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Mon oncle Tobie, ou Plus de cloison

Mon oncle Tobie, ou Plus de cloison, comédie-vaudeville en un acte, de J.-A.-M. Monperlier, 25 juillet 1812.

Théâtre des Célestins de Lyon.

Pièce modifiée et reprise en 1813 au Théâtre de la Gaîté sous le titre des Voisins brouillés, ou les Petits propos.

Sur la page de titre de la brochure, à Lyon, chez Maucherat-Longpré, 1812 :

Mon oncle Tobie, ou Plus de cloison, comédie-vaudeville en un acte ; Par J.-A.-M. Monperlier. Représentée pour la première fois à Lyon au Théâtre des Célestins, le samedi 25 juillet 1812. Sous la direction de M. LAINÉ.

Journal de Lyon et du département du Rhône, n° 92 du 1er août 1812, p. 1-2 :

[Le compte rendu s'ouvre comme souvent par le résumé de l'intrigue qu'on ne peut pas accuser d'être originale. Elle repose sur l'opposition d'un ancien militaire et d'une jeune veuve qui conduit la jeune femme à s'isoler par une cloison qui ne fait pas les affaires des nièces de l'une et des neveux de l'autre qui ne peuvent plus se voir. La solution ? Pour les neveux, se déguiser en chansonniers et de chanter une romance qui dénonce la responsabilité d'un magister, qui a semé la zizanie entre le militaire et la veuve. La vérité éclate, le magister est confondu, la cloison disparaît et on peut enfin envisager une double noce. Sur cette base fort légère, le critique insiste sur les qualités de la pièce qui a été très bien accueillie : bien que jouant du dispositif de la scène double, souvent source de froideur, elle ne souffre en rien de la coupure en deux de la scène. « Plusieurs scènes bien filées, un dialogue vif et pressé, des mots heureux, des couplets saillans », ce sont les qualités que le critique reconnaît à ce qui n'est qu'un vaudeville, envers lequel on ne peut faire preuve d'indulgence (on ne peut y avoir les mêmes exigences que pour une tragédie. L'auteur est présenté comme plein d'avenir. Pourvu qu'il ne se perde pas dans la capitale ! Toute la fin de l'article est consacrée à la distribution, largement satisfaisante, même si une débutante est invitée à « soigner sa prononciation », élément essentiel au théâtre.]

Théâtre des Célestins.

Mon Oncle Tobie, ou Plus de Cloison, Comédie.

Vaudeville, en un acte, par M. Monperlier.

Un ancien militaire, encore vert, gaillard et joyeux, ayant nom Tobie une jeune, jolie, vive et spirituelle veuve, nommée Brigitte, étaient voisins l'un de l'autre ; et leurs maisons n'étaient séparées que par un petit jardin, dont la jouissance commune. Brigitte a des nièces charmantes; Tobie a d'aimables neveux ; et l'Amour, qui se glisse par-tout, n'a pas eu de peine à s'introduire dans ces deux familles, qui doivent bientôt n'en faire qu'une. Mais, grâce aux soins officieux et à l'honnête médisance du vieux Bartholin, Magister de l'endroit, qui ne serait pas fâché de supplanter Tobie; grâce à ses soins, dis je, la discorde ne tarde pas à secouer ses brandons ; Brigitte fait élever une cloison au milieu du jardin; plus de communication entre l'oncle et la tante, entre les nièces et les neveux. Ces derniers, qui n'entrent pour rien dans les démêlés de leurs parens, imaginent de se déguiser en Chansonniers pour entrer chez Brigitte, et voir leurs maîtresses. La ruse a son effet. Tobie, qui de son côté a fait d'inutiles efforts pour ramener sa voisine à des sentimens plus humains, laisse agir ses neveux. Une romance sur la calomnie désille les yeux de la bonne Brigitte ; une lettre de Bartholin découvre sa perfidie ; les trois mariages vont se conclure, la cloison est enlevée ; et le Magister confondu, se console de rester garçon, parce qu'il sera de la nôce.

Telle est la base, excessivement légère, sur laquelle M. Monperlier a fondé une pièce fort agréable, qui vient d'obtenir un succès complet. Les scènes doubles sont, en général, fort désavantageuses pour la marche d'un ouvrage, où cela jette ordinairement beaucoup de froideur. J'ose dire, qu'on ne s'en aperçoit presque pas dans Mon Oncle Tobie. Plusieurs scènes bien filées, un dialogue vif et pressé, des mots heureux, des couplets saillans, voilà, sans doute, plus de conditions qu'il n'en faut pour faire oublier ce que le fond pourrait avoir de vicieux ; et, d'ailleurs, le Vaudeville n'est-il pas beaucoup moins exigeant qu'Aristote ?

M. Monperlier ne tardera sûrement pas à prouver, par de nouveaux ouvrages, qu'il peut intéresser et plaire sans avoir besoin de s'affranchir d'aucune règle de la plus sévère poétique. Il promet à notre ville un homme de lettres des plus recommandables. Heureux si les succès dont il jouit déjà dans la Capitale, ne l'enlèvent pas à nos plaisirs pour l'entraîner plus rapidement vers la gloire!

Mon Oncle Tobie a été joué avec un ensemble qui fait honneur aux talens et au zèle des artistes. On remarque sur-tout Mde. Camus et M. Emile, dans les rôles de Brigitte et de Tobie, qu'ils rendent avec une franchise, une rondeur et une vérité qui, malheureusement ne sont pas aujourd'hui très-communes. MM. Notaire et Lancelin remplissent d'une manière fort satisfaisante les rôles d'Amoureux-Chansonniers. Celui de Magister a été confié à M. Armand, qui ne manque pas d'intelligence, mais qui n'a pas encore assez d'habitude de la scène pour se prêter à l'illusion et oublier qu'il joue la comédie. Les deux petites Nièces sont jouées par Mlles. Vicherat et St.-Amand. Cette dernière, qui a de la grâce et un physique avantageux, ferait bien, si elle veut écouter un conseil, de soigner sa prononciation lorsqu'elle chante et même lorsqu'elle parle. Mlle. St.-Amand doit savoir qu'au théâtre, le premier principe est de se faire entendre ; et que, même avec un grand mérite, on ne réussit qu'en articulant avec clarté et précision. C'est à quoi s'applique soigneusement Mlle. Vicherat, jeune actrice douée d'une physionomie animée d'une voix agréable quoique faible, et d'un talent qui se prête à tous les genres.

P. F. J.          

La question de la prononciation reparaît dans le Journal de Lyon n° 96 du 11 août 1812, p. 2 :

A Monsieur le Rédacteur du Journal.

J'ai vu avec plaisir le Vaudeville de M. Monperlier, intitulé Mon Oncle Tobie ; mais j'ai été choqué de la manière dont Mlle. Camus et tous les autres acteurs prononcent le nom du principal personnage. Ils alongent considérablement la première syllabe de Tobie. Je pense que dans ce nom l'o ne doit pas être plus long, plus ouvert, qu'il ne l'est dans Toberne, tolerance, topographie, toque, etc. Il importe d'autant plus de relever les fautes de grammaire et de prononciation qui se font au théâtre, que c'est là seulement que beaucoup de Français peuvent étudier leur langue. Obref.

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