Maria ou le Mauvais fils, pantomime en trois actes, d'Henri Franconi, créée le 5 Septembre 1812.
Théâtre du Cirque Olympique.
Brochure publiée en 1812 chez Barba.
Journal de l'Empire, du 15 septembre 1812, p. 4 :
[Geoffroy, le sévère critique du Journal de l'Empire – quasiment le journal officiel de l'Empire – consacre le plus souvent son feuilleton à des pièces d'un genre plus noble que les pantomimes. Mais il semble manifester une certaine tendresse envers les créations de la famille Franconi, et le montre encore ici. Après un résumé de l'intrigue de cette pantomime, où il est obligé de rassembler la riche collection de clichés indispensables dans une pantomime – il n'en manque aucun dans cette Maria et le mauvais fils – il se contente de souligner le succès auprès du public, de l'expliquer par « la grande variété des situations, le merveilleux des incidens et le vif intérêt qu'inspire Maria » et la qualité e l'interprétation du couple Franconi.]
CIRQUE OLYMPIQUE.
Maria, ou le Mauvais Fils.
Maria est une paysanne aussi belle que vertueuse : elle a un amant tendre, fidèle et brave. Le mauvais fils a un bon père, c'est la règle ; ce bon père est faible, c'est encore l'usage. Le mauvais fils, amoureux de Maria. ne pouvant enflammer son cœur, met le feu à sa chaumière. Le bon père, instruit de cette nouvelle manière de faire l'amour, condamne son fils à payer le dommage ; le fils donne de l'argent aux incendiés ; mais Maria n'a pas besoin de sa chaumière ; l'incendiaire la fait enlever par ses satellites, et lui donne un logement dans son château. Qu'on juge des risques que court son honneur dans la chambre d'un vieux château où elle est seule avec son bourreau! Son amant, pour la délivrer, s'unit à des brigands qui s'introduisent dans le château par un souterrain : au moment où elle se croit sauvée, le mauvais fils la reprend, et fait enfermer son rival dans une tour. Les paysans, les bucherons, s'arment pour la défense de Maria et de son amant ; mais Maria s'est enfuie dans la forêt, où elle a rencontré le bon père, lequel vient pour mettre ordre aux affaires de son château. A son arrivée, les soldats du mauvais fils couchent en joue le bonhomme. Dans cet instant, les paysans et les bûcherons pénètrent dans le château par le souterrain: le mauvais fils, vaincu, ordonne qu'on fasse sauter la tour qui renferme son rival. La tour saute ; cent mille autres auroient péri : l'heureux rival se cramponne aux créneaux, s'élance dans un fossé plein d'eau, et sort pour combattre et tuer le mauvais fils : ce scélérat se reconnoit à l'article de la mort : il demande pardon, et meurt avec la bénédiction du bon père. Depuis quelques jours cette pantomime attire la foule au Cirque ; c'est en ce genre un spectacle curieux par la grande variété des situations, le merveilleux des incidens et le vif intérêt qu'inspire Maria. La pièce est fort bien jouée par les divers acteurs., surtout par M. Franconi jeune et Mad. Franconi ; l'un joue le mauvais fils, l'autre Maria, et tous les deux se distinguent par la grande expression de leurs gestes et de leur figure.
Geoffroy.
Journal des arts, des sciences, et de littérature, n° 170 (troisième année); 20 août 1812, p. 226-227 :
[Le compte rendu commence par un résumé de l'intrigue, plutôt rapide et un peu ironique, comme si l'intrigue ne méritait pas qu'on la prenne au sérieux (elle est pleine de rebondissements, mais ce sont des rebondissements fort prévisibles). Il s'achève par un surprenant : « Que de bruit pour une laitière ! ». Sans transition, le critique révèle ensuite que la pièce nouvelle n'est que la reprise d'une pièce déjà jouée dix ans auparavant. Mais il insiste pour justifier ce qui pourrait passer pour du plagiat : il existerait pour la pantomime une autorisation pour chacun de prendre chez l'autre ce qu'il veut. Et la version nouvelle de l'intrigue comporte « de jolis détails » et des accessoires soignés (jusqu'à de vrais moutons sur scène). Et le les Franconi qui jouent les principaux rôles ont été vigoureusement applaudis.]
CIRQUE OLYMPIQUE.
Maria, ou le mauvais fils, pantomime en trois actes,
de M. Franconi et d'un anonyme.
Maria est une jolie laitière disposée à épouser bientôt un berger qu'elle aime ; mais elle a inspiré un violent amour au seigneur Hérold, et ce jeune libertin, furieux de n'avoir pu la séduire, incendie sa chaumière, fait enlever Maria, et la retient captive dans un souterrain de son château. L'amant chéri, à la tête des habitans et d'une troupe d'Indépendans, parvient à délivrer sa maîtresse, et le roman serait terminé, s'il n'avait la maladresse de la laisser reprendre. Alors le père d'Hérold se présente au château de son fils ; il le somme de rendre Maria ; mais les soldats, d'après l'ordre qu'ils en ont reçu, font feu sur lui. – Voilà effectivement un fort mauvais fils : aussi le ciel en fait-il justice. Hérold est tué ; Maria est délivrée, et le château du coupable s'écroule........ Que de bruit pour une laitière !
Maria pouvait compter sur un bon accueil, puisqu'elle avait déjà réussi au théâtre de la Cité, il y a environ dix ans, sous le nom de la Laitière polonaise. Nous ne prétendons pas cependant faire de ce souvenir un reproche à l'administration du Cirque : l'imagination des auteurs de pantomime est un bien public dont on peut s'emparer sans que cela tire à conséquence. D'ailleurs Maria offre de jolis détails, et l'on sait qu'au Cirque-Olympique les accessoires sont toujours fort soignés ; les tableaux champêtres du premier acte sont agréables : on a poussé l'exactitude jusqu'à mettre en scène de véritables moutons, qui remplissent leur rôle avec beaucoup d'intelligence et d'exactitude. – M. et Mme. Franconi jeune, chargés des principaux emplois, ont obtenu et mérité de nombreux applaudissemens.
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