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Montbars l’exterminateur

Montbars l’exterminateur, mélodrame, d’Aubertin et de Bosquier-Gavaudan, musique de Piccinni, ballets de Hus, 1er mai 1807.

Théâtre de la Porte Saint-Martin.

Titre :

Montbars l’exterminateur

Genre

mélodrame

Nombre d'actes :

Vers ou prose ,

en prose

Musique :

ouiDate de création :

1er mai 1807

Théâtre :

Théâtre de la Porte Saint-Martin

Auteur(s) des paroles :

Aubertin et Bosquier-Gavaudan

Compositeur(s) :

Alexandre Piccinni

Chorégraphe(s) :

Hus

Courrier des spectacles, n° 3733 du 2 mai 1807, p. 2 :

Montbars l’Exterminateur, ou le Dernier des Flibustiers a obtenu hier, au Théâtre de la Porte St.-Martin, un succès non contesté. Les auteurs sont MM. Aubertin et Bosquier-Gavaudan. Nous reviendrons demain sur ce mélodrame.

Courrier des spectacles, n° 3734 du 3 mai 1807, p. 2-3 :

[La pièce adapte un roman récent, et les auteurs ont été plus rapides que leurs confrères pour l’adapter au théâtre. Les auteurs ont choisi d’en faire un homme de haute naissance, ayant des sentiments élevés. En cela il se montre bien différent de Robert chef des brigands, dont on pensait pouvoir le rapprocher. Inutile de suivre les détours de l’intrigue tels que le critique les détaille : on est dans un vrai mélodrame, avec tous les accessoires qui sont nécessaires à ce genre : on se bat, on s’aime, on retrouve opportunément celui qui vous persécute, mais la noblesse d’âme empêche la vengeance. La fin de la pièce est très morale : le flibustier renonce à ses activités, et fait renoncer aussi ses compagnons. C’est à ce prix qu’il peut épouser celle qu’il aime. Le jugement porté est positif : le spectacle est beau dans toutes ses composantes, décors et ballets, acteurs remarquables. On note même qu’un des auteurs a su se substituer à un acteur indisposé, et le faire avec efficacité. Les auteurs sont cités : Bosquier-Gavaudan pour le texte, Piccinni pour la musique, Hus pour les ballets. Il ne manque, pour le texte que le nom d’Aubertin. Mais le Courrier des spectacles l’avait cité la veille.]

Théâtre de la Porte St-Martin.

Montbars l'Exterminateur, ou le Dernier des Flibustier.

A peine le roman de Montbars l’Exterminateur commence-t-il à être connu, que déjà le Théâtre s’en est emparé. Cette célérité doit sans doute désoler bien des auteurs, qui auront vraisemblablement cherché à traiter le même sujet. Le titre est séduisant et semble inventé pour les merveilles du mélodrame. Combien d’amateurs, eu lisant sur les affiches ce mot redoutable : l’exterminateur, n'auront-ils pas conçu les plus belles espérances ! Quel tableau leur imagination ne s’est-elle pas fait d'avance des terribles exploits de Montbars, de ses longues moustaches noires, de son grand sabre ? Cette image est vraie, jusqu’à un certain point ; mais Montbars a aussi son beau côté. On s’attendoit à trouver quelques traits de ressemblance entre lui et le héros d’une pièce qui a fait, il y a dix ans, beaucoup de bruit, Robert chef de brigands. Le chef des Flibustiers ne ressemble à ce dernier que par son titre. Il ne fait même rien dans la pièce qui ne justifie sa haute naissance et les sentimens élevés qu’il professe.

Montbars est Irlandais ; sa famille porte le nom de Belloven, et le sien est Edouard. Forcé de s’expatrier pour se soustraire aux persécutions de lord Morton, amiral anglais qui l’a accusé d’avoir enlevé sa fille ; irrité des horribles cruautés exercées sur sa famille, ne respirant que vengeance, il se jette dans les rangs des Flibustiers espèce de corsaires qui ne respectoient aucun pavillon, et se retiroient dans des retraites inaccessibles. Ce jeune homme obtient par sou courage et ses exploits le premier rang parmi ses compagnons. Il est élu chef des Flibustiers, sous le nom terrible de Montbars l’Exterminateur. Dans le cours de ses expéditions, il descend dans la partie de l'Isle de St. Domingue habitée par les Français; il y voit Adèle, fille d’un riche cultivateur, et sous le nom de Frédéric ; il lui inspire un tendre sentiment ; triais bientôt il est obligé de la quitter.

Ses compagnons ayant découvert une flotte anglaise, il part, s'embarque, et le vaisseau de l’amiral anglais tombe entre ses mains. Adèle, qu’une indiscrète curiosité a conduite sur un vaisseau, devient auusi sa captive, et le hazard veut qu’elle retrouve parmi les prisonniers faits à bord du vaisseau anglais, son père qui venoit la rejoindre. Montbars les fait traiter avec tous les égards possibles. L’Amiral anglais est seul l’objet de son ressentiment. Que n’éprouve-t-il point quand il apprend que c'est lord Morton lui-même, l’auteur des désastres de sa famille. Son premier mouvement est de penser à la vengeance, mais la voix de l’honneur le retient, et toutes ses pensées se concentrent sur un seul objet, 1e désîr d’obtenir Adèle de son père ; mais le titre de chef des Flibustiers est, aux yeux de celui-ci, un obstacle insurmontable. Montbars ne craint pas d’y renoncer ; il fait plus, assemble ses Flibustiers, leur fait le. tableau des combats qu’ils ont eu à soutenir, des victoires qu’ils ont remportées, il leur abandonne toutes les richesses qui en sont le fruit, et finit par leur annoncer la dissolution de leur association, et par se soumettre aux loix du Gouvernement Français. Tous ses compagnons l'imitent, et ce généreux dévouement est récompensé de la main d’Adèle.

Ce mélodrame est bien monté ; les décorations et les ballets en sont soignés. Deux rôles, celui de Montbars joué par Philippe, et celui du capitaine Kervalet joué par Bourdais, méritent d’être distingués; les autres sont foiblemeut tracés. Un incident imprévu a donné à la première représentation de cet ouvrage un degré de plus d’intérêt. Adnet se trouvait indisposé, et le mélodrame devant être joué dans la soirée, un des auteurs, M. Bosquier Gavaudan, s’est chargé du rôle, et s’en est acquitté d’une manière satisfaisante. La musique est de M. Piccini, et les ballets de M. Eugène Hus.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome VI, juin 1807, p. 288-291 :

[La succession des pièces au Théâtre de la Porte Saint-Martin sert d’introduction à un compte rendu d’abord anti-anglais : ces nouveaux pirates sont des flibustiers, qu’habite une terrible ardeur au pillage. Suit l’analyse du sujet, qui raconte l’histoire d’un lord devenu flibustier par dépit. Après maintes aventures, il finit par retrouver son titre et épouse celle qu’il aime. Le critique insiste beaucoup sur le rôle d’un « capitaine marin » qui accentue le comique de la pièce. Il raconte comment il est guérir de sa mauvaise habitude de jurer, et rapporte une histoire comparable arrivée à Henri IV (le tout étant un peu hors sujet !). Il passe ensuite au jugement positif sur les acteurs, sur le décor (un vaisseau de ligne), sur les danses. « Le dialogue est semé de traits de morale, et rien n'y sent la farce de Boulevard », ce qui est un beau compliment. « L'action en est intéressante ; et ce qui est le grand point, l'ouvrage attire des spectateurs. » Petite anecdote à propos de la première représentation, où l’interprète principal a dû être remplacé par l’un des auteurs, également acteur d’un autre théâtre.]

Théâtre de la Porte St.-Martin.

Monbars l’Exterminateur.

A Romulus succède Monbars. Romulus était aussi dans l'origine un flibustier, un exterminateur ; mais il a fait une bien autre fortune que Monbars. Ce qui donne au nouveau mélodrame un intérêt piquant, c'est le rapport qu'il a avec cette fameuse société de pirates, connue sous le nom de flibustiers. Ces hommes, qu'on regardait comme des brigands, se sont anoblis par des prodiges de valeur : la haine contre les Anglais, le désir de se venger de leurs persécution, avait formé cette association d'intrépides marins. Aujourd'hui ce sont les Anglais qui ont pris la place des flibustiers : ils sont à l'égard des autres nations ce qu'étaient les flibustiers à l'égard des Anglais. Ou a voulu mal à propos relever dans la pièce cette troupe de corsaires, en les représentant comme des gens très-désintéressés ; on sait trop qu’ils étaient possédés de l'ardeur du pillage.

Le lord Belloway, réduit au désespoir par l'injustice et la cruauté du lord Morton, s'est fait flibustier sous le nom da Monbars, et s'est acquis par son courage indomptable le surnom d’Exterminateur. Retiré par hasard dans une habitation de Saint Domingue, pour le rétablissement de sa santé, il devient amoureux de la fille d'un simple colon, et parvient à s'en faire aimer : on ignora son état et sa naissance, et il n'est connu que sous le nom de Fréderic. Obligé de retourner vers la troupe dont il est la chef, il délivre une flotte nombreuse attaquée par les Anglais, et fait prisonnière sa maîtresse avec son père et une partie de sa famille, fort étonnée de trouver un chef de flibustiers dans ce Fréderic à qui elle avait donné l'hospitalité. Dès ce moment, plus d'espoir pour l'amoureux Monbars : le père de sa maîtresse a une telle horreur pour les flibustiers, qu'il ne veut point entendre parler d'un tel mariage, quelqu'avantage qu'il puisse lui procurer. Mais Monbars, qui rougissait lui même de sa profession, prend le parti d'y renoncer : il abandonne à son équipage un immense butin, il redevient lord Edouard Belloway, et sous ce titre ne trouve plus d'obstacle à son bonheur.

Ce roman est égayé par un capitaine marin d'un caractère brusque et bon, sensible et brutal, sur-tout grand jureur. La jeune personne, blessée du ton grivois de ce nouveau père Duchesne, le supplie de mettre moins d'énergie dans son langage ; et pour édulcorer le jurement de sacre bleu, qu'il a sans cesse à la bouche, elle lui propose le changement d'une seule lettre : alors le terrible sacre bleu se transforme en sucre bleu, aussi doux que la première partie de son nom.

C'est ainsi qu'en usa, dit on, le père Coton, jésuite, à l'égard de Henri IV, dont il était confesseur. Sincèrement affligé d'entendre son pénitent renier Dieu en prononçant sans cesse jarnidieu, il proposa un changement considérable à ce juron : il ne s’agissait pas seulement de substituer une lettre à une autre, mais de mettre le mot Coton à la place de celui de Dieu. Henri voulut bien s'y prêter ; et c'est depuis ce temps là qu'il prit l'habitude de dire jarnicoton, à la grande satisfaction du confesseur, qui était d'avis que le roi pouvait, même sans commettre un péché véniel, renier le père Coton autant de fois qu'il lui plairait.

Bourdais joue ce rôle du capitaine d'une manière très-comique : celui de son neveu Francis est rempli très-agréablement par Talon, un des meilleurs acteurs de ce théâtre. Philippe, chargé du personnage de Monbars, s'est acquis un nouveau droit au surnom de Talma de la Porte Saint-Martin. Mlle. Rose, actrice jolie, décente, et qui dit bien, est la maîtresse du flibustier. Ce mélodrame a pour principale décoration un vaisseau de ligne : il est orné de danses ; le dialogue est semé de traits de morale, et rien n'y sent la farce de Boulevard. L'action en est intéressante ; et ce qui est le grand point, l'ouvrage attire des spectateurs. A la première représentation, M. Bosquier Gavaudan, acteur de la Cité-Variétés, a remplacé Adnet, qui était enroué, et a joué le rôle d'un flibustier ; il a débité avec intelligence, comme étant un des auteurs de la pièce. Sa pantomime est bonne ; mais sa voix, qu'il grossissait d'une manière comique, a paru aussi enrouée qu'aurait pu l'être celle d'Adnet lui-même.

Le Journal de Paris des mois de mai à août 1807 permet de dresser une liste, peut-être incomplète, des représentations de la pièce :

  • première le 1er mai 1807,

  • 2e le 2 mai,

  • 3e le 4 mai,

  • 4e le 5 mai,

  • 5e le 6 mai,

  • 6e le 7 mai,

  • 7e le 9 mai,

  • 8e le 11 mai,

  • 9e le 12 mai,

  • 10e le 13 mai,

  • 11e le 16 mai

  • 12e le 17 mai,

  • 13e le 19 mai,

  • 14e le 23 mai,

  • 15e le 26 mai,

  • 16e le 30 mai,

  • 17e le 2 juin,

  • 18e le 5 juin;

  • 19e le 14 juin,

  • 20e le 16 juin,

Et après ?

 

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