de la sultane ; il se présente aux rebelles et jete [sic] dans leurs rangs la tête de la perfide ; tout s'appaise, les chefs sont livrés et punis, Mahomet a raffermi sa puissance ; il rentre au palais où l'appelle le soin de sa vengeance ; Soliman attend et demande la mort, mais Eronyme se l’est donnée ; le poison circule dans ses veines ; elle s'est volontairement soustraite à Mahomet : la vie de Soliman est dès-lors assurée : son maître ne peut plus le punir. La mort d'une femme réunit deux guerriers qu'elle avait divisés, et tous deux reprenant leurs armes, ne vont plus vivre que pour leur renommée.
Les premiers actes de cet ouvrage ont été très-applaudis ; la fin du troisième, une partie du cinquième et la dernière scène ont éprouvé une opposition opiniâtre constamment repoussée par la majorité du public, mais jamais réduite au silence ; en mettant de côté ce qui appartient à l'injustice, à l'inimitié, à l'esprit de dénigrement, nous essayerons de retracer ce que pensait le nombre toujours considérable de ceux qui ne sifflent jamais, applaudissent rarement, et écoutent toujours.
Le premier acte offre une exposition asses naturelle ; la sultane et sa confidente l'ouvrent : le second est ouvert par la princesse et une Grecque qui la suit ; le double intérêt qui va s'établir, a exigé ainsi une double exposition dans deux actes et dans la même forme. Cet inconvénient avec quelques efforts eût pu être évité ; mais, dès ce premier acte, le caractère de Mahomet se montre largement et fièrement dessiné ; on est peut-être en droit: de trop attendre de ce que promet un tel personnage à son premier aspect : la rivalité de Soliman promet aussi un nœud plus fort que celui qui a été tissu. La préférence que lui donne Eronyme, n'est pas assez motivée. Eryphile dit d'Achille : je le vis ; mais c’est d'Achille qu'elle parle, d'Achille, fils du dieu qu'Eryphile adore. L'amour de la nièce de Constantin pour un Musulman qu'elle n'a vu qu'un moment, ne peut que faiblement intéresser : plus de motifs et de développemens étaient ici nécessaires. On lit, quelque part, qu'un Grec de la maison de Constantin s'était attaché à la fortune de Mahomet ; c'est ce Grec qui devait être aimé d'Eronyme, malgré son apostasie : cela était plus vraisemblable sans que Soliman ressemblât davantage à Nemours ou à Seïde.
Le Maleck Adel de Mme. Cotin pourrait bien avoir donné l'idée du rôle de Soliman ; mais ce personnage d'une beauté idéale méritait d'être placé au premier rang, et ce n'est pas en avoir fait un assez digne usage que de l'avoir mis en seconde ligne ; Maleck Adel reste à peindre au théâtre. Le Soliman de la tragédie nouvelle, est très-brillant dans les premiers actes : dans les deux derniers, il demanda long temps une mort dont on le menace sans cesse, et qu'il finit par ne pas obtenir, tandis que sa maîtresse se sacrifie pour lui : ce personnage ne peut inspirer un très-grand intérêt quoiqu'il soin noble, généreux, fidèle et malheureux sans l'avoir mérité.
Peut-être à la fin du second acte, dont l'éclat est tel qu'il nuit au reste de l'ouvrage, Soliman se confie-t-il trop imprudemment à la sultane ; mais le danger est pressant, Soliman peut ne pas voir le piège où il va tomber. Ce troisième acte, beaucoup trop court, n'a, à proprement parler, que deux scènes ; l'apparition de Mahomet est d'un effet terrible, il va frapper, on le croit:
Tout était juste alors.....
Mais son bras s'arrête, il veut connaître les complices, il veut délibérer sur le choix du supplice : ici le personnage indiqué n'a pas été reconnu. On oubliait que l'auteur avait encore deux actes à faire, et c'est à ce moment que les premiers murmures se sont élevés.
Au quatrième acte, une belle scène bien tracée et bien écrite entre Mahomet et la sultane, objet de ses soupçons, a ramené tous les suffrages du parti de l'auteur ; chose étrange ! Ce que nous regarderions comme le défaut capital de l'ouvrage, une révolte si subite et si dangereuse sous un chef tel que Mahomet, la délivrance de Soliman, sa présence les armes à la main devant son maître qui le croit enchaîné, ses offres de service au moment où il devrait être déjà puni, sont des invraisemblances qui n'ont point choqué. L'opposition s'est ralliée quand Mahomet vainqueur de la révolte, et couvert du sang de la sultane, revient parler d'un amour trop malheureux et d'une vengeance si différée qu'elle est fatiguante. Les coupables paraissent devant ses yeux : une seconde fois il lève ce bras qu'on a déjà trop vu dans cette position indécise : un mouvement généreux l'emporte, et les applaudissemens les plus vifs ont éclaté ; c'est un mouvement théâtral qui ne manque jamais son effet, le spectateur applaudit parce qu'il se sent soulagé. Le dénouement était prévu ; un mot piquant de l'Araminte du Cercle trouve forcément ici son application : Ëronyme a dû mourir pour laisser Mahomet se réconciliee avec son visir. Tel était la marche du sujet, les beaux vers qui terminent la pièce étaient ici fort nécessaires pour faire trouver bon ce dénouement inévitable, qui ne pouvait attendrir, puisque les amans n'avaient pas assez intéressé. Talma est très-heureusement parvenu à les faire entendre. Ils terminent l'ouvrage par un trait de caractère : ils rendent Mahomet au spectateur, Mahomet qui dans les derniers actes avait paru trop peu semblable à lui-même. C'est en se relevant ainsi que le rôle a reconquis les applaudissemens et assuré le succès de l'ouvrage.
Il résulterait de cet examen nécessairement trop peu approfondi, et auquel les représentations suivantes donneront sans doute lieu d'apporter des modifications, que le sujet était tragique ; peut-être les moyens employés pour le traiter ont-ils à-la-fois de la faiblesse et de l'exagération : de la faiblesse dans la disposition générale, dans la marche et la nature des événemens, dans la coupe des actes, dans la distribution des scènes principales, dans tout ce qui tient à la préparation, à la vraisemblance des situations ; de l'exagération dans quelques parties du dialogue que la situation ne justifie pas assez.
Ici, pour la seconde fois, la partie brillante de l'auteur est le style, quelquefois sous le rapport d'une grande énergie dans les pensées et d'une vigueur concise dans le dialogue, toujours sous celui de la pureté, de la correction et d'une constante harmonie. On a applaudi avec enthousiasme des détails d'une rare beauté, surtout un portrait de Mahomet, sa réponse aux murmures de son armée, et le tableau des travaux guerriers qui l'attendent. Peut-être manque-t-il encore quelques traits de vérité locale, et en général une couleur plus fidèlement appropriée aux temps et aux lieux, à ces temps remarquables par un si grand événement, à ces lieux où tout devait rappeller au spectateur, l'étonnante métamorphose dont ils venaient d'être les témoins, les mœurs qui venaient de disparaître et celles qui leur succédaient, les idées nouvelles qu'apportait un culte nouveau , l'opposition de caractère et de langage entre les Grecs et leurs vainqueurs. Tout cela pouvait être mieux indiqué sans faire une tragédie politique, ce que l'auteur a pris à tâche d'éviter: Mahomet pouvait être amoureux et jaloux ; mais sa figure dramatique n'aurait été que plus intéressante si sa physionomie historique eût été encore plus caractérisée. Nous sommes à une époque où il paraît impossible d'intéresser au théâtre, si on nous y peint les grands personnages de l'histoire livrés à des passions vulgaires, sans rattacher ces passions à de plus grands intérêts. La Noue l'avait senti en créant son beau rôle de l'Aga des janissaires, et celui de Couci n'est pas non plus étranger à cette intention.
Nous aurons probablement l'occasion de revenir sur cet ouvrage , dont l'auteur, demandé à grands cris et nommé au milieu des applaudissemens les plus vifs, est M. Baour-Lormian. En le nommant, Talma a noblement reçu sa part d'un succès auquel il avait éminemment contribué. Ce grand acteur, dans toute la force de son talent, ajoutera ce rôle à ceux auxquels son nom demeurera attaché. On ne porte pas plus loin ce qu'on peut appeller la composition d'un rôle, et son dessin général dans les intentions de l'auteur et dans la vérité historique. Impétueux, violent, jaloux, absolu, Mahomet pouvait être bien rendu par Talma suivant la seule inspiration du moment, et la nature particulière de son talent, si bien appropriée à ce rôle ; mais il a vu la chose de plus haut. Nous avons en quelque sorte revu Othello, mais Othello couronné, maître d'une partie du monde, s'indignant de ne l'être pas de lui-même. Ici, sa violence même et sa fureur ont de la profondeur, de la dignité, le sentiment de la puissance, l'habitude de commander d'un regard. C'est un art particulier à cet acteur, de donner comme à volonté à sa belle tête le caractère du peuple qu'il représente. Hier la tête grecque avait disparu, et un Arabe s'est montré. C'est ainsi que l'artiste sait se distinguer des comédiens par une nuance aussi forte que celle qui sépare le comédien de l'acteur ordinaire.
La seconde représentation de Mahomet 11, a attiré un concours au moins égal à celui de la première. Le succès de l'ouvrage n'a éprouvé cette fois aucune sorte de contestation : les applaudissemens ont été plus vifs pour les beautés, et les défauts qui peuvent subsister encore n'ont pas paru susceptibles d'être mis dans la balance. L'auteur, en homme maître de son sujet, qui apprécie mieux qu'un autre les parties faibles de son ouvrage, a fait avec une heureuse facilité quelques changemens qui ont été pour. lui une source de beautés nouvelles. Telle est la manière très-tragique dont Mahomet termine aujourd'hui le quatrième acte : au lieu d'ordonner qu'on entraîne la sultane qu'il doit frapper en présence des rebelles, il lui ordonne lui-même de le suivre ; venez, madame, lui dit-il,
Je veux à ces mutins vous présenter moi-mêm.
L'effet de ce vers, la catastrophe qu'il annonce, la manière dont il a été dit, ont produit un effet extraordinaire.
L'auteur a fait quelques autres changemens et des suppressions qui ont été favorablement accueillis. Le temps ne lui permettait pas d'ajouter à quelques parties les développemens désirables, de remplir les vides qui se font sentir encore, et de donner à son troisième acte surtout, déjà défectueux par le changement du lieu de la scène, l'étendue raisonnablement exigée ; mais il a fait plus que l'on ne l'aurait cru possible, et vraisemblablement tout ce qui était nécessaire, car le succès a été complet.
Talma, fidèle à l'idée principale suivant laquelle il a conçu son rôle, y a trouvé des effets plus frappans encore et plus variés ; celui qu'il a produit ne peut se décrire alors que peignant l'amour d'un maître absolu, croyant qu'Eronyme peut être jalouse, et redouter une rivale, il lui en offre le barbare sacrifice dans ce beau vers de caractère et de situation :
Demandes-moi [sic]sa tète, elle tombe à tes pieds.
Mlle. Duchesnois a dit aussi bien qu'à la première représentation ; mais elle a eu plus de profondeur, elle a tenu plus d'à-plomb dans le rôle de sultane, celui de l'ouvrage peut-être qui est le plus naturellement en action, et le mieux soutenu. Elle est sur-tout très-belle dans la scène du 4e. acte, où Mahomet l'interroge, et elle dit avec une effrayante vérité ce vers poétique qui peint sa situation, et sa juste terreur du ressentiment de Mahomet :
Et ce n'est pas pour moi qu'il retiendra ses coups.
Damas et Mlle. Volnais ont redoublé d'efforts, et sont parvenus à donner à leurs rôles tout le degré de noblesse et de justesse dont ils étaient susceptibles. L'ouvrage est monté avec une rare magnificence ; les costumes sont d'une exactitude dont il appartient au Théâtre Français de conserver la tradition et de donner l'exemple ; les décorations sont fort belles, il est plus que probable que l'ouvrage attirera la foule pendant un grand nombre de représentations. S....
Geoffroy, Cours de littérature dramatique, tome quatrième (seconde édition, 1825), p. 370-376 :
[Beaucoup de comparaisons avec l'opéra sur le même sujet de Saulnier et Jadin (1803), et une grande insistance sur la vraisemblance et la décence. Et bien sûr un constat désolant : la tragédie n'est pas sur la voie du progrès.]
MAHOMET II.
Il n'y avait personne à la première représentation du Britannicus de Racine, en 1669 ; celle du Mahomet II, de M. Baour-Lormian, avait attiré une foule extraordinaire. Du temps de Racine, l'apparition d'une tragédie n'était pas encore un grand événement dans l'état ; les chefs-d'œuvre étaient communs ; le public ne s'en occupait pas assez : depuis qu'on n'en voit plus, on s'en occupe trop ; on les attend avec une impatience et une avidité incroyables ; on se flatte d'en trouver un dans chaque nouveauté qu'on annonce ; et cette espérance, mille fois trompée, n'en est que plus vive et que plus ardente : de là cette masse de curieux qui ne manque jamais de se lever pour une tragédie nouvelle, et qui assiége le théâtre avec une espèce de fureur.
Il était cependant naturel de penser que le chantre aimable et doux des mœurs patriarcales, qui avait fait parler avec tant de grâce Joseph et Benjamin, pourrait bien manquer d'haleine et de nerf quand il faudrait peindre le terrible et barbare Mahomet. Je ne concevais pas comment cet élégant versificateur avait osé s'engager dans un combat contre Lanoue, dont il ne pouvait sortir honnêtement sans tuer son homme ; et Lanoue me paraît difficile à tuer. En voyant le nouveau Mahomet, j'ai reconnu que M. Baour-Lormian, suivant le précepte de Boileau, avait consulté son esprit et ses forces : convaincu qu'un personnage tel que Mahomet II était un fardeau trop lourd pour ses épaules, il s'est bien donné de garde d'entreprendre, comme Lanoue, une tragédie de caractère, qui aurait trahi sa faiblesse ; il s'est jeté sagement dans la tragédie d'intrigue, l'espèce la plus vulgaire et la plus facile : sans essayer de nous peindre Mahomet, il s'est contenté de placer ce héros si fameux au milieu d'une petite intrigue de sérail, qu'il ne s'est pas même donné la peine d'inventer.
Une foule d'anciens romans inconnus, qui roulent sur des aventures de sérail, pouvaient lui épargner tout effort d'imagination ; il leur devait la préférence, et je ne sais par quel caprice il a mieux aimé prendre son sujet dans un opéra moderne de Mahomet II, représenté il y a huit ans, dont les paroles sont de M. Saulnier, et la musique de M. Jadin. L'ouvrage eut d'abord quelque succès ; il est aujourd'hui parfaitement oublié, et c'est peut-être cet oubli qui a rassuré M. Baour-Lormian sur son larcin. D'ailleurs, il y a tant de tragédies dont on fait des opéras, qu'il a cru par le même droit pouvoir d'un opéra faire une tragédie ; mais il y a de l'audace dans un faiseur d'opéras qui s'empare d'une tragédie ; il y a de la faiblesse dans un poëte tragique qui daigne employer à son usage les dépouilles d'un opéra.
On suppose, dans l'opéra de Mahomet II, que ce farouche conquérant est éperdument amoureux d'une captive nommée Eronime, qui l'accable de ses rigueurs. La tragédie nouvelle est établie sur la même supposition : l'auteur n'a pas même changé le nom d'Éronime. Il a considéré sans doute que Voltaire ayant prisle nom de Zaïre dans le Bajazet de Racine, il pouvait bien prendre le nom d'Éronime dans l'opéra de M. Saulnier. Mais, pour mettre quelque chose du sien, M. Baour-Lormian nous donne cette Éronime pour la nièce de Constantin, dernier empereur grec, qui a péri glorieusement en défendant sa capitale. De cette nièce de Constantin, il a fait une espèce de Pulchérie, qui traite Mahomet aussi mal que la fille de Maurice, Phocas dans la tragédie Héraclius ; mais il y a une si prodigieuse différence entre Phocas et Mahomet, qu'il n'est pas naturel que le conquérant ait la même patience que l'usurpateur.
Un autre inconvénient de cette métamorphose d'Éronime en nièce de Constantin, c'est qu'il est choquant qu'une princesse grecque, aussi illustre, oublie sa religion, sa patrie et le sang dont elle est issue, au point d'être amoureuse d'un musulman, d'un Turc, nommé Soliman, qui est le visir, le confident et l'esclave du tyran qu'elle abhorre, et qui a pris une part très-active à la destruction de sa famille. La même inconvenance ne se trouve pas dans l'opéra, où Éronime n'est qu'une jeune esclave chrétienne à qui l'on ne peut reprocher que d'aimer un musulman; mais les deux Éronimes ont leur excuse commune dans la reconnaissance qu'elles doivent à ce Soliman, qui les a sauvées du pillage de Constantinople.
Dans l'opéra comme dans la tragédie, il y a une vieille sultane méchante et vindicative, mère de Bajazet, fils aîné de Mahomet. L'amour du sultan pour Éronime déconcerte ses projets et sa politique ambitieuse : elle conspire contre Éronime et contre Mahomet ; elle essaie de soulever l'armée. Cette sultane dans l'opéra s'appelle Racima, nom dur qui convient assez à son âge et à son caractère. M. Baour-Lormian a donné une nouvelle preuve de son goût pour l'harmonie, en substituant au nom peu musical de Racima le nom mélodieux de Zulima, trop doux pour une aussi méchante femme : ce rôle est fort bien joué par mademoiselle Duchesnois ; et je ne sais pourquoi cette actrice, dès les premiers mots qu'elle a prononcés, a été arrêtée par un tumulte précurseur du grand orage qui a éclaté dans les derniers actes ; elle a pris la parole à plusieurs reprises, et répété à deux ou trois fois :
Avec ma haine. . . . . . . . . . . . . . . .
commencement du premier vers : toujours interrompue par un bruit sans motif, avec une obstination tout-à-fait déraisonnable, j'ai vu le moment où mademoiselle Duchesnois allait s'en retourner avec sa haine comme elle était venue. Ce désagrément, qu'elle était loin de mériter, ne l'a pas empêchée de remplir ce personnage avec beaucoup de fermeté et d'énergie.
Dans l'opéra, comme dans la tragédie, il y a un projet d'enlever Éronime ; dans l'opéra, c'est Soliman qui forme ce projet à l'aide de quelques intelligences qu'il a dans le sérail ; mais, au lieu d'Éronime, c'est la vieille sultane Racima qui vient au rendez-vous , et qui veut forcer Soliman à égorger Éronime ; dans le cruel embarras où le jette cette proposition, Soliman est arrêté, conduit à Mahomet, qui l'envoie en prison avec Racima. L'auteur de la tragédie suit une marche un peu différente ; ce n'est pas Soliman qui forme le projet d'enlever Éronime ; il a pour cela l'âme trop bonne : c'est la sultane Zulima qui le force à tenter ce grand coup, et qui lui en facilite les moyens en l'introduisant la nuit dans la chambre d'Éronime : il est très-peu vraisemblable qu'une sultane délaissée et sans crédit ait un tel pouvoir dans le sérail. Quoi qu'il en soit, pendant que l'amoureux Soliman presse Ëronime de fuir, et que cette belle résiste, parce que son amant n'a pas le courage de fuir avec elle, Mahomet, averti par la sultane , surprend les deux coupables en flagrant délit.
Le véritable Mahomet, en pareille occasion, n'eût pas balancé à sacrifier les deux amans à sa colère, et la prompte mort de ces deux victimes eût terminé l'intrigue : ce sont là les mœurs des sérails de l'Orient ; c'est ce qu'on devait attendre du caractère bien connu du sultan ; mais le Mahomet du théâtre ne peut pas aller si vite en besogne ; la tragédie finirait là. Il éclate en menaces, en vaines fureurs ; les deux amans veulent mourir l'un pour l'autre ; et leur générosité est une nouvelle insulte pour le jaloux sultan, qui cependant borne sa vengeance à les faire arrêter, pour se donner le temps de délibérer sur leur sort. Cela se passe au troisième acte, et ce troisième acte tue le reste de la pièce ; car tout languit, tout se traîne du moment que Mahomet, outragé par sa maîtresse et par son visir, dément son caractère jusqu'à se consulter sur la punition de deux esclaves coupables.
Le poète tragique a pris aussi dans le poète lyrique la révolte des janissaires excitée par les intrigues de la sultane. Cette sédition produit du moins quelque chose dans l'opéra : les rebelles délivrent la sultane et Soliman ; ils menacent les jours de Mahomet ; mais le généreux Soliman fait rentrer les janissaires dans le devoir, tue la sultane ; et Mahomet, pour prix d'un si grand service, lui cède sa maîtresse Éronime. Dans la tragédie, la sédition est annoncée dès le commencement ; on en parle de temps en temps ; mais elle n'éclate que lorsque le poète a besoin d'occuper la scène prodigieusement refroidie pendant les réflexions de Mahomet sur le malheur de ses amours. La Bruyère s'est moqué de ces révoltes que les poëtes excitent et apaisent à leur gré, sur ces mutins qui au dénouement n'entendent point raison. Le fidèle Soliman demande à Mahomet la permission d'aller se présenter aux rebelles. Mahomet ne juge pas son rival digne de cet honneur : il y va lui-même, coupe la tête à la sultane aux yeux des janissaires ; et je ne comprends pas comment cet exploit les apaise, car c'est pour la sultane qu'ils s'étaient révoltés ; mais peut-être faut-il laisser aux tragiques ordinaires cette liberté de disposer des soldats à leur fantaisie, pour se tirer d'intrigue quand ils ne savent plus comment finir leurs pièces.
Mahomet, dans un clin d'œil, rétablit l'ordre dans son armée, et revient s'occuper des deux coupables, qui lui donnent bien plus d'embarras que la plus furieuse sédition. Parmi les flots d'irrésolution et d'incertitude dont il est ballotté, il lui prend un bon accès de clémence, et il conseille aux amans d'en profiter par une prompte fuite, de peur qu'il ne lui survienne un accès de férocité. Cependant les coupables restent : Mahomet persiste dans ses bonnes intentions ; mais, ô désespoir ! Éronime sent tout à coup une violente colique. On ne se serait pas douté que pendant la bagarre elle s'était empoisonnée : la malheureuse expire. aux yeux de Mahomet et de Soliman. Ce qui n'est pas moins merveilleux, c'est que le bon et compatissant Mahomet, témoin de la désolation de son rival, lui dit tendrement :
. . . . . . . . . . . Mon amitié te reste.
Cet incident du poison est emprunté d'Inès de Castro. Il est vrai qu'Inès ne s'empoisonne pas elle-même ; mais l'effet en est le même dans les deux pièces. Inès, ainsi qu'Éronime, est une amante malheureuse, qui, dans l'instant même où elle touche au bonheur, est arrachée par le poison à l'amant qu'elle allait posséder.
Les sifflets ont commencé vers la fin du troisième acte, et n'ont pas cessé de troubler la représentation. Cependant ils ont laissé Talma débiter tranquillement les derniers vers, et ne se sont point mêlés aux cris qui demandaient l'auteur. Ces sifflets n'étaient pas en grand nombre, mais très-importuns par leur obstination, très-fâcheux par l'adresse avec laquelle ils échappaient aux recherches et aux poursuites : c'étaient autant de lutins invisibles qui harcelaient les amis de l'auteur ; peut-être les applaudissemens extraordinaires, prodigués sans discernement et sans mesure aux endroits qui méritaient le moins cet honneur, ont-ils irrité quelques spectateurs venus pour juger. Tout ce qu'on peut dire pour la justification des siffleurs, c'est qu'ils ont bien saisi les endroits faibles, et placé très-à-propos leurs sifflets.
Ce nouveau Mahomet me paraît très-inférieur au Mahomet de Lanoue, joué avec le plus brillant succès en 1789 , il y a aujourd'hui soixante-douze ans ; depuis ce temps-là, l'art de la tragédie ne s'est pas perfectionné. (12 mars 1811. )
D’après la base La Grange de la Comédie Française, Mahomet II, tragédie en 5 actes en vers ; texte de Pierre-Marie-Louis-François Baour-Lormian; a été créé le 9 mars 1811 et a connu 7 représentations, toutes en 1811.
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