Margot, ou la Pie borgne, imitation burlesque de la Pie voleuse, en prose, mêlée de vaudevilles, de Chazet, Ourry et Simonnin, 3 juin 1815.
Théâtre du Vaudeville.
La Pie voleuse ou la Servante de Palaiseau est un mélodrame historique en trois actes et en prose, de Caigniez et d’Aubigny, musique d’Alexandre Piccini, ballet de M. Rhenon, joué sur le Théâtre de la Porte Saint-Martin le 29 avril 1815.
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Titre :
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Margot, ou la Pie borgne
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Genre
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imitation burlesque
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Nombre d'actes :
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Vers / prose
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prose, avec couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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3 juin 1815
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Chazet, Ourry et Simonnin
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Le Nain jaune, ou Journal des arts, des sciences et de la littérature, cinquième année, volume II (du 10 avril au 15 juillet 1815), revient à trois reprises sur la carrière au théâtre de Margot et de sa pie borgne.
Première salve dans le n° 371, du 5 juin 1815, p. 278 :
Vaudeville. — Margot, ou la Pie Borgne. Imitatores servum pecus ! Depuis le rival de Louis XIV, dont les vers burlesques n'ont pu ridiculiser le prince des poètes latins, on ne saurait calculer à quel point s'est augmenté le troupeau servile. Depuis une vingtaine d'années, surtout, nous avons vu fondre sur nos petits théâtres une nuée d'auteurs à la suite ; il faut placer à leur tête M. Dumersan qui dispute à M. Dupin l'honneur de refaire les anciennes pièces et de parodier les nouvelles. Tous ces spéculateurs de tréteaux ne sont pas témoins d'un succès sans qu'ils s'efforcent aussitôt d'en attraper leur part. La fortune de la Pie Voleuse a séduit quelques-uns d'eux, et ils se sont bien promis d'en avoir aile ou pied. Le Nain Jaune croit devoir épargner à ses lecteurs l'analyse d'une pièce que l'indulgent parterre du Vaudeville n'a pu écouter. Les malheurs d'une pie borgne qui devient aveugle en se battant avec un chat, n'ont pas paru assez intéressans pour dispenser ceux qui nous les racontaient de le faire avec un peu d'esprit. Il n'y a pas dans cette prétendue imitation burlesque, un seul trait comique, une seule intention de scène. On dit que dans un plaisant accès d'orgueil, M. Simonin s'en déclarait l'auteur dans le foyer public. Je ne vois rien là d'impossible ; mais on lui prête pour collaborateur un homme que le Nain Jaune ne peut pas croire coupable d'un pareil péché.
L'affiche ne nous promettait qu'une pie ; grâce à M. Fichet, nous avons vu de plus un singe. Joly et mademoiselle Minette ont fait de leur mieux; mais ils ne pouvaient pas soutenir une production insoutenable.
Fichet est un des acteurs de la pièce.
Deuxième salve dans le n° 372 du 10 juin 1815,dans la rubrique des « petits théâtres », p. 302 :
Vaudeville. — Margot ou la Pie borgne. — Atteindre de chute en chute sa dixième représentation ! Heureux théâtre ! on n'y tombe jamais. L'indulgent parterre du Vaudeville est encore plus galant envers les débutantes qu'envers messieurs les auteurs ; mademoiselle Pauline qui débute incognito dans l'emploi des jeunes amoureuses, n'est ni bonne ni mauvaise, ni jeune ni vieille, et ne chante guère plus faux que mademoiselle Rivière. Le public l'applaudit médiocrement et ne la trouve point déplacée à côté de mademoiselle Betzi.
Troisième salve, dans le même numéro, mais dans une autre rubrique (les « bruits de ville et revue des journaux), p. 304 :
Oh ! pour le coup, la Feuille du jour devient plaisante. Tous les journalistes se sont accordés (chose bien rare) pour déclarer Margot ou la Pie borgne une production misérable, et justement sifflée par un parterre dont l'indulgence n'est pas révoquée en doute. Le seul M. A, D, C, (le chevalier Alissan de Chazet) dit, dans la Feuille du jour, que cette demi-chute pourrait bien devenir un succès ; enfin il fait l'éloge de cette rapsodie avec une bonté toute paternelle. Chaque acteur reçoit un compliment du bénin rédacteur ; il n'y a pas jusqu'à Fichet dont il loue l'imperturbable mémoire. Qui donc a pu rendre M. Alissan de Chazet si louangeu ? L’Indépendant nous donne le mot de cette énigme, en nous apprenant que les billets d'auteur pour Margot ou la Pie borgne étaient signés MM. Chazet et Ourry.
La paternité de Chazet et Ourry est confirmée par la Biographie universelle et portative des cintemporains, tome 3, p. 819. O. Krakovitch ajoute à la liste Simonnin (Inventaire des Pièces soumises à la censure (1800-1830), sur Internet, p. 59).
Même manque d’enthousiasme dans le Journal des dames et des modes, dix-neuvième année (1815), n° 32, du 10 juin 1815 :
Margot, la Pie borgne, renommée pour bien siffler les autres, a été bien sifflée elle-même, ce qui ne l’a pas empêché de reparoître; mais Margot ne bat que d’une aile.
Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 20e année, 1815, tome III, p. 423
THÉÂTRE DU VAUDEVILLE.
Margot , ou la Pie borgne, imitation burlesque de la Pie voleuse, jouée le 3 Juin.
On ne parodioit autrefois que les tragédies et les grands opéra; mais, depuis que le génie inventeur est devenu plus rare, les imitateurs pullulent. Il est si facile de travestir ridiculement le noble ou le pathétique. Il est vrai que cela n'est pas toujours un titre au succès, témoin la Margot du Vaudeville, qui ne fera jamais autant rire que la petite Servante de Falaiseau a fait verser de larmes au théâtre de la Forte S. Martin. Tout le monde a lu, dans les Causes célèbres, le sujet de cette pièce. Une servante fut accusée d'avoir volé son maître. Malheureusement elle étoit exécutée quand on découvrit que la voleuse étoit une pie. On se rappelle encore la messe de la Pie qui avoit été fondée pour la pauvre fille, et qui se disoit, je ne sais plus à quelle église, le jour anniversaire de l'exécution. Voici comment on a parodié le mélodrame.
M. Ragot est fou d'une pie ; de son côté sa femme n'aime rien autant qu'un chat angora, et elle ne peut souffrir la pie qui est sa bête noire. Le mari et la femme, le chat et la pie se disputent à qui mieux mieux. Une séparation étant devenue indispensable, il a été convenu que l'on enverrait la pie à Nanterre chez Rimoneau, qui a consenti à prendre en pension l'oiseau de discorde. Mais un malheur est arrivé à Margot.... il lui est survenu un œil de moins. Cela inquiète beaucoup Rimoneau, car il prévoit que Margot, qui est borgne, ne verra
pas cela de bon œil.
Quoique vieux et avare, Rimoneau est amoureux de sa servante Margot, qu'il appelle Toinon, pour ne pas la confondre avec la pie ; il lui propose de l'épouser , mais elle refuse obstinément, parce qu'elle aime Blaise. Le méchant vieillard jure de se venger de l'affront qu'il reçoit : il s'adresse au ci-devant procureur Grippart, qui remplit par intérim les fondions de juge du lieu, et il le consulte sur le double objet de son chagrin. Pour plaire à Rimoneau, qui a promis de lui prêter de l'argent, Grippart ne voit pas de meilleur moyen que d'accuser la servante d'avoir éborgné la pie, et de l'effrayer pour la rendre plus docile.
Ragot, suivant sa coutume, vient visiter son oiseau chéri ; il apprend avec indignation que Margot a perdu un œil. Il va faire sa plainte. Grippart instruit l'affaire juridiquement, et vient établir le siège du tribunal chez Rimoneau. L'innocente Toinon est condamnée, ce n'est qu'en ce moment que Blaise vient la justifier en annonçant que la pie borgne est devenue aveugle. Cette fois l'auteur du délit a été pris sur le fait. C'est le chat angora qui a poursuivi son ennemie de Paris à Nanterre.
Le mérite des pièces de ce genre ne peut être que dans les détails, et c'est dans les détails qu'on a vainement cherché celui de l'imitation burlesque jusqu'à laquelle le Vaudeville a bien voulu déroger. Si le public n'a pas ri, c'est tout-à-fait la faute des auteurs de cette parade. On auroit voulu qu'un peu d'esprit dédommageât de la niaiserie du sujet ; mais les auteurs ont été condamnés par défaut.
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